Lady Oscar - André
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 Les Angles et les obtus

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Hetep-Heres
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Hetep-Heres

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MessageSujet: Les Angles et les obtus   Les Angles et les obtus EmptySam 2 Fév 2013 - 18:20

CREDITS : Kaamelott ne m'appartient pas, je ne suis pas assez maligne pour avoir eu cette idée de génie.
Les personnages et le contexte appartiennent au légendaire arthurien et à la matière de Bretagne, rapportés entre autres par Chrétien de Troyes, Robert de Boron, Geoffroy de Monmouth, remaniés et ciselés par Alexandre Astier.


Commentaire sur la fic:ici


LES ANGLES ET LES OBTUS - Partie I : Les Angles débarquent


Dans une pièce du château. Le roi Arthur et son beau-père Léodagan sont en armure, le casque sous le bras. Entre alors Bohort.

BOHORT, accourant
Sire ! Sire !

Les deux autres se tournent vers lui dans un bruit de ferraille.

ARTHUR
Quoi, “Sire, Sire” ?

BOHORT, essoufflé
Oh Sire ! C'est merveilleux, c'est inespéré ! Un véritable miracle !

ARTHUR, agacé
Mais quoi donc, à la fin ?

BOHORT
L'ennemi propose de parlementer.

LEODAGAN
Ah ben, avec un rapport d’un gars chez eux contre trois chez nous, y'a vraiment que vous que ça étonne qu'ils essaient de discutailler ! Mais si ils s’imaginent que baisser leurs frocs maintenant va leur sauver la mise...

ARTHUR
D'accord.

LEODAGAN
Quoi ???

ARTHUR
D'accord.

LEODAGAN
Comment ça, “d'accord” ?

ARTHUR, articulant
D'accord, va pour les pourparlers de paix.

BOHORT, extatique
C'est merveilleux !

LEODAGAN
Oh nan mais v'là qu'ça l'reprend ! “Pourparlers”, “négociations”, “accords” et tout le tralala. Juste histoire de faire moderne. Préférez pas qu'on leur mette la pâtée d'abord ? S'ra toujours temps de parler paix et de discutailler l'bout d'gras après, puisque vous aimez tant ça. Enfin, avec ce qu'il restera d'eux, évidemment.

ARTHUR
Oh, ça va Beau-Père, on les connait vos positions. Seulement moi j'ai pour mission, en plus d'assurer la sécurité militaire du royaume de Logres et de retrouver le Graal, de fédérer les différents peuples de l'île. D'unifier la Bretagne.

LEODAGAN
Mais qu'est-ce que vous voulez aller les fédérer, ceux-là ? Y sont même pas Bretons, les Angles! J'étais déjà roi de Carmélide qu'ils avaient encore jamais foutu les pieds hors de leur Germanie natale où on aurait dû les ré-expédier à coups de pieds dans le fion y'a belle lurette !

ARTHUR
Peut-être, mais maintenant ils sont là et faut bien les compter dans le lot pour fédérer la Bretagne. Une sorte de prix de gros, la Dame du Lac m'a pas laissé le choix des peuples que je veux au sein l'union ! Et puisqu'il faut que ça se fasse, je préfère le faire avec eux que contre eux.

BOHORT, toujours pas redescendu de son nuage
Magnifique, Sire ! Quelle auguste mansuétude ! Quelle profonde sagesse ! Quelle gran–

LEODAGAN
“Avec eux que contre eux”, non mais, j'vous jure... C'est à Rome qu'on vous a bourré le mou avec ces formules toutes faites, ou bien c'est encore un coup de votre Dame du Lac ? À moins que ce soit votre laxisme naturel qui vous–

ARTHUR, s'énervant
Mon laxisme, vous allez vous le prendre où je pense, vous verrez si je ramollis...

LEODAGAN
Oh, mais je prétends pas que vous ramollissiez, je dis que c'est comme ça depuis le début ; c'est de naissance chez vous, de laisser faire tout et n'importe quoi ! Quand on a connu votre père et qu'on continue à se farcir les visites de votre mère trois fois l'an, c'est vraiment à s'demander d'où vous sortez ! Vous êtes sûr qu'on vous a pas échangé avec un autre à un moment donné, quand vous étiez môme et qu'on vous trimballait d'un endroit à un autre ?

ARTHUR
Mais zut, à la fin ! Échangé ou pas, au bout du compte c'est tout de même sur ma pomme que c'est tombé le coup de l'épée dans le rocher et tout le tintouin ! Croyez que ça m'amuse, peut-être ? Et v'là que j'me tape les visites de la Dame du Lac à pas d'heure, et ses “Arthur, tu es l'Élu”, et ses missions à la noix, et devoir transformer tous ces clampins en chevaliers, et me coltiner votre fille...
.
Regard de Léodagan.

ARTHUR, penaud
Euh... mince, s'cusez Beau-Père, c'est sorti tout seul...

LEODAGAN
Nan nan mais ça, faut pas vous en excuser. Je vais même vous faire une confidence, hein, rien qu'entre nous, de vous à moi : en un sens, je crois bien que je vous admire. C'est courageux. Nan mais vraiment. Enfin, juste en ce qui concerne ma fille, hein ? Parce que pour le reste, vous êtes décidément un mou du genou. Sans équivoque.

BOHORT, intervenant timidement
Ah, pardon mais il me semble que le roi–

LEODAGAN
Oh, vous, hein...

BOHORT, se redressant de toute sa hauteur
Ah, pardon, mais tout de même ! N'aurais-je donc pas le droit d'exposer mon point de vue ?

ARTHUR
Mais bien sûr que si, soyez pas con.

LEODAGAN, en même temps qu'Arthur
Évidemment que non ! Et puis quoi enc–

ARTHUR, fermement
SI, vous avez le droit, Seigneur Bohort !

LEODAGAN
Ah bon, ah c'est comme ça ? Hé ben allez-y, contez-leur fleurette aux ennemis, après tout ! Arrondissez-les, les Angles, au lieu de les tailler bien proprement en pièces comme il faut ! On pourrait peut-être en plus leur jouer la sérénade, ce soir avant de se coucher, qu'est-ce que vous en dites ? Et puis leur servir le petit déjeuner au plumard demain matin... Et aussi tiens, pourquoi ne pas leur trouver une petite place autour de la Table Ronde pendant qu'on y est, hein ?

ARTHUR, s'énervant
Zut, zut zut et re-zut ! On va commencer par les faire venir à la table des négociations voir ce qu'on peut en tirer sans avoir à les tailler en pièces d'abord, et pour le reste on verra après.

BOHORT
Formidable, Sire. Je vais de ce pas leur dépêcher un messager. Ah mais l'ennui, c'est que–

LEODAGAN
“Le reste” ? “Après” ? C'est quand même dingue, ça. Alors maintenant même quand vous êtes en sérieuse supériorité numérique, vous baissez votre froc ? C'est encore pire que ce que j'imaginais. Ah elle est belle, la modernité. Vous allez voir que bientôt les peuples vont se mettre à discuter avant même d'entrer en guerre. Alors quoi, on s'assoit tous dans une même pièce et on cause des problèmes sans se foutre sur la gueule ? C'est ça, l'avenir ? Ben mon vieux, j'espère bien être mort avant de voir ça se généraliser.

ARTHUR
Ben si vraiment vous y tenez, je crois qu'y a un paquet de monde qui serait prêt à vous rendre ce service. Seriez surpris de voir à quel point le monde est rempli de gens de bonne volonté qui ne demandent qu'à aider.

LEODAGAN
Ben qu'ils essaient un peu, tiens, ils verront bien comment ils seront reçus. En Carmélide, on plaisante pas avec la lèse-majesté. Huile bouillante, écartèlement, roue... Ah ! on a les chiens d'attaque aussi, c'est toujours distrayant pour le public, et puis...

BOHORT, très blanc
Par pitié Seigneur Léodagan taisez-vous, je crois que je vais me sentir mal.

ARTHUR
Oh, je n'ai jamais douté de la richesse de votre imagination en la matière, Beau-Père...

LEODAGAN
Avant on commençait par leur couper les pieds et les mains, mais le problème c'est qu'alors on ne pouvait plus les attacher pour les écarteler ensuite : y'avait plus rien pour retenir les chaînes. Y'a qu'en pratiquant qu'on se rend compte de ce genre de détails. Alors au début on patauge un peu bien sûr – le manque d'expérience, la jeunesse, vous comprenez... Et puis c'est en forgeant qu'on–
.
Borborygmes puis bruits de nausée.

LEODAGAN
Hé, oh, vous gênez pas surtout, Bohort ! En plein sur mes godasses ! Non mais franchement, vous...

BOHORT, faiblement
Navré, sire Léodagan, mais j'ai bien tenté de vous prévenir...

ARTHUR, avec un petit sourire
Celle-là on peut pas dire que vous l'ayez volée, Beau-Père.

LEODAGAN, pataugeant dans le vomi
(à Arthur)
Oh, ça va, faites pas le rigolo, hein ? Bon, ben j'ai plus qu'à aller me changer avant que ça rouille. D'autant que si j'ai bien compris, l'armure n'est plus vraiment de mise pour aujourd'hui, c'est bien ça je présume ? (à Bohort) Et vous, vous ne perdez rien pour attendre... Lèse-majesté, souvenez-vous...

BOHORT, très pâle
Mais, Seigneur Léodagan, je vous assure–
.
Le Seigneur Léodagan s'éloigne, dans le bruit de ferraille de son armure.

ARTHUR, à Bohort
C'est bon, vous inquiétez pas, je m'en occupe. Et allez plutôt prévenir les Angles que nous accédons à leur requête. (Se reprenant) Non, que “nous daignons accepter de leur accorder des chances de négocier avant que nous ne décidions de leur rentrer dans le lard”.

BOHORT
Mais justement, Sire, ce dont je tentais de vous avertir tout à l'heure avant d'être une fois de plus interrompu par votre beau-père, c'est que l'ennemi ne parle aucune langue connue.

ARTHUR, surpris
Comment ça, “aucune” ?

BOHORT
Hé non, Sire. Nous avons essayé le breton, bien entendu, le gaélique, le latin, le gallo-latin, le picte, le grec bien sûr, l'araméen et même le burgonde, mais rien !

ARTHUR
Rien ???

BOHORT
Rien, Sire. Nous avons même un ancien esclave byzantin qui fut capturé par les huns dans les environs de la mythique Troie et qui a tenté auprès d'eux quelques mots des langues orientales qu'il a apprises au contact de ses ravisseurs, mais rien.

ARTHUR
En même temps, j'aurais été plutôt étonné que des Germains connaissent le syriaque ou qu'ils comprennent le hun de Troie, mais tout de même depuis le temps qu'ils sont là, ils ont pas encore appris la langue ?

BOHORT
Je sais que cela paraît étonnant, Sire, mais il semblerait que non.

ARTHUR, soupirant
Hé ben, je sens que ça va encore être gratiné, les négociations de paix... Parce que je suppose qu'on n'a pas d'interprète d'anglais sous la main ?

BOHORT
Il est certain que ce n'est pas une langue très répandue. Mais il me semble, Sire, qu'il y aurait bien l'interprète de burgonde qui aurait quelques notions. C'est paraît-il grâce à lui que nous avons pu comprendre qu'ils demandaient à entrer en pourparlers...

ARTHUR
Nan mais... pas celui-là.

BOHORT
Mais Sire, certes ses connaissances sont de son propre aveu très limitées en la matière, mais il me semble que–

ARTHUR
Pas celui-là.

BOHORT
Mais Sire...

ARTHUR
J'ai dit tout sauf lui. On se débrouillera sans, un point c'est tout.

Le roi essaie de partir, mais n'y parvient pas.

ARTHUR
Euh... Bohort ? Maintenant que ça fait déjà un petit bout de temps que mon beau-père est parti, vous pourriez vous relever et lâcher la jambière de mon armure, s'il vous plait ?

(À suivre...)

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MessageSujet: Re: Les Angles et les obtus   Les Angles et les obtus EmptyDim 10 Fév 2013 - 23:09

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Partie II : Objectif zéro mort

Grande salle. Debout auprès d'une longue table sont présents le roi Arthur, les seigneurs Léodagan, Perceval et Lancelot, la reine Guenièvre et sa mère Dame Séli. Le père Blaise, lui, est assis en bout de table devant des parchemins. Les chevaliers ne sont plus en armure.

LANCELOT
Sans même combattre ?

ARTHUR
Sans combattre.

LANCELOT
Pas de bataille, donc ?

ARTHUR
Ben évidemment non, je viens de vous le dire, pas de bataille.

LEODAGAN
Et depuis quand on est obligé d'accorder à l'ennemi ce qu'il nous demande ?

LANCELOT
Je dois avouer que ça me fait bizarre de le dire, mais pour une fois je suis assez d'accord avec le Seigneur Léodagan.

LEODAGAN, étonné
Sans déconner ?

LANCELOT
Sire, la victoire est certaine, nous sommes bien plus nombreux qu'eux, la bataille a lieu sur notre terrain, l'ennemi est à découvert et pour peu que les seigneurs Caradoc et Perceval restent au château, je ne vois pas ce qui pourrait arriver qui–

PERCEVAL
Pourquoi ? C'est quoi le rapport avec nous ?

ARTHUR
Mais justement, Seigneur Lancelot, à vaincre sans péril, ne triomphe-t-on pas sans gloire ?

LANCELOT, pensif
C'est vrai que... Vu comme ça...

PÈRE BLAISE, plume à la main
Euh, Sire, vous voulez bien me la répéter plus lentement celle-là, j'ai trouvé ça plutôt bien, ça me ferait mal de pas la retranscrire.

ARTHUR
Mais, de toute façon, vous êtes pas censé retranscrire absolument TOUT de ce qui se dit ?

PÈRE BLAISE
Nan mais on n'est pas à la Table Ronde là, Sire, alors bon, faut bien faire un peu relâche de temps en temps... Et puis sans déconner, vous croyez que j'ai le temps de tout noter ? Vous vous rendez compte de la vitesse à laquelle vous causez, tous ?

LANCELOT, s'énervant
Nan mais à la fin, vous êtes scribe, oui ou non ? Vous faites quoi pendant les réunions de la table ronde depuis plus de dix ans, des dessins ?

SÉLI
Oh non mais regardez-moi ce lèche-cul !

LANCELOT, sortant de sa réserve
Dame Séli, si ce n'était tout le respect que je dois à une femme et à la mère de la reine, je–

PÈRE BLAISE, l'interrompant à temps
Pensez tout de même pas que je vais me péter le poignet à suivre le rythme, surtout que les trois quarts de ce qui se dit c'est quand même des conner–... euh... Bon, ben euh... disons que pour retranscrire, je résume, je ne garde que les grandes lignes et ensuite je rebrode par dessus, mais là je me souviens plus de la citation exacte...

ARTHUR
Eh ben là aussi restez dans les grandes lignes... L'important dans ce qui se dit, c'est l'idée ! Et laissez tomber les fioritures et les enluminures...

GUENIÈVRE, intervenant
Oh ben non, laissez-les, ça fait joli !

PÈRE BLAISE
Nan mais pour les conneries habituelles, d'accord Sire, mais pour une fois que vous dites quelque chose de bien–
.
Gros froncement de sourcils du roi.

PÈRE BLAISE
Enfin, je veux dire... Bref, elle était bien votre phrase, alors comparé aux tonnes de merd– de récits plus prosaïques que je me farcis d'habitude, ça me ferait mal de rater ça ! Imaginez que dans quelques années, un glandu la ressorte et soit le premier à la coucher par écrit, hein ? Je peux pas passer à côté de ça !

ARTHUR
Mais je me souviens même plus exactement de ce que j'ai dit ! Et puis bon, l'heure n'est pas tellement à causer belles lettres, alors si vous permettez, on gardera ça pour une autre fois, hein ? Et même si vous permettez pas, d'ailleurs.

PÈRE BLAISE, croisant les bras
Bon, ben je vois pas pourquoi je me fatig–

ARTHUR
Flûte ! Vous reprenez votre plume ou je vous fais foutre au trou !

LEODAGAN, au roi
Oh ben oui, ça manquera pas de place aux cachots, vu que vous envisagez pas d'y mettre des Angles.

PERCEVAL
Ah bon, elles sont rondes maintenant les cellules ?

ARTHUR
Flûte vous aussi, Beau-Père. Et vous aussi, Seigneur Perceval. Voilà. Bon, pour ce qui est de la bataill–

PERCEVAL
Mais Sire, si vous y allez sans nous, il vous manquera la toute dernière technique de combat qu'on a mise au point avec le Seigneur Caradoc : je vous explique, on–

ARTHUR
NAN nan nan nan nan nan, stop, arrêtez-vous là. De toute façon, il me semble avoir précisé pas plus tard qu'il y a une minute qu'il n'y aurait PAS de bataille.

GUENIÈVRE
Pas de bataille ? Ben comment on saura qui a gagné alors ?

ARTHUR
Ah mais y'a pas à chercher, c'est nous, c'est tout.

GUENIÈVRE
Ben non, pas encore puisqu'il n'y a pas eu de combat...

ARTHUR, articulant
Et il n'y en aura pas, puisqu'on va négocier un accord de paix. (Regardant sa femme d'un air étonné) Et depuis quand vous vous occupez de stratégie militaire, vous ?

GUENIÈVRE
Mais je comprends pas bien : quand est-ce que vous négocierez ? Une fois que la bataille rangée sera commencée ou bien une fois qu'elle sera finie ?

ARTHUR, les yeux exorbités
Mais– ? Mais ni l'un ni l'autre puisqu'il n'y aura PAS de bataille. Ça y est, ils renoncent, et ils demandent à négocier les termes de leur retrait !

GUENIÈVRE
Ah bon ? Alors personne n'a gagné, c'est ex-aequo !

ARTHUR, s'énervant pour de bon
ZUT ! Je vous dis qu'ils renoncent, ils baissent leur froc, ils reconnaissent qu'on est les plus forts, qu'ils ont aucune chance, qu'ils se feraient laminer si il y avait un combat !

SÉLI
Ben du coup, raison de plus pour nous de maintenir la bataille !

ARTHUR
Oh ben bien sûr, vous en parlez à votre aise, vous : c'est pas vous qui allez à la marave !

LEODAGAN, au roi
Non, mais moi par contre j'y vais, et je suis bien de son avis !

SÉLI
Eh ben, c'est nouveau ça... Père Blaise, j'espère que vous avez bien pris note : vous me donnerez le parchemin, que je le fasse encadrer...

LEODAGAN, à sa femme
Merde.

PÈRE BLAISE, à Dame Séli
Euh, ça aussi je vous le note ?

SÉLI, au père Blaise
Merde.

ARTHUR, désabusé
Ah y'a pas à dire, c'est beau, le mimétisme conjugal...

PERCEVAL
Euh… ouais, c'est pas faux !

GUENIÈVRE
Mais, pardonnez-moi si je ramène ça sur le tapis, mais comment on peut dire qu'on a gagné si–
.
Le roi, abattu, laisse échapper un énorme soupir d'exaspération, voire de désespoir.

GUENIÈVRE, agacée
QUOI ? Qu'est-ce que j'ai encore dit ?

PERCEVAL
Nan mais c'est vrai, Sire, avouez que c'est chaud, quand même. Tenez, même moi j'ai pas tout compris, c'est dire !

PÈRE BLAISE
Bon alors, je mets quoi ? Que l'ennemi s'est rendu sans combattre ? On peut pas vraiment dire qu'il se soit rendu puisqu'on va l'inviter à négocier... Qu'on a gagné sans bataille ?

ARTHUR
Ben d'accord, mettez ça. Et par la même occasion vous rajouterez "sans même un seul mort dans aucun des deux camps".

PERCEVAL
Et euh... ça compte quand même, dans ce cas-là ?

LANCELOT
Faut reconnaître que c'est assez déroutant : proposer à l'ennemi de rejoindre la fédération plutôt que l'éliminer une fois pour toutes, c'est vrai que c'est plutôt innovant comme stratégie par ici.

ARTHUR
Alors, une fois pour toutes, je ne fais pas QUE ce que je veux, je reçois moi aussi des ordres d'en haut, j'ai une mission à remplir et c'est pour ça que j'ai ceci (il porte la main à la garde d'Excalibur). La Dame du Lac ne m'a pas vraiment laissé le choix. Enfin... si, elle m'a laissé le choix des personnes dont je voulais m'entourer pour remplir cette mission... (En aparte) Et finalement quand j'y pense, l'aurait peut-être mieux valu que là aussi elle me dicte sa propre liste !


(À suivre…)

NOTE DE L'AUTEUR

"à vaincre sans péril, on triomphe sans gloire" : Pierre Corneille, Le Cid, Acte II, scène 2, vers 434 (repris sous la forme interrogative dans le film "Fanfan la tulipe" de Gérard Krawczyk)

"– Sans même un seul mort." "– Ça compte ?" : dialogue issu de ce même film.

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Dernière édition par Hetep-Heres le Jeu 25 Avr 2013 - 19:28, édité 3 fois
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MessageSujet: Re: Les Angles et les obtus   Les Angles et les obtus EmptyLun 25 Fév 2013 - 20:44

Commentaire sur la fic:ici


LES ANGLES ET LES OBTUS - Partie III : Carrément à l’ouest

Grande salle. Le roi Arthur, les seigneurs Perceval, Lancelot et Léodagan, penchés sur une carte.

LANCELOT
Et donc là, au-delà des vallées, il y a les plaines jusqu’à la mer. LEURS plaines.

ARTHUR
“LEURS” pour l’instant.

PERCEVAL
L’heure ? Oh ben pour l’instant il doit être dans les onze heures, pourquoi Sire ?

LANCELOT, agacé
Seigneur Perceval, serait-ce trop vous demander de vous concentrer un minimum ?

LÉODAGAN
Ah ben, si y’a moyen de récupérer un accès supplémentaire à la mer dans l’opération, alors ça me va. J’ai entendu dire qu’ils y avaient fait mettre des tourelles dernier cri pour surveiller les mouvements de flotte ennemie. Alors si on peut se les mettre dans les fouilles au passage…

ARTHUR
Et ça servira à quoi qu’elles soient dernier cri si les types que vous flanquez dedans sont pas foutus de faire la différence entre un drakkar viking et des barcasses de pêcheur !

LÉODAGAN
Oh non mais vous allez m’la ressortir jusqu’à quand, c’t’histoire ? Mes gars, je leur dis “flèches enflammées en cas d’invasion”, ils voient un groupe de bateaux, ils tirent… J’vois pas en quoi ils ont merdé ! Sont pas censés savoir que les grouillots du coin vont pêcher par là !

LANCELOT, vivement
Pas censés savoir que généralement, près des côtes, y’a des pêcheurs ? Pas censés savoir que si ils voient une barque avec quatre types dedans qui relèvent des filets, c’est pas une galère romaine ni une invasion viking ?

LÉODAGAN
Oh mais qu’est-ce que ça peut foutre au bout du compte ? Des grouillots ! …’fin bon, si ça peut vous faire plaisir, je ferai passer le mot à tous les guetteurs…

ARTHUR
Ce serait bien aimable de votre part, Beau-Père…

LÉODAGAN
Ben vous me connaissez, dès que je peux faire plaisir…

PERCEVAL
On pourrait peut-être aussi dire aux types de pas aller pêcher juste DEVANT les tours, mais de rester à l’arrière ! Comme ça les guetteurs pourront pas les confondre avec des ennemis, puisqu’ils les verront pas !

ARTHUR, ironique
Oh, ben oui, on va leur dire d’aller pêcher dans les terres, tiens, ce sera moins dangereux… D’autant qu’en plus, il parait qu’y a beaucoup moins de naufrages en forêt !

PERCEVAL
Ah ouais, mince, j’avais pas pensé à ça…

LANCELOT, pointant du doigt sur la carte
Bon, si on revenait au sujet ? Enfin, je m’en voudrais de presser qui que ce soit, mais je me permets tout de même de rappeler que le chef Angle est dans la pièce d’à côté avec Bohort qui essaie de se faire comprendre par gestes et le père Blaise qui lui fait des dessins, et qu’on n’a toujours pas décidé précisément de ce qu’on va exiger en échange de cet accord de paix.

PERCEVAL
Oui, bon, ça va Seigneur Lancelot, y’a pas le feu au lac ! (à Arthur) Hé hé, “au lac”, vous avez vu Sire, je viens de faire un jeu de mot !

Les trois autres se regardent d’un air navré.

PERCEVAL, insistant
AU LAC ! Comme la Dame du Lac ! Comme vous, Seigneur Lancelot !

Gros soupir de Lancelot

PERCEVAL, insistant plus encore
“Lancelot du Lac !”… “le feu au lac !”

ARTHUR, agacé
Oui, bon ça va comme ça, Seigneur Perceval ! Et comme le disait à l’instant le Seigneur Lancelot–

PERCEVAL, fier de lui
Du Lac !

Le seigneur Léodagan abat alors vivement un énorme registre sur la tête du seigneur Perceval.

ARTHUR, soulagé
Merci, Beau-Père

LÉODAGAN
C’est comme j’vous dis, vous me connaissez, dès que je peux faire plaisir…

ARTHUR, reprenant
Nous disions donc… Revenons à nos moutons… à nos Angles… à notre carte. Les plaines de la côte est, là, c’est sûr que ce serait drôlement avantageux… Et si on pouvait récupérer ces territoires un peu plus au nord, là, ce serait carrément le pied !

LÉODAGAN
Surtout le “pied à terre” : on pourrait y installer une petite garnison, histoire de bien marquer le territoire…

ARTHUR, levant un sourcil
Vous aussi vous vous mettez aux jeux de mots, Beau-Père ?

LÉODAGAN
Désolé, je crois que c’est l’autre connard, là, qui m’a contaminé.

PERCEVAL
Ben c’est pour détendre l’atmosphère ! On est tous toujours tellement sérieux et professionnels… Nan franchement, faut savoir se relâcher de temps en temps !

Regards incrédules du roi et de Lancelot.

ARTHUR
Bref...

Tout le monde se repenche sur la carte

ARTHUR, montrant sur la carte au fur et à mesure
La côte, là, les vallées plein nord, et la plaine ainsi que la forêt en allant vers l’ouest.

PERCEVAL
L’ouest ? Mais vous aviez dit que c’était la côte est, ça !

ARTHUR
Ben oui, C’EST la côte est.

PERCEVAL
Ben alors pourquoi vous dîtes que c’est à l’ouest ?

ARTHUR, regardant Perceval
Nan mais c’est à l’OUEST de l’EST !

PERCEVAL
Ben, pourtant le nord, il est pas au sud !

ARTHUR
Hein ?

LANCELOT
Quoi ?

ARTHUR
Seigneur Perceval, je vous demande deux petites minutes d’intense concentration. Juste deux. Ces terres, là, sont à l’est par rapport à nous. À l’est de l’île, sur le littoral. Donc, c’est la côte EST (d’un trait de son doigt, il désigne cette côte sur la carte). La mer, elle, est encore plus à l’est (il place sa main au dessus de zone concernée). À l’est de la côte, si vous préférez. Tandis que les plaines, la forêt et les vallées, bref, tout ce que vous pouvez voir ici (il montre leur emplacement sur la carte), se trouvent à l’OUEST de cette côte.

PERCEVAL, regardant le roi et clignant des yeux
J’ai rien bité, Sire.

LANCELOT, s’énervant
Ces terres, là, ainsi que la côte est, elles sont à l’est par rapport à nous, mais elles sont à l’ouest par rapport à la mer ! C’est pourtant pas compliqué, si ?

PERCEVAL
La mer ? Mais de toute façon on est sur une île, ici, même qu’on appelle ça l’île de Bretagne, donc de la mer y’en a partout autour !

LANCELOT, après un gros soupir
D’accord, mais à moins d’être en plein milieu on est tout de même toujours plus près d’un bord que de l’autre ! Et en l’occurrence, c’est de cette mer là (il l’indique sur la carte) qu’on vous parle depuis tout à l’heure, pas de la mer d’Irlande, espèce de débile !

PERCEVAL
De toute façon, j’sais même pas où c’est, la mer d’Irlande.

LÉODAGAN, du tac au tac
Près d’l’Irlande.

PERCEVAL
Ah ouais ?

ARTHUR
Près du Pays de Galles, aussi, soit dit en passant.

PERCEVAL
J’sais pas non plus où c’est, le Pays de Galles.

Les trois autres le regardent, effarés.

LANCELOT
Mais… mais… mais c’est chez vous, espèce de crétin.

ARTHUR
Accessoirement.

PERCEVAL
Ben non, chez moi ça s’appelle Caerdydd !

LÉODAGAN
Oh putain ! (à Arthur et Lancelot) Nan mais là, débrouillez-vous sans moi, j’abandonne.

ARTHUR
Bon allez, pour aujourd’hui on s’en fout du Pays de Galles, et on revient sur les Angles et sur notre carte, là.

LANCELOT
Bon alors on dit : les plaines, là, les vallées, là, la forêt – tant qu’à faire – et tout le littoral de là à là. Ça nous permet de nous étendre fortement sur la façade est. Et en plus de ça, on les intègre à la fédération, d’où imposition, et taxe militaire ou bien obligation d’un temps de service dans nos armées.

ARTHUR, content de lui
Pas mal, hein ? Et tout ça sans verser une goutte de sang. Qu’est-ce que vous dites de ce résultat, Beau-Père ?

LÉODAGAN
Mouais, bof. Intéressant, c’est sûr, mais on aurait pu avoir tout ça aussi en les massacrant tout simplement. Propre, net et sans bavure. On aurait récupéré les terres, on aurait pillé donc on aurait eu le fric quand même, et pour ce qui est du temps de service parmi nos troupes, pardonnez-moi mais bon, si il faut se les farcir alors qu’ils causent pas la langue…

LANCELOT, vivement
Hé ben avec le temps, ils s’y mettront ! Ils sont pas complètement bornés, tout de même… En tout cas, l’extension de nos terres jusqu’à la façade est, et en prime ce petit bout au nord, c’est une bonne opération, Sire.

PERCEVAL
Et au sud, on gagne quoi ?

ARTHUR, soufflant
Le sud, il est DÉJÀ à nous.

LÉODAGAN
Nan mais vous fatiguez pas, j’vous dis ! Faites comme moi, tapez-lui dessus, ça lui f’ra au moins fermer sa mouille quelques instants.

LANCELOT, pour lui-même
Faut avouer que la perspective est tentante…

PERCEVAL
Nan mais c’est quand même pas ma faute si les types qu’ont inventé ces conneries de nord et de sud ont pas été foutus de faire des trucs clairs et qui changent pas ! Ces machins, selon comment on est tourné, c’est plus la même chose !

ARTHUR, prenant sur lui
Non, ça c’est la droite et la gauche.

PERCEVAL
Ben non, ça ça change pas : j’aurais beau me tourner dans tous les sens, et même me mettre la tête en bas et les pieds au mur, ma main droite ce sera toujours la même, je suis pas con quand même ! Et puis je la reconnais facilement parce qu’un jour le père Blaise m’a planté le bout de sa plume à travers la peau, soi-disant que je racontais pas les choses dans l’ordre et que ça le gênait pour prendre ses notes ; en tout cas ça lui avait drôlement mis les nerfs en pelote, il devrait se mettre à la camomille. Bref, j’ai toujours la marque, là, regardez (il leur tend le dos de sa main GAUCHE), c’est pratique, pas moyen d’me gourer. Infaillible !

Gros soupir d'Arthur

ARTHUR, à Léodagan
Beau-Père, pouvez me passer le registre, s’il vous plait ?


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MessageSujet: Re: Les Angles et les obtus   Les Angles et les obtus EmptySam 20 Avr 2013 - 1:18

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LES ANGLES ET LES OBTUS - Partie IV : Langues entremêlées

La même pièce. Assis à une longue table, le roi Arthur, les seigneurs Perceval, Lancelot, Léodagan d'un côté, le chef Angle et son aide de camp en face, et le père Blaise assis en bout de table avec de quoi écrire.

LÉODAGAN, à Arthur, désignant Perceval
Rappelez-moi pourquoi il est là, çui-là ?

LANCELOT, légèrement irrité
J’avoue que je n’en saisis pas bien la raison moi non plus, Sire.

PERCEVAL, aux deux autres
Ben dites, hé, je suis aussi important que vous, ici, non ?

LÉODAGAN
Non.

LANCELOT, à Perceval, se rengorgeant légèrement
Je vous rappelle que je suis le bras droit du roi !

PERCEVAL
Ah bon ?

LÉODAGAN
Et moi que je suis roi de Carmélide.

PERCEVAL
Je sais même pas où c’est, moi, la Carm‒

LANCELOT, ironique, regardant Léodagan
Oh, ben c’est facile, c’est là où y’a pas de routes pavées…

Le seigneur Léodagan s’apprête à répondre, mais le roi les interrompt.

ARTHUR
STOP ! Même si ils pigent rien en face, on va pas commencer à s’engueuler devant l’ennemi et futur allié : l’idée c’est de leur donner envie de nous rejoindre, pas de leur montrer que parce qu’on n’est pas foutus de s’entendre entre nous, ils peuvent espérer nous foutre sur la gueule un de ces jours…

LÉODAGAN
Oui ben si ils nous rejoignent, ils s’apercevront vite de l’ambiance générale, de toute façon.

LANCELOT, avec un soupir et un regard en coin vers Perceval
Du niveau général, aussi.

PERCEVAL
Mais, Sire… si le seigneur Léodagan est roi en plus d’être votre beau-père ‒ c’est ça, hein, c’est bien votre beau-père, j’ai bon ? (acquiescement d’Arthur) ‒ et que le seigneur Lancelot est votre bras droit, je suis quoi, moi ?

LANCELOT, bas, comme pour lui-même
Oh ben vous et vos pitoyables petits camarades, vous seriez plutôt ses bras gauches.

ARTHUR, entre ses dents, sur un ton d’avertissement
Seigneur Lancelot…

Perceval regarde le dos de sa main DROITE, puis remonte le long du bras.

LÉODAGAN, à Perceval
L’autre gauche.

PERCEVAL
Oh, ‘tain, nan ! Recommencez pas avec ces conner‒

ARTHUR, d’une voix forte
BON ! Nous sommes heureux d’accueillir à cette table le chef Angle, le roi… (entre ses dents, au père Blaise) c’est quoi son blaze, déjà ?

Le père Blaise cherche parmi ses parchemins, retourne plusieurs feuilles, puis abandonne.

PÈRE BLAISE
Bof, de toute façon j’aurais pas su comment l’écrire, c’est imprononçable cette langue, ça ressemble à rien…

ARTHUR, reprenant sa phrase
…le chef Angle, ainsi que son premier ministre. (Bas, au père Blaise) C’est bien son premier ministre, hein ?

PÈRE BLAISE
Allez savoir…

LÉODAGAN
De toute façon, ça pourrait aussi bien être son cuisinier, qu’est-ce qu’on en a à foutre ?

CHEF ANGLE, regardant son pied
“Foute” ?

LÉODAGAN
Qu’est-ce qui lui prend, à çui-ci, de regarder par terre ? Nos tronches lui reviennent pas ?

ARTHUR, entre ses dents
Beau-père, s’il vous plait…

Le père Blaise étale une grande carte devant le chef Angle.

ARTHUR, aux deux Angles
Ainsi donc, voici représentés les territoires du quart sud-est de l’île de Bretagne.

PERCEVAL, pour lui-même
Oh non, pas encore !

Léodagan attrape lentement mais ostensiblement un des registres du père Blaise tout en regardant Perceval avec insistance.

ARTHUR, à qui l’interruption n’a pas échappé
Territoires dont, pour l’heure, vous (il pointe du doigt les deux Angles) occupez cette partie (il désigne une zone sur la carte). En échange de l’acceptation de votre capitulation et de notre bon vouloir à épargner à vos troupes des pertes vaines et inutiles, nous (il se désigne lui-même ainsi que ses chevaliers) pourrions exiger de vous (il les montre du doigt) un tribut exorbitant (de la main, il fait le signe “argent” en frottant le pouce avec l’index et le majeur), en monnaie ou en nature, ou bien vous chasser des territoires que vous occupez (il fait le signe de balayer la zone de la carte correspondante, puis remontre les deux Angles du doigt et fait un signe qui voudrait signifier “oust”), ou même vous emprisonner (il mime avec ses deux mains le geste d’attraper deux barreaux imaginaires devant son visage).

Les deux Angles se regardent.

PÈRE BLAISE
Euh… vous êtes sûr de vous faire bien comprendre, là, Sire ?

Le chef Angle répète le signe “argent” avec les doigts à l’adresse de son acolyte, en tirant une tête de six pieds de long.

ARTHUR
Ils ont compris.

PERCEVAL
Putain, ils sont balèzes, les mecs.

LANCELOT, à Perceval
Faut dire qu’il vous en faut peu…

PERCEVAL
Ben quand même, ils pigent vite ! Moi, le seul mot que je connais en langue étrangère, c’est “biographie” !

LANCELOT, irrité
C’est pas une langue étrangère, ça.

LÉODAGAN
Ah… pour lui, si !

PERCEVAL
Quoi, c’est pas du latin, ça ?

ARTHUR
Non, pas du tout. (il réfléchit un instant) Vous m’auriez dit du grec, à la rigueur… Enfin à la base, parce que “biographie”, on peut pas vraiment dire que‒

LE CHEF ANGLE, s’exclamant
Baille-o-gra-fi !

Tout le monde sursaute.

LÉODAGAN
Qu’est-ce qui lui prend, maintenant, à lui ? Il se sent pas bien ?

PÈRE BLAISE
Il essaie de communiquer, je crois…

LANCELOT
Non mais franchement, il pourrait pas baragouiner au moins un tout petit peu de latin, comme tout le monde ?

PÈRE BLAISE, pince-sans-rire
Vous voulez dire “un minimum”, je présume.

LANCELOT, vexé
Très drôle, Père Blaise, l’heure est bien aux jeux de mots, tiens. En attendant on n’avance pas.

PERCEVAL, largué
Ben qu’est-ce qu’il y a de drôle ?

PÈRE BLAISE, agacé, à Lancelot
Mais qu’est-ce que vous voulez que j’y fasse ? Ils causent pas la langue, ni même une broque de latin de cuisine ! C’est pas en trois quart d’heure que j’allais leur apprendre ne serait-ce que des rudiments de conversation latine, désolé.

LÉODAGAN
Ça me rappelle, j’ai eu un type, une fois, en Carmélide, qui prétendait pouvoir vous apprendre à causer une langue étrangère en quelques semaines. Une arnaque, vous pensez bien. Alors il s’est présenté un jour avec plein de grimoires sous le coude en me disant que les voyages formaient la jeunesse, et patati et patata, et que si je voulais que mon gamin s’en sorte à l’étranger il pouvait lui apprendre le latin version express grâce à une toute nouvelle méthode révolutionnaire, et ça en échange de six mille pièces de bronze.

LANCELOT
Six mille ! Ah, quand même ! Il n’y est pas allé de main morte !

LÉODAGAN
Moi non plus. Le lendemain, il cramait dans la cour, avec ses foutus grimoires pour alimenter le bûcher. Des mois qu’il écumait toute l’île et arnaquait les rupins avec sa méthode à six mille ! Mais le jour où il a foutu les pieds chez moi, il se doutait pas qu’il m’embobinerait pas aussi facilement que les autres, et‒

ARTHUR
Oui, charmant, Beau-Père, j’adore vos souvenirs pittoresques, mais celui-là vous voudrez bien le garder pour le prochain repas de famille, hein ? J’aimerais bien qu’on avance…

PÈRE BLAISE
En tout cas c’est bien joué, Sire, de leur avoir rappelé qu’on pourrait être bien moins coulants avec eux que ce qu’on s’apprête à leur proposer, ça donnera un angle d’attaque pour aborder cette négociation.

PERCEVAL
Ah bon, alors maintenant ils attaquent, finalement ? Je croyais qu’ils avaient renoncé, les Angles…

LANCELOT, pour lui-même, levant les yeux au ciel
Eh ben voilà !

LÉODAGAN, à Lancelot
Fallait s’y attendre…

PERCEVAL
Nan mai quoi, c’est vrai à la fin ! J’y pige plus rien, moi !

PÈRE BLAISE, dans sa barbe
Comme c’est étonnant…

ARTHUR, au père Blaise
Alors primo ‒ puisque vous tenez au latin ‒ je ne suis pas coulant. Et secundo, je ne leur propose rien, j’exige.

LÉODAGAN
Ah ouais ? Ce serait nouveau, ça…

PÈRE BLAISE
Ça s’appelle “y mettre les formes”, Sire Léodagan.

LANCELOT
Ça se fait, dans les pays civilisés.

LÉODAGAN
À Rome, j’dis pas… Mais ce sont tous devenus des vraies tarlouzes maintenant, là-bas.

LANCELOT
Hmm, pour une fois, c’est pas totalement faux, ce que vous dites.

PERCEVAL, surpris
Sérieux, vous savez pas ce que c’est une tarlouze, Seigneur Lancelot ?

L’AIDE DE CAMP ANGLE, à son chef
“Tou louze” ? Yaiss oui loste.

LÉODAGAN
Ah ben tiens, v’là l’autre empaillé qui se réveille.

ARTHUR, au père Blaise
Qu’est-ce qu’il a dit, là ?

PÈRE BLAISE
Mais comment voulez-vous que je le sache ?

PERCEVAL
Moi il me semble l’avoir entendu dire “oui”. Ça voudrait dire qu’ils acceptent ?

ARTHUR
Accepter quoi ? On n’a rien eu le temps de leur proposer encore, vous parlez tout le temps, vous quatre !

LANCELOT
Pardonnez-nous, Sire, nous nous sommes peut-être un peu laissés emporter dans le feu de la conversation

ARTHUR
Un peu ? Entre celui-ci qui capte rien et à qui il faut tout répéter trois fois‒

PÈRE BLAISE
Minimum !

ARTHUR
Celui-là qu’est tout content de nous étaler son latin, vous qui ne pouvez pas vous empêcher d’interrompre les uns et les autres tant vous pensez essentiel de nous faire partager vos remarques, et les souvenirs de mon beau-père qui va finir par nous raconter tout son curriculum‒

LE CHEF ANGLE
“Curriculum” ! Baille-o-gra-fi, curriculum vitæ !

ARTHUR
Hein ?

LANCELOT
Quoi ?

PÈRE BLAISE
Pardon ?

ARTHUR
Mais… mais… je croyais qu’il causait pas latin, c’t’engin-là !

PÈRE BLAISE
Oui ben si c’est le seul mot qu’il connait, ça va pas nous mener bien loin.

ARTHUR
Et pourtant on dit que tous les chemins mènent à Rome…

Léodagan, Lancelot et le père Blaise le regardent, à la fois étonnés et navrés.

ARTHUR
Mouais, vous avez raison, c’est nul… ça doit être la fatigue, la lassitude. (Au père Blaise) Essayez de lui dire encore quelque chose en latin, voir si ça éveille quelque chose en lui ?

PÈRE BLAISE
Mais j’ai déjà essayé cent fois !

ARTHUR
Eh ben ça fera une cent-unième fois. Allez zou !

Gros soupir du père Blaise.

PÈRE BLAISE
Vestifex meus dives est.

Pause.

LANCELOT
Aucune réaction.

ARTHUR, levant un sourcil
En même temps, je vois pas bien comment réagir à cette information capitale.

LANCELOT, ironique
C’est vrai qu’il faut le temps de l’encaisser.

PÈRE BLAISE, agacé
Eh ben allez-y, Seigneur Lancelot, puisque vous êtes si malin !

Lancelot se renfrogne. Il réfléchit une seconde.

LANCELOT, aux deux Angles
Alea jacta est.

Pause.

LÉODAGAN
Que dalle. Ils causent pas latin, ces deux andouilles.

PERCEVAL
Mais, je comprends pas bien, moi : jusque là je croyais que c’était une colline et pas une langue, le Palatin…


(Épilogue à suivre…)

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MessageSujet: Re: Les Angles et les obtus   Les Angles et les obtus EmptyJeu 25 Avr 2013 - 19:05

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LES ANGLES ET LES OBTUS - Épilogue

La même pièce. Sur la table, à côté de la carte, une coupe de fruits. Devant chacun, un gobelet d’argent. Bohort les a rejoints. À un bout de la table, Arthur discute à grand renfort de gestes avec les Angles, et trinque avec eux.

PÈRE BLAISE
Bon ben, pas fâché qu’on y soit parvenu, quand même.

PERCEVAL
Une bonne idée ce petit coup à boire, Seigneur Bohort.

BOHORT
Pour sceller une nouvelle entrée dans la fédération et la réussite de ces pourparlers, cela me semblait être approprié, ainsi que ces quelques fruits, symboles je l’espère d’une fructueuse collaboration à venir au sein du Royaume de Logres.

LÉODAGAN
Ah bon, c’est thématique, alors ! Nan parce que là comme ça, je me disais que des pommes, du raisin et des oranges pour des chefs de guerre, ça manquait un peu de… je sais pas, moi… de quelque chose de plus consistant.

LANCELOT
Les oranges, vous les avez trouvées où ? Parce que, si je me souviens bien, on avait essayé d’en implanter en Irlande, mais ça n’avait pas pris.

BOHORT
Un oranger sur le sol irlandais, on ne le verra jamais. Non, celles-ci viennent d’une saisie.

LÉODAGAN
Ah, ce sont celles de Venec, alors ! Je me souviens : il tentait de rentrer des marchandises en douce et on l’a pris la main dans le sac. On a taxé trente pour cent de sa cargaison en nature pour le laisser la débarquer sur l’île depuis son bateau. Des oranges, du vin, du sel, des fruits que j’avais jamais vus, que de la bouffe ! Et de la bonne, je peux vous dire…

PÈRE BLAISE
Trente pour cent ? Je croyais que c’était cinquante !

LÉODAGAN
Cinquante ? Z’êtes pas dingue ? Trente, je vous dis.

PÈRE BLAISE
Pourtant c’est ce que Venec a dit la dernière fois qu’il est venu en séance de doléances : que la saisie de la moitié de sa cargaison, c’était excessif.

LÉODAGAN
Oui ben c’est Venec, ça… un embrouilleur de première !

PERCEVAL
Ça, ou alors entre les cinquante pour cent qu’il a peut-être filés en débarquant et les trente qui sont arrivés à Kaamelott, y’a quelqu’un qui s’est gardé assez de fruits pour se flanquer la courante jusqu’à la fin de l’année !

LÉODAGAN
Mais qu’est-ce que vous y connaissez, vous ?

LANCELOT
Si si, pour ce qui est du calcul, on peut faire confiance au seigneur Perceval. Mais dites-moi plutôt, Seigneur Léodagan, il y a une chose qui me turlupine : n’est-ce pas vous qui êtes en charge de la surveillance des côtes, invasions comme contrebande ? Donc des postes d’octroi et des prélèvements sur les marchandises ?

Tous les yeux se braquent sur lui.

LÉODAGAN
Et ben quoi…? Non mais oh, tout de suite… C’est pas croyable, ça ! Alors que, je vous le signale, notre bon roi, lui, s’est gardé toute la pâte d’amande pour lui tout seul ! Me d’mande bien pourquoi, d’ailleurs…

Arthur et les deux Angles se rapprochent.

ARTHUR
Buvons donc à l’élargissement de notre fédération ! (Aux deux Angles) Vous verrez, vous ne le regretterez pas.

LANCELOT
Et nous non plus : rien que par le nouvel accès à la mer, nous aurons de nouvelles voies de commerce avec le nord du continent. Et une meilleure surveillance des côtes.

ARTHUR
Et les impôts vont rentrer.

PÈRE BLAISE
Ce qui est dommage quand même, c’est qu’on n’ait pas réussi à les convaincre pour le coup de la monnaie unique. Nan, c’est vrai, si on entre dans une fédération, on fait la même chose que tout le monde, enfin quoi ! Sinon, ça ressemble à quoi ? Hein ? Je vous le demande… Ou on est dans la fédération, ou on n’y est pas !

LANCELOT
C’est vrai, ça, c’est comme si il y avait un hurluberlu chez nous qui refusait absolument de faire paver ses routes…

LÉODAGAN
Ah ça va pas recommencer, hein !

ARTHUR
Stop ! Commencez pas, vous deux, ou j’en prends un pour taper sur l’autre…

PÈRE BLAISE
Y’a pas à dire, on embourbe quand même moins les chariots sur les routes pavées. Va falloir qu’ils pavent toutes leurs voies jusqu’à la mer, les Angles… Si on veut pouvoir importer des marchandises depuis le continent, ce serait dommage qu’elles mettent trois fois plus de temps à arriver du port jusqu’à nous qu’elles n’en ont mis à traverser la mer !

PERCEVAL
De toute façon, un jour, y’aura plus besoin du bateau : on passera du continent à l’île par la route !

LÉODAGAN
Z’auriez pas un peu forcé sur le picrate, vous ? Même au plus étroit, faudrait construire un viaduc de huit lieues, c’est pas possible, réfléchissez deux secondes !

PERCEVAL
Un viaduc, bien sûr que non, je suis pas con, non plus ! Nan, on creusera un tunnel !

ARTHUR
Un tunnel ? Sous la Mare Britannicum ? Nan mais ça va pas mieux, vous !

PÈRE BLAISE, ironique
Mais oui bien sûr… on va se mettre à creuser des galeries partout, comme ça, ça nous évitera le mal de mer…

PERCEVAL, sérieux
Et les naufrages ! D’un bout à l’autre du monde, on va creuser… et puis ça raccourcira drôlement les distances, vu qu’en fait, la terre (il attrape une grosse orange sur la table et la montre aux autres) elle est comme une boule !

Arthur lève les yeux au ciel et hausse les sourcils. Perceval attrape la carte sur la table et en enveloppe l’orange.

PERCEVAL, poursuivant
Ce qui fait que, pour aller d’un bout à l’autre (il indique les deux “pôles” de l’orange), c’est beaucoup plus court en passant par le centre (il transperce l’orange de part en part avec un pic) qu’en faisant tout le chemin à la surface.

PÈRE BLAISE, hurlant
Nan mais vous êtes dingue ! Vous trouez la carte, là ! Vous savez ce que ça coûte, une carte comme ça, et le temps que ça prend à faire ?

Le père Blaise lui arrache l’orange des mains et retire le pic pour constater les dégâts. Perceval avance la main droite vers la carte.

PÈRE BLAISE
Bas les pattes !

Le père Blaise lui plante le pic sur le dos de la main. Perceval crie, puis regarde ses mains désormais toutes les deux marquées.

PERCEVAL
Oh ‘tain nan, c’est pas vrai… Nan… ! (À Léodagan) Dites, par hasard, y’avait pas un peu de camomille dans la cargaison de Venec ?

PÈRE BLAISE
Qu’est-ce que vous me chantez là ? La camomille, ça n’a jamais aidé à la cicatrisation, que je sache…

PERCEVAL, regardant le père Blaise
Figurez-vous que c’est pas pour moi, la camomille… (Regardant sa main) Non mais regardez-moi ça, ça pisse le sang, maintenant ! (Il reprend le pic des mains du père Blaise) Donnez-moi ça, vous, c’est vachement dangereux, un picte !

LÉODAGAN
Bien d’accord avec vous… Ma femme est picte.

PERCEVAL
Hein ?

LANCELOT
Pour le coup, c’est bien une langue, le picte. Un peuple, aussi. Ce que vous tenez à la main, en revanche, c’est un pic.

PERCEVAL
Vous êtes sûr ? C’est pas non plus une colline, ou une montagne, ou un machin comme ça, un pic ?

LANCELOT,soufflant
Si, aussi…

Perceval lève la main tenant le pic devant ses yeux pour regarder la plaie, manquant de peu d’égratigner Lancelot au passage.

LANCELOT
Eh ! Oh ! Faites un peu gaffe avec ce truc là !

PERCEVAL
Ben j’en fais quoi ?

LANCELOT, agacé
Eh bien allez le mettre ailleurs, Seigneur Perceval !

PERCEVAL
Où ça ?

LANCELOT, énervé
Qu’est-ce que j’en sais, moi ? Tenez, là-bas, dans l’angle près de la porte.

Perceval s’éloigne.
Un cri.


LANCELOT
L’angle de la PIÈCE, Perceval !


FIN



NOTE DE L'AUTEUR
“Un oranger sur le sol irlandais, on ne le verra jamais” : extrait de “La ballade irlandaise”, paroles d’Eddy Marnay.

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