Lady Oscar - André
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 Huit ans...

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Sudena
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MessageSujet: Huit ans...   Huit ans... EmptyLun 5 Mai 2014 - 19:33

Introduction


"Et voilà!"

Sam était plus que satisfait d'avoir terminé le boulot mais il n'arrivait pas à chasser ce sentiment de perte de temps, de temps perdu.

"Franchement, un vendredi soir tu ne pouvais pas m'épargner...
-Nous sommes en période de vacance du Congrès, le Président n'a pas de déclaration fracassante à faire qui requerrait tes talents, et comme tu es mon ami je me figurais que tu te serais fait un plaisir de...
-Pendant deux heures j'ai espéré que mon téléphone sonne pour ne pas avoir à..."
Mais à ce moment-là le téléphone de Josh retentit.

"Oui mr le Président? Oui... Non vous êtes sérieux??. Vous vous rendez bien compte que... Oui, j'arrive tout de suite." il raccrocha

"Que veut-il?" demanda Sam
Les yeux de Josh étaient perdus dans le vague. Sam savait que c'était là une caractéristique d'intense réflexion.
"Rendez-vous à la Maison Blanche.
-Dans le Bureau Ovale?
-Non, à la résidence: il vaut que ça reste intime. Toi, moi, la Première Dame...
-Donna?
-Oui, aussi.
-Dis-toi que ça lui fera une surprise quand elle reviendra.
-J'espère bien... _les yeux de Josh étaient toujours dans le vague_
-Josh, que veut-il?
-Je pense qu'il veut abolir la peine de mort.
-T'es sérieux???
-Si on a la moindre chance..."
Les deux amis se turent et se regardèrent dans les yeux: ils se connaissaient par cœur et le sourire qui illuminait leurs visages en disait long sur l'espoir merveilleux qui les animait en cet instant.

"Ah au fait Josh: _Sam tendit à son ami un petit carnet noir_ c'est tombé d'un carton, c'est à toi?
-Oui c'est à moi."
Josh mit rapidement ce petit journal dans sa poche et n'y pensa plus, jusqu'au moment où quelques heures après, ayant décidé de passer la nuit à son bureau il s'en empara machinalement, s'autorisant quelques secondes pour songer à son amour, au baiser et au sourire enthousiaste qu'ils s'étaient échangés en évoquant leur mission du week-end, mission à laquelle elle avait tenu à participer à son niveau. C'est en le regardant attentivement qu'il se rendit compte que quelque-chose clochait. La curiosité fut la plus forte et il ouvrit la première page...


Donna sursauta lorsqu'elle ouvrit la porte puis sourit en pensant à la peine qu'il (et probablement Sam si elle en jugeait par les maladresses et les objets oubliés) s'était donnée pour aménager correctement l'appartement. Elle avait décidé de prendre une nuit de repos afin d'être parfaitement d'attaque pour ce week-end de boulot (dans quels endroits la Première Dame devrait-elle aller? quels mots devrait-elle prononcer? quelles sensibilités éveiller?..). En entrant dans la chambre son pied heurta un petit objet noir: son carnet où elle avait écrit ses plus grands secrets. Mais dès qu'elle le prit en mains elle se rendit compte que quelque-chose n'allait pas: la couverture était cornée, il avait manifestement pas-mal voyagé dans une poche de manteau, or elle n'aurait jamais pris un tel risque. En l'ouvrant elle reconnut tout de suite l'écriture de son Josh. Comme envoutée elle s'assit sur le lit et commença à lire...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMar 6 Mai 2014 - 3:16

Journal très intime de Donna Moss


Je ne sais pas pourquoi j'éprouve ce besoin d'écrire sur mon patron dans un journal à part. Peut-être est-ce pour cacher ma honte?.. Cette honte qui m'a assaillie en fait dès le moment où je l'ai laissé tomber pour retrouver ce connard dont le nom ne mérite pas d'être cité ici, simplement parce qu'il me l'avait demandé...
Je n'ai aucune explication, aucune justification, aucune excuse: ce soir je ne me suis pas regardée dans la glace. Je t'avais abandonné Josh, aussi simplement que je m'étais imposée à toi pour ce travail!.. Je me souviens de ce jour comme si c'était hier: désemparée, seule, j'avais poussé la porte de ce local pour me raccrocher à ma seule fierté: être Démocrate dans une famille Républicaine. J'ai avisé ton bureau car c'était le seul vide, j'ai répondu au téléphone et tu es arrivé... Tu débordais de ton charme magnétique... Je ne sais pas comment je t'ai convaincu de m'engager: tu aurais parfaitement pu me renvoyer à ma solitude, mais tu m'as donné tout de suite ce travail en m'écoutant et en me regardant dans les yeux. Et j'avais à-peine appris à reconnaitre Sam, Léo, Toby, C.J. et le Député que je laissais tout tomber sans vergogne pour aller le retrouver... Je suis une misérable! Le pire c'est que je l'ai pensé et que ton image venait me hanter... Est-ce pour ça que je ne lui ai pas donné le droit à l'erreur? Est-ce un acte manqué de ma part que de m'être foulée cette cheville? Je le pense... Car je sais que, toi, tu ne te serais pas arrêté pour prendre une bière. (Josh eut un éclat de rire ironique en songeant que deux ans après il avait prononcé cette phrase mot pour mot) Tu ne sauras jamais ce qui s'est passé ("Ah non?" pensa-t-il, hilare) mais ce soir, quand je suis revenue j'étais prête à tout entendre, à tout endurer: je l'avais mérité. Et... Josh je ne sais pas qui tu es vraiment, peut-être avais-tu besoin de moi je n'en sais rien mais je remarque cette ombre dans ton regard, ta façon de marcher à la vitesse de l'éclair, ton intelligence absolue dont tu te sers tout le temps, sans jamais te reposer (ou si peu), mais je sais ce que tu as fait ce soir, en me reprenant sans poser aucune question, sans me faire un seul reproche... Josh tu es le plus merveilleux homme que je connaisse: je sais que je suis ton inférieure hiérarchique (et pas seulement hiérarchique...) mais je ne te laisserai plus jamais tomber, plus jamais! Je vais me montrer digne de toi et t'aider à remporter cette campagne! Je t'aime Josh. Oui je t'aime...


Josh examiné d'un peu plus près ce journal: il avait été tiré en série et vendu en papèterie, mais le début des secrets de sa bien-aimée ne laissaient aucun doute à ses yeux: il avait acheté le sien le même jour, et très probablement dans la même papèterie...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMer 7 Mai 2014 - 2:16

Journal très intime de Josh Lyman


Donna, j'ignore combien de temps je tiendrai ce journal ni ce qui m'a poussé à l'acheter, un peu comme je ne comprends pas vraiment le pourquoi de ce que j'ai fait aujourd'hui...

Assez! c'est un journal intime, flûte! je n'ai pas besoin de réfléchir tout le temps à ce que je vais dire ni à quelle stratégie me fier pour gagner: je n'ai pas besoin ici de donner le change pour être à la hauteur de Toby ou de Léo, ni de laisser croire que tout glisse sur moi en me cachant derrière ma soi-disant intelligence et mon humour méprisant. Car au fond de moi je sais très bien pourquoi je t'ai reprise, même si je sais pas l'intellectualiser. T'engager n'a pas été un problème et n'aurait pas surpris Sam ni Léo: je sais bien repérer les talents et derrière ta magnifique chevelure blonde et tes grands yeux candides j'ai très vite repéré ton intelligence et tes redoutables compétences dont tu n'as pas encore la moindre idée: c'est mon truc... Et puis tu avais déjà gagné ton job en t'imposant comme ça, avec cet aplomb et cette répartie faussement naïve. Mais pourquoi, quand tu es revenue aujourd'hui, ais-je accepté de te donner une nouvelle chance après ce que tu m'avais fait? à n'importe qui d'autre j'aurais claqué la porte au nez avec interdiction de me recontacter pour quoi que ce soit. Sauf que tu n'es pas "n'importe qui"...

La campagne est rentrée dans sa phase décisive: j'ai fait le choix de suivre Bartlet par conviction, contre toute stratégie politicienne, et j'y ai entrainé Sam. Je ne veux pas décevoir Léo: c'est lui qui a voulu de moi et je dois donc assurer vingt quatre heures sur vingt quatre, mais toute cette agitation rallume mes terreurs, que personne ne connait. Mon père se meurt et même si je sais que je fais ce qu'il souhaite je ne peux pas m'empêcher de me sentir coupable de l'abandonner, comme j'ai abandonné Johannie il y a des années... Et...c'est stupide mais ça me fait mal que Bartlet m'enguirlande tout le temps et ne se souvienne même pas de mon nom _ni d'ailleurs de celui de Sam ou de C.J._...

Je ne sais pas pourquoi tu es revenue Donna, ça ne m'intéresse pas et je n'ai pas envie de te tourmenter avec ça, pas plus que je n'en parlerai aux autres. Mais ce que tu ne sauras jamais c'est que si je t'ai reprise c'est parce que je sais que si tu n'étais pas revenue j'aurais totalement implosé: j'ai besoin de toi Donna, professionnellement mais aussi humainement. Dans tes regards, dans ton impertinence quotidienne tu me préserve de moi-même, tu me gardes dans le monde réel. Je sais que dans cette histoire j'aurai le beau rôle, et comme je n'ai pas mon pareil pour me hausser du col je l'accepterai sans vergogne, mais je me connais, je connais mes limites (et je n'ai pas envie de déranger Sam avec mes problèmes: il a déjà bien assez à faire avec les siens).
Donna ça ne fait que quelques mois que je te connais et pourtant quelque-chose (quoi?) me dit que sans toi je me perdrai, que tu es peut-être la seule véritable amie que j'aurai jamais...


"Oh Josh..." Donna ouvrit grands ses yeux. Elle n'était pas réellement surprise des pensées qu'elle lisait mais le fait qu'il les ait mises par écrit la sidérait. Elle songea qu'à l'époque Josh avait pourtant une amoureuse, des amis et déjà, malgré son âge, une solide réputation au sein du parti, mais elle savait aussi que derrière la façade qu'il affichait ses tourments n'étaient pas feints et menaçaient toujours de le submerger... Elle pensa _et cette pensée la fit étrangement sourire_ que leur rencontre avait finalement d'abord été celle de deux solitudes... Elle disposa alors les coussins du lit de façon à pouvoir s'y assoir plus confortablement, allongea ses jambes et relut le passage, en souriant de plus en plus.

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyJeu 8 Mai 2014 - 0:04

Journal très intime de Donna Moss


Ce soir Josh j'ai pris le temps de te connaitre, de connaitre ta famille... Tu m'avais bien caché que tu avais une soeur ainée qui est morte dans un incendie à l'âge de neuf ans alors qu'elle te gardait, que ton grand-père est un rescapé de Birkenau et que ton père était mourant. Je comprends mieux maintenant pourquoi tu marches si vite, pourquoi tu te caches derrière ton humour vache, pourquoi tu es si fidèle à tes idéaux et à tes amis: tu te sens coupable de tous ces malheurs qui te sont tombés dessus. Si tu cédais à tes émotions tu t'effondrerais, déjà que je ne sais pas comment tu fais pour être aussi souriant. ("C'est le talent..." fanfaronna Josh pour lui-même) Ce soit nous avons gagné l'Illinois: Bartlet est le candidat Démocrate et tu vas le mener à la Maison Blanche. Mais j'ai dû t'annoncer la mort de ton père: que la victoire est amère... ("J'aurais peut-être dû m'y habituer ce jour-là..." murmura-t-il, pour la première fois sombre) Tu t'es isolé à l'aéroport: je n'ai pas osé aller te chercher mais Léo s'en est chargé. Il était un ami e ton père, pourras-tu éviter de reporter sur lui ton affection. Je ne pense pas: ça ne te ressemblerait pas. De mon côté la seule chose que je peux faire c'est essayer d'assurer ce que je sais faire et comprendre les rapports politiques, mais je vais surtout jouer le jeu de l'humour, te provoquer pour ne jamais te laisser languir ou t'ennuyer, ("Ah c'est pour ça que tu m'as pourri la vie toutes ces années..." rigola Josh) après tout c'est aussi ça que tu apprécies chez moi: mon talent pour ne jamais me laisser démonter. Peut-être aussi est-ce comme ça que tu finiras par m'aimer...


Josh médita quelques secondes. Son carnet à lui ne mentionnait pas cette partie-là de sa vie, pas plus qu'il ne revenait sur la victoire de Bartlet aux présidentielles. Il songea qu'aujourd'hui, presque neuf ans après, il était regardé comme le plus brillant politicien de la gauche sinon du pays, qu'il avait toujours essayé et souvent su être à la hauteur des espoirs de Léo...et qu'il avait passé toutes ces années à-côté de cette femme qui l'aimait à la folie et dont il n'aurait jamais supporté qu'elle soit attaquée, mise en défaut sans même pendant presque deux mandats mettre un nom sur les sentiments qui l'animaient à lui. "Je suis le plus grand imbécile de l'histoire de ce pays!.."

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyVen 9 Mai 2014 - 0:25

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Tu m'as bien eu Donna! Cette capacité à retomber sur tes pattes quand tu devrais normalement te la jouer profil très très bas est une de ces qualités que j'apprécie le plus chez toi. Franchement j'y ai cru!.. Pourtant quand j'y pense c'était tellement grotesque: (Donna riait à gorge déployée) tu étais tombée dans le panneau de cette soi-disant bombe nucléaire sous la Maison Blanche avec une telle naïveté que j'ai peut-être inconsciemment baissé la garde... Allez disons le mot: tu m'as totalement eu! tu as réussi à m'y faire croire!.. Je devrais me sentir vexé mais c'est impossible: d'une part rien ne peut me gâcher cette journée d'investiture, de l'autre au fond de moi j'adore que tu n'aies pas du tout peur de moi et que tu puisses à ce point-là t'amuser à mes dépends: ça promet de toujours me tenir en éveil à l'avenir...


Donna rigola mais son rire prit rapidement des accents douloureux: pendant ces premiers temps à la Maison Blanche elle s'était fixée trois buts: être indispensable professionnellement, apprendre pour pouvoir un jour s'élever dans son métier et être un soutient permanent pour son patron afin de l'aider à supporter facilement sa fonction de Secrétaire Général Adjoint. Et elle avait tout réussi... Elle avait juste oublé qu'à force de jouer un jeu trop parfait on ne laisse aucune chance à l'autre d'entrevoir la vérité... La suite du carnet, très courte, le lui confirma douloureusement.



Je suis revenu chez moi ce soir. Ce n'est pas la première fois que je suis totalement bourré et ce ne sera pas la dernière: faut bien profiter de sa jeunesse... Seulement les dernières fois j'allais cogner chez toi... Tu m'as toujours ouvert sans me poser de question, tu m'as permis de décuver en paix et tu n'en as jamais fait allusion les lendemains, pas même à Cathy ou à Margaret. Tu es vraiment une amie Donna mais il ne faut pas que je m'y habitue trop: je risques de dire des choses qui dépassent ma pensée, et je n'ai pas envie de te perdre. Sans compter que tu dois être en forme pour travailler et que mes intrusions ne sont pas là pour t'y aider.


Le sourire de Donna était désormais teinté d'auto-dérision: même à l'époque elle savait bien que Josh était trop correct pour profiter même des moments d'ébriété. Elle ignorait seulement ce que celà signifiait de son attachement pour elle. "Je te connaissais pourtant mieux que tout le monde, et la seule chose qui m'a échappé est celle qui aurait dû me crever les yeux..." soupira-t-elle.

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyVen 9 Mai 2014 - 15:33

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Etrange journée Josh... Commencée dans le doute et la menace elle s'est terminée, je ne sais pas trop comment _même si je m'en doute_, dans une bonne humeur communicative. Et pourtant d'où vient cet étrange sentiment qui m'assaille? Du soulagement? non, j'ai honte de l'avouer tant c'est mesquin mais c'est bien de la déception. Car au fond de moi j'espérais, même si intellectuellement ça m'horrifiait tant que je refusais d'y croire... Pour ne pas t'être totalement contrôlé hier à la télé tu as donné un sentiment de triomphe à la droite ultra-conservatrice, et ce matin il régnait à la Maison Blanche une étrange ambiance de flottement: si C.J. a parfaitement su, comme d'habitude, maitriser la presse qui voulait savoir si la Président allait te virer j'ai vu que ton inquiétude était réelle. Le stupide accident de vélo du Président a permis à tout le monde de rigoler mais cela avait-il à voir avec ta bourde? je l'ignorais encore. Le fait que tu n'aies pas dormi de la nuit (je l'ai su car tu avait gardé les mêmes vêtements [que, pour rigoler, je t'ai dit peu télégéniques]) ("Comme si c'était une première!.." s'esclaffa Josh) et l'engueulade de Léo étaient prévisible et ne m'ont pas particulièrement alarmée, mais j'ai compris que c'était vraiment grave à la réaction de Sam. Il est ton meilleur ami et aujourd'hui il était agité, irritable, perdu: il a passé une très mauvaise journée ("Comme il avait passé une excellente nuit..." commença Josh avant de se raviser: Sam était bouleversé bien avant de savoir que son aventure du soir était une call-girl: c'était la première fois qu'il s'en rendait compte et il sursauta) et la seule explication est qu'il pensait réellement possible que tu perdes ton poste... C'est à ce moment-là que je t'ai apporté du café ("Pour la première fois de ta vie...") et que j'ai tenté de te remonter le moral. Mais alors Toby est arrivé et t'a parlé en privé: je connais son caractère mais le savon qu'il ta passé je l'ai entendu de mon bureau... Une réunion était programmée avec ces fascistes d'ultra-chrétiens et je savais que  tu jouais ta dernière carte. Je ne pouvais rien faire d'autre qu'attendre et essayer de voir. Je les ai vus arriver ici le regard fier et conquérant: ils me donnaient l'impression de porcs affamés, et je me doutais que tu serais leur festin. La réunion avait commencé depuis quelques minutes quand le Président est arrivé à son tour: que leur a-t-il dit pour qu'ils partent aussi vite la tête dans les épaules? et que vous a-t-il dit pour qu'en revenant tu chambrais toujours Toby, le sourire jusqu'aux oreilles, sous le regard hilare de C.J.? En tout cas j'ai su que tout était fini, et de façon triomphale.
Et pourtant au fond de moi j'espérais... Si je t'ai apporté du café c'était pour que tu penses à me prendre avec toi dans tes bagages; et j'espérais que, débarrassé de ce métier qui t'accapare vingt quatre heures sur vingt quatre, tu aurais regardé ailleurs... Vers moi... Je te demande pardon Josh, car je sais que sans ce métier tu dépérirais: tu as besoin que ton cerveau _tellement supérieur_ ait toujours de quoi se nourrir. Je suis heureuse que cette journée se soit aussi bien terminée: cette ombre, que je vois mieux dans ma solitude, est un relent égoïste que je ne peux pas contrôler. Puisses-tu ne jamais la voir transparaitre...
Je t'aime tellement Josh, si tu savais...


Josh resta coi quelques instants, sans savoir réellement ce qui lui arrivait. C'est quand il voulut s'essayer à l'humour qu'il se rendit compte de la boule qui lui nouait la gorge: les mots de sa bien-aimée l'émouvaient au-delà de ce qu'il aurait imaginé, et aucun trait d'esprit ne pouvait diminuer cette émotion. Il caressa le papier comme il lui aurait caressé les cheveux, s'octroya quelques secondes de rêverie puis alla se servir un verre d'eau. En revenant à son bureau il eut le désir irrépressible de l'appeler sur son portable mais une force encore plus vive l'en empêcha: Donna dormait probablement et indépendamment de cela il ne voulait à aucun prix courir le risque qu'elle entende sa voix nouée...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptySam 10 Mai 2014 - 1:51

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Donna, aujourd'hui j'ai vécu drôle d'histoire qui m'a étrangement fait penser à toi. je devais recruter un nouvel assistant pour le Président et j'ai rencontré un jeune homme noir issu d'une famille pauvre de Washington: il te ressemblait assez avec sa candeur, son intelligence, sa volonté de bien faire (même s'il était mort de trouille, contrairement à toi): il respirait le brillant et je l'ai très rapidement beaucoup apprécié mais pour le faire accepter j'ai courru un peu partout, je lui ai fait passer un questionnaire barbant (ce que Sam, qui était de mauvaise humeur à cause de son histoire avec sa call-girl, m'a vertement reproché) ("Toujours le même ce cher Sam..." souria Donna) et je l'ai finalement pris sous mon aile pour le rassurer et lui permettre de montrer ce qu'il savait faire au Président. Donna je sais que ça parrait grotesque mais ce jeune homme j'aurais vraiment aimé que ce soit toi...


Donna souria amoureusement: tout son Josh était résumé ici. Excessif, le coeur sur la main, omniprésent dès qu'il avait une idée en tête...ou un ami à aider. Mais la suite du carnet la bouleversa dans sa chair...



Quelle étrange journée j'ai passée là Donna... Ce soir je t'ai vue boire, sourire, rigoler, te régaler avec tout le monde: ce chili con carne concocté par le Président était vraiment une riche idée et a permi à tout le monde de se retrouver en dehors du travail: quelle équipe sommes-nous décidément! quel bonheur avons-nous de nous retrouver tous ensemble! Je n'ai pas voulu te gâcher ni cette journée ni cette soirée mais il m'est arrivé ce matin quelque-chose de très particulier: on m'a remis un plan d'évacuation en cas d'attaque nucléaire. Ca m'a tout de suite fait cogiter sur une éventuelle attaque terroriste qui pourrait être une simple fiole contenant le virus de la variole. Mais j'aurais pu surmonter cette pensée: c'est en parlant à Sam que je me suis rendu compte que j'étais le seul à avoir une telle carte (avec Léo et le Président). Si on était attaqué ma vie compterait plus que celles de Sam, de Toby, de C.J., ou que la tienne... Tu te rends compte Donna? MA VIE VAUDRAIT PLUS QUE LA TIENNE! Et j'aurais dû te regarder dans les yeux en sachant ça? alors que je sais que ce n'est pas vrai! CE N'EST PAS VRAI!!! Quand Johannie est morte on m'a dit que j'avais agi comme je le devais, alors que j'ai tout simplement pris la fuite! ("Tu avais cinq ans..." murmura Donna) Mais quand donc se rendra-t-on compte que je ne suis qu'un minable dont la vie même tient à des fuites et à la mort d'autres personnes qui ont eu le malheur de croiser ma route?!. et qu'on ne m'a donné que trop de deuxièmes chances pour prouver que je vaux quelque-chose (que j'ai toujours ratées)?!. Non, jamais plus je n'aurais pu vous regarder dans les yeux. J'étais en train de sombrer au son de l'"Ave Maria" de Schubert quand C.J. est venue me chercher dans mon bureau: elle m'a sauvé la vie avec ses mots et m'a permis de me reprendre en main et de faire ce que j'aurais DÛ faire dès que j'ai reçu cette maudite carte: la refuser et la redonner à Léo. C'est seulement alors que j'ai pu respirer et m'amuser. Donna, je sais que tu ne liras jamais ces lignes mais cet engagement vaut pour moi un serment de sang: si nous sommes attaqués je ne te laisserai pas tomber et si je ne peux pas te protéger je serai toujours avec toi et j'affronterai les épreuves à tes côtés et non comme ton supérieur. Je te le promet!


Donna cessa sa lecture et fut surprise d'apercevoir un voile devant ses yeux. Il lui fallut quelques instants pour comprendre qu'il s'agissait de larmes: Josh ne lui avait jamais parlé de cette aventure, pas plus que C.J., et elle se doutait bien que Sam n'avait lui non-plus jamais eu droit à une vraie confidence, et ce silence avait pour elle autant de signification que ces mots qu'elle découvrait maintenant. "Oh Josh..." Elle serra le carnet sur son coeur et laissa les larmes la submerger. "Tu vaux tout pour moi..." murmura-t-elle en sanglotant. Elle maitrisa rapidement ses pleurs mais elle se dit que quand elle le reverrait se contrôler allait être difficile, bien qu'elle se prétendisse maitresse dans ce domaine...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyDim 11 Mai 2014 - 1:03

Journal très intime de Josh Lyman

 
Le dilemme était grand pour moi aujourd'hui... Te faire plaisir en jouant les Père Noël et ainsi définitivement renoncer à me fierté ou me comporter en patron sarcastique comme je sais si bien le faire. La deuxième option est naturellement celle qui m'est venue à l'esprit _on ne se rafait pas_ mais le Président m'a sauvé et m'a permis de concilier les deux: il m'a amené dans une librairie de livres rares, et j'ai pu te dégoter ce cadeau: du ski...théorique... Je sais que ce n'est pas exactement ce que tu voulais mais je suis beaucoup trop arrogant pour ne pas arranger les choses à ma sauce, tout le temps. Je ne sais pas ce qui m'a poussé à t'écrire cette dédicace poétique: une manière de me faire pardonner? non, pas moi, pas en plein jour... C'était ma manière à moi de te remercier d'une chose que tu ignores, en tout cas dont tu ne mesures pas la portée: dans nos petites conversations quotidiennes tu me poses toujours les bonnes questions, les vraies, celles qui m'obligent à rester sur terre, à ne pas m'enfermer dans un dogme partisan ou bassement politicien. Sans en avoir l'air tu sais recentrer le débat vers les choses importantes qui devraient être le quotidien de la charge que je me fixe jour après jour: améliorer la vie de mes concitoyens. Je ne suis pas sûr que je réussisse _d'ailleurs Toby est très critique sur notre travail ces derniers temps_ mais je sais que sans toi, sans tes remarques extraordinairement fines et que tu me dis avec candeur, sans perfidie et en prenant soin de ne pas m'énerver, je serais devenu non-seulement idiot et inefficace mais en plus totalement parano et coupé de la réalité que je module au quotidien pour des millions de personnes.
J'ai besoin de toi Donna: tu es non-seulement la meilleure assistante du monde mais aussi une amie que je ne voudrais perdre à aucun prix. J'ai essayé de ne pas le montrer (et tu as su bien t'en tirer avec ta petite pointe d'humour d'enfant gâtée) ("J'avais le meilleur maïtre en la matière..." souria Donna) mais que ma dédicace t'ait fait pleurer m'a rendu fier: je voulais te faire plaisir et j'avais réussi. C'est drôle, dans mon métier, de se sentir autant concerné par ces choses-là que par la nomination d'un juge à la Cour Suprême...

Donna sourit. Avec le temps elle avait rapidement appris à être moins émotive mais en repensant à ces petits détails dont elle ne se rendait alors pas compte elle se souvint de la première fois où elle avait pris quelque peu les choses en mains, sans bien s'en apercevoir elle-même: le moment où elle avait véritablement éprouvé pour la première fois de la colère...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyLun 12 Mai 2014 - 4:11

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Enfin! Pour la première fois depuis longtemps je vous ai vus revenir, toi, Sam, Toby et C.J. du bureau de Léo avec des têtes combatives et une vraie volonté d'aller de l'avant! Comme vous aviez changé ces derniers temps, toi comme les autres: vous étiez timorés, de moins en moins vivaces, et j'ai eu beau essayer de te divertir en t'affublant du sobriquet "mon lapin" ou en me moquant de ton béguin pour cette Joey Lucas je sentait cette apathie te gagner et j'ai eu peur que tu n'aies plus envie de te battre. Par moments ça revenait comme cette fois où avec Sam vous avez déjoué cette conspiration des Républicains destinée à faire tomber Léo, mais c'était devenu si rare... Je pense que c'est la première fois que je me suis mise en colère face à toi mais bon sang Josh je ne te croyais pas capable d'agir comme si tu étais battu d'avance! Pas toi! J'ignore si c'était mon rôle mais tu as pour une fois pris mes remarques avec modestie...et peut-être est-ce ça qui m'a fait le plus peur... Mais ce soir la lumière est revenue dans ton regard, la fougue dans tes mots, la confiance dans tes ordres!.. J'ignore quand la bataille reprendra mais je suis prête à la mener avec toi...avec qui que tu sois. Mais j'y mets une condition: tu ne dois plus jamais sombrer dans un tel défaitisme quotidien! Je veux bien que tu sois déprimé, surmené, fragilisé, mis en défaut, mais pas défaitiste! Pas toi! Même quand tout semblera perdu, même quand tout le monde te dira fini, je veux que tu croies toujours en toi! Car tu le mérites! Car tu es Josh Lyman!..


Josh sourit tendrement. Donna ne savait pas tout de cette soirée dont il se souvenait si bien: il avait fallu que Léo aille pousser une gueulante chez le Président pour remotiver toute l'équipe, mais bigre que ça avait été salutaire... Il se promit de la lui raconter en détails mais en relisant la fin il se souvint d'un temps, lui peu lointain, où il avait suivi ces consignes à la lettre. Donna, au moment où elle écrivait ces lignes, était loin de se douter du nom de la "victime"...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMar 13 Mai 2014 - 3:58

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Je suis enfin rentrée chez moi et je vais pouvoir dormir pour la première fois depuis deux jours. Quand j'ai appris qu'on avait tiré sur le Président j'ai foncé tout droit à cet hôpital. J'ai d'abord cru que tu étais juste parti aux nouvelles, que tu parlais avec Léo ou que sais-je encore? Et même quand Toby a commencé à parler je ne comprenais pas... Car je ne pouvais pas l'imaginer, l'intellectualiser... Je ne sais plus ce que j'ai fait quand j'ai compris. Je pense que je me suis juste assise, sans rien dire, sans pleurer: j'avais franchi un point de non-retour émotionnel. Je n'ai pas entendu Sam et Toby s'en aller: je ne m'en suis rendue compte que quand ils sont revenus. Ma première parole dont je me souviens c'est quand j'ai demandé à la Première Dame si j'étais bien à ma place dans cette salle d'attente, si je ne devais pas plutôt revenir au bureau: (Josh sourit, fier de sa dulcinée) elle m'a assurée que tout était sous contrôle. C'est beaucoup plus tard que j'ai réussi à me lever, tellement que je croyais qu'une vie s'était écoulée: j'ai repensé à notre première rencontre, au fait que je te devais tout, et à cette fusillade dont je ne peux pas envisager l'effet que c'est de se retrouver dedans... As-tu senti cette balle quand elle t'a touché? ("Oh oui je l'ai sentie...") Pourquoi toi Josh?! Pourquoi est-ce toujours à toi qu'il arrive des malheurs dont personne ne peut te sauver?! Pendant tout ce temps où je suis restée là, prostrée, j'ai eu cette impression de vide complet qu'était ma vie avant que je te rencontre. Puis j'ai eu la force de me lever, d'aller te voir sur cette table d'opération: j'avais fini par accepter la possibilité que tu meures et je voulais au moins te voir une dernière fois. (Josh déchiffra plus qu'il ne lut ces derniers mots tant la main de sa Donna avait tremblé en les écrivant mais ce qu'elle décrivait lui était horriblement familier...) Quand j'ai appris que tu étais hors de danger ça a été comme si la vie reprenait des couleurs: j'ai respiré ma plus belle bouffée d'air et je suis partie. Tu avais Léo et le Président à tes côtés: que pouvait-tu avoir de mieux pour ton réveil? qui aurais-je été à-côté de ces hommes-là? ("Donna..." murmura Josh, ironique mais ému) Maintenant je vais enfin dormir: ce ne sera sûrement pas ma plus belle nuit mais te savoir en vie l'illuminera et en chassera tous les cauchemars...


Il n'y avait rien d'autre à dire: Josh resta de longues minutes immobile, méditant et souriant...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMer 14 Mai 2014 - 4:39

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Demain je rentre au bureau! Plusieurs fois ces derniers temps j'ai voulu rouvrir ce journal mais j'ai toujours eu peur que tu surgisses à l'improviste, alors je me suis remis au boulot. J'ai eu le temps de réfléchir sur l'ironie parfois désopilante de notre démocratie et j'ai eu quelques bonnes idées mais je n'ai jamais pu dire ce que j'ai ressenti quand cette balle m'a atteint ni ce que je ressens maintenant que la nuit est tombée... J'imagine que tu es face à moi et que je réussis à me contrôler et à m'ouvrir à toi, toi qui si souvent ces dernières semaines a été la seule présence physique qui m'a permis de rester connecté à la vie du pays. Pourquoi je n'arrive pas à te le dire en face ni ne pense pouvoir y arriver un jour?..
Quand j'ai entendu ces coups de feu, Donna, je me suis précipité vers la grille qui se trouvait devant moi et presque aussitôt j'ai ressenti comme un gigantesque coup de poing en bas de ma cage thoracique qui m'a fait faire demi-tour. Je me suis mis à marcher, j'ai commencé à entendre des sirènes, et puis j'ai senti un engourdissement général. J'ai regardé mon torse (j'y avais mis les mains sans m'en rendre compte) et j'ai vu le sang. J'étais près d'une murette. Je m'y suis adossé et je me suis assis. J'entendais les sirènes, je voyais les gens courir autour de moi, mais je n'entendais aucune voix ni ne voyais aucun visage ami. (Donna se mordait le poing: elle commençait enfin à voir la scène alors qu'elle s'y étais jusqu'alors toujours refusée et qu'elle n'avait jamais eu le cœur de réveiller les terreurs de son amour...) Et puis Toby est arrivé. Les sirènes étaient de plus en plus stridentes, les coups de feu avaient cessé depuis longtemps mais j'avais enfin un ami face à moi. Alors seulement j'ai accepté de partir et j'ai sombré dans le coma. Je me suis souvenu du début de l'aventure Bartlet, de comment j'y ai entrainé Sam, de comment je t'ai engagée, de la première fois où le Député m'a parlé poliment et m'a appelé par mon nom, juste après la mort de mon père. Et puis je pense que je me suis réveillé... Mais depuis je me méfie du moindre bruit, je sursaute à chaque bruit un peu sec (à l'exception de la sonnerie du téléphone qui me replonge dans le travail, donc qui m'appelle à la vie). J'ai peur Donna. Peur de mourir, peur de décevoir Léo quand je serai de retour, peur de tas d'autres choses que j'ignore... Je sais que je devrais te le dire mais je n'y arrive pas: j'espère que le travail et le rire vont me permettre de m'en sortir et que je réussirai à donner le change. Donner le change j'en suis sûr, mais m'en sortir? Tout le monde a été traumatisé: Toby, C.J., Sam, j'imagine aussi Charlie et le Président: à mon retour je n'aurai pas le droit de paraitre faible et encore moins de l'être. Je n'aurai jamais autant besoin de toi Donna: ces dernières semaines tu as assuré comme jamais et ça me donne conséquemment le devoir d'être digne de toi et de ton travail.
Je n'aurai jamais cru que je tiendrai ce journal pendant deux ans: c'est un peu comme un trésor de secrets que je n'ouvre que quand mon cerveau est saturé, mais le savoir là, près de moi, c'est comme si ta compagnie ne me quittait jamais totalement. Et ta compagnie est la plus importante chose de mon quotidien. (ici Josh avait écrit "professionnel" mais le mot avait été raturé _d'un simple trait mais qui fit sourire Donna jusqu'aux oreilles_)


Donna resta silencieuse un petit moment. Elle avait presque l'impression d'entendre son amour lui dire ces mots, le visage bouleversé qui mais essayait toujours de rester souriant et de minimiser sa propre souffrance. Elle se souvint que cet attentat avait décuplé ses sens à elle, qu'elle s'était perpétuellement tenue sur ses gardes vis à vis des réactions qu'il pouvait avoir aux choses les plus anodines. Elle repensa à la semaine précédant noël cette année-là...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyJeu 15 Mai 2014 - 1:06

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C'est la première fois que je prends le risque d'amener ce journal au bureau et je crois que c'est la dernière. Je suis assise à ton bureau et j'écris car je ne peux rien faire d'autre sinon attendre. Il a fallu quelques mois pour que ça arrive mais c'est arrivé... J'ai senti que ça n'allait pas depuis plusieurs jours: j'ignore ce qui l'a provoquée mais la crise couvait: tu étais de plus en plus nerveux, je t'ai entendu rabrouer tout le monde (moi, Sam, Toby: tout le monde) de manière de plus en plus violente. Quand j'ai su que le Président lui-même n'avait pas été épargné, en plein Bureau Ovale, j'ai compris ce qui se passait: les démons de cet attentat t'avaient rattrappé. Enfin... Tu es un homme Josh: personne ne peut sortir indemne d'une fusillade qui a menacé tous ses amis, encore moins quand on prend une balle dans le corps qui laisse deux jours entre la vie et la mort!.. Mais je ne savais pas quoi faire pour t'aider: tu ignorais je pense toi-même ce qui t'arrivait et t'en parler aurait augmenté ta colère: je te connais si bien Josh, bien plus que tu ne le crois, mais parfois c'est si difficile de t'aider quand tu es toi-même ton propre ennemi... Mais au concert de Yo Yo Ma je n'ai pas arrêté de te regarder... Tu as commencé à t'agiter, et puis tu t'es effondré et tu as dû quitter la salle. C'est alors que ce que je devais faire m'est apparu limpide: en parler à Léo. J'écris tout ça peut-être pour exorciser le sort, car à ce moment-là j'ai eu très peur pour toi Josh, et j'ai eu peur d'avoir agi trop tard. Quand on m'a appelée cette nuit et qu'on m'a dit qu'il était arrivé quelque-chose j'ai cru que mon coeur s'arrêtait de battre: j'imaginais que tu t'étais tailladé les veines, que tu avais agressé tes voisins, j'ai imaginé cent-mille scénari catastrophes et mon premier sentiment quand j'ai appris que tu t'étais seulement entaillé la main ("Seulement..." ironisa Josh) a été du soulagement. Je veux croire que ce psy va t'aider à te comprendre et à te calmer: Léo t'y a envoyé un peu de force mais tu sauras te remettre en question, j'en suis sûre. Moi, assise dans ce bureau, je t'attends: quand tu sortiras je serai là et je t'emmènerai loin de cet endroit pour que tu puisses toi-aussi profiter de l'ambiance de noël: tu en as autant le droit que tout le monde! Je saurai être forte pour deux Josh: ce soir plus que jamais tu pourras compter sur moi. Parce que je suis ton amie. Parce que je t'aime Josh...


Josh médita en silence quelques secondes. Puis il se leva comme un somnambule, referma le journal et parcourut à pas lents les couloirs de l'aile ouest. Jusqu'au bureau de Sam: ce bureau qui toutes ces années avait été le sien... Le désordre y était semblable ce qui le fit sourire. Mais il n'alla pas s'assoir à son ancienn place: il resta dans un coin sombre, alluma une veilleuse et rouvrit avec une adoration et un respect religieux le journal de sa Donna. Un tintement discret retentit: il était juste minuit.

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyVen 16 Mai 2014 - 0:44

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Je respire enfin! Ce soir j'ai pu respirer Donna et je sais bien à qui je le dois... ("A toi!" s'exclama-t-elle) Depuis plusieurs jours je n'arrivais plus à me contrôler, j'engueulais tout le monde, je pourrissais l'ambiance de noël... J'ai toujours été irritable mais au fond de moi je savais que j'allais trop loin... Pourtant j'ai résisté, comme tu l'as vu. Car j'avais peur, Donna. J'avais peur qu'on me dise incappable de faire mon travail et que vous me laissiez tomber, vous tous: toi, Léo, Sam, Toby, C.J., le Président... Je vais te dire une vérité que tu ignores et que tu ne sauras jamais (ah! ironie du journal intime, quand tu nous tient...): (Donna ne put s'empêcher de rigoler) au fond de moi je sens que je dois toujours prouver que je suis digne de vivre, et digne de votre amitié. J'ai frôlé la mort dans cet attentat, et je pensais que je devais m'estimer très heureux de m'en êtrte tiré et passer à autre-chose. Alors j'ai tout minimisé, je me suis nié l'étendue de mes problèmes, je me suis entaillé la main et je me suis si bien menti que le lendemain j'en avais quasiment oublié le comment, en tout cas j'étais prêt à mentir sous serment... Quand Léo m'a ordonné de voir ce psy je me suis senti acculé mais, pour Léo, j'ai accepté de lui parler. Je ne sais pas comment il a fait, ça a mis longtemps avant que je m'ouvre, petit à petit, mais peu à peu j'ai accepté de revenir sur ce qui s'était passé. Je te dis ça car ça m'a fait un bien que tu ne peux pas imaginer! J'ai évoqué la mort de ce pilote né le même jour que moi, je suis revenu sur mes coups de colère, leur crescendo, ma panique au concert de Yo Yo Ma...et puis j'ai revécu ce retour chez moi, cette panique qui n'arrivait pas à me quitter...et puis je me suis souvenu de la vérité: cette entaille à la main je me l'étais faite en envoyant valser le carreau de ma fenêtre. Et j'ai été libéré! Oh Donna c'est dingue de se sentir libre à ce point, de savoir la route à prendre pour redevenir moi! (Donna souriait de toutes ses dents, émue et fière) Le truc que j'ai compris en plus c'est l'origine de cette panique: contrairement à ce que je croyais ce n'est pas la mort de ce pilote qui me l'a provoquée: ça venait d'avant. Donna si tu lisais ces lignes tu exploserais de rire: ce qui m'a provoqué cette panique c'est la musique! Tous ces groupes divers qu'on fait venir à la Maison Blanche pour noël ont créé chez moi l'environnement mortifère dans lequel j'ai vécu pendant plusieurs jours. Car pour moi jusqu'à maintenant "musique" était synonyme de "sirènes", ces sirènes qui m'entouraient quand j'ai été atteint par cette balle qui a failli me tuer...
Je vais m'en sortir Donna! Maintenant que j'ai compris je vais agir en conséquence et d'ici très peu de temps je redeviendrai moi-même, je t'en fais le serment! Quand je suis sorti le psy m'a dit que j'avais été fort de n'avoir fait aucun mal aux autres et peu à moi-même: c'était gentil et ça m'a fait du bien même si j'en doute. J'ai voulu remercier Léo et il m'a alors dit des trucs... Je pense que jamais il ne m'avait parlé comme ça... Il m'a promis de m'aider jusqu'au bout parce que lui-même a l'expérience du fond du trou. Mais j'ai alors pensé à toi: tu t'étais probablement inquiété de me voir dans cet état, j'avais des comptes à te rendre et surtout (et je t'avoue que ça m'effrayait) des explications à te donner... C'est là que Léo m'a dit que tu avais été la première à comprendre ce qui m'arrivait, bien avant moi, bien avant tout le monde, et que c'était toi qui avait agi en coulisses pour me sortir de ce fontis. Tu es un ange, Donna! Tu réussis à faire un travail parfait, à me comprendre comme personne, et tu ne m'as jamais abandonné!.. Mais je te jure que quand ce sera à mon tour de te prouver combien tu comptes pour moi je ne me défilerai pas: quoi que tu fasses tu pourras toujours compter sur moi...


Donna prit alors le carnet à bout de bras et s'adressa à lui comme s'il s'agissait de son amour, tant son âme transpirait de ces pages: "Josh, ce que tu as fait ce jour-là: parler à ce psy, réfléchir sur toi, faire ton mea-culpa, t'avouer et avouer aux autres tes peurs, dire que tu aurais besoin de temps pour guérir, c'était d'un courage hallucinant! Moi-même j'ai eu besoin de beaucoup plus de temps ne serait-ce que pour accepter de me souvenir de cet attentat*. Josh tu es non-seulement l'homme le plus intelligent du pays, le meilleur au lit et le plus adorable, enfin _elle se mit à rire_ dès que tu en as envie. Mais tu es aussi le plus fort que je connaisse: à chaque épreuve tu es devenu meilleur, tu as toujours eu cette modestie extraordinaire de savoir perpétuellement te remettre en question. _elle attendit quelques secondes_ Je sais que tu as peur et que tes démons ne te quitteront jamais, mais cette peur fait partie de toi et elle t'aide bien plus que tu ne le crois." Elle serra soudain le carnet contre son coeur et ferma les yeux, luttant contre les larmes: "Je t'aime Josh!.. Si tu savais comme je t'aime..."







*voir dans quelques chapitres

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptySam 17 Mai 2014 - 0:40

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J'ai peu de temps pour écrire mais ce soir Josh, j'ai besoin d'épancher mon coeur... Ce matin j'ai profité du "jour des poubelles" pour amener à Sam une amie de lycée dont le père, qui agonise, avait été accusé d'espionnage sous McCarthy et qui depuis a toujours affirmé son innocence. Je me suis adressée à Sam car d'une part Léo t'avait donné de quoi travailler et dautre part car il est avocat et qu'il sait mieux que personne résoudre ces problèmes-là. J'étais loin de me douter de ce que ça allait déclencher mais j'ai compris pas-mal de choses sur lui et sur toi (car au niveau de l'idéalisme et de la sensibilité vous êtes exactement pareils encore que tu prennes plus de recul sur les choses que lui)... Je l'ai vu courir dans tous les sens, s'investir dans cette mission comme dans une quête sacrée: je l'ai laissé faire mais ce soir, quand je suis revenue le voir, j'ai vu un homme anéanti, touché dans sa chair par ce qu'il savait. Il avait appris que cet homme était bien coupable et, pire, qu'un de nos agents était tombé dans les mains des soviétiques à cause de lui. Et il était prêt à le dire à sa fille! J'ai tout fait pour l'en empêcher, je lui ai dit qu'elle n'était pas coupable des agissements de son père, que le fait d'être assuré de ne pas être abandonné lui suffisait et que lui dire la vérité aurait causé bien plus de mal que de bien. Il m'a finalement écoutée mais ses arguments non-seulement m'ont ébranlée mais m'ont fait comprendre comment vous fonctionnez, toi et lui: il m'a parlé de cette nation fondée sur une idée, un idéal de vivre ensemble que cet homme avait bafoué et des souffrances qu'il avait causées. Il m'a dit que tenter de réhabiliter un traitre était cautionner la trahison et pourir ainsi notre idéal. Il était au bord des larmes. Il ne s'est calmé que quand je lui ai dit que dire qu'il continuait à travailler sur ce dossier était un mensonge bien innocent et allait apaiser sans causer de tort à personne... Mais je comprends maintenant pourquoi il était si bouleversé: il s'est investi avec passion dans cette affaire car pour lui l'injustice est la pire des infâmies, et apprendre qu'il se battait pour un traitre a heurté son idéal en plein coeur, or il est pétri d'idéal... Un idéal sublime qui dépasse tout et à qui il est prêt à tout sacrifier. C'est pour ça que vous êtes si amis, pour ça qu'avec toi je prends des pincettes pour évoquer les grands sujets, c'est pour ça aussi que je suis si fière de travailler avec vous... Jusqu'au boût j'ai tremblé qu'il ne dise la vérité, et quand il a fait le choix d'apaiser une famille je me suis dépêchée de mettre un terme à l'entretient (je crois qu'elle ne s'est rendue compte de rien): il était aux limites de ce qu'il pouvait supporter. Je l'ai pris dans mes bras pour le réconforter (chose que je n'oserai jamais avec toi) (Josh rigola tendrement) mais je vais faire attention désormais avant d'amener mes problèmes ou ceux de mes amis au bureau: le mélange d'une telle intelligence et d'un tel idéalisme est un cocktail particulièrement explosif qu'il est dangereux de demander à la légère...


Josh réfléchit un petit moment: sa mémoire de cette période avait été quelque peu brouillée par les événements de mai mais il se souvenait que Sam avait semblé troublé, triste même: il avait plusieurs fois tenté de lui remonter le moral, souvent avec Toby et C.J., mais il n'aurait pas songé que Donna ait pu savoir le pourquoi... Il leva les yeux, un étrange sourire aux lèvres, se donna un air un peu solennel et murmura: "Sam, Donna: jamais rien sans vous..." Puis il fut pris d'une crise de fou-rire. Sa dernière pensée avant qu'il ne s'y abandonne fut de se demander si ce rire ne chassait pas des larmes d'émotion... Il préféra ne pas répondre à cette question.

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Dernière édition par Sudena le Dim 18 Mai 2014 - 3:50, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyDim 18 Mai 2014 - 2:12

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Ce devait être une soirée sinon reposante (elles ne le sont jamais) mais du moins légère vu qu'on travaillait avec Sam et Ainsley à trouver des idées de discours et que comme à chaque mois d'avril je me moquais de toi à cause de ton retour définitif d'il y a trois ans après, pensais-je, que tu te soies faite larguér une deuxième fois par ton petit ami de l'époque... Et tu m'en as appris une qui m'a retourné et qui m'a cloué le bec mieux qu'aucun politicien ne l'a jamais fait (hormis Léo)!.. (Donna sourit: elle se souvenait parfaitement de ce moment elle-aussi...) Pourtant comme d'habitude j'y avais mis le paquet pour t'énerver: fleurs, sarcasmes, prise à partie de Sam (qui a encore mieux joué le jeu que moi)... Qu'est-ce que je pouvais rigoler... ("Très heureuse pour toi..." grommela Donna qui se souvenait avoir été quelque-peu agacée par Sam à qui elle avait dévoilé quelques vérités pour le faire taire) Et puis, alors que je sentais que, toi, tu t'amusais de moins en moins, j'ai voulu aller chercher un dossier dans mon bureau pour reposer un peu l'ambiance. Tu m'as suivi, m'a surpris en plein moment de faiblesse (je ne sais rien faire sur un ordinateur, j'ai une organisation calamiteuse) et tu m'as tout dit. C'était donc toi qui avait rompu la deuxième fois, et non l'inverse. Je sais que sur un journal intime je ne suis pas lié par ma promesse et que je pourrais triompher, me moquer de cet idiot qui t'a laissée tomber. Et pourtant je n' y arrive pas: je n'ai pas le cœur à plaisanter même ici, même sur lui... Car quand tu m'as dit que s'il m'était arrivé quelque-chose tu ne te serais pas arrêtée au feu rouge je me suis senti merdeux... Donna, je sais que Sam et moi t'avons menée la vie dure ce soir et que je ne peux pas m'empêcher d'être moqueur, mais quand je t'offre des fleurs, quand je rappelle ce moment de notre rencontre, quand je t'avoue que je ne sais pas me servir d'un ordinateur (même si, ça, tu le sais), c'est ma manière à moi de te dire à quel point je tiens à toi, bien plus que ce que tu crois toi-même... Ah j'essaie, j'essaie, mais décidément je ne peux pas me moquer de cet homme, comme je n'arrive pas à t'en vouloir de ne pas m'avoir dit jusqu'à aujourd'hui ce qui s'était passé. Mais je te promets qu'en ce qui me concerne les plaisanteries et les moqueries concernant cet incident sont terminées!.. Tu m'as ému Donna, et je suis heureux de pouvoir l'écrire dans ce journal à défaut d'avoir le courage de te le dire. Ma seule fierté ce soir est de penser que quand je t'ai dit que s'il t'arrivait quelque-chose je ne m'arrêterai pas pour prendre une bière je t'ai dit la stricte vérité. Et encore... S'il t'arrivait quelque-chose je pourrai je pense aller bien plus loin encore...


Le sourire de Donna lui mangeait le visage. Elle pensa que Josh, même sur son journal intime, utilisait bien des euphémismes et avait de lui une opinion bien en-deca de ce qu'il était vraiment... Ce "quelque-chose", ils avaient eu l'occasion de l'expérimenter, des années plus tard, au moment où elle avait commencé, elle, à douter...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyDim 18 Mai 2014 - 14:51

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Josh, il s'est passé tellement de choses ces dernières semaines que je sens que je vais exploser si je ne me pose pas par écrit aujourd'hui... Ca a commencé par cette annonce incroyable que tu m'as faite alors que tu venais tout juste d'être mis au courant (même si tu avais compris depuis quelques temps que quelque-chose se tramait): le Président est atteint de sclérose en plaques et il l'a caché à tout le monde!.. Seuls Léo et le vice-Président étaient au courant avant que Toby découvre le pot aux roses. Et la presse de s'emballer, et toi de l'assumer malgré ta colère de n'avoir pas été mis au courant plus tôt, et moi d'essayer de suivre le rythme... L'ambiance s'est dégradée à la vitesse du vent: je sentais que nous étions aux commandes d'un bateau fou et que personne ne tenait le gouvernail. Entre secrétaires noue essayions de demeurer neutres, de ne pas vous provoquer. Je crois que nous avons réussi, autant moi que Carol ou Margaret  ("Oh bigre oui!" s'exclama Josh, encore reconnaissant après toutes ces années) mais alors le malheur nous a tous frappés: au moment où le Président venait de dévoiler au pays sa maladie et qu'il devait décider s'il se représentait ou non, mme Landingham est morte dans un accident de voiture. Je sais qu'il la considérait comme sa sœur, mais à ce moment, tout comme toi, j'ai cru que la fin de cette administration sonnait... Et pourtant il a pris le chemin inverse: il veut se représenter et il vous a imposés de le suivre. Quand nous sommes allés dans le New Hampshire j'ai bien vu, derrière votre professionnalisme, que le fait qu'il mène sa barque seul, qu'il engage des stratèges politiques heurtant la morale, et surtout qu'il ne vous ait jamais fait d'excuses quant à son attitude, vous blessait et avait néanmoins des incidences sur votre travail. Tu as fait une erreur stratégique et quand tu m'en as parlé ce soir tu étais si mal, tu t'en voulais tellement, que je n'ai même pas eu le cœur de te dire un mot qui, s'il avait été maladroit, t'aurait définitivement fait chuter... Mais Josh, des erreurs stratégiques, a-forciori dans cette période, TOUT LE MONDE en fait et les Républicains en feront aussi!.. Même C.J. n'a pas bien maitrisé la communication, et comme toi elle l'a pris comme un drame personnel (j'ai cru qu'elle allait se mettre à pleurer en pleine Maison Blanche). Josh, ce que je ne peux pas te dire maintenant, c'est que je pense que le pire est derrière toi désormais... ("Donna, le pire c'est toi qui l'a subi dans cette histoire...") Car désormais vous allez avoir à affronter une commission d'enquête totalement Républicaine: vous avez eu l'intelligence de vous pousser à donner le premier coup et vous vous êtes unis comme jamais derrière le Président... Josh, malgré tout ce que tu penses avoir mal fait, malgré tout ce que tu es persuadé avoir raté, je pense que jamais je ne t'ai autant admiré. ("Ah bon??." s'exclama Josh, hésitant entre la surprise l'hilarité) Car dans cette tourmente tu es resté fidèle à tes idéaux, tu n'as jamais dévié de ta ligne de conduite, tu es resté fort et tu as abattu un travail titanesque sans jamais ni faiblir ni donné l'impression que tu doutais ni de toi, ni de Sam, ni de Toby, ni de C.J., ni de Léo, et surtout pas du Président. ("C'est normal: on ne doute pas du Président Bartlet..." murmura Josh, sa voix gardant un accent d'adoration) Tu as montré à tout le monde la voie à suivre et tu sais quoi Josh? on va gagner! Et tu prouveras à tous qu'avoir raison sur le fond n'est pas un obstacle insurmontable pour gagner une élection!..


Josh avait un étrange sourire de fierté... La campagne présidentielle était pourtant encore très loin mais c'était à cette période qu'ils étaient devenus des combattants, qu'ils avaient discrètement "sonné le rappel" de toutes les forces de la gauche. Il se souvint de sa liaison avec Amy, la leader des féministes: romance "piquante" qui avait duré plusieurs mois, jusqu'à ce qu'il se rende compte qu'elle utilisait volontiers leur vie privée et ses confidences pour servir sa cause. Il se souvint aussi de l'aventure de Donna avec le chef de la commission d'enquête: aventure innocente et bien plus éphémère mais qui avait failli avoir pour elle des conséquences tragiques...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyLun 19 Mai 2014 - 1:05

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Je me hais Donna! et je hais ce que j'ai dû te demander... Une aventure d'une nuit avec ce type a donc suffi pour que tu soies à la limite d'être accusée de parjure devant une Cour fédérale. Au moins a-t-il eu l'honnêteté de le dire avant de te dénoncer à ses amis Républicains mais quelle immondice! Non, tu n'as pas le droit à une vie privée et cacher que tu possèdes un journal intime suffit à te menacer d'années de prison... Comment a-t-il OSE?! Qui d'autre que lui le savait et avait besoin de le savoir?! Et j'ai dû accepter ce marchandage sordide: te demander de le lui remettre pour te laver de tout soupçon... Quand je pense qu'on ne m'a jamais posé de question aussi intimes à moi, le Secrétaire Général Adjoint e la Maison Blanche! Mais il a intérêt à faire gaffe et je le lui dirai quand je le verrai dans une heure: je vais soigneusement éplucher les journaux ces prochains temps et si je découvre une simple allusion qui me déplaise je le détruirai! Je paierai le prix qu'il faudra mais je le détruirai!!!


Donna sourit: elle se souvenait de cette sensation d'avoir été violée mentalement et d'humiliation qu'elle avait vécu alors... Elle ignorait ce que Josh avait pu dire ce soir-là, mais elle savait qu'il l'avait sauvé de toutes les façons possibles. Son cœur battait fort dans sa poitrine: en ce moment elle regrettait qu'il ne soit pas tout près d'elle...



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Je ne m'étais pas parjurée Josh... Ils m'avaient demandé si je possédais UN journal intime: il n'avait pas vu celui-là que je cache toujours dans un tiroir à double-fond... Mais qu'importe: je préfère être accusée de parjure plutôt que d'avouer que je laisse mon cœur dans ces pages qui t'appartiennent... Je ne sais pas ce que tu lui as dit ce soir: j'avais trop honte, je me sentais trop sale pour tenter d'écouter... Aujourd'hui tu as agi envers moi avec un tact dont je ne te remercierai jamais assez. C'est drôle: je comprends ce soir ce que ça veut dire d'être vulnérable et d'avoir besoin d'une épaule sur laquelle s'appuyer. Souvent c'est moi qui te fournis la mienne car ton travail et ton passé t'exposent très souvent: c'est le revers de ta force de caractère et de ton intelligence. Mais aujourd'hui c'est moi qui ai failli, moi qui ai été en danger, moi qui recherchais une épaule sur laquelle m'appuyer pour ne pas me noyer... Et non-seulement tu m'as fourni la tienne mais tu m'as épargné de faire quoi que ce soit de pénible ou de douloureux, tu as pris sur toi tous les efforts, tu as tout arrangé et tu m'as sauvée... Josh, se pourrait-il que je compte autant pour toi que tu comptes pour moi? Comment ça se fait que tu aies semblé aussi...omniscient et que tu m'aies protégé sans me poser la moindre question?.. J'ai peur Josh: je me sens souillée, violée dans mon intimité. J'ai envie de pleurer. Mais je ne faiblirai pas: tant que je suis avec toi je suis invulnérable! c'est cette pensée qui me permettra de dormir cette nuit...


Josh réfléchit quelques instants. "Je pense que c'est la première fois que j'ai pris conscience que je t'aimais, Donna... Mais je n'ai pas su mettre le mot sur ce que je ressentais." Il embrassa le carnet et ferma les yeux quelques instants. "Excuse-moi..."

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMar 20 Mai 2014 - 15:07

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Enfin chez soi! Trois jours! Trois jours bloqués dans l'Indiana, en plein territoire Républicain, pour avoir loupé le cortège suite au discours du Président, et en pleine campagne de réélection! J'ai dû confier ma tâche à Sam, subir les engueulades de C.J., et j'ai fini par me faire donner la plus belle des leçons de modestie par toi... Ca fait un an que je n'ai pas écrit dans ce journal et aujourd'hui Donna je sens que tu as franchi un cap: j'étais tellement obnubilé par la campagne, le moyen de rentrer à Washington, que j'ai perdu de vue l'essentiel: entendre et écouter les gens qui m'entourent... Pour ma défense je n'étais pas le seul: (Donna rit aux éclats: ça lui ressemblait tellement d'écrire ça...) Toby n'a pas été plus brillant que moi mais au moins il a pris sur lui de s'investir pour cet homme du deuxième soir qui s'inquiétait des moyens dont il dispose pour envoyer sa fille à la fac. Mais c'était après que tu nous aies rabattu le caquet en nous passant le savon que nous méritions: nous n'avions fait que râler, tout le temps... J'ai remercié le gamin bénévole qui nous a trainés jusqu'à la première gare mais à part ça je n'ai pensé qu'à la politique... Peut-être que je me plonge dans le travail pour éviter de penser à ma rupture récente: j'aimais Amy, sincèrement, mais je n'ai pas accepté d'être son chien docile dans son combat féministe aux dépends de toute stratégie, je ne me suis pas senti capable de surveiller ma langue jusque sur l'oreiller... Mais ce n'est pas une excuse à ce que j'ai fait ces derniers jours! Face à toi aujourd'hui je me sens minable: tu as subi notre mauvaise humeur constante, tu as vu avec une lucidité et une humanité merveilleuses ceux qui nous entouraient, qui nous ont aidés, et à qui nous nous sommes fermés. Je t'admire Donna!.. dans quelques temps, dès que tu me le demanderas, je t'initierai plus précisément au métier (sans en avoir l'air bien sûr: une ou deux missions par-ci par-là mais de plus en plus importantes au fil du temps...). J'espère juste que j'en aurai le temps: l'élection est imminente et le débat sera décisif...


Donna se souvenait bien de cette escapade: avec le recul elle trouvait cette aventure tordante et elle se dit que maintenant elle serait peut-être moins sévère avec Josh: l'expérience lui avait montré à quel point une campagne pouvait être stressante quand on y est impliqué aux premières loges et qu'on doit la gagner... Mais ce journal lui faisait revenir en mémoire certaines choses qui l'avaient surprise sans qu'elle s'en rende compte alors: elle s'était plue à croire que Josh avait juste été un patron particulièrement excentrique et bienveillant: ça lui donnait une justification rationnelle à son attitude d'alors... Mais la colère qu'il avait eue se justifiait désormais et mettait à jour son propre aveuglement. Elle sourit amèrement: au moment où il écrivait qu'il s'était senti minable face à elle il était loin de se douter que quelques années plus tard il la ferait, elle, se sentir particulièrement minable...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyJeu 22 Mai 2014 - 0:40

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Il est gay... Tu as craqué sur ce type de l'armée je ne sais pas trop pourquoi: prestige de l'uniforme? reconnaissance pour le service qu'il t'a rendu lors des élections? (Donna ferma un instant les yeux, encore hilare au souvenir de cet événement: elle avait par erreur voté Républicain et avait passé plusieurs heures à en chercher un qui veuille bien voter Démocrate pour compenser [bien que les chiffres aient rapidement confirmé la très large victoire de la liste Bartlet/Hoynes]) Tu m'as demandé de t'aider et... Donna les choses que je lui ai racontées sur toi, je te disais la vérité quand je t'ai dit qu'elles m'auraient fait craquer, moi... Mais j'oublie que ce qui me charme répulsent les autres... J'ai essayé de rattrapper le coup comme tu me l'as demandé mais je n'y suis vraiment arrivé que quand il m'a dit qu'il était gay: peut-être suis-je un salopard fini... Pourtant ça ne me gène pas de te savoir amoureuse, même d'un Républicain: tu as le droit d'être heureuse Donna, et quand on te connait, comment peut-on ne pas t'aimer? ("Josh!...", s'exclama Donna en écarquillant les yeux, le sourire tellement large qu'il lui donnait des crampes aux joues) Mais je n'arrive pas à te recommander sentimentalement, je n'y arrive pas, je n'y arrive plus... Sam est parti en mission électorale suicide: à moins d'un miracle sa carrière politique est terminée ("Et le miracle c'est toi qui le lui a donné quatre ans après...") et si tu t'éloignais de moi je me sentirais seul, beaucoup trop seul... Tu vas peut-être flirter avec lui, passer des soirées avec lui, comme je pense que c'est un bon gars il va jouer le jeu, mais je sais que tu ne l'auras jamais: il est gay...


Donna resta coite, souriant sereinement: Josh ne lui avait pas parlé de ce détail: il l'avait laissée s'amuser dans ce qui pour elle ne devait pas être autre-chose qu'une amourette. Mais en y réfléchissant elle se rendait mieux compte du tact de son Josh qui avait agi pour elle malgré sa maladresse innée, malgré le vide causé par le départ de Sam... Elle percevait aussi sous ces mots tout l'amour qu'il avait pour elle, amour dont il refusait de se rendre compte...par peur de la perdre. Comme elle-même avait tu le sien pour la même raison. "Ne pas s'avouer notre amour par amour... _sourit-elle_ Qu'est-ce qu'on n'a pas inventé quand-même" Elle fut prise alors d'un fou-rire incontrôlable qui l'obligea à se passer de l'eau sur le visage pour le calmer.

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyVen 23 Mai 2014 - 0:36

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Te laisser accuser de traitrise... Donna qu'est-ce qui t'a pris?! Tu jugeais sa punition sévère? tu avais raison et j'avoue qu'à ta place j'aurais été furieux (je l'ai dit à Léo), mais il s'est vengé en diffusant cette information au mépris de son devoir de soldat, et toi tu n'y étais pour rien! Et t'es laissée acuser... Mais, Donna, pourquoi? je ne comprends pas... En tout cas désolé ma belle mais tu ne vas pas y échapper: cette investiture ne se fera pas sans toi!!.





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Je savais que tu allais le découvrir Josh, mais je ne pensais pas que ce serait assez tôt pour que je ne rate rien de cette soirée d'investiture... J'étais furieuse contre tout le monde qu'il ait été muté comme ça mais ce n'est certainement pas pour ça que je me suis laissée accuser à sa place... Je voulais savoir comment tu réagirais, Josh. Je voulais savoir jusqu'où tu étais prêt à aller pour moi... Je suis rentrée chez moi, je me suis mise en tenue, et j'ai attendu. Je t'ai attendu... Quand les premières boules de neige ont touché mes fenêtres ("Ah oui, les boules de neige!.." se souvint Josh, hilare) j'ai d'abord cru à une mauvaise blague des gamins de ma rue mais quand j'ai ouvert et que je t'ai vu vociférer mon nom je n'en revenais pas: non-seulement tu avais découvert le pot aux roses plus vite qu'un enquêteur chevronné de la C.I.A. ("Oui: c'est tout moi ça..." fanfaronna-t-il ironiquement) mais en plus tu avais ramené le comité au complet. Tu as essayé de me faire des reproches mais tu avais un regard, un sourire, tels que nous avons tous les deux arrêté de jouer. Tu m'as dit que j'étais belle: c'est la première fois que tu me le dis dans les yeux... Le voyage jusqu'à la Maison Blanche sur tes genoux...quel dommage qu'il y ait eu tant de monde dans la voiture... Est-ce que tu m'aimes Josh? parfois j'ai l'impression, dans ces situations extrêmes, que tu tiens à moi comme un amoureux... C'est peut-être pour ça que j'ai poussé aussi loin aujourd'hui: pour être sûre que tu serais toujours là pour moi quoi qu'il arrive...


Josh resta songeur. Ce jour-là avait été le premier où il avait vraiment voulu se montrer à son avantage et lui prouver à quel point il tenait à elle: aussi avait-il imaginé cette démonstration un peu théâtrale de venir chez elle avec Toby, Will, Charlie et Danny et de leur donner un rôle de méchants pour mieux faire ressortir sa propre gentillesse. Ils s'étaient tous prêtés de bonne grâce et avec humour au jeu mais devant son refus de répondre aux sonneries il svait totalement improvisé de s'égosiller dans la rue pour l'appeler, puis de viser sa fenêtre avec une boule de neige... Sauf que cette initiative avait été reprise par les autres et il n'avais pas fellu trois secondes pour que la faire sortir devienne secondaire: l'essentiel étant bien évidemment d'atteindre la cible. L'ambiance de cour de récré avait continué après qu'elle eut ouvert mais il n'avait pas pu se contenir quand il l'avait vue. C'était la première fois que sa beauté lui avait sauté aux yeux à ce point-là... Josh rigola tendremment: malgré le départ de Sam le début du deuxième mandat avait été rempli de bons moments...jusqu'à cette terrible quinzaine...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptySam 24 Mai 2014 - 0:52

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Donna, j'écris en attendant de pouvoir faire quelque-chose... Que va-t-il se passer? Qu'est-ce que nous avons fait?.. Ce soir j'étais à quelques mètres quand c'est arrivé (Donna ne put réprimer un frisson: elle se souvenait plus que bien de ce dont il parlait: le moment le plus tragique de l'administration Bartlet...) et ni Charlie ni moi ne nous sommes douté de quoi que ce soit jusqu'à ce que l'alerte soit donnée... La fille du Président enlevée en pleine boite de nuit! Où est-elle? qu'est-ce qu'ils vont leur faire? Pour ne pas sombrer dans la panique je fais comme tout le monde ici: je me plonge dans le travail... Mais même de ce côté la situation est gravissime! les Républicains sont maîtres du Congrès, ils vont nous massacrer sur la sécurité, et NOUS N'AVONS PLUS DE VICE-PRESIDENT!!! Si Hoynes avait laissé Léo l'aider une seule semaine au lieu de démissionner j'aurais déjà été plus rassuré, mais il a voulu jouer les chevaliers et il nous a mis dans un pétrin monstrueux!  Je sais que je joue les sans-coeur, que je parle politique alors qu'une gamine que je connais, dont est amoureux un garçon que j'estime et que j'aime énormément, fille de l'homme que je respecte le plus au monde, a été enlevée presque sous mon nez, mais si je n'agis pas, si je ne pense pas, je pourrais exploser complètement ("Josh: je te connais mieux que n'importe qui..." murmura Donna: elle savait que le désarroi et le désespoir de son amour se traduisaient par de l'insomnie et de l'agressivité) et je me tourne vers toi: toi ma seule véritable amie ici, toi seule assez forte pour supporter le choc... Sans vice-Président le Congrès va imposer un Républicain, car Bartlet ne va pas pouvoir longtemps exercer ses fonctions avec sa fille enlevée. Donna: nous allons être obligés d'utiliser le 25ème amandement! Je te l'écris ici car je ne peux pas encore le concevoir oralement, mais ça va arriver dans les toutes prochaines heures. Mon Dieu, où es-tu Zoey?!.


"Sa seule amie", "assez forte pour supporter le choc"... Une nouvelle fois Josh avait été aux premières loges d'une tragédie...et comme il était le plus haut placé à ne pas être directement touché (Léo étant le meilleur ami du Président) il avait dû, lui, se montrer en public le plus fort et le plus politique de tous. Et Sam n'était plus là pour le comprendre et le soutenir: il avait raison, il ne lui restait qu'elle... Donna fronça les sourcils: "Ils ont bien su profiter de ton rôle dans cette affaire: ça leur a donné bonne conscience pour ce qu'ils t'ont fait!.."

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyDim 25 Mai 2014 - 0:44

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Tu es enfin revenu chez toi, je pense que tu es en train de dormir, pour la première fois depuis plus de deux jours... Tu as accepté de quitter la Maison Blanche parce que je te l'ai demandé, parce que je ne t'ai pas laissé le choix: il fallait que tu décompresses, que tu sortes de cet environnement et que tu n'y reviennes qu'en pleine forme. La situation y est trop grave avec ce nouveau Président nommé par le Congrès suite à la démission de Bartlet. Mon Dieu faites qu'ils la retrouvent, que ce cauchemar prenne fin et que Bartlet revienne, car l'équipe ne tiendra pas longtemps comme ça... Le soir où elle a été enlevée je discutais avec Amy et j'ai je pense un peu trop bu... Nous avons parlé de toi Josh, beaucoup, et elle m'a irritée avec les questions qu'elle se posait: bon sang! elle a été ta petite amie pendant plus de six mois et elle ne te connaissait pas du tout! Je lui ai expliqué certaines choses mais peut-être me suis-je trop emportée car elle m'a demandé directement si j'étais amoureuse de toi... Les événements de la soirée feront oublier mon silence mais il faudra que je sois plus prudente à l'avenir: rien n'est plus dangereux pour moi que tu sois mis au courant par quelqu'un d'autre (Joey Lucas l'avait frôlé il y a quelques années). J'essaie de te soutenir, de ne pas être contaminée par la détresse ambiante. Toi tu te plonges dans la politique, comme Léo, comme Toby... Moi je me plonge dans toi, comme Carol le fait pour C.J., comme Margaret le fait pour Léo: c'est horrible de vous voir aussi impuissants, c'est terrible de vous savoir obligés de vous plonger dans le travail, car c'est votre devoir, car l'intérêt du pays commande à toute vos actions; mais comme c'est fascinant!.. Pour rester forte je n'ai pas gand-chose à faire: il me suffit de te regarder, de voir ce que tu dois faire pour ne rien laisser paraitre, et la façon dont tu y réussis sans que personne (hormis moi et peut-être Toby) ("Oh non Donna: seulement toi...") ne s'aperçoive du calvaire que tu vis, et d'en prendre de la graine. Car je connais moins Zoey que toi, car tu es un grand ami de Charlie, car elle a été enlevée à quelques mètres de toi (mon Dieu, mais qu'est-ce qui t'aura été épargné dans ta vie?!): si tu réussis à survivre avec tout ça, je dois être capable de le faire moi-aussi! Mais ce soir tu aurais explosé si je n'avais rien fait: tu étais épuisé, ta détresse se respirait à dix kilomètres et je me demande comment ça se fait que j'ai été la seule à m'en rendre compte... ("Parce que c'est toi...") Ta nuit sera trop courte et comme je regrette de ne pas être à tes côtés pour  chasser tes cauchemars... Ne sois pas morte Zoey, ne sois pas morte! Reviens-nous saine et sauve je t'en supplie...


Josh ressassa quelques secondes ce terrible souvenir, ces milliers de gens venus apporter leur soutient juste devant la Maison Blanche, cette messe organisée pour Bartlet à laquelle il n'avait pas pu assister... Il se souvint du miracle que ç'avait été: le coup de fil de la C.I.A., l'encerclement de la grange, le sauvetage de la gamine avec juste une cheville foulée, le retour en grâce de Bartlet dans le Bureau Ovale... Mais cette embellie n'avait pour lui duré qu'un temps: sa plus grande épreuve politique lui était tombée dessus sans prévenir peu après et il n'avait pu compter sur le soutient de personne...hormis, encore une fois, sur celui de sa Donna...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyJeu 29 Mai 2014 - 0:10

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Je ne suis pas dupe Donna: je sais bien que si le gamin est resté ce soir et m'a évité une nouvelle humiliation publique, c'est grâce à toi... Donna je lui ai obéi, je lui ai gagné ce vote, et pourtant il n'a pas fini de me punir et de me tenir à l'écart!.. (Donna hocha affirmativement la tête: "lui" était bien évidemment Léo) Car je lui ai perdu un député qui est passé dans le camp Républicain. Ce qu'il ne sait pas, Donna, ce que personne ne sait, c'est que ce traitre répugnant m'a dit qu'il l'aurait fait de toutes façons, que je lui avais seulement facilité la tâche... L'avantage de ce journal c'est que je peux dire ce genre de choses: en public je dois me taire, faire comme si de rien n'était, car j'ai gaffé, car je n'imaginais pas qu'une telle trahison était seulement envisageable et que je me suis débrouillé comme un con, voulant impérativement gagner ce vote et en me moquant des conséquences. Auraient-ils fait mieux que moi, tous? Auraient-ils senti le coup venir? Vu la façon dont ils me traitent j'en déduis que oui... (les yeux de Donna lançaient des éclairs de rage, ses mains étaient encore, quatre ans après, crispées de colère, car elle connaissait très bien la réponse...) Dans ce bureau, dans cette Maison Blanche, je suis désormais un paria, un pestiféré. Je n'ai eu que le message de Sam pour me soutenir. C.J. s'occuppe de la presse et comme Léo m'a enlevé toutes les missions intéressantes elle n'a pas le temps de venir me parler: je ne lui en veux pas. Mais j'ai du mal avec l'attitude de Toby. Mince! cette mission aurait tout aussi bien pu lui tomber dessus et il me parle de haut quand il en prend la peine!.. C'est parce qu'il ne s'est pas remis de la fois où je lui ai repproché de jouer les victimes en refusant de parler à son père (mafieux dans sa jeunesse) alors que mon père à moi et ma soeur sont morts, c'est ça? ("Oui, c'est ça.") Il est aussi mesquin que ça??. Et Léo qui me donne ostensiblement les missions les plus ingrates et les plus dégradantes!.. Et je suis obligé de ronger mon frein en silence, de paraitre ce qu'officiellement je suis toujours: le Secrétaire Général Adjoint de la Maison Blanche... Nom de Dieu mais est-ce que ça va finir?! Combien de temps va-t-il me tenir à l'écart comme ça? Une semaine? un mois? un an? plus? Le Président n'a manifestement pas besoin de moi, et pourtant comme je voudrais être à ses côtés aujourd'hui... car le Congrès s'apprête à nous jouer un vilain tour: depuis l'enlèvement de Zoey les députés de la droite sont incontrôlables et profitent au maximum de leur majorité et de l'abattement du Président pour imposer leurs conditions. Le Président a cédé en nommant cette chiffe-molle de Russell à la Vice-Présidence (l'élection dans trois ans...je préfère ne pas y penser), que va-t-il accepter encore? Les réductions drastiques d'impôts pour les milliardaires? le gel des projets sur l'interdiction des armes? la prière à l'école? Où sont nos promesses?!! Et ce soir j'attendais dans ce restaurant, au milieu de tous ses gens, pour avoir une discussion politique sérieuse... Et on m'a fait parvenir un mot pour me prévenir que j'attendais pour rien... J'étais humilié, réduit à n'être qu'une poussière, au bureau, et voilà que je l'étais en public, au grand jour. J'avais l'impression que tout le monde me regardait et se moquait de moi. Et puis le gamin est arrivé, il a sauvé les apparences et m'a sauvé (en en profitant pour manger à l'oeil). (Donna ne put contenir un éclat de rire) Provisoirement d'ailleurs: demain le manège reprendra, et après-demain encore... Mais je remarque tes silences Donna, je vois que tu ne te moques pas de moi, je sais que tu as toujours l'oreille aux aguets et que tu guettes un bruit suspect de mon bureau, je remarque ton regard posé sur moi et je sais que tu es prête à voler à mon secours au moindre signe de faiblesse de ma part. Ce soir c'est toi qui l'as envoyé près de moi, qui m'as épargné une énième honte: je le sais. Donna, tu seras toujours là, n'est-ce pas? tu ne failliras pas? J'ai besoin de me raccrocher à cette illusion: c'est comme ça que j'arrive à paraitre normal devant tout le monde. Paraite est la seule chose qui me reste aujourd'hui: tout le monde a vu mes limites et me prend pour un incompétant. Et je ne vois pas comment je pourrai objectivement leur donner tort...


Donna serra les lèvres: elle avait l'impression d'entendre son amour hurler son désarroi. Et elle fut prise de dégout et d'écoeurement devant l'attitude de tous dans cette histoire: "Ils t'ont TOUS ignoré! Ils t'ont TOUS enfoncé!.." Elle éprouvait néanmoins une certaine satisfaction orgueilleuse d'avoir été son seul soutient pendant cette période, sa seule amie, la seule qui ait toujours cru en lui... Et puis lui revint en mémoire la fin de cette histoire et un sourire de triomphe éclaira son visage...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyJeu 29 Mai 2014 - 16:05

Journal très intime de Donna Moss


Je n'arrive pas à dormir, Josh. Ce que tu as fait aujourd'hui, ce qu'a fait le Président en suivant tes conseils, ce n'était pas du génie: c'était bien plus que ça! Les Républicains bloquaient le budget du pays afin de pousser Bartlet à s'effacer et à renoncer à toute sa politique, mais il a refusé! Il s'est enfin réveillé! Et il a demandé à Léo de trouver une solution... Sauf que Léo t'a exclu de la réflexion, t'a donné des missions que Margaret aurait pu accomplir, et t'a relégué dans ton bureau. Pas un seul n'a réagi! Pas un seul n'a fait de commentaire! Ni le Président, ni C.J., ni Toby! Et tu es resté là, dans ton bureau, à ruminer. Je ne savais pas comment faire pour t'aider: pour la première fois de ma vie j'étais impuissante face à ta détresse... Et puis Léo est arrivé, contraint et forcé, et t'a demandé de venir les rejoindre. Qui a été à la base de cette demande? pas Léo j'en suis sûre, ni Toby... A vrai dire je soupçonne une intervention de la Première Dame: je ne sais pas pourquoi mais ça me semble juste... (Josh fronça les sourcils: il n'avais jamais demandé à personne de lui expliquer le pourquoi de son retour [il savait qu'il aurait eu droit à des dénégations et un rappel de sa bourde et de l'épée de Damoclès qui planait sur lui] mais en y réfléchissant cette hypothèse semblait effectivement la plus probable...) J'ai vu ton regard quand tu as suivi Léo: tous tes sens étaient en éveil: tu étais prêt à leur prouver ce que tu valais! Mai je ne m'attendais pas à CA: un tel coup d'audace, un tel risque, un tel génie pour retourner l'opinion et gagner la bataille d'un seul coup de maître, dans mes rêves les plus fous je n'imaginais pas que c'était possible!.. Je t'ai vu quitter la Maison Blanche à-côté du Président, j'ai vu le regard fasciné de C.J., j'ai surtout vu la colère et la rancœur dans les yeux de Léo et Toby. A ce moment-là je les ai haïs: je peux l'écrire ici car jamais je n'oserai le dire à personne, ne serait-ce que pour le respect que j'ai pour eux, mais mon cœur battait fort à ce moment-là: je ne savais pas ce que tu avais en tête, je tremblais que tu échoues, et pourtant je sentais dans l'air cette odeur de victoire, ce gout d'adrénaline qui la précède... Et j'ai tout suivi à la télé. Je ne sais pas si j'ai cillé une seule fois... Aller à pieds jusqu'au Congrès pour demander à parler aux représentants de la majorité, attendre un temps, puis ressortir devant leur silence et leur mépris, face aux journalistes! Tu savais qu'ils allaient pousser l'insolence jusqu'à faire patienter autant que bon leur semblait le Président des Etats-Unis, tu le savais Josh! Le Président a triomphé: le peuple américain a vu de ses yeux QUI bloquait le budget, QUI se moquait des électeurs! Demain ils vont venir dans le Bureau Ovale la tête dans les épaules et nous leur imposerons toutes nos conditions. Nous avons gagné! TU as gagné, Josh! C'est toi qui a tout organisé! toi qui a guidé le moindre pas du Président! Il s'est contenté de suivre tes conseils et de te faire confiance. Et tu étais un paria il n'y a même pas vingt quatre heures! Josh, dans cette affaire j'ai essayé, misérablement, de t'aider moralement, (""Misérablement"?? Tu as été celle qui m'a permis de survivre, rien que ça!..") mais c'est toi seul qui t'en es sorti: tu n'a pu compter sur personne, tu étais contesté et humilié par tout le monde! Tu sais quoi? ils sont jaloux, Josh! Léo et Toby en particulier. Ils sont jaloux car ils commencent à voir que tu es infiniment plus intelligent qu'eux, et infiniment plus attaché à des idéaux qui vont bien au-delà de ta petite personne... Et tu as gagné! Tu as montré qui tu étais, tu as donné à cette administration et à toute la gauche leur plus grande victoire depuis un an au bas mot! Je t'aime Josh, je me ferais tuer pour toi si tu me le demandais...


Josh eut un sursaut désagréable en lisant ces derniers mots: il savait de quoi le chronologie les rapprochait, mais en repensant à cette affaire avec le recul il se rendit compte qu'une lumière avait éclairé les abîmes dans lesquels il était tombé, lumière qui lui avait donné la force de ne rien laisser voir de son désespoir, par crainte qu'elle s'éteigne à son tour et qu'elle ne l'abandonne. Il regarda fixement le carnet. "Tu es un ange, Donna..."

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyJeu 29 Mai 2014 - 22:50

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En mission! Moi, en mission diplomatique!.. Oh Josh, comment ai-je pu douter de toi? Il y a dix jours, pendant cette alerte terroriste, j'ai été coincée dans le bureau de C.J. et elle m'a dit des choses...  Elle m'a dit que tu jouais un jeu pervers, auquel je me prêtais de bonne grâce. Elle m'a dit que tu n'avais rien à faire de moi ni de ma carrière, et que tu me gardais simplement parce que j'étais trop compétente dans mon domaine. Elle m'a dit que tu étais le passé et que je ferais mieux de passer à autre-chose. Elle a réveillé les doutes que je traine au fond de moi. Oui Josh: depuis quelques mois il m'arrive parfois de douter de toi, et de ma place auprès de toi... Et hier tu m'as donné cette mission! Comme je m'en veux d'avoir douté de toi!.. Mais je vais te prouver que j'en étais digne: tu auras mes rapports régulièrement, j'essaierai de comprendre de l'intérieur le sens profond de ce conflit entre Israëliens et Palestiniens, et je te prouverai que tu avais raison de me faire confiance! J'aurai un mentor de poids avec l'amiral Fitz-Wallace mais je ne resterai pas simplement à suivre passivement: tu peux compter sur moi même si tu ne me le demande pas. Oh je suis si excitée Josh! et je profite de ce journal pour me défouler, car dès demain je reprendrai mon sérieux et je me plongerai dans ce domaine dans lequel personne ne m'attend: la diplomatie... Bonne nuit Josh: je vais tellement te manger le boulot en Israël que tu pourras dormir sur tes deux oreilles pendant au moins deux mois!..

Josh rigola en l'imaginant ainsi, aussi enthousiaste qu'une enfant. Mais son rire laissa place à un autre sentiment qui ne l'avait plus hanté depuis cette période et il lutta pour contenir la vague de panique qui le submergea. "Tu étais tellement enthousiaste Donna... Comment pouvais-tu imagnier qu'en te donnant cette mission je..." Il se tut, tremblant de tous ses membres...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyDim 1 Juin 2014 - 0:06

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Tout le monde dort autour de moi. Tout le monde s'est laissé bercer par la nuit et a oublié son sac de voyage ou son attaché-case. J'ai pu tirer mon journal en toute discrétion et je peux enfin m'autoriser à ne penser plus qu'à toi... Personne ne sait ce que je vis, personne ne s'aperçoit que le monde est en train de changer, personne ne remarque à quel point cet avion avance lentement. C'est à-peine si les gens ont parlé de cet attentat et leur crainte était la flambée du prix du pétrole ou les destinations touristiques qui risquent d'être interdites... Mais comment est-ce possible?!! Comment peut-on parler de CA quand tu es dans je ne sais quel hôpital sordide d'Allemagne et que je ne sais pas si en arrivant je... Non! hors de question de penser à ça! Pas maintenant... Donna, en te donnant cette mission je ne pouvais pas ignorer que je t'envoyais dans une zone de guerre, et quand j'ai appris cet attentat j'ai mis une seconde pour réaliser ce que ça représentait... Cette demi-heure d'attente sans rien savoir m'a semblé durer une vie, et quand j'ai appris que tu étais dans la voiture qui a sauté j'ai cru pendant une minute que mon cœur s'était arrêté... Fitz-Wallace est mort, tu es en vie mais dans quel état? et pour combien de... (ici le mot "temps" avait été raturé d'un trait si fort que la papier avait presque été déchiré) J'ai suivi comme un somnambule: Léo m'a proposé de revenir chez moi mais je ne pouvais pas me morfondre tout seul: je ne l'aurais pas supporté. Le Président a été pris d'un extraordinaire sursaut: je crois qu'au-delà de cet attentat il veut tenter d'obliger Israël et la Palestine à négocier... J'ai entendu des échanges de voix assez vifs entre Léo et lui: quelque-chose de grand est en train de se passer, je sais que ça devrait m'amener dans les limites du rêve et justifier pourquoi je fais de la politique, mais aujourd'hui, maintenant, dans cet avion, je m'en fous. Je crois que Léo s'en est rendu compte et que c'est pour ça qu'il m'a permis d'abandonner tous mes dossiers, malgré la vive désapprobation de Toby. Comment le monde peut-il encore tourner? Comment ça se fait que des gens autour de moi puissent roupiller?! Donna je n'en peux plus! Où es tu? Est-ce que tu as mal? As-tu entendu cette bombe pulvériser ta voiture? (Donna ferma les yeux, son cœur battant la chamade: elle s'était sentie en un dixième de seconde décoller de terre puis une intense douleur dans tout son corps, elle avait entendu un bruit énorme; puis tout s'était arrêté: même pas un cinquième de seconde... le cinquième de seconde le plus terrifiant de sa vie...) J'arrive Donna: tiens bon! Sans toi je ne sais pas ce que je ferai, ce que je serais... C'est moi qui aurais dû être dans cette voiture: c'est à moi de mourir pour le Président, pas à toi! Je ne peux pas vivre sans toi Donna... Je t'aime Donna, je t'aime!.. Il n'y a qu'ici que je peux te le dire mais du fond de ton lit de douleur j'espère que tu ressens ça, et que ça te servira pour gagner cette bataille contre Dieu, contre la vie, contre tous tes ennemis qui t'assaillent et auxquels je t'ai abandonnée...


Donna respirait très fort, fixant sans ciller les pages de ce journal où Josh, pour la première fois, lui avait avoué son amour, presque trois ans avant leur premier baiser... En jetant un coup d'œil à la suite elle vit ces paragraphes très courts, écrits avec des stylos différents, aussi brefs que des battements de cœur... Elle respirait de plus en plus fort. Un visiteur aurait pu jurer qu'elle sanglotait...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyLun 2 Juin 2014 - 0:46

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Je t'ai vue avec ce type. Je ne peux pas nier que ça m'a fait mal mais au moins tu es en vie... Comment as-tu fait pour te rendre compte que je ne m'étais pas changé depuis hier? Tu as le visage taillé, une jambe fracturée et je ne sais combien de blessures internes. Donna résiste, résiste!..

Donna se souvenait bien de ce petit ami rencontré en Israël: un journaliste irlandais intelligent et séduisant duquel elle s'était séparée peu après, très naturellement. Parce qu'elle aimait Josh. Parce qu'il aimait la vie de baroudeur...



Je dois bien admettre que je l'aime bien en fait ce type... (Donna rigola, pas surprise le moins du monde) Au moins avec lui je peux commenter l'initiative de Bartlet sans avoir l'impression de t'abandonner. J'ai un rendez-vous secret dans une heure avec un représentant de la dipolmatie palestinienne qui m'a contacté à-travers toi et un bouquet qu'il t'a envoyé. Est-ce que je risque ma vie? C'est possible mais je ne peux pas reculer, pas maintenant que mon Président caresse l'espoir de la paix entre Israël et la Palestine! Pas maintenant alors que tu es entre la vie et la mort au nom de ce conflit soi-disant religieux...





Donna, ne me refais jamais un coup pareil! Quand je suis entré dans ta chambre et que je ne t'y ai pas vue, j'ai cru que je devenais fou! Cent mille scénarios me sont passés par la tête, tous plus horribles les uns que les autres. J'ai couru partout, j'ai bousculé tout le monde, j'avais oublié toute dignité. Et je t'ai vue dans ce bloc opératoire... On m'a dit qu'il y avait eu une complication et tu as demandé que je vienne. (les souvenirs de Donna de cet hôpital se perdaient dans la morphine et ce moment était le seul à demeurer clair dans son esprit: elle avait réclamé Josh car il était le seul à qui elle se raccrochait pour garder espoir: son visage était pour elle le synonyme de "vie"...) Tu avais le visage recouvert de tubes, tu ne pouvais pas parler, tu m'as juste écrit que tu avais peur. Je voyais à quel point sur ton visage, dans ton regard terrorisé, tes larmes qui coulaient... J'ai essayé misérablement de te rassurer, de ne pas te montrer ma propre peur, de te parler doucement. Je t'ai tenu la main jusqu'à ce que ce produit agisse. Maintenant ça fait une heure que tu es là-dedans. Je ne peux pas partir, je n'ai même pas la force d'appeler Léo ou Toby et de me replonger dans le travail. J'attend. Je t'attend...





Tu es sauvée, Donna! Demain je reprends l'avion pour Washington et je pourrai enfin recommencer à travailler et à aider l'extraordinaire entreprise du Président. Je suis resté avec toi toute la nuit, Donna: après cinq heures de bloc il était hors de question que je t'abandonne à-nouveau! Je ne sais plus quelle heure il était: j'étais assis à-côté de toi et je luttais contre le sommeil quand j'ai entendu ta voix. Elle était aussi faible qu'un souffle mais elle m'a fait sursauter mieux qu'aucun réveil ne l'a jamais fait. Tu disais juste mon prénom. Tu avais les yeux éreintés mais ils étaient ouverts! J'ai dû te dire quelques mots et tu as souri: alors seulement j'ai cru les médecins qui m'avaient dit que tu étais sortie d'affaire... Je t'aime Donna. Et désormais je ferai ce qu'il faut pour te protéger, malgré toi s'il le faut!..


Donna réfléchit quelques instants, puis elle sourit douloureusement: dans ces mots était résumée plus d'une année et demi de malentendus, d'espoirs vains et de déceptions... Elle-même avait très peu écrit dans son propre carnet durant cette période. Elle songea à ce qui se serait passé si elle lui avait parlé durant sa convalescence (lui-même avait trop de tact pour risquer d'être maladroit et d'augmenter son traumatisme)... Mais son regret laissa place peu à peu à un autre sentiment: l'ironie triomphante. Elle sourit, contenant à grand-peine son fou-rire: "Au niveau des sentiments nous sommes des nuls, Josh. Tu es nul. Je suis nulle. Et c'est pour ça qu'aujourd'hui la gauche est encore à la Maison Blanche..." Elle ne put contenir plus longtemps son hilarité et serra le carnet contre son cœur. Elle avait envie de danser de bonheur...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyLun 2 Juin 2014 - 20:18

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Un an! Ca fait un an que cet attentat a eu lieu et que je n'ai plus aucune mission d'importance! Je reconnais que j'ai mis beaucoup plus de temps pour tourner la page que toi après que tu te sois fait tirer dessus, mais aujourd'hui j'en ai assez Josh, tu comprends? j'en ai assez! Je suis compétente, j'ai envie de progresser dans ma carrière, et tu me cantonnes dans ce rôle trop petit pour moi désormais, tu ne m'écoutes plus quand je te dis qu'il faut qu'on parle de mon devenir. Tu es devenu apathique depuis cette histoire Josh! Cette histoire qui a failli m'envoyer dans l'autre monde et qui a provoqué la crise cardiaque de Léo. Tu ETAIS son successeur, Josh! et je ne t'ai jamais vu en colère ni amer, à aucun moment, quand Léo t'a préféré C.J.! ("Je ne suis pas jaloux d'une amie...") Tu continues à jouer ton rôle, la routine, tu prêtes sans broncher main forte à Will quand le vice-président a besoin d'une aide de la Maison Blanche. J'en ai marre de travailler dans ton ombre pour une administration en fin de vie, avec aucune perspective de carrière! Les seules fois où je t'ai vu le regard ébloui ont été quand tu revenais de chez cet obscur député du Texas dont le nom ne parvient pas à me revenir maintenant... ("Il s'appelait Matt Santos ma grande! et tu aurais tout aussi bien pu me demander ce qui me plaisait tant chez lui au lieu de te hausser du col comme ça!..") Si ça ne change pas très vite Josh je te quitterai pour de bon. Et j'irai voir là où j'ai une chance de progresser dans ma carrière...


Josh soupira, toujours agacé. Mais il ne pouvait pas ne pas la comprendre: après tout ce qu'elle disait était vrai et il ne lui avait pas donné non-plus la moindre explication pour expliquer son comportement d'alors...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyLun 2 Juin 2014 - 21:15

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Je ne suis pas dupe Donna, ni aveugle. Je sais bien que je me ramollis et que je rate des opportunités de carrière. Mais je ne peux pas abandonner le Président, pas maintenant: je n'ai aucune raison objective de jouer les traitres et les renégats. Pas de crise cardiaque, pas de promesse à une veuve à honorer, rien de ce genre... C.J. a besoin de moi pour la soutenir dans sa tâche, de moi et de Toby. Et malgré les réprimandes et les invitations pressantes de Will je ne veux pas rejoindre ce bon à rien de Russell dans sa campagne, bien qu'il soit vice-président, bien qu'il bénéficiera forcément du soutient du parti dans la primaire: je ne peux pas le supporter: il est trop médiocre pour succéder à Jed Bartlet! Hoynes a lui-aussi tenté de me recruter: il est intelligent, brillant, il a l'expérience de ses cinq années de vice-présidence, mais il ne m'inspire pas et il est trop modéré pour moi... Je vis un peu au jour le jour: je tente d'assurer l'avenir du pays dans cette administration. Mais pour moi le meilleur choix pour la future élection serait un troisième mandat pour Bartlet. Et c'est impossible légalement... Je te vois t'agiter, je sais que tu voudrais évoluer dans ta carrière ("Oui!") mais la dernière fois que je t'ai confié une mission tu as failli revenir les pieds devant et je ne prendrai plus jamais ce risque! Qu'importe les reproches que tu peux me faire, l'amertume que tu peux nourrir, il est hors de question que tu meures par ma faute! Jamais! Plus jamais!..


Donna hocha doucement la tête. Si elle avait su à ce moment-là ses motivations, elle aurait peut-être été moins sévère avec lui, plus mal à l'aise devant son acte... Mais elle aurait certainement fait la même chose: ce qui s'en étais suivi avait été trop exaltant, trop puissant, trop douloureux pour quelle envisage désormais sa vie sans cette aventure...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMar 3 Juin 2014 - 1:34

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C'est fini Josh. J'ai essayé de te prévenir tout hier mais tu ne m'as pas prêté la moindre attention. Je ne t'ai pas envoyé de mot: je n'ai pas à me justifier. Je ne te dois plus rien désormais. Avec toi je n'ai plus d'avenir, plus de perspective. La course à la présidentielle va bientôt démarrer et je serai dans le camp des gagnants! Will m'a donné les perspectives que je voulais et je vais m'acquitter de ma tâche et conquérir la Maison Blanche. Adieu Josh. Je ne rouvrirai plus jamais ce carnet. Que les derniers mots que j'y écris soient au moins ceux pour qui il a existé: je n'ai jamais eu d'espoir nous concernant mais tu resteras la personne que j'ai le plus aimé, de toute ma vie...





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Tu m'as trahi Donna! Que tu démissionnes, passe encore (Léo avait essayé de m'avertir), mais te mettre au service de Russell!.. Tu savais que je le détestais! tu le savais! Et tu vas lui offrir tes services... Je ne te le pardonnerai jamais, Donna! Jamais!!! Pas ça! Pas toi! Pas à moi! Tu l'as fait par défi, c'est ça? Au fond de toi tu veux me provoquer et te mesurer à moi?.. ("C'était ça, oui..." s'avoua Donna, penaude, incapable de trouver une meilleure explication en restant honnête avec elle-même) Et bien merci: car je ne vais pas te laisser t'en tirer comme ça! Je repars en campagne et je vais le faire à ma manière! De toutes façons sans toi cette Maison Blanche n'a plus aucune saveur... Je suis allé chercher moi-même le seul homme que je souhaite réellement avoir comme Président: le député Matt Santos. Un texan, un latino qui en plus ne voulait pas se représenter à la Chambre malgré son talent et son savoir-faire politique. Personne ne le connait, personne ne lui donne la moindre chance d'aller jusqu'au tiers des primaires, mais c'est le seul qui vaille le coup qu'on se batte pour lui. J'y mettrai toute mon énergie, je donnerai tout ce que je pourrai, et je verrai ce que je vaux réellement. Car aussi longtemps que je pourrai je ne te laisserai pas une minute de repos, Donna: tu as misé sur le mauvais cheval et je te le prouverai! Oui je te le prouverai... J'endurerai les moqueries et les humiliations de Will, les tiennes, ceux du parti, je braverai la colère de Léo et de Toby (qui va, j'en suis sûr, m'accuser de déserter [normal: il ne peut pas supporter que je prenne une initiative personnelle, encore moins audacieuse, depuis le départ de Sam]) et j'irai jusqu'au bout avec lui. Avec Matt Santos! J'en ferai l'outsider qui perturbera le duel Russell/Hoynes, et quand Hoynes aura massacré ton vice-président adoré (et il le fera: il est dix fois meilleur que lui) vos électeurs chercheront une solution de rechange, solution que nous leur apporteront car nous serons toujours en course à ce moment-là! Je te vaincrai, Donatella Moss! Ici, dans ce bureau que j'occupe pour la dernière fois, je te le jure! Et comme ça me fait mal d'écrire ça!.. Je vais maintenant me calmer et aller affronter la plus terrible épreuve de ma vie: annoncer ma démission au président Bartlet... (les derniers mots avaient été écrits d'une main tellement tremblante que Donna les déduisit plutôt qu'elle ne les lut)

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMar 3 Juin 2014 - 14:43

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Je n'y suis pas arrivée... J'avais juré de ne pas rouvrir ce carnet mais c'est impossible: pas quand tu dors dans la chambre d'en face et que tu fais des efforts surhumains pour garder un illustre inconnu en vie, pas maintenant que je me rends vraiment compte que nous sommes ennemis et que nous avons tous les deux l'intention d'aller jusqu'au bout... Tu es en train de diviser le parti Josh! et les Républicains vont nous massacrer aux présidentielles si tu persistes à saboter notre seul candidat légitime! ("Légitimité de mon cul! Russell nous a été imposé par les Républicains parce que précisément il n'avait aucune chance contre par-exemple un Vinick!..") Et pourtant je n'ai pas pu m'en empêcher: j'ai regardé par le judas, je t'ai vu prêt à frapper à ma porte, j'ai prié pour que tu oses... Peine perdue. Je suis sortie et je suis allée devant ta porte...et je n'ai pas pu moi non-plus. Je t'aime Josh. Plus que jamais... Et si ce que tu fais me rend furieuse, mon cœur s'enflamme pour toi et me torture de plus en plus...




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J'ai réussi à faire survivre Santos à la primaire du New Hampshire mais nous avons toujours un retard monstrueux et j'ai eu beaucoup de mal à le convaincre de m'écouter et d'agir en politicien. Mais il commence à s'y mettre et j'espère que bientôt il me dépassera et qu'il aura de meilleures idées que moi. Que nous nous frottions est bon signe: ("Ah bon???") ça prouve qu'il est impliqué et qu'il veut rester libre de ses choix: il joue son rôle comme je joue le mien et si les financiers ne nous abandonnent pas ça paiera. Combien de risque je prends, Donna?.. J'ai renvoyé Amy par conviction, parce que je ne supportais pas qu'elle vende ses idées à la fois à nous et à Hoynes, j'ai reçu votre petit cadeau au Q.G. qui m'a donné envie de vous étrangler, toi et Will, (Donna se souvenait de ce cadeau empoisonné: un portrait grandeur nature de Russell: elle devait bien avouer la mesquinerie et la condescendance de ce geste) mais hors de question que je recule maintenant: on est encore en vie et la campagne est loin d'être finie. Mais quand je t'ai vue ce soir, occupant la chambre de l'autre côté du couloir, j'ai eu plus mal que je n'avais jamais eu. J'ai hésité longtemps devant ta porte mais je n'ai pas osé frapper: tu m'as laissé tomber, ça voulait certainement dire que tu n'as jamais rien ressenti pour moi... (Josh!" s'exclama Donna en secouant le carnet de toutes ses forces) Et pourtant je t'ai vue sortir de la tienne et traverser ce couloir alors que j'étais pendu au judas, les pensées embrouillées par toi... Je t'ai vue t'arrêter, j'ai espéré de tout mon cœur que tu oses frapper... Mais tu as renoncé toi-aussi. La campagne se poursuit, nos échanges restent polis mais ça s'arrête là. Ca DOIT s'arrêter là. Je suis ton ennemi, Donna. Et je t'aime, je t'aime, je t'aime...


Les derniers mots avaient été écrits si violemment que le papier en avait été presque transpercé. Donna les embrassa, essayant de mette dans ses lèvres toute sa douceur et toute sa tendresse. "Je t'aime aussi Josh..." murmura-t-elle ne se disant que cette période avait certainement été la plus enrichissante et la plus exaltante de toute leur vie...et que, pourtant, jamais ils n'avaient été si malheureux...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMar 3 Juin 2014 - 20:13

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Josh, c'est la guerre que tu veux?.. Vous êtes tellement à la ramasse que tu t'abaisses à m'envoyer tes sbires grimés dans ce déguisement ridicule pour perturber ma conférence de presse?.. Bravo: tu as réussi à me faire perdre mon sang froid, mais ça ne t'avancera à rien, et je saurai m'en souvenir à l'avenir pour ne plus refaire la même erreur! Je sais que la Maison Blanche ne te soutient pas, j'admets que votre spot était le plus réussi et que ton candidat est assez intéressant ("C'était une idée à lui que de venir directement face à la caméra et pas seulement d'approuver un spot attaquant les autres sans aucun fond derrière..." se souvint Josh, encore fier de son candidat) mais vous faites notre affaire, tu t'en rends compte? Nous avions autant intérêt que vous à éviter un débat simplement entre Russell et Hoynes... Tu te couvres de honte et tu nous ouvres la voie royale vers la victoire: merci du coup de main. Mais je n'oublierai pas tes coups quand je t'aurai vaincu, sois-en assuré!




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Ca fait mal, n'est-ce pas Donna? de te planter devant la presse... Je ne te visais pas toi particulièrement mais les petits ont obéi à mes consignes: tout tenter pour entrer dans le débat, quitte à vous accuser de lâcheté politique. Et nos moyens plus que limités obligeaient à ces subterfuges un peu puérils pour obtenir ce que nous voulions. Mais comme je suis fier du Député! s'adresser directement à la caméra et n'attaquer personne, ça c'était de l'idée et ça a apporté de la grandeur dans la campagne, grandeur qui m'a manqué sur ce coup-là. Je sais que j'ai joué le jeu de Will (et le tien) mais ma stratégie n'est pas modifiée et c'est le seul moyen de ne pas être battu avant la bataille. Ca ne change d'ailleurs pas non-plus le problème de fond pour vous: Hoynes gagne des points et si vous perdez l'Illinois c'est terminé pour vous...et pour nous aussi si nous ne terminons pas deuxièmes. En attendant la campagne va faire une petite pause: le Député veut absolument empêcher les Républicains de gagner ce vote sur les cellules souches et ces-derniers vont, j'en suis sûr, tenter de le faire passer dans notre dos. Direction le Congrès! Je continuerai à me battre jusqu'au bout pour Santos, et je te prouverai que tu avais tort de t'embarquer avec Russell!


Donna eut un petit sourire ironique: Josh était loin de se douter que sa première rencontre avec Matt Santos aurait lieu précisément pendant ce vote extraordinaire dont elle se souvenait comme s'il avait eu lieu la veille..

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Dernière édition par Sudena le Mer 4 Juin 2014 - 12:29, édité 2 fois
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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMer 4 Juin 2014 - 3:26

Journal très intime de Donna Moss


J'ai compris Josh. Aujourd'hui j'ai enfin compris pourquoi tu te battais pour Santos... C'est arrivé de la façon la plus impromptue qui soit: j'étais dans le bureau de Russell au Congrès et je me suis endormie sur le canapé, complètement épuisée par cette campagne qui faisait une pause. Je savais que tu étais à la Maison Blanche mais loin de me douter que c'était pour élaborer un plan pour remporter ce vote. Je dormais à points fermés...et j'ai rencontré le Député qui s'est assis sur moi et qui a pu admirer mes talents vocaux... (Josh s'écroula littéralement de rire en imaginant la scène et plusieurs minutes lui furent nécessaires pour retrouver son sérieux et se remettre à lire) Il m'a expliqué le plan d'amener discrètement tous les députés Démocrates dans ce bureau pour arriver en force en séance le lendemain matin, au moment où il serait trop tard pour changer l'ordre du jour. Ils sont tous arrivés l'un après l'autre: on aurait dit des étudiants infernaux qui préparaient un mauvais coup (la salle de bains squattée par les femmes, le café et les donuts amenés en toute discrétion par deux en "mission spéciale")... Au milieu d'eux ton Santos dirigeait tout: c'est lui qui avait eu l'idée, il avait un charisme exceptionnel, une intelligence et un discours que je n'avais vu auparavant que chez le Président Bartlet. J'étais éblouie, Josh!.. Et j'ai compris que je m'étais engagée avec la mauvaise personne, que tu avais raison depuis le début. J'y pensais encore quand je les ai vus sortir de la pièce, lui à leur tête, et que je devinais la tête déconfite des Républicains... Quelle victoire! Et dire que je vais devoir m'atteler à la défaite de cet homme, notre sauveur, ton favori. Je me sens mal, Josh. Au fond de mon cœur je n'arrive pas à trouver le désir viscéral de me battre pour Russell. Et je vais pourtant le faire, et j'y mettrai toutes mes forces!.. Mais je connais désormais la valeur du "troisième homme", je ne le sous-estimerai pas, ni ne mettrai plus en doute ton intégrité morale au moment de choisir un candidat. ("C'est toujours ça de pris...") Combien de temps allez-vous tenir? J'espère que vous tiendrez jusqu'à la Convention, Josh, sincèrement... Pour l'instant mon principal souci est la percée de Hoynes: je ne sais pas comment faire pour l'arrêter et Will lui-même a l'air de sécher...

"Et vous l'avez détruits de la façon la plus mesquine et la plus basse qui soit..." grogna Josh. Il fixa le mur en face de lui et repensa à tous les coups bas que ce malheureux avait subi tout au long de sa carrière politique. "Pauvre Hoynes!.." finit-il par s'exclamer

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyMer 4 Juin 2014 - 23:10

Journal très intime de Josh Lyman


Je n'arrive pas à croire ce qui nous arrive, Donna!.. Nous voilà donc toi et moi, l'un contre l'autre, avec nos candidats respectifs, nous échangeants coups sur coups, et derniers en lice pour la primaire... Le Super Mardi aurait dû être le dernier pour nous, mais vous étiez en train de vous faire surclasser par Hoynes, au bord de la déroute vous aussi. Je faisais mes comptes pour voir s'il n'y avait pas un dernier espoir auquel nous raccrocher quand l'équipe est venue me voir avec cette simple phrase: "Ca va mal pour Hoynes." J'avais loupé un épisode mais pas besoin d'être un génie pour comprendre ce que je voyais: John Hoynes traqué par les journalistes pour une histoire de liaison extra-conjugale, ça ne pouvait être que le fait de toi ou de Will. Et je pense bien que c'est toi qui a mis les journalistes sur cette piste... ("C'était moi oui... Will m'avait mis sur une piste et j'ai alerté les journalistes, mais je ne pensais pas que ça irait jusque..." Donna s'interrompit: se cacher derrière l'ignorance était trop facile et elle devait bien s'avouer qu'elle n'avait tout simplement pas voulu trop en savoir quand elle avait alerté les journalistes...) C'est bas, Donna! Attaquer un homme de cette façon, sans s'occupper d'un passé politique quelconque, en misant sur le fait qu'on lui connaissait des antécédants dans ce domaine. Mais en attendant nous étions restés sur place, nous étions les seuls! Hoynes, trop sûr de sa victoire, était parti en Californie, vous n'aviez même pas voulu vous déplacer dans ce territoire hostile, et nous nous sommes retrouvés seuls face aux électeurs: nous les avions respecté jusqu'au bout!.. Et nous avons gagné! Le bénéfice de cette victoire va être énorme: nous vous attendons de pied ferme en Californie, les latinos vons de plus en plus se mobiliser. Et en plus j'ai gagné en Illinois, le fief de Léo qui a tant pressé pour que je pousse Santos à se retirer... ("Dans cette élection ça a été ta plus belle victoire..." commenta Donna, admirative et émue) Nous allons gagner les états clefs! à la Convention nous serons en force et alors on verra ce qu'on verra! D'autant que si vous lui avez ôté tout espoir de victoire vouv vous êtes fait un ennemi irréductible de Hoynes qui va chercher à se venger...


Donna ressassa les derniers mois de campagne: le duel à mort que Russell et Santos s'étaient livré, le désarroi des Démocrates enfoncés dans leur lutte fratricide face à la parfaite organisation des Républicains qui avaient mis à leur tête le modéré et génial Arnie Vinick, sa colère de voir Bartlet demeurer neutre dans cette lutte...et son coeur s'emballant de plus en plus devant son Josh, plus brillant que jamais et uni à Santos comme le doigt mitoyen d'une même main... Mais rien ne les avait, ni l'un ni l'autre, préparé à l'invraisemblable chienlit qui allait se déclencher au moment de la Convention...

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MessageSujet: Re: Huit ans...   Huit ans... EmptyVen 6 Juin 2014 - 0:30

Journal très intime de Josh Lyman


C'est du délire! Nous sommes en train de sombrer dans l'anarchie la plus totale avec cette Convention... Je pensais bien tenir les clefs de la victoire mais les enseignants renâclent à nous donner leur soutient, Hoynes ne veut pas se retirer mais je pensais bien l'avoir convaincu après le premier scrutin...sauf que Becker est rentré en jeu! Il n'a pas participé du tout à la campagne et il arrive aujourd'hui, tout frais, à recruter ses partisans et à se poser en sauveur! ("C'est ça qui a achevé la carrière de Hoynes...") Très bien!.. Il se la joue déloyale? Il en paiera les frais! Mais je ne sais définitivement plus où nous en sommes: les sondages changent d'heure en heure, je suis sur la brèche pour tout ce qui se passe. J'imagine que toi aussi d'ailleurs...  Russsell n'est plus sûr de rien et je pense avoir plus d'atouts en poche que vous, mais Léo m'a encore appelé, m'a rappelé l'intérêt supoérieur du parti et m'a de nouveau ordonner de me retirer... Je ne sais pas ce que va décider le Député mais j'ai très peur qu'il se montre "raisonnable"...




Il ne l'a pas été! Il a fait un discours sensationnel et je me fiche de ce que Léo va encore me dire: je suis libre! Je ne lui dois plus rien désormais!.. ("Tu t'en es enfn rendu compte...") Nous sommes toujours en vie ma petite!.. Le Président m'a convoqué: c'est ma dernière chance de tout faire basculer...




Journal très intime de Donna Moss


C'est fini, Josh. Il y a une heure, devant nos écrans, dans cette salle déserte et sombre, après quarante huit heure de chaos, nous étions tous les trois assis à boire nos bières _bières que tu nous avait apportées_, sans rien nous dire mais pour la première fois apaisés. Car la bataille était terminée. C'est fini, Josh. Et c'est toi qui a gagné!.. Tu as gagné en partant seul contre tous, en allant chercher ton candidat au fin fond du Texas, en t'accrochant de toutes tes forces au début et en déroulant tout ton panache à la fin. Tu as gagné tous les états clefs, et le coeur du Président. ("C'est certain que s'il n'avait pas été avec nous le résultat aurait été inversé." admit Josh sans sourciller) Tu as même eu la grandeur de demander à Léo d'être candidat à la vice-présidence, après toutes ses tentatives de sabotage... Cette primaire m'a permis de découvrir que je valais vraiment mieux que ce que tu pensais de moi: je suis douée, Josh! (Josh ne put contenir un mouvement d'impatience) J'ai montré que je pouvais tenir une campagne avec des responsabilités, que je pouvais me débrouiller! Mais ni moi, ni Will, n'étions à ton niveau... J'ai perdu, Josh. Tu m'as vaincue. Et jamais je n'ai été aussi fière de toi!.. Au fond ni moi ni Will ne sommes tristes du résultat: depuis plusieurs heures Will ne croyait plus en nos chances: Russell n'arrive pas à la cheville de Santos et s'il y a une chance que la gauche reste à la Maison Blanche c'est bien que Santos soit notre candidat...et toi son directeur de campagne. Ce soit j'ai bu à toi Josh, à ta victoire, à ton intelliegence, à ta classe, à ton idéalisme, à tout ce qui fait que mon coeur t'appartient à-jamais, que tu en aies envie ou non... Je ne sais absolument pas ce que l'avenir me réserve mais je vais tout faire pour revenir à tes côtés, je n'aurai de cesse d'essayer même si je sais que beaucoup de mes jokers ont été grillés par cette défaite...


Josh sourit, toujours fier de ce souvenir. Mais il ne pouvait pas oublier non-plus ce que ça avait signifié pour eux deux: vainqueur de leur duel il avait dû se comporter en vainqueur et diriger une campagne avec un fort retard dans les sondages, face à un Républicain modéré dont le sens politique frôlait le génie et qui était aidé par Bruno Gianelli qui avait retourné sa veste et qui n'ignorait rien des faiblesses de Démocrates, fragilisé par la cacophonie provoquée par la Convention. Il avait su ce qu'il lui allait falloir faire dès la candidature de Santos entérinée par le parti, et engager d'anciens partisans de Russell était totalement exclu. De plus il devait s'avouer que la trahison de Donna lui avait fait trop mal pour qu'il puisse l'oublier et la lui pardonner...

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