In vino veritas !
Ainsi chacun se dévoile à l’autre derrière les masques, les conventions, les habits de cour et les rôles sociaux. Et Fersen s’aperçoit qu’Oscar peut être vraiment femme. Il serait grand temps ! Je l’ai toujours trouvé assez aveugle de ce côté-là !
Au point de se laisser aller à des rêveries érotiques ! On ne se méfie jamais assez des hommes du Nord.
«
...décidant de la mener en sa demeure bien plus proche que Jarjayes. » Oh, la belle excuse !
«
Il devait lui enlever ses bottes et sa veste et la glisser sous les draps. » Ben voyons !
S’aveugle-t-il complètement sur la beauté d’Oscar et la tentation qu’elle représente ? Surestime-t-il son pouvoir de résistance ? Est-il tellement plongé dans les
Brumes éthyliques qu’il ne raisonne plus droit ? Et n’y a-t-il pas tout de même un soupçon de mauvaise foi dans son beau raisonnement ?
«
Fersen… c’est si doux... » : si Oscar s’entendait...
Difficile de résister dans ces conditions. Même s’il n’est pas bien digne d’un gentilhomme (ni d’un homme tout court, d’ailleurs) de profiter ainsi du sommeil d’une femme, la scène dégage plutôt pour le moment une certaine douceur, en effet. Toutes proportions gardées, car les circonstances sont très différentes, elle m’évoque celle de
La Marquise d’O... d’Eric Rohmer.
Mais le réveil de la belle réveille aussi la bête !
«
Oscar, si vous songiez à apprendre le maniement d’un autre genre d’épée ? »
C’est le genre de réplique que l’on n’attend a priori pas d’Axel de Fersen. Mais c’est oublier cet aspect de Fersen, le Fersen historique, que ne montre ni le manga ni l’animé : c’était un homme à femmes, quelque peu libertin, et il eut de nombreuses maîtresses. Il aurait sans doute pu la prononcer dans la réalité.
Oscar ne reste pas insensible, même si la raison l’emporte. Il me semble évident en effet qu’elle refuse de faire l’amour avec Fersen dans ces conditions, sachant qu’il adore la reine, qu’il est éméché... Euh, pas sûr d’ailleurs qu’il aurait pu conclure : l’alcool a tendance à émousser les épées.
Finalement, André reste avec ses interrogations : le pauvre, quelques nuits blanches en perspective
et Oscar tente de « positiver » comme on dit maintenant, en décidant de se servir de cette scène pour oublier Fersen. L’histoire ne dit pas si cela marche...
Au total, une fiction qui donne à voir une autre Oscar et un autre Fersen, derrière leurs raideurs et leurs uniformes. Et qui ne dégage pas la noirceur qu’elle aurait pu. Je comprends de mieux en mieux ce que tu écrivais il y a quelque temps sur l’évolution de l’approche des personnages et de l’histoire par les auteurs les fanfictions.