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| les "gentils " ou " les méchants" ? | |
| Auteur | Message |
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maria La rose de l'ombre
Age : 37 Nombre de messages : 2003 Date d'inscription : 27/04/2009
| Sujet: les "gentils " ou " les méchants" ? Sam 18 Sep 2010 - 20:03 | |
| Voici une citation de Paul Claudel que j'ai trouvée aujourd'hui : "Le bien est plus intéressant que le mal parce qu'il est plus difficile"
Je suis d'accord avec lui dans ce qui est de la pratique dans la vie réelle mais en littérature... on va appliquer la chose au cas d'espèce, dans LADY OSCAR, je trouve que, au contraire, ce sont les méchants les plus intéressants parce que à la personnalité plus difficile ( au sens de compliqué).
exemple : je n'écris pas avec le gentil André traditionnel parce qu'il me parait assez peu propice aux aventures riches en suspense et en surprises ( personnalité trop évidente qui limite assez le champ d'action). Mais prenez le Général plus ambigu dans son rôle de père et de général Robespierre dans son rôle de révolutionnaire de l'extrême et de patriote ( ok, je n'ai jamais écrit sur lui mais je peux quand même en parler, non ?) Jeanne, à la fois la soeur et l'intrigante la Polignac, à la fois la mère et l'intrigante J'ai un faible pour Saint Just mais lui c'est encore autre chose, il faut le classer avec les " vrais " méchants comme Orléans...
bon, je ne sais pas de trop si cette réflexion va vous faire parler mais je tente quand même ce débât !Donc, vous en pensez quoi ? |
| | | Petrina Rose éclose
Age : 33 Nombre de messages : 1825 Date d'inscription : 29/04/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Sam 18 Sep 2010 - 20:50 | |
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Disons que le méchant a toujours une sorte de charisme, peut-être parce que le diable sait déployer ses charmes...
Si on remonte un peu le fil de l'histoire des fictions, il a quand même bien monté en grade, le méchant... Parce qu'il y a quelques paquets d'années le méchant type était un vilain pas beau avec que des défauts et des vices qui s'en prenait aux pauvres gentils tout gentils et braves qui le pourfendaient....
Je sais, je schématise mal....
Aujourd'hui en revanche, et au fil d'une longue progression, le méchant, souvent "on le comprend"... C'est souvent quelqu'un de torturé, de malheureux, qui a subi des traumatismes et qu'on prend pitié.... Quant aux gentils, ils sont devenus un peu moins... gentils...
Eh oui, les gentils ont pris aussi du galon ! Ils ont des envies pas toujours nettes, des sentiments pas toujours nobles, et surtout des défauts, et des mauvaises actions à leur actif !
Et comme tu le soulignes si pertinemment, Maria, y a des "vrais" méchants et des "faux".... LEs méchants indécrottables, bien méchants, sont les vrais....
Les autres, c'est ceux qu'on peut enjoliver de circonstances atténuantes, la Polignac par exemple, Jeanne encore plus....
St-Just... il est vrai qu'il n'est pas sans charme, surtout avec ses traits efféminés et ses attitudes cruelles...
Pour ma part, je suis plutôt pour les méchants très méchants ou ceux carrément fous... Quant aux gentils, ceux qui sont parfaits m'exaspèrent, au contraire de ceux qui sont en lutte contre leurs tares....
Très intéressant comme débat, Maria :!!
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| | | Maïlys Soldat André
Age : 48 Nombre de messages : 4568 Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Dim 19 Sep 2010 - 8:15 | |
| Le débat que tu lances, Maria, me paraît très intéressant, avec ses "nuances de méchants". Et la remarque de Petrina sur l'évolution du personnage traditionnel du "méchant" comme de celui du "gentil" est tout à fait pertinente.
J'ai peu de temps ce matin (le programme est chargé aujourd'hui, Journée du Patrimoine oblige !) mais je reviendrai dans le courant de la semaine prochaine pour ajouter mon grain de sel. |
| | | Marina Lieutenant de Girodelle
Age : 38 Nombre de messages : 6581 Date d'inscription : 29/03/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Dim 19 Sep 2010 - 15:28 | |
| En effet Maria tu nous ouvre là un excellent débat, avec pleins de réflexion intéressante ^^ Et Pétrina est également dans le vrai avec sa schématisation... Mais comme Mailys je donnerai mon point de vu plus tard; jmen vais au boulot bientôt *** Lady Oscar Lady Oscar *** |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Dim 19 Sep 2010 - 18:17 | |
| Comme Maïlys et Marina, je donnerai mon avis un peu plus tard. Avec un peu de chance dans une petite heure, sinon demain ^^ |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Lun 20 Sep 2010 - 11:28 | |
| Le bien est-il plus intéressant que le mal en littérature parce qu'il est plus difficile ?
On dirait un sujet de dissert' Maria ^^ Tout d'abord, je suis d'accord avec Petrina sur l'évolution des gentils et des méchants, et sur les faux et les vrais méchants. Mais je vais éviter de dire la même chose qu'elle. Personnellement, je trouve que même en littérature le bien est plus difficile que le mal. Je m'explique : il est plus facile d'inventer une personnalité consistante à un méchant avec une histoire personnelle tourmentée que de faire la même chose pour un gentil. En effet, je trouve qu'il n'y a rien de plus plat qu'une personnalité de personnage totalement gentil. Qu'en dire ? On peut toujours essayer d'inventer une histoire compliquée qui ferait de la bonté une réponse aux souffrances, mais ça fait un peu neuneu. Donc les personnages gentils sont plus difficiles mais pas forcément plus intéressant. D'un autre côté, la figure du méchant que l'on dépeint actuellement (il est devenu méchant parce qu'il a souffert de telle et telle chose dans son enfance ect...) a un côté attendu : on retrouve cette construction quasiment partout. Donc les personnages de méchants peuvent avoir plus de consistance sans être plus intéressants. Une fois qu'on a dit ça, on fait quoi ? On essaie d'arrêter d'opposer les méchants et les gentils pour aller voir dans les demi-teintes. Là, la palette est très riche et ça permet de composer quelque chose d'un peu moins attendu. En fait, c'est dans le fait de croiser "méchant" et "gentil" que se situe l'intérêt, à condition de ne pas tomber dans le cliché de l'enfance difficile et cie pour le méchant. J'ai écrit ça assez rapidement (je préfère écrire qqc que d'attendre le moment où je pourrais écrire la réponse parfaite : c'est assez utopique en ce moment ^^ ) et il est tout à fait possible que je repasse pour l'améliorer. |
| | | La Lionne La rose de l'ombre
Age : 57 Nombre de messages : 2644 Date d'inscription : 27/02/2008
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Lun 20 Sep 2010 - 12:35 | |
| Il serait intéressant de définir quels sont les critères qui définissent le "gentil" et ceux qui définissent le "méchant". C'est vrai qu'on a introduit un peu plus de subtilités dans la palette de base. Comme, par exemple, les cowboys sont les gentils et les indiens sont les méchants... Mais rien n'est si simple, car il faut des défauts pour faire ressortir la gentillesse d'un personnage, comme il faut des qualités ou des excuses pour faire ressortir sa méchanceté. Où s'arrête la gentillesse ? Où s'arrête la méchanceté ? De plus, on trouve souvent les "méchants" plus fascinants parce que, attention, tenez-vous bien !, nous sommes des "gentils". Si si, même ceux qui se récrient... Se pencher sur les gentils pourrait être vécu comme une introspection. On serait obligé de mettre le doigt sur nos défauts, mettre notre côté sombre à la lumière... ( A la relecture du comm', ça me fait toujours rire quand j'essaye d'introduire de la psychologie ou de la philosophie à 4 sous dans mes explications Suis pas douée pour ça ! ) Les "gentils" sont aussi perçus comme plus lisses. Or, il faut une grande force pour être un gentil, et c'est sur cette force que l'on peut jouer pour écrire. Par exemple, qui ne connait Scarlett O'Hara dans Autant en emporte le vent ? Ah, quel personnage fascinant ! La pauvre Mélie paraissait bien terne à côté d'elle. Pourtant, il a fallu une grande force de caractère à cette femme pour se confronter à tous les aléas de la vie, y compris aux tentatives de séduction de Scarlett envers son époux... Sa force intérieure lui a permis de rester elle-même. A sa mort, c'est Scarlett qui s'effondre... Pour en revenir à Lady Oscar, comme tu le dis si bien, André est le type même du traditionnel gentil. Pourtant il ne me fait pas peine ni pitié. (Ce qui ne fait pas de moi une Andrénette ) Et Oscar, est-elle gentille ou méchante ? Car on en écrit des fics avec son perso ! Une gentille intéressante ? Et Clet, le fait d'être un hors-la-loi l'oblige-t-il à passer du côté des "méchants" ? A mon avis, ce n'est guère probant. En fin de compte, comme le souligne Arlène, la question des "gentils" et des "méchants" est peut-être inapropriée... Ou pas assez poussée. Est-ce dû à mon grand âge , je trouve que les nuances vont en s'accentuant, et non en se dissolvant... En tout cas Maria, tu as soulevé un très intéressant débat ! |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Lun 20 Sep 2010 - 13:44 | |
| En te lisant La Lionne, je me suis dit qu'il serait peut-être judicieux de reposer la question en prenant en compte la distinction entre les personnages que la société (dans l'univers du roman, du film, de la série.. enifin bref de la fiction) considère comme méchants ou gentils et ceux que le lecteur considère comme méchants ou gentils. Il y aurait quelques nuances intéressantes. Je prends les exemples que tu cites : Clet est un méchant du point de vue de la société mais un gentil du point de vue du lecteur (parce qu'il apporte certaines choses à Oscar) ; Oscar est considéré comme une gentille dans la société ( ok, là, il faut distinguer sur son engagement pour puis contre la monarchie de droit divin, donc on va faire un peu plus simple et on va dire que du point de vue majoritaire à un moment donné elle est considéré comme gentille) mais elle ne fait pas forcémentl'unanimité chez les lecteurs (beaucoup sont ceux qui lui reprochent son comportement envers André, qui la trouve égoïste ect...). Quant à Mélanie, c'est une gentille du point de vue de la société, et également du côté du lecteur, mais Autant en Emporte le Vent est construit pour mettre en évidence Scarlett et non Mélanie à qui il faut certainement un caractère très fort dans la bonté pour affronter ce qu'elle affronte, et d'être la seule à voir que Scarlett est loin d'être aussi ''noire'' que certains personnages le pensent. Imaginez que l'on ait écrit en focalisant sur Mélanie, je ne suis pas certaine qu'Autant en Emporte le Vent ferait partie des romans/films dont on parle encore aujourd'hui, car on aurait eu une héroïne trop lisse, presque trop héroïque... C'est pour cela que j'insistais sur l'importance des demi-teintes. Notamment dans les personnages qui vont réfléchir sur eux-mêmes. Je ne sais pas si vous connaissez la série Dexter. Pour faire court, c'est l'histoire d'un tueur en série qui passe son temps à questionner ce qui relève de la norme, du comportement acceptable par la société, et ce qui se situe dans l'inacceptable, et à se demander comment on peut faire tenir les deux ensemble. On a un personnage en demi-teintes malgré les apparences parce que Dexter n'a pas proprement choisi de devenir tueur en série : il a été initié à cela depuis son plus jeune âge par celui qui lui a tenu lieu de père dans le but de se dresser en redresseur de tort. Une forme de Robin des Bois un peu plus sanglant. Tout l'intérêt du personnage se situe dans son questionnement sur le Bien et le Mal ou ce que l'on considère comme tel et pourquoi. |
| | | Petrina Rose éclose
Age : 33 Nombre de messages : 1825 Date d'inscription : 29/04/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 24 Sep 2010 - 13:24 | |
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D'une manière générale, je pense que l'auteur a un rôle majeur à jouer dans la définition morale des personnages. La plupart du temps lui (elle) qui choisit quels sont les personnages à aimer et ceux à détester.
Et s'il laisse le choix pour certains personnages, il reste assez autoritaire pour les plus importants. Et la plupart du temps, les procédés utilisés sont assez visibles. On sent que l'auteur a envie de faire aimer tel ou tel personnage, et détester tel autre ou tel autre.
C'est de là que naît la nuance des méchants pas trop trop trop méchants, et des gentils pas si gentils...
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| | | liberta Soldat Alain
Age : 50 Nombre de messages : 3440 Date d'inscription : 13/06/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 24 Sep 2010 - 13:46 | |
| Pour moi c'est simple ,les méchants je ne les aime pas , et les gentils je les aime bien Parfois les méchants sont d'une grande utilité pour découvrir les vrais gentils; et les faux gentils utiles pour découvrir les faux méchants tout comme les vrais méchants, euh vous me suivez toujours? |
| | | Maïlys Soldat André
Age : 48 Nombre de messages : 4568 Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 24 Sep 2010 - 22:54 | |
| Je vais essayer de ne pas répéter ce qui a déjà été dit et avec lequel je suis d’accord. Il est vrai que le « gentil » classique n’est pas toujours intéressant. Au théâtre, par exemple, les rôles du jeune premier, le bon jeune homme bien sous tous rapports, ou de la jeune première, en général l’oie blanche par excellence, ne sont pas très exaltants. Chez Molière, les personnages féminins intéressants sont les servantes, les maîtresses femmes, genre Philaminte, ou Célimène, jeune femme coquette, qui a du caractère et n’est pas parfaite. Ces gentils-là ne sont d’ailleurs pas très crédibles. Ils ne sont pas intéressants car leurs caractères ne donnent aucune prise, ne présentent aucune facette. Ils sont trop « lisses ». Il est d’ailleurs curieux de voir que ce genre de « gentillesse » est réservé le plus souvent aux jeunes, comme s'il ne fallait leur donner à voir comme modèle que ce type-là, acceptable socialement comme le souligne Arlène. Les « gentils » plus âgés sont souvent plus intéressants. Je pense par exemple à Monsieur Orgon, le père du Jeu de l’amour et du hasard, qui est un homme bon mais qui ne manque pas pour autant de caractère et de personnalité. En société, la gentillesse est souvent perçue comme une sorte de faiblesse. Surtout à l’heure actuelle, on l’on prône la réussite matérielle, le fait de gagner, la débrouillardise à la limite (ou dans) l'illégalité... Louis XVI est un roi bon et fidèle à sa femme mais on ne l’admire nullement pour ces traits de caractère. On préfère en règle générale Louis XIV, son autoritarisme et ses maîtresses, ou Napoléon et sa soif de conquête. Ces rois sont, de fait, plus hauts en couleurs et ont nettement plus marqué l’Histoire. Si ce n’était son règne contemporain de la Révolution, je ne pense que les Français auraient retenu grand-chose de Louis XVI. Ceci dit, le « méchant », noir de noir, tortionnaire, vicieux et j’en passe, n’est pas forcément intéressant. Ce méchant caricatural que l’on nous a servi pendant des siècles dans les romans d’aventure (je pense à Fu Manchu, par exemple) prête plutôt à rire maintenant. Vous savez, celui qui inventait des manières toutes plus tordues les unes que les autres de tuer le gentil héros, si tordues qu’elles lui laissaient toutes les chance d’en réchapper... Je dirais qu’à l’heure actuelle, on le trouve quasi exclusivement sous la forme du tueur en série, les modes opératoires les plus tordus remplaçant les inventions ci-dessus mentionnées J’ai l’impression qu’à l’heure actuelle on aime les caractères affirmés et les nuances de gris, ce qui nous donne des gentils qui possèdent quelques défauts (genre la colère facile et tendance à lever le coude, comme Oscar) et des méchants attachants (genre Jeanne bousculée par Germain ou pleurant à l’abri de son coude replié sans que l’on sache vraiment pourquoi). Le héros ou l’héroïne pétris de qualités se doivent d’être tout de même humains. Nous ne nous contentons plus de raides pantins accomplissant leur « devoir » envers et contre tout, sans état d’âme. Je pense que nous aimons des personnages plus proches de la vie réelle, même s’il leur arrive des aventures peu réalistes. Des personnages qui se donnent moins à voir comme modèles mais dont nous nous sentons plus proches. Et je pense que ceci est vrai pour les méchants comme pour les gentils. Ceci dit, les auteurs restent libres de créer les personnages dont-ils rêvent, des plus noirs aux plus éblouissants ; et leurs lecteurs, libres d’aimer ou de détester qui bon leur semble. Et c’est là que la personnalité et l’humeur de chacun jouent, on le voit bien dans les fictions de ce forum et leurs commentaires. *** Lady Oscar Lady Oscar *** |
| | | liberta Soldat Alain
Age : 50 Nombre de messages : 3440 Date d'inscription : 13/06/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Dim 26 Sep 2010 - 12:08 | |
| Je me permets de rajouter une pierre à l'édifice de cet édifiant débat j'ai trouvé une phrase très intéressante qui correspond assez bien à notre sujet gentil/méchant: "Le scélérat a ses vertus, comme l'honnête homme à ses faiblesses" Choderlos de Laclos (liaisons dangereuses) |
| | | Invité Invité
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Dim 26 Sep 2010 - 18:23 | |
| J'adore "Les Liaisons Dangereuses", et je suis passée à côté de cette phrase ?! Shame on me Merci Liberta : elle est très intéressante |
| | | maria La rose de l'ombre
Age : 37 Nombre de messages : 2003 Date d'inscription : 27/04/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Lun 27 Sep 2010 - 1:42 | |
| Contente que ça vous ait inspiré. :lkioujy: J'ai lu vos réactions et avis avec grand plaisir et beaucoup d'attention ! J'ai à répondre et entretenir les questions posées ! La phrase de Liberta ( ou plutôt de Laclos énoncée par Liberta) est une super trouvaille : si on se fie à elle, il faut creoire qu'au XVIIème siècle, on nuançait déjà les personnalités ! (ou bien Laclos était-il en avance sur son temps ?). Ou bien cette phrase est-elle un leurre ? Parce que, si elle est prononcée par Valmont - qu’on place quand-même dans « les méchants » pendant les ¾ du livre, hein – alors la morale de cette citation serait orientée : c’est un méchant qui excuse les méchants. Mais si c’est vraiment Laclos qui parle, alors on voit que Le gentil et le méchant ne s’opposaient donc pas fondamentalement. Là, s’emboite bien l’intervention de Maïlys sur le théâtre de Molière ( et Marivaux ! ) : le Gentil qui est le véritable héros que l’on apprécie n’est pas la jeunesse car cette dernière est trop lisse, trop innocente, trop naive. On préfère les plus vieux, les pus âgés car plus expérimentés... c’est-à-dire plus proches du vice qu’ils ont cotoyé si ce n’est éprouvé ! Il n’y aurait donc pas eu d’évolution de la notion de gentil ces dernières années... simplement une mode à une époque où l’on considérait comme gentil uniquement le vertueux... en fait, j’ai l’impression qu’on va parler de l’influence de la pensée chrétienne : le gentil d’origine tout lisse était sans doute et, en fait, le bon chrétien... donc définition du Moyen-Age. Et avec les Humanistes, puis les Lumières qui étudient l’Homme et son univers, le gentil a dû réellement évoluer vers « celui qui a plus de vertus que de vices » et c’est cette pensée qui ressort aujourd’hui ( mais on a dû connaitre une période où l’on s’inspirait de la pensée au Moyen-Age puisque, visiblement, nous avons le sentiment d’avoir connu une évolution...) Bref, je suis partie dans une réflexion sur l’histoire de la notion de gentil mais c’est pas tellement ce que je voulais dire, c’était juste une parenthèse ( une pensée à voix haute... ou aux doigts actifs, comme vous préférez !!) inspirée par la phrase de Liberta. Merci de l’avoir relevée, Liberta ! Le fait est que le gentil est devenu à moitié méchant (si on retient la définition de « méchant » comme le côté sombre d’un individu) et le méchant à moitié « gentil » ( le côté vertueux/moral ou bien le fait qu’il soit une victime au départ – on est toutes d’accord là-dessus si je jette un coup d’œil sur vos réflexions). Au final, ils ne sont donc pas plus difficiles à mettre en scène les uns que les autres – j’ai envie de dire « puisqu’ils sont pareils ! » mais la balance doit quand même pencher d’un côté ou de l’autre, donc je vais me contenter de dire « puisqu’ils sont fabriqués avec les mêmes ingrédients ». La première partie de la question trouve sa réponse. Où trouve-t-on l’intérêt, alors ? Dans ce qui ne nous ressemble pas, sans doute. On est attiré par nos contraires, non ? Le monde est trop méchant alors on aime lire des histoires gentilles. Ou bien, à l’inverse, dans nos existences conventionnelles et mornes, on s’ennuie donc on recherche l’exaltation et l’excitation d’un vice vécu par procuration : c’est donc l’effet Carthasis dont on a besoin quand on met en scène des méchants, qu’on réclame en tant que lecteur et peut-être en tant que auteur aussi ? Donc, c’est sûr que l’appréciation du personnage « intéressant » diffère d’un individu à l’autre, selon la vie qu’il mène et ce dont il a besoin de trouver dans une histoire... je dis ça en réponse à une phrase de Petrina : - Citation :
- On sent que l'auteur a envie de faire aimer tel ou tel personnage, et détester tel autre ou tel autre. C'est de là que naît la nuance des méchants pas trop trop trop méchants, et des gentils pas si gentils
Je suis d’accord avec toi sur le principe parce que tu as raison pour la plupart du temps mais il y a d’autres combinaisons qui viennent nuancer ton argument : on peut avoir envie de faire aimer un méchant en le laissant que méchant et faire détester un gentil en le laissant que gentil... et quand c’est le cas, il y a de fortes chances pour que le lecteur ne suive pas du tout ce qu’on avait prévu pour lui !!!!!!! ( oh, ça se voit tant que ça que je parle par expérience ?!! Rassurez-vous, je ne parle pas spécialement des fics que j’ai écrites ! ). Pour ce qui est du personnage de Melly dans Autant en Emporte... elle a certaineement une force morale remarquable mais je trouve qu’elle n’en reste pas moins inintéressante pour ce qui a trait au récit. C’est l’étude analytique de sa personnalité qui fait ressortir l’intérêt du personnage mais sur le plan purement fictif/narratif/littéraire, elle nous ennuie, la pauvre Melly ! On préfère de loin suivre les péripéties de l’audacieuse et impétueuse Scarlett comme le dit Arlène. Donc, ça me fait penser que si l’on préfère les demi-teintes de Scarlett, c’est sans doute bien parce que le gentil est moins intéressant que le méchant en littérature... Je ne parlerai pas de Clet, mon avis ne serait que trop partial... mais je suis très honorée que son nom paraisse dans vos discussions ! Oscar, je la classe indiscutablement parmi les gentils mais ça ne m’empêche pas de la trouver ennuyeuse comme héroïne même si sa personnalité est fascinante ( c’est pour ça que j’écris avec elle ! ). A l’inverse, si j’apprécie énormément le gentil personnage de la reine, je ne trouve pas que sa personnalité donne matière à écrire. André, c’est pareil. Mais le Duc d’Orléans, c’est un vrai pourri de chez pourri. Lui, on ne lui donnerait aucune excuse pour en faire un « méchant pas si méchant ». Et pourtant, je le mettrais à égalité avec Oscar : personnage insupportable dans la série mais alors à la personnalité tellement fascinante que ce serait génial décrire avec lui ! Voilà, je vais peut-être stopper là, non ? ( j'ai pas le temps de faire un tour de forum deu coup, fauidra que je revienne demain !!!! ) Ah non, j’allais oublier, le mot de la fin pour Arlène : sur la difficulté d’écrire avec les gentils. Si les notions de gentil et de méchant se brouillent – ou du moins se mêlent- comment trouver plus difficile d’écrire avec l’un que l’autre ? Parce qu’il est plus facile d’excuser quelqu’un en le rendant plus blanc que d’accuser en le rendant plus noir ? Pourtant le pardon est difficile à donner et on est prompt à salir les gens dans la vie quotidienne. Est-ce qu’en littérature on aurait les mêmes réflexes que dans la vie réelle ? ( à savoir, excuser les méchants car ce serait honteux et humiliant de penser qu’un être humain puisse être aussi monstrueux aussi gratuitement ? ). On écrit toujours pour une bonne raison et il y a toujours un message caché sous nos mots ( même inconsciemment). Alors est-ce qu’on aurait vraiment du mal à écrire qu’un personnage n’est pas tout blanc ? Bon, toutes ces questions ne sont pas vraiment por toi, il y en a que je me pose à moi-même aussi |
| | | Petrina Rose éclose
Age : 33 Nombre de messages : 1825 Date d'inscription : 29/04/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Lun 27 Sep 2010 - 1:53 | |
| Ah, mais Maria, quand je disais qu'on veut faire aimer des personnages, je ne parlais pas forcément des gentils... Pour un méchant, il suffit de le doter de traits séraphiques, d'une personnalité un peu désaxée, d'un passé pas trop rose, d'une intelligence et d'une puissance impressionnantes (mais en même temps, sinon, il est moisi comme méchant)....
Je prends l'exemple de Sephiroth, du jeu Final Fantasy VII. C'est à l'heure aujourd'hui l'un des méchants les plus charismatiques et les plus aimés, et à ce propos, je dirais que même maintenant que j'ai grandi et que je ne suis plus sa groupie inconditionnelle, mon coeur bat plus vite à sa vue...
Pour mon expérience personnelle, j'ai autant de plaisir à faire aimer qu'à faire détester mes personnages (le fait est que quand je fais un méchant très méchant, je veux qu'il soit bien détesté, je ne sais pas pourquoi, mais ça me réjouit).
Au sujet de Laclos, je voudrais ajouter que Les liaisons dangereuses, je voudrais ajouter que le roman était très provocateur, pour l'époque et qu'il avait fait des émules...
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| | | maria La rose de l'ombre
Age : 37 Nombre de messages : 2003 Date d'inscription : 27/04/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Mer 29 Sep 2010 - 17:13 | |
| Petrina a écrit : - Citation :
- Je prends l'exemple de Sephiroth, du jeu Final Fantasy VII. C'est à l'heure aujourd'hui l'un des méchants les plus charismatiques et les plus aimés, et à ce propos, je dirais que même maintenant que j'ai grandi et que je ne suis plus sa groupie inconditionnelle, mon coeur bat plus vite à sa vue
hmm... attends, je vais essayer de voir qui c'est, ce garçon et je reviens après ! |
| | | La Lionne La rose de l'ombre
Age : 57 Nombre de messages : 2644 Date d'inscription : 27/02/2008
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 1 Oct 2010 - 15:42 | |
| J'avoue que j'aime bien écrire avec les gentils. Je ne les trouve pas inintéressants ou lisses. Pourquoi ? Parce que ce n'est pas si facile d'être gentil. Tout le monde en est conscient dans la vie de tous les jours. Est-ce si différent en littérature ? A mes yeux, le gentil est nanti d'une véritable force intérieure. C'est cette force que j'aime travailler. Cette vie intérieure, ces moments de doute et de découragement, cette reprise de soi... Tout l'intérêt de l'exercice consiste ensuite à garder les caractères externes de cette gentillesse tout en jouant sur la richesse des émotions cachées. Euh, me fais-je bien comprendre ? Bref, je trouve qu'il y a matière à écrire sur les gentils. On peut leur faire vivre moult situations... Néanmoins, les méchants ont un espèce de charme, à la fois vénéneux et attirant, auquel il est très difficile de résister. On trouve souvent plus de plaisir à le faire évoluer. Pourtant, je ne pense pas que, finalement, ils aient une personnalité plus difficile ( ou plus de personnalité ) que les gentils... Alors, qu'importe gentils ou méchants, le principal est de trouver du plaisir à écrire. |
| | | cath Duc de Broglie
Age : 55 Nombre de messages : 13838 Date d'inscription : 09/04/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 1 Oct 2010 - 16:03 | |
| Entièrement d'accord avec la lionne. Le principal est le plaisir d'écrire. |
| | | Maïlys Soldat André
Age : 48 Nombre de messages : 4568 Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 1 Oct 2010 - 18:09 | |
| Et le plaisir de lire ! J'ai par ailleurs envie de dire que gentils et méchants se mettent souvent en valeur mutuellement. J'aime beaucoup ce que tu dis, La Lionne, à propos des gentils. - La Lionne a écrit:
- A mes yeux, le gentil est nanti d'une véritable force intérieure. C'est cette force que j'aime travailler. Cette vie intérieure, ces moments de doute et de découragement, cette reprise de soi...
Tout l'intérêt de l'exercice consiste ensuite à garder les caractères externes de cette gentillesse tout en jouant sur la richesse des émotions cachées. Tu as bien raison. Trop souvent on confond gentil avec fade et sans personnalité. Or, comme le disait si bien Claudel dans la citation avec laquelle Maria a commencé ce débat, dans la vraie vie, il est bien plus difficile de s'adonner au bien qu'au mal. Et il y faut, comme tu le soulignes, une force que nous occultons facilement. Je pense qu'autour de ce mot de "gentil", se construisent beaucoup de représentations assez négatives. Du genre : "Etre une gentille petite fille", expression qui, pour moi en tout cas, sonne très mièvre. Cela me renvoie aux Petites filles modèles. J' ai toujours préféré Sophie. *** Lady Oscar Lady Oscar *** |
| | | Petrina Rose éclose
Age : 33 Nombre de messages : 1825 Date d'inscription : 29/04/2010
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Ven 1 Oct 2010 - 23:48 | |
| Non, ce n'est pas si simple d'être gentil (bien au contraire, sinon on serait dans un bien meilleur monde!!)... mais c'est aussi difficile d'être méchant, ou plutôt d'être un méchant qui s'assume....
La mesquinerie et l'égoisme, purement attriubées au méchant, sont en fait souvent des qualités de faux gentil. Et s'il y a bien un personnage que les lecteurs prennent en mépris, c'est le faux gentil. Si le méchant est parfois détesté, le gentil snobé (parce qu'on le juge fade) ou le faux méchant rejeté, le faux gentil, lui, est à 90% des cas méprisé et plus détesté encore que le plus impopulaire des méchants.
Tout ça pour dire qu'en général, ce qui attire, chez le méchant, son charme "vénéneux" comme l'a si bien dit Lionne, c'est sa cruauté et son audace plus que sa méchanceté elle-même. Le méchant est un méchant parce qu'il OSE faire ce qu'il désire de plus horrible.
Et je pense que c'est ce qui séduit chez lui, outre l'atmosphère de mal ambiant qui l'entoure, fascinante parce qu'aujoud'hui le mal est à la mode.
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| | | Maïlys Soldat André
Age : 48 Nombre de messages : 4568 Date d'inscription : 12/11/2009
| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? Sam 2 Oct 2010 - 9:33 | |
| Tu as mis le doigt sur quelque chose de très intéressant, Petrina, en parlant de "fausseté". Je pense en effet que nous acceptons un personnage qui assume ses côtés noirs beaucoup mieux qu'un personnage qui les dissimule. Nous préférons nettement Jeanne à Madame de Polignac. Un côté noir accepté, voire combattu, chez un gentil ne nous gêne pas. Il donnerait plutôt du caractère au personnage. C'est l'hypocrisie que nous détestons fondamentalement.
Quant au charme vénéneux des méchants, ce que l'on appelle parfois "le charme du diable", je pense que nous l'apprécions dans les films et les romans. Dans la vraie vie, j'en doute. Nous nous y laissons peut-être prendre une fois mais pas à long terme, à mon avis. Parce que ce charme-là comporte une grande part de manipulation et que nous détestons tous peu ou prou être manipulés.
*** Lady Oscar Lady Oscar *** |
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| Sujet: Re: les "gentils " ou " les méchants" ? | |
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