Cette histoire de Duché de Guiche me trottait dans la tête (cf. Sur les toits de Versailles d’Arlène, lire la fiction, fic-lemon). Je suis donc aller à la pèche aux informations. On n’est pas impunément info-documentaliste !

Le titre de Duc de Guiche est donné au futur Duc de Gramont. Lorsque le tenant du titre meurt, son héritier, fils, petit-fils, frère ou neveu, prend le titre de Duc de Gramont. Le titre de Duc de Guiche passe alors à l’héritier du nouveau Duc de Gramont, celui-ci conservant le titre de Comte de Guiche.
Eh oui, la héraldique est une science quelque peu compliquée !

Il s’agit d’une très ancienne famille, dont on remonte la trace jusqu’à un sieur Bergon-Garcia, premier seigneur de Gramont en 1040. Les seigneurs sont devenus comtec en 1563 puis ducs. Le dernier Seigneur de Gramont s’appelait déjà Antoine et tenait son titre… de sa mère, Claire de Gramont, héritière de François de Gramont. C’est une particularité d’une partie du Sud-Ouest du Royaume qu’une fille puisse hériter des terres et transmettre le nom. Particularité valable dans toutes les classes de la société et perdue, au grand dam de ces dames, à la Révolution française.

Le Duché-Pairie de Gramont est érigé en 1643 à partir de la Terre de Gramont et du Comté de Guiche, des Paroisses de Bergouey et d'Escos, des Baronnies de Viellenave, Came, Sames, Léren, Saint-Pé, Bardos et Urt.
Faute d'enregistrement de la première érection, le Duché-Pairie est de nouveau érigé, à partir des mêmes terres, en 1648.
Toutes ces terres se trouvent bien dans le Sud de la France mais dans le Sud-Ouest, en Aquitaine, principalement dans les actuelles Pyrénées-Atlantiques, en Comminges et en Navarre.
Le cri de guerre de la famille était : Dios nos ayude ! (Dieu nous aide ! en langue d’oc)
La devise : Dei gratia, sum id quod sum (Par la grâce de Dieu, je suis ce que je suis, en latin).

Sous Louis XV et Louis XVI, les Ducs de Gramont portaient blason écartelé, au premier d'or au lion d'azur, armé et lampassé de gueules ; au deuxième et au quatrième de gueules à trois flèches d'argent posées en pal, dards vers la pointe ; au troisième d'or à un lévrier rampant de gueules, colleté d'azur, à l'orle de sable, semée de besants d'argent. Sur le tout, de gueules à quatre otelles d’argent. Il est plus facile de comprendre la description sur une image plus grande mais elle était très lourde. J'en poste donc une légère et vous met le lien pour voir les armoiries en plus grand.


A l’époque d’Oscar, le Duc de Guiche était Antoine VIII Louis Marie de Gramont (1755-1836), Comte de Louvigny, puis Duc de Guiche. Il deviendra Duc de Gramont et Pair de France en 1801, à la mort de son oncle, le tenant du titre.

Quand on considère son âge, celui d’Oscar, il existe un hiatus avec le personnage du manga. Son oncle, qui était alors Duc de Gramont et Comte de Guiche, conviendrait mieux. Il s’agit d’Antoine VII de Gramont (1722-1801), Comte de Lescun, puis de Lesparre, puis Duc de Lesparre, puis Duc de Gramont à la mort de son père en1745, Pair de France, Souverain de Bidache, Comte de Guiche et de Louvigny, Vicomte d'Aster, Baron d'Andouins et d'Hagetmau.
Je n’ai pas trouvé de portrait d’Antoine VIII mais voici celui d’Antoine VII.


Détail amusant, plusieurs Duc de Gramont ont été colonel des Gardes-françaises : Antoine III (1604-1678), Antoine V (1671-1725), Antoine VI (1688-1741) et le père d’Antoine VII, Louis de Gramont (1689-1745).
Pour rappel, les trois régiments chargés de la « garde » du roi et de sa famille étaient ceux des Gardes écossais, des Gardes suisses et des Gardes-françaises, régiment d’élite. Rien d’étonnant donc à ce que l’on trouve à sa tête des ducs, voire des princes du sang.

Et figurez-vous qu’il existe encore un Duc de Gramont : Antoine XIV Armand Odelric Marie Henri de Gramont (1951-), Duc de Guiche, puis Duc de Gramont en 1995 à la mort de son père, et Prince de Bidache. Son héritier est donc l’actuel Duc de Guiche !

Les Guiche n’ont pas bonne presse dans la littérature. Souvenez-vous, le méchant de Cyrano de Bergerac, qui envoie Christian de Neuvillette se faire tuer car il aime la belle Roxane, laquelle lui préfère le Cadet de Gascogne, ce méchant-là a pour nom Comte de Guiche ! Par parenthèse, le combat dans lequel meurt Christian est le siège d’Arras. Encore une coïncidence !