Avis! A tous les fans de Buffy _et en attendant l'inspiration pour autre-chose_  j'ai imaginé une petite fic un peu spéciale située après la fin de la série. Mais si personne n'est intéressé je jugerai inutile de la poster...

Bon et puis après tout, l'appétit venant en mangeant, allons-y...








 
Spike fit une moue douloureuse: il lui restait environ deux heures avant que ça commence et son coeur se mit à battre douloureusement à cette perspective.
Son coeur?
Oui, à défaut d'un meilleur terme il devait se résigner à considérer ce battement incessant dans sa poitrne comme celui de son coeur. Pourtant... Un coeur peut-il battre quand on est mort et qu'on erre en enfer?..
Il rit sarcastiquement à cette idée...
Depuis qu'il avait brûlé vif dans cette lumière il avait de nouveau un coeur et son aspect physique n'avait rien de changé; enfin pour l'instant, car dans moins de deux trop courtes heures...
Quand il avait senti son corps se consummer, qu'il avait quitté définitivement le monde des vivants sur l'image de Buffy lui disant enfin "je t'aime", il s'était attendu à aller dans une dimension infernale où il serait perpétellement torturé, enchainé, brûlé vif sans pouvoir expirer: en fait il pensait que son sort et sa dimension seraient exactement semblables à ceux d'Angel.
Mais il s'était trompé.
Il avait atterri dans une plaine sans soleil, sombre comme une nuit de pleine lune mais sans lune ni étoiles, bordée par des murs de roches impossibles à franchir ou à escalader. Pas comme dans un corridor, non, plutôt comme un appel à l'errance, sans compagnie ni espoir. Il y avait pourtant de l'herbe sur laquelle il marchait, et l'endroit n'était ni brûlant ni glacial. De plus il pouvait avancer à sa guise, dans la direction qu'il voulait, et parler comme il voulait.
C'était donc mieux que ce qu'il attendait..
Non, c'était pire!..
Car il n'avait personne à qui parler.
Car il n'avait aucune idée d'où aller.
Car cette solitude allait le rendre fou.
Car il avait toujours en lui une faim qu'il ne pouvait assouvir.
Car il était assailli par une soif perpétuelle qu'il ne pouvait étancher.
Car enfin il y avait ce supplice qui revenait toutes les semaines et qu'il s'apprêtait une nouvelle fois à affronter, sans que l'habitude en diminue en rien la douleur...

Spike se souvenait bien de comment ça avait commencé...
A-peine arrivé dans cette plaine il avait été assailli par ces douleurs atroces...
Y repenser était si douloureux, mais comment faire autrement quand on n'a définitivement que ça à faire, que depuis presque sept mois les douleurs quotidiennes sont votre seule compagnie, que d'une certaine manière vous les attendez...
Car elles sont votre seule compagnie.
Pendant les premiers temps il avait espéré qu'elles s'arrêtent et voyait la semaine de solitude les précédant comme une attente remplie d'espoir.
Puis il s'était résigné à les subir.
Puis il avait fini par les attendre, presque à les espérer...
Il ne comprenait pas ce qu'elles étaient, ni pourquoi elles revenaient toujours au bout de sept jours, ni plus ni moins, à la même heure chaque fois, toujours longues de cinq heures environ _cinq heures qui lui parraissaient cinq siècles_ jusqu'à ce qu'il cesse de faire semblant de vivre et qu'il sombres dans une deuxième mort...d'où il revenait l'instant d'après.
Il avait néanmoins un privilège dont il commençait à ressentir les bienfaits, même s'il en était inconscient, mais qui depuis sa dernière crise le tenait et lui donnait la force de continuer à marcher, même dans du rien, qui le poussait à ne pas s'arrêter et à se recroqueviller en attendant l'éternité.
Son intelligence et son expérience.
Spike s'était battu toute sa vie et bien au-delà: il ne se résignait pas comme celà.
Pas sans comprendre!
Or ces douleurs avaient quelque-chose de familier...
Non qu'il les ait déjà vécues _ça non! il s'en serait souvenu..._ mais il avait 'étrange sensation de les avoir cotoyées jadis, bien avant de devenir ce vampire doté d'une âme vouée à une seule personne.
Mais une sensation d'angoisse l'envahit soudain: le processus avait commencé...

Une crampe terrible aux abdominaux le plia en deux, en même temps qu'il se mit à grelotter, en proie à un froid glacial. Il tenta de se recroqueviller mais une nouvelle crampe, celle-ci dans l'épaule, stoppa net son mouvement. Une chaleur intense l'envahit alors. Cette fièvre et ces crampes incessantes et spasmodiques étaient cependant largement supportables: c'est de sa peau qu'il avait le plus peur... Il la sentit être comme transpercée par du fer rouge qui serait venu de l'intérieur de son corps.
Il regarda ses mains: elles se recouvraient à vue d'oeil de plaques rouges qui devenaient des petit à petit pustules écarlates et noirâtres, et il savait que tout son corps subissait le même sort.
Jusqu'à ses organes internes.
Il avait du mal à respirer, encore plus à hurler, et il savait que celà venait de ces affreuses pustules qui s'emparaient de lui tout entier.
Il était brûlant de fièvre.
Les crampes le lacéraient partout et de part en part comme des épées démoniaques décidées à ne lui laisser aucun repos.
Il savait que s'il avait pu chier sa merde aurait été aussi purulente que le reste de son corps.
Les pustules se regroupaient dans un pâté infect, remplies d'un pus acide qui lui dévorait la peau.
La peau épargnée avait pris une couleur verdâtre en moins d'une heure.
Il puait la putréfaction.
Pourtant il était encore comme vivant...
Son visage finit par être complètement envahi de pustules, son oeil droit, vaincu par l'acide du pus, cessa de fonctionner.
Le masque informe finit par tomber, emportant au passage plusieurs touffes de ses cheveux.
Puis il se reforma.
 
Spike était cloué au sol, lucide jusqu'au bout mais incappable de faire un mouvement.
Pourtant au fur et à mesure que son agonie se poursuivait la douleur devenait si intense qu'elle en devint presque anesthésiante: il réussit à organiser une pensée...
Quelque-chose n'allait pas dans ces crampes, ces pustules, ces acide, cette fièvre.
Quelque-chose était incomplet...
Il sentait que la mort arrivait et allais provisoirement le libérer, comme elle le faisait toutes les semaines.
Toutes les semaines?
Il eut soudain une idée...
Il se mit debout, cherchant une dernière énergie.
Il se mit debout?
Comment celà était-il possible?!.
Il ne pouvait même pas effleurer son poignet sans déclencher l'apparition de nouvelles plaques écarlates qui semblaient venir directement d'un tisonnier...
S'il pouvait se mettre debout, c'était que la plante de ses pieds était épargnée...
Et brusquement il comprit!
Juste avant de trépasser il hurla ce nom qu'il avait enfin démasqué.
 
Lorsqu'il revint à lui il sentit comme une étrange brise lui carresser le visage _toute trace du cataclysme y avait disparu_.
Il sentit soudain un nouvel espoir l'envahir et il partit droit devant lui: il savait que c'était par là qu'il devait aller...
Les murs de pierre lui renvoyaient l'écho du monstre qui était en lui et qui allait patienter encore une semaine avant de le dévorer de nouveau, un monstre au surnom cyniquement ressemblant avec "William le Sanglant".
Mais un monstre qu'il avait démasqué et qu'il avait enfin nommé.
"VARIOLE!"

Spike marchait depuis longtemps. Il ne savait pas pourquoi il était aussi décidé et aussi sûr de la direction qu'il prenait mais il l'était.
Le matin il prenait la route et marchit malgré la soif, malgré la faim.
Plus il marchait plus il s'épuisait.
Plus il s'épuisait plus il avait soif...
Il marchait toute la journée, ne s'accordant qu'une pause vers la mi-journée; enfin... "mi-journée" était un terme générique car dans cette plaine il n'y avait ni journée, ni nuit: tout était exactement semblable mais le vampire n'en perdait pas pour autant la notion du temps et fixer un temps objectif, même arbitraire, lui permettait d'avoir des repères.
Il s'arrêtait seize heures après s'être mis en marche et dormait huit heures.
Mais celà ne diminuait pas sa soif...
Une fois par semaine la variole hémorragique _ la "mort rouge"_ le dévorait, mais il se remettait toujours en marche, persuadé qu'il allait dans le bon sens.
Et au bout de dix jours il en eut des preuves.
La plaine devenait parfois plus large, puis il prit des gorges plus escarpées.
Il lui fallut encore une quinzaine de jours pour apercevoir enfin des ombres humaines, puis quelques spectres d'âmes en peine errant dans ette dimension infernale.
Il avait de plus en plus soif...
Quelque-chose le perturbait: les lémures avaient toutes l'air absentes, leur regard était vide, toutes semblaient flotter sur leurs jambes quand elles n'étaient pas simplement prostrées; alors que lui avait une démarche assurée et qu'il pensait bien avor conservé un regard ferme et déterminé.
La soif devenait au fil du temps de plus en plus insupportable, anormalement insupportable...
Trois jours après il entendit au loin le clapotis d'un fleuve.
Il accéléra le pas.
Il lui fallut six jours pour parvenir dans une plaine plus peuplée.
Elle semblait être à la croisée de plusieurs chemins et une brise fraiche y soufflait. Au loin une montagne résonnait d'un éboulement qui s'arrêta brutalement, remplaçé par un bru plus sourd; mais il ne s'en préoccuppait pas: à uelques dizaines de mètres de lui un fleuve coulait...
Il allait s'y précipiter quand:
"Spike?!"
Il se retourna précipitemment.
Sortant de l'ombre d'un rocher à-même le sol une silouhète féminine s'approcha de lui à pas rapides quoiqu'hésitants. Il la reconnut immédiatement, comme il avait reconnu immédiatement sa voix. Mais sa surprise demeurait énorme.
"Tara?!"
La jeune femme lui sourit.

"Ben ça alors..."
Le vampire était estomaqué: l'idée que Tara McLay ait été envoyée dans une dimension infernale ne lui serait jamais venue à l'esprit...
"Alors toi-aussi tu...
-Oui.
-Mais comment ça se fait que? Et pourquoi Willow n'a pas?.. Elle m'a dit que comme tu étais morte sans magie elle?.."
La jeune femme éclatta de rire.
"Sans magie? Spike je suis une sorcière, j'ai été victime d'une déesse qui m'a mis le cerveau en morceaux, j'étais l'amante d'une sorière, l'amie d'un démon vengeur, d'une tueuse de vampires, l'amie aussi d'un vampire. Enfin... _elle se reprit_ je crois?"
Spike sourit à son tour.
"Tu peux le dire. Merci de me considérer comme un ami..."
Tara fronça les sourcils.
"Attend Spike: je sais qu'à ta manière tu savais être genti mais je ne t'ai jamais entendu dire directement un mot gentil à quelqu"un...
-De l'eau a coulé sous les ponts entre ta mort et la mienne... _répondit le vampire, les yeux dans le vague_
-Tu veux dire que tu as une!?.
-Continue ton histoire! _interromit-il_
-Oui, pardon... _elle se reprit_ Je veux dire que j'ai été imprégnée de magie toute a vie et que ça laisse beaucoup de traces, quand-bien même ma mort ait été naturelle. Tu l'as bien vu quand tu as tenté de ressuscitter Joyce.
-Mais dans ce cas pourquoi Willow n'a pas réussi à te ramener?
-Je n'ai pas été envoyée dans la dimension qu'elle croyit et qu'elle connait. Tu sais qu'il y en a des milliers et Willow, comme toutes les créatures existantes, n'a qu'une connaissance très restreinte de l'au-delà. Et puis elle a peut-être fini par m'oublier... _le regard de la sorcière était rempli d'angoisse et une buée y était comme attardée_
-Ne dis pas de bêtises."
Le vampire et la sorcière s'échangèrent un sourire.

"Bon maintenant Spike si tu m'expliquais comment tu es arrivé ici et ce qui s'est passé dans le monde des vivants entre ma mort la tienne.
-Oh, rien que ça... Ca risque de prendre du temps..._Tara désigna d'un geste la plaine qui les entourait avec un sourire douloureux et ironique_ Oui tu as raison: le temps ici est autrement plus abondant que le whisky... _ses paroles lui rappelèrent douloureusement sa soif_ Bon: par quoi veux-tu commencer?
-Si tu commençais à m'expliquer pourquoi tu es parti la veille de ma mort?.."
Le vampire resta immobile quelques secondes.
"Je t'ai abandonnée...
-Pardon??
-Je vous ai abandonnés tous au moment où vous aviez le plus besoin de moi..
-Spike...
-Si j'avais été là j'aurais pu empêcher ça: j'aurais pu achever Warren avant qu'il s'échappe, tu n'aurais peut-être pas été tuée.
-Spike ça suffit! _le vampire avait le regard lointain_ Regarde-moi! _il obtempéra comme réveillé en sursaut_ Depuis quand as-tu récupéré ton âme?.."

"Comment le sais-tu?
-Depuis quand?"
Le vampire regarda vers le sol.
"Spike, qu'as-tu fait qui t'ait poussé à partir cette nuit-là? Qu'est-ce qui te ronge depuis tout ce temps?..
-Tu veux vraiment tout savoir?
-Avant tout je voudrais que tu répondes à une question essentielle...
-Laquelle?
-Tu l'aimes toujours?.."
Le vampire regarda la sorcière dans les yeux.
"Oh oui! Plus que jamais..." répondit-il sans pouvoir s'empêcher de sourire
La sorcière lui rendit son sourire.
"Dans ce cas je pense que rien ne me surprendra: vas-y."
Et le vampire lui raconta tout: la tentative de viol, l'épreuve volontaire qu'il avait endurée avec succès, comment il avait récupéré son âme, sa folie, les remords terribles qui l'assaillaient sans cesse depuis ce temps, comment la Force l'avait torturé dans les souterrains du lycée, comment Buffy l'avait sauvé, les moments qu'ils avaient partagés... Il ne lui tut pas non-plus ce qu'il avait su de Willow, ni la manière dont Alex avait perdu son oeil. Il termina par le dernier combat: la flamme qui avait uni sa main et celle de Buffy, comment cette-dernière lui avait dit "je t'aime", comment il s'était forcé de ne pas y croire, comment enfin il avait été dévoré par cette lumière...
La sorcière buvait ses paroles. Les choses qu'il lui apprenait sur Willow la bouleversaient mais elle ne voulait pas l'interrompre, trop hapée par le récit et trop désireuse d'en connaitre la conclusion.
Lorsqu'il eut fini is restèrent silencieux quelques temps, méditants mais souriants.
 
"Tu sais Spike, elle t'aimait vraiment...
-Comment le sais-tu? Tu étais ici depuis plus d'un an déjà... _la sorcière eut un rictus douloureux qu'i ne remarqua pas_ Alors répond-moi Rhéa*: comment sais-tu qu'elle m'aimait vraiment?..
-Comment savais-tu que je n'étais pas un monstre?
-Pardon?
-Quand tu m'as frappée dans la boutique de magie, tu savais que tu allais souffrir, n'est-ce pas? Tu t'y étais préparé.
-Oui.
-Donc tu savais que je n'étais pas un monstre.
-Oui. _le vampire et la sorcière se regardaient fixement dans les yeux, sans ciller_
-Comment le savais-tu?..
-Je le savais, c'est tout. _répondit le vampire après un temps_ C'était évident, c'était clair comme de l'eau de roche, c'était...
-Eh bien c'est comme ça que je le sais pour Buffy. Même quand tu étais un monstre elle avait des sentiments pour toi: elle s'inquiétait pour toi, elle se sentait plus que merdeuse de t'utiliser comme un objet sexuel. Alors avec une âme..."
Ils rirent, se prenant spontanément la main. Puis soudain le vampire se plia en deux, pris d'une terrible crampe. Il se dégagea violemment.
"Spike...
-Tara, va-t-en!
-Mais, Spike...
-Va-t-en vite je te dis: c'est peut-être contagieux!..
-Mais qu'est-ce qui t'arrive?
-Mon châtiment...
-Ton quoi? Mon dieu, ton visage!!.
-C'est la variole: j'en ai pour cinq heures, ne reste pas là!.."
La douleur était si intense qu'il n'eut bientôt plus conscience que d'elle. Jamais il n'avait eu de crise si douloureuse. Il sentit les vers sortis de ses yeux rapidement devenus aveugles grouiller sur tout son corps. La dernière pensée consciente qu'il eut fut: "je n'avais jamais eu alors de complication vermineuse". Il agonisa encore pendant quatre heures et quand il en fut délivré il était tellement affaibli qu'il resta au sol, à-demi conscient. Une main bienveillante lui caressaa le visage.
"Ca va?"
Il se retourna en sursaut.
"Tara qu'est-ce que tu fais encore là? Je t'avais dit de t'éloigner!.. _la sorcière sourit doulreusement_
-Je suis déjà en enfer: qu'est-ce que tu veux qu'il m'arrive de plus?.."
Le vampire reconnut le bien fondé du raisonnement. Puis il se leva et se dirigea versle fleuve.
"Où vas-tu?
-Je crève de soif: je vais aller me désaltérer et je reviens tout de suite.
-Spike, non!
-Quoi?
-Ne vas pas boire l'eau de ce fleuve! Jamais!
-Mais qu'est-ce qui te prend? Tu deviens folle?
-Suis-moi, tu vas comprendre."
Elle prit son col au niveau de la nuque d'une main plus solide qu'une serre et l'amena vers le fleuve.
 
 
 
 
 
 
 
 
 
 
*Rhéa: une des lunes de Saturne, dieu du temps dans la mythologie romaine

"Regarde de l'autre côté..."
Le vampire scruta l'obscurité du large fleuve mais il était très difficile de distinguer quoi que ce soit: la rive opposée était plongée dans l'ombre, une ombre bien plus dévorante que celle de la plaine où il se trouvait.
"Je ne vois rien... Aïe!"
La sorcière l'avait attrappé par les cheveux et l'obligeait à regarder un point précis. Il réussit alors à distinguer une étrange forme fantômatique: une sorte de barque sur laquelle se tenait un passeur encapuchonné, d'une maigreur spectrale.
"Tu le vois maintenant?
-Oui, merci, tu peux me lâcher maintenant..."
La sorcière relâcha son étreinte.
"Charon n'est-ce pas? _Tara approuva silencieusement_ Nous sommes donc dans le Tartare...
-Tu comprends surtout ce que signifierait pour toi de boire cette eau?
-Oui... Et j'imagine que tous ces braves gens qui nous entourent ont subi le même sort?..
-C'est probable. Ce n'est pas par hasard que nous avons si soif toi et moi...
-Et à ton avis combien de ces gens ont enrichi le passeur?..
-Pardon?
-Combien savaient que ce fleuve était le Styx et y ont bu en toute connaissance de cause?.."
La sorcière eut un nouveau rictus douloureux que cette fois-ci le vampire remarqua.
"Tu t'es souvent posée cette question, n'est-ce pas?" dit le vampire en souriant
La sorcière ferma les yeux et serra les lèvres pour arrêter les sanglots. Le vampire posa une main bienveillante sur son bras.
"Tara... _elle ouvrit les yeux_ Qu'est-ce qui s'est passé pour toi depuis que tu es arrivée dans cette dimension?.."

"Quand je suis arrivée j'étais attachée à un rocher à une centaine de mètres du sol. Le rocher était lisse et le sol fourmillait de rochers.
-Tu n'avais donc pas envie de t'en détacher.
-Non, en-effet. _répondit la sorcière en souriant_ Mais j'aurais peut-être dû car...
-Car quoi?
-Non: il ne faut pas que j'y repense!..
-Sinon quoi?
-Sinon... Ah!"
La sorcière se mit à hurler, terrifiée.
"Tara qu'est-ce qui se passe?
-Il arrive! Il arrive!!
-Qui?
-Non, pitié! Pas ça!!"
Tara avait mis les mains entre ses jambes: à sa terreur une affreuse douleur s'ajoutait.
"Il est là! Il me dévore! Nooooon!!!
-Tara...
-Spike, aide-moi, par pitié!.. _la sorcière sanglottait_ Aïïïïïïe!"
Le vampire eut soudain une idée.
"Un aigle?
-Oui! Il est en train de me dévorer le con!..
-Mais aujourd'hui tu es libre."
La sorcière cessa soudain de pleurer.
"Mais tu as raison. _elle donna un coup de pied dansle vide_ Va-t-en sale bête! Dégage!
-Attend je vais t'aider.
Le vampire, jouant son jeu, s'était emparé de l'aigle imaginaire et le maintenant au sol. Tara donna des coups de pied plusieurs minutes puis retomba au sol, épuisée. Le vampire se pencha sur elle.
"Un jour je n'ai plus pu tenir. J'ai décidé de sauter. Comme tu le sais je n'ai eu mal qu'un instant, puis tout s'est terminé. J'ai décidé de marcher droit devant moi. Mais depuis ce temps chaque fois que j'y repense je ressens tout comme le premier jour... Je ne te remercierai jamais assez pour ce que tu viens de faire.
-Je n'ai rien fait.
-Si: tu m'as donné confiance. Grâce à toi j'ai pu être plus forte que cet aigle spectral..."
Les deux amis restèrent un moment silencieux, tentant de se remettre de leurs émotions.
"Mais comme tu n'a pas payé le passeur, comment as-tu fait pour savoir ce qu'était ce fleuve?
-Grâce à lui."
Tara désigna un spectre sans âme, le regard hagard. Mais quand Spike l'examina atentivement il ne put retenir une exclamation stupéfaite:
"Oscar Wilde??!"

Le vampire était de plus en plus estomaqué: à sa connaissance Oscar Wilde n'avait commis aucun crime qui ait pu l'envoyer dans une dimension infernale...
Il se souvint alors de certains détails étranges, tant dans ce qu'il avait vécu que dans ce que lui avait dit Tara: lorsqu'il avait réussi à nommer le monstre qui le torturait il avait senti une brise lui carresser le visage, brise qu'il n'avait jusqu'alors jamais ressentie; de même cette impression de savoir où aller alors qu'il avait jusque là tourné en rond. Une idée lui vint mais il préféra laisser la sorcière terminer son histoire.
"Donc quand tu es arrivée ici tu as tout de suite reconnu l'écrivain dans cette lémure? Chapeau bas...
-En fait je me suis cognée dedans quand je courais. _ils eurent tous les deux un petit éclat de rire_ Mais en le regardant je l'ai reconnu bien sûr. J'ai été effarée par son regard vide et c'est là que j'ai regardé plus attentivement ce fleuve et que j'ai reconnu Charon...
-Et depuis ce temps-là tu as attendu.
-Oui. J'étais bloquée mais lucide et quand je n'y pensais pas cet aigle spectral de revenait pas me violer.
-Mais pouvais-tu vraiment t'empêcher d'y penser?
-Non, et c'est ça qui était horrible. Mais j'avais néanmoins l'espoir qu'un jour quelqu'un viendrait. Et c'est ce qui s'est passé... _conclut-elle avec un sourire_ Quand je t'ai vu j'ai presque cru que j'étais revenue dans le monde des vivants."
Ils rirent tendrement. Mais le vampire n'en avait pas fini:
"Tu m'as dit que plusieurs fois tu avais été tentée de boire l'eau du Styx et de tout oublier..."
La sorcière redoudait la question qui allait forcément suivre...
"Oui...
-Mais alors pourquoi ne l'as-tu pas fait? Celà t'aurait empêché de repenser à tes regrets, ou de te faire perpétuellement violer..."
Le vampire avait parlé très sérieusement, mais il avait aussi un petit sourire engageant. La sorcière le regardait dans les yeux: elle savait qu'il ne la provoquait pas sans raison mais elle avait peur de paraitre puérile et vaine si elle disait vraiment ce qu'elle ressentait. Le vampire la regarda plus intensément.
"Pourquoi? _dit-il d'une voix douce_
-Parce que je l'aime. Et que je ne peux pas me faire à l'idée de l'oublier, même si je ne dois jamais la revoir..."
Le vampire eut un sourire plus large et satisfait.
"Bon! Eh bien que dirais-tu de tenter de la retrouver?..
-Pardon???"

"Quand tu t'es détachée de ce rocher tu nas rien remarqué de bizarre?
-De bizarre?..
-Tu m'as bien dit que tu avais vu en contrebas de nombreux rochers, ce qui t'avait dissuadé de tenter le grand plongeon..
-Oui.
-Mais regarde un peu autour de toi: hormis quelques mastodontes isolés je ne vois rien ni n'ai rien vu pendant mon voyage qui aurait pu m'inciter, moi, à redouter plus que ça une chute d'une centaie de mètres.
-Bon sang mais tu as raison! Il me semblait bien qu'il y avait quelque-chose qui clochait et c'est vrai: quand je me suis relevée il n'y avait que de l'herbe autour de moi, et aucun rocher. Bon il faut dire que j'ai fermé les yeux pendant ma chute...
-Réflexe compréhensible. _ils s'échangèrent un éclat de rire_
-Mais comment l'as-tu su?
-A cause de la brise: quand j'ai nommé mon monstre je m'en suis senti libéré et j'ai eu sur le visage cette brise que je n'avais jamais ressentie auparavant.
-Je te suis mais où veux-tu en venir exactement?..
-Simplement à ceci: sans nous en rendre compte nous vont été envoyés dans une dimension différente de celle où nous nous trouvions quand nous sommes arrivés, ce qui signifie qu'elles peuvent être franchies! Il ferait beau voir que nous ne puissions pas revenir dans le monde des vivants tôt ou tard si nous le voulons vraiment et si nous nous en donnons les moyens!.."
La sorcière se redressa et regarda le vampire dans les yeux.
"Par où allons-nous?
-Je ne sais pas moi.. Tiens, allons par là: j'ai l'impression que cette montagne va nous permettre de montrer ce que nous valons..."
La montagne était manifestement à plusieurs jours de marche, mais ils n'en avaient cure : ils étaient déterminés à se sortir de cette dimension, et ils allaient mettre le temps qu'il fallait!
Spike connaissait l'empathie naturelle de la sorcière qui l'avait toujours traité comme un homme et non comme un monstre: il savait qu'en cas de coup dûr elle ne le laisserait pas tomber...
Tara était heureuse que le vampire soit à ses côté: elle avait peut-être des a-priori plus positifs que ses amis vu qu'elle l'avait toujours connu inoffensif mais elle était consciente de ce qu'elle lui devait et elle avait mesuré l'attachement profond qu'il lui portait: elle savait qu'il serait là pour la relever s'il lui arrivait de tomber...
 
 
Ils marchèrent trois bonnes semaines avait d'arriver à la montagne, se relayant pour dormir et se donnant une contenance forcée malgré la soif qui les tiraillait. Le bruit des éboulements leur parvenait tous les deux jours, la variole continuait à lacérer régulièrement Spike mais quand Tara repensait à son supplice ils s'y mettaient ensemble pour lui éviter un nouveau viol.
Enfin ils arrivèrent au pied de la montagne. Un homme soufflait, accoudé à un énorme rocher, le visage résigné de ceux qui ont perdu tout espoir mais qui ne peuvent pas oublier. Le vampire et la sorcière s'échangèrent un regard et un sourire sourire entendus.
Ils connaissaient parfaitement l'identité de ce supplicié...

"Besoin d'un coup de main?" lança Spike
L'homme le regarda sans comprendre.
"Un coup de main? Vous pourriez tuer un dieu?!
-Je peux toujours essayer..."
Le vampire et la sorcière rirent mais l'homme les interrompit, résigné.
"Non ce n'est pas la peine. Après tout si je suis ici c'est que j'ai dû le mériter...
-Et en quoi l'auriez-vous mérité? _demanda Tara_
-Ca fait plusieurs millénaires que je suis condamner à monter ce rocher en haut de cette montagne. J'ai été puni pour ma prétention, mon immodestie: je ne méritais rien de mieux après tout...
-Pardon?! _le vampire était offusqué par ces paroles_
-C'est une longue histoire jeunes gens: j'ai agi pour méliorer la condition de certains vivants mais aujourd'hui personn n'a retenu mon nom...
-Détrompez-vous... _le vampire était très sérieux: l'homme fronça les sourcils_
-Nous savons à la fois qui vous êtes et ce que vous avez fait. _renchérit Tara_ Et croyez-moi vou pouvez être fier!"
L'homme n'en croyait pas ses oreilles. Il fit un signe de tête interrogatif. Spike sourit ave satisfaction.
"Excusez-moi sire, j'ai quelques mots à dire en privé à mon amie."
Au mot "sire" l'homme eut pour la première fois un sourire qui lui illumina le visage. Le vampire et la sorcière s'éloignèrent de quelques pas, puis ils se retournèrent, firent une révérence respectueuse et dirent d'une même voix:
"Roi Sisyphe..."
Ils se retirèrent un peu plus loin.

"Alors tu as l'intention de tuer un dieu?.. _plaisanta Tara aussitôt qu'ils furent assez loin pour ne pas être entendus par l'ancien roi de Corinthe_
-En quelque sorte..."
La sorcière ne s'attendait pas à cette réponse.
"Je pense que je sais pourquoi toutes ces âmes, la nôtre y compris, errent dans le Tartare...
-Il y a je pense un dénominateur commun, oui, mais j'avoue qu'il m'échappe encore...
-Il t'échappe? Pourtant c'est toi qui devrait le trouver le plus facilement vu que tu l'as cotoyé beaucoup plus longtemps..."
La sorcière réfléchit quelques secondes.
"Oscar Wilde?
-C'est bien ça."
La sorcière demeurait interdite.
"L'homosexualité?
-Dorian Gray!.."
La sorcière sentit de plus en plus la logique, mais elle avait besoin de réfléchir à voix haute.
"Le portrait dévoilant une vérité qu'on voudrait cacher, et parfois qu'on se cache à soi-même...
-Oui. _le vampire précisa_ Mais pas forcément dans le sens du roman...
-Oui e commence à voir... Une sorte de miroir retourné c'est ça? Qui nous renvoie un portrait différent de ce que nous voyons en nous regardant dans le miroir..._le visage de la sorcière s'ilumina_ Donc...
-Une honte injustifiée. _termina le vampire_
-Mais non! _Tara était révoltée_ Je n'ai pas honte d'être lesbienne! J'aime Willow et...
-Mais tu sous-estimes l'amour qu'elle a pour toi: tu as encore honte de lui avoir menti jadis, et tu t'en veux d'être morte comme ça... _la sorcière baissa les yeux_
-Et toi?
-Moi je suisvampire, j'ai fait du mal à tous ceux que j'aimais, j'ai tenté de violer celle que j'aimais.
-Tu étais un monstre: tu n'avais pas choisi de l'être! Et tu as passé des épreuves dont personne n'a idée: nul n'a le droit de te juger et encore moins de te condamner! Et je sais qui tu es au fond de toi... Tu mérites d'être aimé Spike, et tu devrais au-contraire être fier de toi pour tout ce que tu as fait: j'ai beaucoup de chance d'avoir un ami comme toi et je refuse de te perdre!..
-Eh bien, si après ça tu as encore honte de toi je ne vois pas ce que je peux faire...
-Quoi?
-Tu t'es entendue? Tu as vu ce que tu m'as dit? Et tu pense encore que tu ne mérites pas d'être aimée toi aussi?.. Comme si tu étais responsable du hasard! Comme si tu avais choisi ta famille!.. Tara tu es plus forte que tous ceux que j'ai connu: ne te condamne pas à la solitude. _ils se regardèrent dans les yeux_ Moi non-plus je ne te laisserai pas tomber..."
Les mains serrées le vampire et la sorcière se mirent à sourire, puis à rire de façon incontrôlée.
"On aura besoin de ça pour convaincre notre bon roi...
-Je suis prête à lui lancer un sort d'allégresse s'il le faut..."
Main dans la main ils retournèrent près du rocher maudit.

"Sire, pouvez-vous nous rappeler ce qui vous a conduit à être l'ennemi du roi des dieux?..
-Ma prétention.
-Mais encore?
-Quoi "mais encore"? Que voulez-vous me faire dire jeune homme?
-Nous voulons remonter à l'origine même de votre histoire. _précisa la sorcière_ A la base que vouliez-vous obtenir?.."
Sisyphe réfléchit quelques secondes: cela faisait plusieurs millénaires qu'il ne s'était plus posé la question en ces termes.
Devant son hésitation, Spike et Tara s'échangèrent un clin d'oeil complice.
 
"Je voulais une fontaine dans ma ville afin que mon peuple n'ait plus à s'épuiser pour chercher de l'eau.
-Ca a marché?
-Ca a marché, oui: j'ai profité d'une querelle entre Zeus et Asôpos pour convaincre ce-dernier de m'aider. Il a donné une fontaine à ma ville qui a ainsi prospéré, et en échange je lui ai promis de découvrir l'endroit où se cachait son ennemi.
-Mais vous avez échoué ce qui a justifié le fait que vous ayiez été puni pour votre prétention..._dit la sorcière en souriant malicieusement_
-Comment ça, jeune fille? J'ai tenu ma promesse! Je tiens toujours mes promesses, moi!! Mais Zeus a gagné le combat et pour me punir d'avoir été plus intelligent que lui il m'a envoyé la mort. _le roi s'exaltait au fur et à mesure qu'il racontait et une colère venue du fond des âges semblait petit à petit le gagner_ Mais j'avais prévu le coup et je l'attendais: quand elle a franchi les portes de mon palais je l'ai capturée. Au bout de plusieurs mois seulement Zeus a envoyé Héphaistos la délivrer et elle s'est emparée de moi, alors que je n'étais ni malade ni blessé!!! Mais une nouvelle fois j'avais anticipé: j'ai demandé à mon épouse chérie, Mérope, de ne pas honorer ma dépouille. Aussi j'ai pu convaincre Hadès de me laisser revenir parmi les vivants afin, lui ais-je dit, de rappeler ses devoirs mon épouse. Je n'avais bien évidemment nulle intention de revenir et quand la mort m'a repris ce fut bien ds années après, et à cause des ravages de la vieillesse..."
Le vampire et la sorcière souriaient: ils avaient réussi à ranimer la flamme chez l'ancien roi: il ne restait plus qu'à conclure.
 
La sorcière donna le premier coup:
"Et vous vous dites prétentieux?..
-Comment? Mais évidemment: j'ai lutté contre les dieux et...
-Et vous avez gagné! _interrompit le vampire_ Il n'y a prétention que quand il y a défaite, sire: vous vous êtes battu contre tous les dieux de l'Olympe, et vous les avez tous vaincus grâce à votre seule intelligence: vous croyez vraiment mériter votre sort?!. Moi j'appelle l'attitude de ces dieux de la bassesse et de la mesquinerie...
-Misérables immortels!.. _Sisyphe bouillonnait_ Mais comment espérez-vous que je m'en sorte? Vous pouvez vraiment tuer un dieu?.."
Le vampire et la sorcière sourirent.
"Zeus veut que vous montiez un rocher en haut d'une montagne? Eh bien nous allons vous aider à le satisfaire...
-Sauf que vous n'aurez plus jamais à le refaire: ensemble nous ferons en sorte qu'une fois en haut de la montagne il y reste.
-Et vous pensez que?..
-C'est la manière la plus sûre de tuer un dieu. _affirma la sorcière_ Prouver que l'entr'aide, l'amitié, l'effort commun, ne rend jamais une tâche vaine..."
Le roi médita quelques instants.
"Je vous crois!.."

Pousser, pousser, se tenir sur ses gardes, prendre des relais, partir devant pour repérer le terrain: les trois amis ne se décourageaient pas, mettant toute leur énergie dans leur quête forcené.
Ils s'encourageient mutuellement.
Ils ne se pressaient pas mais essayaient de garder un certain rythme pour ne pas faiblir.
A mi-chemin du sommet la pente devint plus raide: Tara laissa donc les hommes pousser et se mit à disposition exclusivement por déblayer et guider.
Le sommet approchait de plus en plus.
Le moral des trois augmentait de plus en plus.
Ce fut Tara qui annonça l'arrivée: les trois se mirent alors autour du rocher, le maintenant puis s'en éloignant en restant sur leurs gardes, prêts à se précipiter dessus pour l'empêcher de re-dévaler la pente.
Au bout de quelques minutes il fut stabilisé.
Le visage du roi s'illumina tandis qu'une lumière aveuglante commença à l'envelopper: il eut le temps de regarder le vampire et la sorcière dans les yeux et de leur dire "merci!", puis il disparut.
 
La vampire et la sorcière s'étaient instictivement pris la main. Mais à-peine la lumière eut-elle disparue avec le roi de Corinthe que Tara poussa un hurlement apeuré et Spike le vit enfin: spectral, les yeux absents et remplaçés par de simples orbites, l'aigle monstrueux qu'elle luivait décrit fonça sur son amie et se mit à chanter en se dirigeant vers son intimité:
"D'abord je veux avec ma langue natale deviner tes pensées,
Mais toi, déjà, déjà tu tangues aux flux et reflux des marées...
Love, on the beat; love on the beat.
Je pense à toi en tant que cible, ma belle enfant écartelée;
Là: j'ai touché le point sensible, attend...
-Oh oui attend un peux que j'en aie fini avec toi sale bête!" interrompit Spike
Il s'empara du spectre par le cou et l'immobilisa au sol. La sorcière se jeta alors dessus et l'étrangla, les yeux brillant d'une haine venue du fond de ses tripes. En quelques secondes le spectre monstrueux cessa de bouger.
Spike poussa alors à son tour un cri de douleur.
"Spike, qu'y a-t-il?" demada la sorcière, inquiète
Et ce fut en chantant qu'il lui répondit:
"Je suis malade, complètement malade,
Comme quand ma mère sortait le soir
Et qu'elle me laissait seul avec mon désespoir
Je suis malade, parfaitement malade...
-Non mais qu'est-ce qui nous arrive?? _interrompit la sorcère_ Comment se fait-il que nous nous mettions soudain à pousser la chansonnette?.."
Cette remarque mit immédiatement fin au calvaire du vampire.
Un regard leur suffit pour se comprendre.
"Sweet, où êtes-vous?!" crièrent-ils.
Le bruit de ses claquettes précéda le rouge démon de la danse, toujours habillé avec autant de classe et portant aussi beau que quand ils l'avaient connu, tandis que le décor se reconstuait autour d'eux, leur donnant l'impression de se trouver dans un gigantesque théâtre à l'italienne. Le rouge des rideaux et des fauteuils en velour était aussi intense que la peau du démon qui s'avança, souriant.
En échageant un regard le vampire et la sorcière se surprirent en découvrant qu'ils souriaient eux aussi jusqu'aux oreilles...

"Ainsi vous avez réussi. _dit le démon_ Vous n'avez pas voulu vous contenter du Tartare et il vous a fallu changer de dimension en contrariant au passage la moitié des dieux...
-Sweet, ce que nous voulons c'est revenir su terre. _répondit le vampire_
-Et pourquoi? Vous ne vous sentez pas mieux ici? Sans les soucis, sans les douleurs? Vous savez que la terre est infiniment plus agréable pour moi que cette dimension: là-bas les gens souffrent, se mentent, tuent: c'est pour ça que je vais souvent m'y amuser incognito...
-Je m'en doute... _sourit Tara_
-Alors expiquez-moi..."
Le démon avait cependant un sourire malicieux... Tara répondit en premier:
"C'est pas l'Eden cette petite orange bleue...
-Mais c'est pas l'enfer...
-C'est peut-être un peu des deux... _chantèrent-ils ensemble, puis le vampire reprit_
-Mais moi je l'aime ma petite orange bleue:
C'est là où je vis
C'est là que je soupire le mieux. _et d'une même voix ils conclurent_
-Et elle m'attire: j'aime bien son genre d'atmosphère..."
 
Le démon sourit plus largement et leur désigna le rideau rouge qui masquait une partie de la scène:
"Vous avez été intelligents, solidaires, tenaces, déterminés: il est possible que vous puissiez quitter ce lieu. Mais je vous préviens: seul l'amour désormais peut vous aider. Vous devez penser à lui comme au premier jour sans douter de sa réciprocité...
-Et cette réciprocité est-elle vraie?
-Ca c'est la deuxième étape que vous ne pouvez contôler jeune fille: mais d'abord vous devez chasser ce doute de vos têtes ne serait-ce qu'une seconde, car seuls les dieux d'ordinaire reviennent sur terre et les dieux étant omniscients n'éprouvent jamais le moindre doute. Egalez-les une seule seconde et le rideau s'ouvrira qui vous laissera voir ceux que vous aimez et qui fera entrer un peu l'essence de ce monde chez eux..."
Spike ferma immédiatement les yeux et leva la tête, en proie à une concentration et à un désir qu'il s'efforçait d'exalter.
"Buffy..."

Le vampire se mit à chanter et Tara ouvrit de grands yeux, éberluée par ce qu'elle entendait:
 
"Je voudrais dormir près de toi
Et te souhaiter le bonjour
Après une longue nuit d'amour
Oh oh oh je voudrais rester près de toi
Et découvrir sur ton visage
Que tu n'es pas un mirage
 
Je t'aime, je t'aime,
C'est mon coeur que tu entends
Car ma voix est partie retenir le temps
Je t'aime, je t'aime,
J'ai besoin de te le dire
Dans ma vie il suffit de ton sourire
 
Je voudrais dormir près de toi
Etre là quand tu t'éveilles
Aux premiers rayons de soleil
Oh oh oh je voudrais rester près de toi
Pour te regarder rêver
Et te couvrir de baisers..."
 
La sorcière n'en croyait pas ses oreilles:
"Spike, tu es sûr que tu vas bien?.. J'ai l'impression que tu ne t'es pas entendu quand tu débitais...
-Oh le texte est un peu fleur-bleue c'est vrai. _interrompit le démon_ Mais je suis certain que ça a été efficace, n'est-ce pas?..
-Oui: je la vois enfin. _dit le vampire_
-Mais où? Tout ce que je vois moi c'est un rideau rouge...
-Tara, apprend à t'abandonner et à prendre tes fantasmes pour la réalité.
-Mais s'ils ne l'étaient pas?
-Ils le sont: le simple fait d'y penser les rend réels car ta pensée est réelle..."
La sorcière essayait de se convaincre que son ami disait vrai mais le doute était trop grand pour qu'elle le chasse.
Elle regardait fixement ce rideau qui ne lui apparaissait que rouge écarlate, essayant de ne voir que Willow, mais impossible d'y arriver.
Elle était au bord des larmes.
Le vampire se détourna de l'image de son amour et attrappa son amie par les épaules sans douceur:
"Oh vraiment Tara, réveille-toi un peu! Ce n'est pas possible que ce soit le doute qui te vainque! Pas toi! Allons:
Toi qui a brisé la glace
Sais que rien ne remplace la vérité
Et qu'il n'y a que deux races
Ou les faux ou les vrais. _il la lâcha mais planta son regard dans le sien_
L'amour te porte dans tes efforts
L'amour de tout délie les secrets
Oh et face à tous ceux qui te dévorent
Aimer est plus fort que d'être aimée!.."
La sorcière ferma les yeux et se concentra de toutes ses forces tandis que son ami reprenait le refrain: elle se laissa envahir par la musique qui réveillait sa confiance.
Enfin elle la vit!
Le démon claqua des doigts et la scène où ils se trouvaient ne fit plus qu'une avec la terre où leurs amis vivaient. Il fit également apparaitre une bouteille d'un vin à la robe aussi rouge que le velours des fauteuils et au bouquet sublime annonçant un cru exceptionnel.
 
Eperdue de reconnaissance, la sorcière se tourna vers le vampire, les yeux humides, un sourire illuminant comme un soleil son beau visage:
"Oh mon ami, oiseau de nuit
Oh mon ami, je te remercie... _le démon enchaina_
-Le petit rouge est servi. _mais la sorcière ne regardait que le vampire et remarqua malicieusement_
-Ta gitane est finie...
Et moi je t'écoute encore, et encore et encore
Oh mon ami, oiseau de nuit
Oh mon ami, je te remercie. _heureux, le vampire se prit au jeu_
-Nous mangerons au levant, épuisés mais contents. _et ce fut à trois qu'ils conclurent_
-Parlant de musique encore, et encore, et encore."
Ils s'acordèrent ensuite quelques secondes pour savourer le nectar, fêtant ainsi leur victoire: ils avaient accompli tout ce qu'ils devaient acomplir: ils devaient maintenant attendre pour voir s'ils avaient vraiment leur place dans le monde des vivants.
Au fond d'eux, le vampire et la sorcière tremblaient de peur; mais le démon leur adressa un sourire complice et un petit clin d'oeil malicieux...

Sweet annonça la couleur d'un air théâtral:
"Vos amis vivent toujours ensemble, dans une ville-dortoir du Nevada: comme ils ne m'ont pas invoqué la musique qui entre désormais dans leur monde ne les forcera pas à dire les vérités qu'ils ne veuent pas, cependant elle ne leur permettra pas de mentir pour autant.
-Et nous pourrons nous matérialiser et revenir parmi eux?
-S'ils vous disent des mots d'amour, des vrais, vous le pourrez quand bon vous semblera. Mais si vous vous raccrochez à un espoir vain vous risquez de souffrir pour l'éternité, ici, sans espoir de retour... Ah au fait: comme vous avez progressé ensemble jusqu'ici vous voyez la même chose l'un que l'autre: c'est le prix à payer...
-Quoi qu'il en soit je ne reviendrai pas sans toi Spike: c'est hors de question. Et ça ne prête pas à discussion!..
-J'aurais peut-être pas osé le dire comme ça, mais c'est pareil pour moi:.
-Comme c'est touchant. _marmona le démon_ Limite si ça ne me donnrait pas envie de vous aider plus activement... Mais non: ce n'est pas mon rôle et vous nen avez pas besoin. Bonne souffrance!.."
 
Buffy terminait sa journée de travail: les clients partaient peu à peu et elle, le regard bas, chantait tristement:
"J'suis rien qu'une serveuse automate
Ca m'laisse tout mon temps pour rêver
Même quand j'tiens plus debout sur mes pattes
J'suis toujours prête à m'envoler
J'travaille à l'Undergroudn Café
 
Y a longtemps que j'ai pas vu le soleil
Dans mon univers souterrain
Pour moi tout les jours sont pareils
Pour moi la vie ça sert à rien:
Je vis comme un néon éteint..."
 
Enfin vint l'heure de partir. Elle quitta le lieu sans un mot, sans un sourire, et se mit en route vers la banieue dortoir de la ville.
Spike remarqua qu'elle avait toujours un pieu sur elle mais elle n'y prenait pas garde.
Ell regardait autour d'elle, blasée et déprimée.
Elle méditait:
"De New-York à Tokyo, tout est partout pareil:
On prend le même métro ers les mêmes banlieues,
Tout le monde à la queue leu leu
Les néons de la nuit remplacent le soleil
Et sur toutes les radios on danse le même disco
Le jour est gris, la nuit est bleue..."
A mesure qu'elle se rapprochait de chez elle elle se déchirait de plus en plus:
"Monopolis:
Il n'y aura plus d'étrangers:
On sera tous des étrangers
Au milieu de Monopolis..."
Et arrivée devant chez elle elle conclut, adossée à un arbre pour masquer ses larmes:
"Je me vois assise sur un banc
Seule
Au milieu de Monopolis..."

A la maison l'ambiance était aussi morose que la nuit qui tombait.
Alex, le seul qui semblait moins atteint par la déprime ambiante, sortit le whisky, mais Spike et Tara virent que lui non-plus n'était pas épargné par les fantômes du passé lorsqu'il déclara:
"Allez mes amis,
Buvons un verre à la santé d'hier, à la santé du temps,
Du bon temps:
Quand il n'en manquait pas un de tous nos vieux copains.
Buvons un verre à la santé d'hier et oublions demain..."
Mais l'ambiance se dérida à-peine: Giles fuyait dans ses pensées, ainsi que Dawn; Willow et Kennedy se parlaient sans un sourire, machinalement; Buffy enfin feignait la fatigue pour dissimuler sa déprime.
Au bout d'un moment tous montèrent se coucher.
 
"Fin du premier acte. _déclara Sweet_ Voulez-vous dormir un peu vous aussi pour, comme dit votre ami, "oublier demain"?..
-C'est ça: pour que vous nous jetiez un sort? Je ne suis pas folle!.. _Spike sourit puis renchérit_
-De plus comme vous le savez
C'est la nuit que je pars en cavale
C'est la nuit que je perds les pédales
Que je parle sans trop savoir à qui
C'est la nuit... _la sorcière enchaina en souriant malicieusement_
-C'est la nuit que je refais le monde
C'est la nuit que je défais les blondes
Quand elles tombent de leur lit dans mon lit
C'est la nuit...
-Toi et moi on devient copains
-Et on boit à tout, à nous, à rien... _et ensemble ils conclurent_
-On y croit jusqu'au petit matin
Oh oh oh c'est la nuit, quand les locomotives
Sont parties siffler sur l'autre rive
Que j'arrive à éclatter ma vie
C'est la nuit..."
Au fond d'eux, même s'ils avaient honte de l'avouer, cette ambiance déprimante qu'ils avaient vu leur donnait de grands espoirs: il ne leur fallut pas attendre longtemps pour en avoir la confirmation...

Le matin se levait à-peine.Dans la chambre Willow se réveillait sans un sourire.
Elle bouscula légèrement Kennedy qui ne bougea pas.
Elle remit machinalement le drap sur elle et lui effleura les cheveux.
Assise tristement sur le rebord du lit elle chanta:
"Je me lève, et je te bouscule:
Tu ne te réveilles pas, comme d'habitude,
Sur toi je remonte le drap:
J'ai peur que tu aies froid, comme d'habitude,
Ma main carresse tes cheveux
Presque malgré moi, comme d'habitude,
Mais toi tu me tournes le dos,
Comme d'habitude..."
Elle commença à s'habiller, méditant ce qui semblait pour elle une litanie lasse:
"Et puis je m'habille très vite,
Je sors de la chambre, comme d'habitude,
Toute seule je bois mon café,
Je suis en retard, comme d'habitude,
Sans bruit je quitte la maison:
Tout est gris dehors, comme d'habitude.
J'ai froid je relève mon col,
Comme d'habitude..."
Accoudée au chambranle de la porte, la tête voutée et les yeux embués, elle s'évada dans la détresse:
 "Comme d'habitude: toute la journée
Je vais jouer à faire semblant:
Comme d'habitude je vais sourire,
Comme d'habitude je vais même rire!
Comme d'habitude enfin je vais vivre
Comme d'habitude..."
Elle referma la porte et s'en alla sans se retourner. Dans le lit Kennedy ouvrit les yeux...
 
 
Assise sur le côté, regardant pensivement et tristement la porte close, la jeune femme murmura:
"Sous aucun prétexte je ne veux
Avoir de réflexe malheureux:
Il faut que tu m'expliques un peu mieux
Comment te dire adieu..."
 
A ces mots le visage de Tara s'éclaira d'un fol espoir. Spike lui serra l'épaule dans un élan de joie qu'il n'avait pas cherché à contrôller.
Tandis que la maisonnée se réveillait et que chacun vaquait à ses occupations (Sweet fit remarquer que c'était dimanche), Kennedy sortit. Son visage ferme indiquait qu'elle avait pris une décision...

Willow était sortie de la ville, elle s'était assise et regardait à l'ouest, vers le désert.
Vers la Californie.
Vers Sunnydale...
Kennedy vint la trouver. Elles s'échangèrent à-peine quelques banalités: la jeune Potentielle n'avait jamais perdu de temps pour agir, et elle sentait que le poids qu'elle portait depuis maintenant bien longtemps devait partir: elle avait déjà son sac à la main et elle franchit le pas:
"Entre  nous, on s'est toujours tout avoué,
Tout permis et tout pardonné
On a toujours tout affronté...
Et pourtant je sens qu'entre nous
Rien ne peut plus vraiment sauver
Cet amour qu'on s'était juré,
Nos serments pour l'éternité...
 
Oser tourner la page
Quand le cœur n'y est plus:
Pour garder le meilleur
De ce que fut notre bonheur...
Oser tourner la page
Quand le cœur n'y est plus:
C'est encore et toujours
Comme une dernière preuve d'amour..."
La sorcière l'écoutait sans un mot, des larmes perlaient à ses yeux mais elle ne disait rien.
Au fond d'elle, elle était reconnaissante de n'avoir pas à prononcer ces mots elle-même: elle savait que ça n'aurait été sinon qu'une question de temps.
Kennedy enchaina:
"Je sais bien que l'on a fait tous les efforts:
Il n'y a ni raison ni tort:
Le désamour est le plus fort... _se sentant cruelle en voyant Wlllow pleurer, elle tenta d'adoucir le moment: de lui montrer qu'elle ne lui en voulait pas_
Mais quand je vois couler tes yeux
Au fond de moi je nous en veux
De ne pas avoir pu faire mieux: 
Combien je me sens malheureuse...
 
Oser tourner la page
Quand le cœur n'y est plus:
Pour garder le meilleur
De ce que fut notre bonheur...
Oser tourner la page
Quand le cœur n'y est plus:
C'est encore et toujours
Comme une dernière preuve d'amour...
 
Entre nous, juste un dernier mot pourte dire:
Je n'emporte pour l'avenir
Que le plus beau de tes sourires.
 
Oser tourner la page
Quand le cœur n'y est plus:
Pour garder le meilleur
De ce que fut notre bonheur...
Oser tourner la page
Quand le cœur n'y est plus:
C'est encore et toujours
Comme une dernière preuve d'amour..."
 
Il n'y avait rien d'autre à dire: elles s'échangèrent un dernier baiser et Kennedy tourna à droite et partit vers le nord.
"Assez admirable d'une certaine façon..." commenta Spike
 
Willow revint vers la maison, tristement.
Elle fut pressée de questions sur le fait qu'elle revenait seule.
Et où était Kennedy?
Et pourquoi elle avait l'air si absent?
Elle répondit laconiquement:
"On a rompu."
Les questions plurent alors de plus belle, aussi idiotes qu'inutiles, aussi insupportables que futiles.
"Oh, pitié, laissez-la un peu tranquille..." commenta Spike; Tara lui adressa un sourire
Willow n'en pouvait plus:
"Assez!!!"
Elle se mit face à eux: quitte à passer pour incurablement dépressive elle voulait du moins mettre fin à ce calvaire de questions:
 "Vous mes amis, tant de fois vous me dites
Que d'ici peu je ne serai plus triste:
J'aimerais bien vous croire un jour mais j'en doute avec raison:,
Essayez de répondre à ma question:
 

Qui saura, qui saura, qui saura
Qui saura me faire oublier, dites-moi,
Ma seule raison de vivre, essayez de me le dire:
Qui saura, qui saura, oui qui saura?..
 

Vous mes amis essayez de comprendre
Une seule fille au monde peut me rendre
Tout ce que j'ai perdu, je sais qu'elle ne reviendra pas
Alors si vous pouvez dites-le moi:
 

Qui saura, qui saura, qui saura
Qui saura me faire vivre d'autres joies?
Je n'avais qu'elle sur terre et sans elle ma vie entière
Je sais bien que le bonheur n'existe pas...
 

Vous mes amis le soleil vous inonde
Vous dites que je sortirai de l'ombre
J'aimerais bien vous croire, oui, mais mon coeur y renonce:
Ma question reste toujours sans réponse...
 

Qui saura, qui saura, qui saura
Qui saura me faire oublier, dites-moi,
Ma seule raison de vivre essayez de me le dire:
Qui saura, qui saura, oui qui saura?

Qui saura, qui saura, qui saura
Qui saura me faire revivre d'autres joies?
Je n'avais qu'elle sur terre et sans elle ma vie entière
Je sais bien que le bonheur n'existe pas...

Qui saura, qui saura, qui saura
Qui saura me faire oublier, dites-moi,
Ma seule raison de vivre essayez de me le dire:
Qui saura, qui saura, oui qui saura?.."
Elle avait terminé sa chanson dans un nouveau déchirement, la voix claire et haute mais le visage pareil à Niobé _comme ne manqua pas de le remarquer Spike_.
Le vampire et la sorcière s'étaient pris par les épaules, hypnotisés par la scène. Sweet, qui les regardait du coin de l'oeil, sourit discrètement.
Dans la maison tous étaient paralysés, honteux et bouleversés.
Ce fut Buffy qui le première reprit ses esprits. Elle marcha doucement vers son amie et la serra dans ses bras, en lui caressant doucement les cheveux:
"Je comprends, tu sais... _lui murmura-t-elle_ Je vis la même chose..."

"Tu vis la même chose?"
Willow était estomaquée. Giles et Alex froncèrent les sourcils.
"Attend Buffy: tu ne vas pas me dire que tu penses encore au monstre qui t'a violée...
-Tenté de me violer.
-Quelle différence?!
-La différence Alex, c'est d'abord ce que j'ai ressenti en moi! Ensuite c'est qu'il n'avait pas d'âme et qu'il a retrouvé la sienne précisément pour expier ça! Enfin c'est que c'est très facile de classer les gens en bons et en méchants comme tu le fais tout le temps, mais que la vérité est souvent plus nuancée...
-Et en quoi, là, elle l'est?!
-Elle l'est car pendant un an je l'ai traité comme un esclave! Je me suis servie de lui comme d'un objet de défoulement soit physique, soit verbal soit sexuel...
-Et alors? _interrompit Giles_ Il était consentant, non?
-Je le pensais: ça me donnait bonne conscience. Mais l'objet s'est révolté un soir... J'ignore si je l'avais mérité mais en tout cas je lui ai pardonné.
-Mérité??? Buffy, il a essayé de te tuer pendant des années, il a tenté de te violer, et tu lui trouves encore des excuses??!
-Il nous a sauvé la vie des dizaines de fois! Il m'a aimée et soutenue mieux que vous tous réunis! C'est vrai:
L'était bâti comme un moineau
Qu'aurait été malade
A la bouche, derrière son mégot,
Y avait des gros mots en cascades.
L'était pas bien gros c't'asticot,
Mais c'était une vrai boule de haine,
On lui filait plein d'noms d'oiseaux.
Même ceux qui l'connaissaient qu'à peine
L'appelaient la teigne.

Avec les gonzesse, les d'mi j'tons,
L'était encore plus vache:
J' te pique tes sous, j'te fous des gnons,
Tu tombes amoureuse et j'm'arrache.
Pour sa p'tite gueule, ses poings d' béton,
Plus d'une se serait jetée à la Seine,
Elles lui parlaient d'amour passion,
Y répondait pas des châtaignes:
C'était une teigne. _elle les regarda tous dans les yeux, dans une attitude de défi_

Mais moi qui l'ai connu un peu,
Quand parfois j'y repense,
Putain ! c'qu'il était malheureux...
Putain! c'qu'il cachait comme souffrance...
Sous la pâle blondeur de se frange,
Dans ses yeux tristes, dans sa dégaine
Mais j'suis sûre qu'au ciel c'est un ange
Et quand j'pense à lui mon cœur saigne.
Adieu la teigne...
Adieu la teigne...
Adieu la teigne..."
Ils la regardaient bouche bée, ce qui décupla et sa tristesse et sa colère:
"Ah ça vous surprend, n'est-ce pas? Mais vous comprenez pourquoi je ne vous l'ai jamais dit?.. Vous avez vu comment vous le traitiez?! Comment vouliez-vous que je vous parle?! Il n'y avait qu'une personne à qui je pouvais me confier et à qui j'aurais pu dire qu'aujourd'hui encore je l'aime, et que je regretterai toute ma vie d'avoir ouvert les yeux trop tard...
-Et qui c'était? _osa timidement Willow_
-Tara."

Sweet regarda le vampire, s'inclina, et lui dit:
"Jeune homme vous pouvez rejoindre le monde des vivants: vous avez réussi votre quête."
Tara prit son ami dans ses bras:
"Vas-y Spike, et merci pour tout. J'espère que je te reverrai un jour..."
Mais le vampire la regarda dans les yeux.
"Non. On reviendra ensemble ou pas du tout: une promesse est une promesse..."
Sweet eut un sourire malicieux. Il exécuta quelques pas de danse et claque des doigts.

"Désormais vous avez une nuit: une nuit pour communiquer avec eux de la manière que vous voulez. Je vous conseille, jeune fille, d'en faire bon usage..."
Le vampire et la sorcière se regardèrent, gênés. Les deux se souvenaient qu'ils étaient condamnés à voir les mêmes choses, et cette nouvelle liberté ressemblait à un cadeau empoisonné...
Le vampire prit la parole le premier:
"Tara, si nous voulons revenir, je pense d'une part que tu dois, toi, profiter de cette nuit, et d'autre part tu devras te manifester la première lors de notre retour...
-J'ai peur Spike: je crains d'être maladroite et de ne pas savoir qu lui dire... Et si j'apparais en fantôme sans lui avoir parlé avant...
-Tu trouveras les mots. Dis-lui simplement ce dont tu as besoin de sa part et ensuite montre-toi à elle.
-Tu ne voudrais pas le faire à ma place?
-Certainement pas! Ce n'est pas mon rôle et ce serait inutile."
La sorcière savait que son ami avait raison. Elle attendit quelques temps: celui pour toute la triste maisonnée d'aller se coucher.
Elle entendit Willow faire couler sa douche.
"Spike, j'aurais besoin s'il te plait..."
Elle n'eut pas besoin de terminer sa demande que le vampire s'était déjà retourné, respectant l'intimité de la sorcière aux cheveux de feu.
"Willow..."
Willow leva la tête et regarda autour d'elle, cherchant la provenance de cette voix surnaturelle.
"Tara? Tara, c'est toi?!.
-Ecoute Willow...
-Tara où es-tu??
-Ecoute-moi: je ne sais pas si ce que je vais te dire changera quoi que ce soit mais:
Si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne crois pas que tes souvenirs me gênent
Et cours, cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver...
Si tu crois un jour que tu m'aimes
Et si ce jour-là tu as de la peine
A trouver où tous ces chemins te mènent
Viens me retrouver...
Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S'installe en toi
Pense à moi
Pense à moi
Mais si tu crois un jour que tu m'aimes
Ne le considère pas comme un problème
Et cours et cours jusqu'à perdre haleine
Viens me retrouver
Si tu crois un jour que tu m'aimes
N'attends pas un jour, pas une semaine
Car tu ne sais pas où la vie t'emmène
Viens me retrouver
Si le dégoût de la vie vient en toi
Si la paresse de la vie
S'installe en toi
Pense à moi
Pense à moi
Mais si tu..."
 
Willow se racrochait au pommeau de la douche comme une désespérée.
L'eau brûlante lui lacérait le corps mais elle ne s'en rendait pas compte.
Elle était ivre de larmes.
"Tara... Je n'ai pas envie de mourir...
-Je le sais. Et je n'ai pas envie que tu meures...
-Mais alors..."
Soudain Tara sentit qu'une main la tirait vers l'arrière.
Spike ne s'était pas retourné mais il n'avait rien perdu de la conversation:
"Tu lui en as assez dit. _il regardait son amie dans les yeux avec insistance_ Pour le moment..." ajouta-t-il

"Tara!"
Willow appelait son amour de toutes ses forces, mais Tara, suivant le conseil de Spike, resta silencieuse.
La sorcière finit enfin par se calmer et alla se coucher.
Plusieurs heures après elle n'avait toujours pas trouvé Morphée.
"Tu peux y aller."
Spike souriait avec douceur. Un peu plus loin Sweet observait la scène, admiratif quoiqu'agacé par la sagacité du vampire et par la confiance que la sorcière lui vouait.
Tara apparut à son amour, diaphane et entourée d'un halo de lumière.
"Tara! _Willow n'osait pas en croire ses yeux_ Tu es vivante??
-Non Willow: je ne suis pas vivante. Et je ne te ferai souffrir ma présence que cette nuit si tu ne veux pas de moi. Seulement...
-Oh Tara..."
Willow s'était redressée, et Spike fit un pas de côté: les deux jeunes femmes se regardaient dans les yeux, débordantes d'amour, et Willow parla la première:
"Si un jour tu veux revenir
Sans mots, sans pleurs, sans même sourire
Négligemment et sans te retenir
Sans farder du passé tout l´avenir...
Le soir quand je te vois sourire
Sur cette photo qui ne veut rien dire... _Tara ajouta en souriant_
-Sous ta vieille lampe qui tremble et chavire _Willow reprit_
-Tu viens grimacer dans mes souvenirs
Maintenant, comme avant,
Doucement, sans pâlir, sans mentir, sans souffrir...
Aujourd´hui, je te dis: souffrir par toi n´est pas souffrir:
C´est comme mourir ou bien faire rire
C´est s´éloigner du monde des vivants _Tara tenta d'ironiser mais ne put ce faisant dissimuler ses doutes et sa tristesse_
-Dans la forêt, voir l´arbre mort seulement...
Comme un jour tu viendras sûrement
Dans ce salon qui perd son temps... _mais Willow voulait y croire et l'interrompit_
-Ne parlons plus jamais de nos déserts!..
Et si tu restes je mets le couvert _Tara sourit et enchaina sans pause_
-Maintenant, comme avant,
Doucement, sans pâlir, sans mentir, sans souffrir...
Aujourd´hui, je te dis : tous les voyages ne veulent rien dire
Je sais des choses qui te feraient rire... _les deux souriaient de plus en plus et Willow renchérit_
-Moi qui entassais des souvenirs par paresse
Ce sont tes vieux chandails que je caresse
Maintenant, comme avant...
Doucement restons-en au présent pour la vie,
Aujourd´hui, reste ici..."
Sweet applaudit et Spike ne put retenir un éclat de rire triomphant...

Tara ne savait plus ni quoi faire ni quoi dire: la joie qui la submergeait était trop intense, trop violente, trop suffocante...
Elle riait. Elle riait tellement que les mots qu'elle essayait d'articuler s'étouffaient dans sa gorge.
Elle pleurait également. Elle pleurait si fort que ses sanglots prenaient la place des mots d'amour qu'elle aurait voulu prononcer.
 
Willow dévorait son amour des yeux.
Son visage à la fois hilare et ruisselant de larmes lui semblait plus beau que le soleil.
Le son de ses éclats de rire mêlés de ses sanglots était pour elle la plus merveilleuse des symphonies.
 
Quand elle fut un peu calmée, Tara chercha des yeux le démon de la danse. Celui-ci hocha approbativement la tête. Une nouvelle vague de joie la submergea:
"Willow je le peux maintenant! Je t'expliquerai en détails mais je peux revenir dans le monde des vivants!..
-Mais comment??.
-C'est grâce à toi ma chérie, c'est grâce à toi!..
-Euh, une minute Tara s'il te plait...
-Qu'est-ce qu'il y a Spike?
-Spike?? Tara, à qui tu parles?..
-Oh pardon, désolé. _le vampire apparut, aussi diaphane que la sorcière_
-Mais qu'est-ce que tu fais là?
-C'est une longue histoire, la rouquine: je te raconterai plus tard. _il se tourna vers son amie, l'air gêné_ Tara je sais ce que j'ai entendu et je sais aussi que je peux revenir aussi mais...
-Tu voudrais l'entendre de sa bouche.
-Et les yeux dans les yeux... _Tara sourit_
-Je comprends.
-Je sais que je ne devrais pas et que tu aurais envie de... _la sorcière l'interrompit_
-Je comprends je te dis... _elle se tourna vers son amour_ Willow je ne sais pas si tu as compris mais..
-Oh mais si j'ai compris. Et d'ailleurs Spike je trouve ça plutôt romantique... _sourit-elle_ Mais je peux venir: il suffit que je me lance un sort d'invisibilité, enfin si tu le permets...
-Oh rassure-toi: ces derniers temps j'ai usé de tellement d'artifices pour te retrouver... Alors que tu lances un sort ça ne vas pas me rendre malade, ni toi...
-Dans ce cas je vais y aller incognito, vous me suivez?"
Spike et Tara, de retour sur la scène rouge, pouvaient se voir, mais Willow dut user de toute sa discrétion pour entrer sans bruit dans chambre de Buffy, tout celà sous le regard attentif et intéressé de Sweet.
 
"Buffy..."
Spike avait murmuré à l'oreille de son amour qui dormait d'un sommeil agité.
"Spike?"
Buffy n'avait pas ouvert les yeux, se croyant encore dans son rêve. Elle murmura:
"Spike, je t'aime... S'il te plait dis-moi que tu me crois... Reviens: j'ai besoin de toi... _le vampire parla alors à plus haute et plus intelligible voix_
-Buffy. _la tueuse se redressa en sursaut_ Si je te disais que je suis vraiment là et que tu avais le choix de disposer de moi, de me revoir et de me faire revenir si tu le voulais, que ferais-tu?.. _Tara eut un petit rire ému et tendrement ironique_
-Oh, Spike...
Aucune chanson, aucune saison
Aucun violon n'aurait le charme de cet instant
Aucun souvenir, aucun désir
Aucun plaisir ne serait jamais assez grand
Que te revoir dans mon histoire
Dans ce miroir ou nous avons été amants
Nos soirs de fêtes nos cœurs poètes
Etaient fait pour écrire les page d'un roman
Pour te dire je t'aime comme avant
Je pourrais brûler un océan
Pour te dire je t'aime à présent
Je pourrais marcher au dessus du volcan...
Je laisse Noël au père Noël
L'année nouvelle ne nous verra pas autrement
Que déchirés que partagés
De séparation en cris d'amour étonnants
Aucun voyage, aucun visage
Aucun nuage n'a pu me faire pleurer autant
Mais je dois dire qu'aucun sourire
N'a su me faire souffrir d'amour si tendrement
Pour te dire je t'aime comme avant
Je pourrais brûler un océan
Pour te dire je t'aime à présent
Je pourrais marcher au dessus du volcan
Pour te dire je t'aime comme avant
Je pourrais brûler un océan
Pour te dire je t'aime à présent
Je pourrais marcher au dessus du volcan
Du volcan, du volcan..."

Le vampire apparut à sa dulcinée. Ses yeux brillaient d'espoir mais il était tellement subjugué qu'il ne parvenait pas à sourire.
"Dis-le moi dans ce cas..."
Buffy n'en croyait pas ses yeux.
"Alors c'est vrai?!.
-D'après toi, pourquoi poussez-vous la chansonnette depuis deux jours?..
-Tu avec Sweet?
-Oui, mais pas seulement...
-Avec qui d'autre?
-Buffy: dans les yeux, dis-moi que tu m'aimes...
-Je t'aime Spike: je t'aimais depuis longtemps mais depuis que tu es parti j'en ai vraiment pris conscience. Sans toi je dépéris...
-C'est vrai!
-Willow?? Mais d'où sors-tu?
-De ma chambre. _Willow souriait jusqu'aux oreilles_ Crois-moi Spike:
Elle disait "J'ai déjà trop marché,
Mon cœur est déjà trop lourd de secrets,
Trop lourd de peines"
Elle disait "Je ne continue plus,
Ce qui m'attend, je l'ai déjà vécu.
C'est plus la peine"
Elle disait que vivre était cruel
Elle ne croyait plus au soleil
Ni aux silences des églises
Même mes sourires lui faisaient peur:
C'était l'hiver dans le fond de son cœur.
-Tu peux parler Willow! Navrée d'être un peu directe mais je n'ai jamais trouvé Tara envahissante de son vivant, en-revanche depuis qu'elle est morte...
-Quoi?? Qu'est-ce qu'elle a fait depuis que je suis morte? _Tara était apparue d'un coup, aux aguets et le sourire aux lèvres; Spike sourit enfin_
-C'est d'elle dont tu parlais Spike?! _Buffy croyait vivre un rêve_
-Alors elle était comment?
-Mal.
-Mais encore?
-Euh laisse tomber Tara...
-Mais si. _Buffy souriait sarcastiquement_ Ah tu ne pourras pas y échapper ma grande. _elle annonça théâtralement_ Elle a voulu mourir.
-De quoi??!
-Oui Tara: peu après avoir quitté Sunnydale je me sentais si mal qu'une nuit... _la sorcière se tut_
-Une nuit, en patrouillant, je l'ai retrouvée seule au milieu du cimetière. Et tu as dit, je m'en souviens mot pour mot:
"J'ai la tête qui éclate
J'voudrais seulement dormir
M'étendre sur l'asphalte
Et me laisser mourir

Stone le monde est stone
Je cherche le soleil
Au milieu de la nuit

J'sais pas si c'est la terre
Qui tourne à l'envers
Ou bien si c'est moi
Qui m'fais du cinéma
Qui m'fais mon cinéma
Je cherche le soleil
Au milieu de ma nuit
Stone le monde est stone
J'ai plus envie d'me battre
J'ai plus envie d'courir
Comme tous ces automates
Qui bâtissent des empires
Que le vent peut détruire
Comme des châteaux de cartes
Stone le monde est stone
Laissez-moi me débattre
Venez pas m'secourir
Venez plutôt m'abattre
Pour m'empêcher d'souffrir
J'ai la tête qui éclate
J'voudrais seulement dormir
M'étendre sur l'asphalte
Et me laisser mourir
Laissez-moi me débattre
Venez pas m'secourir
Venez plutôt m'abattre
Pour m'empêcher d'souffrir
J'ai la tête qui éclate
J'voudrais seulement dormir
M'étendre sur l'asphalte
Et me laisser mourir
Et me laisser mourir..."
-C'est vrai, j'ai voulu mourir cette nuit-là. Mais heureusement tu m'as ramené à la raison, et aujourd'hui regarde...
-Mais toi Spike, _interrompit Buffy_ comment as-tu vécu... Enfin "vécu" façon de parler... Le fait d'être séparé de moi dans une dimension différente, donc apparemment inextricable?.."
Le vampire réfléchit sous l'oeil attentif des trois jeunes femmes.
"Je crois que j' ai toujours cru au fond de moi... En nous deux je veux dire... _il sembla méditer mais prit rapidement l'air ironique et grandiloquent qui annonçait bien l'affabulation mais qui dissimulait très mal ses sentiments profonds_
Dans ma solitude
Amoureux malheureux
Si près de ton coeur
Mais si loin de tes yeux
Je cherchais comment te dire encore je t'aime
Sur un piano qui pleure
Je t'ai fait cette chanson
Qui n'appartient qu'à toi
Qui portera ton nom
Même au bout du monde elle te suivra quand même
L'amour c'est la musique
Qui fait battre nos coeurs
L'amour est si magique
Qu'il efface nos pleurs
L'amour c'est toi et moi
Moi et toi pour toujours
L'amour c'est la musique
L'amour c'est un refrain
Qui fait chanter nos vies
L'amour c'est un chagrin
Qu l'on casse qu'on oublie
L'amour nous fait rêver
Nous fait faire des folies
Et tu es ma musique
Un papillon de nuit
S'est posé sur ma main
Comme un signe de bonheur
Un amour qui revient
J'ai senti soudain
Battre ton coeur près du mien
Et puis dans les étoiles
J'ai vu nos initiales
Comme un feu d'artifice
Au milieu d'un grand bal
Mille musiciens jouaient pour toi ce refrain
L'amour c'est la musique
Qui fait battre nos coeurs
L'amour est si magique
Qu'il efface nos pleurs
L'amour c'est toi et moi
Moi et toi pour toujours
L'amour c'est la musique
L'amour c'est un refrain
Qui fait chanter nos vies
L'amour c'est un chagrin
Qu l'on casse qu'on oublie
L'amour nous fait rêver
Nous fait faire des folies
Et tu es ma musique
 
L'amour c'est le bonheur
Qui nous prend par la main
Au top de mon coeur
Tu es numéro un
L'amour c'est toi et moi
moureux pour toujours
Et tu es ma musique
L'amour c'est la musique
Qui fait battre nos coeurs
L'amour est si magique
Qu'il efface nos pleurs
L'amour c'est toi et moi
Moi et toi pour toujours
L'amour c'est la musique
L'amour c'est un refrain
Qui fait chanter nos vies
L'amour c'est un chagrin
Qu l'on casse qu'on oublie
L'amour nous fait rêver
Nous fait faire des folies
Et tu es ma musique..."
 
Après l'hilarité générale l'ambiance se calma, devenant plus feutrée.
Sweet fit discrètement quelques signes à des créatures invisibles autour de lui Il posa ensuite les mains sur les épaules de Spike et de Tara.
"C'est l'heure.." dit-il
Les quatre amis partirent alors d'un canon spontané auquel le démon se mêla:
"Souviens-toi
Etait-ce mai, novembre
Ici ou là?
Etait-ce un lundi?
Je ne me souviens que d'un mur immense
Mais nous étions ensemble
Ensemble, nous l'avons franchi _Buffy relança le second couplet_

Reviens-moi
De tes voyages si loin
Reviens-moi
Tout s'ajoute à ma vie
J'ai besoin de nos chemins qui se croisent
Quand le temps nous rassemble
Ensemble, tout est plus joli... _un choeur surnaturel enchaina en canon ad-libitum_
-Ensemble... _une larme roula sur la joue de Buffy; quand elle toucha terre le choeur s'arrêta et la tueuse chanta en regardant le vampire dans les yeux_
-Je ne me souviens que d'un mur immense
Mais nous étions ensemble
Ensemble, nous avous fanchi. _le choeur répondit_
-Souviens-toi
Ensemble
-Nous l'avons franchi
-Souviens-toi
Ensemble
-Nous l'avons franchi..."

Sweet apparut à l'assemblée.
"Maintenant que cette aventure va se terminer, je réclame mon dû: vous. Je veux qu'après votre mort vous veniez dans ma dimension où vous ferez partie du choeur que vous avez entendu"
Un petit silence suivit ces paroles, rompu par Tara:
"Resterons-nous ensemble?..
-Oui.
-Non je veux dire...
-Tous les quatre, j'avais bien compris. C'est l'amitié indéfectible que vous vous portez qui vous a fait gagner cette bataille: sans elle, sans l'amitié, l'amour n'est qu'une autosatisfaction narcissique. C'est donc bien ensemble que je vous veux."
Les regards se tournèrent vers Buffy qui regardait le démon de la danse sans ciller.
Le coeur de Willow battait à lui rompre la poitrine.
"Buffy...
-C'est d'accord."
La tueuse avait parlé sans hésiter, sans manifester une quelconque émotion. Elle poursuivit:
"J'ai connu une dimension paradisiaque, c'est vrai que j'ai voulu mourir pour la retrouver. Mais j'ai fini par l'oublier. Si elle avait été aussi idéale je n'aurais pas eu autant de scrupules à la retrouver... L'enfer, le véritable enfer ici-bas, c'est nous-mêmes... _Tara et Spike s'échangèrent un sourire et un regard complices_ Le paradis c'est les autres: c'est en aimant et en étant aimé comme nous nous aimons que nous atteignons le véritable paradis. C'est donc d'accord Sweet: nous vous rejoindrons...et avec plaisir."
Il n'y avait rien d'autre à dire. Tous restèrent un moment à méditer en souriant.
Demain viendrait le temps des questions.
Demain viendrait le temps des justifications.
Demain viendrait le temps du triomphe _Spike et Tara ressentaient presque physiquement le lien que cette aventure avait fait naitre entre eux_.
Mais ce moment était pour eux...
Une musique monta alors doucement remplit la pièce. Buffy la première se mit à chanter:
"C'è una sala in Paradiso
Dove aspettano le anime,
Senza spazio e senza tempo
In attesa del momento
Di entrare dolcemente
Nella vita che le attende,
Nel futuro così oscuro
Sotto il cielo così chiaro. _Spike répondit_
-Nell'istante più importante,
Sulla soglia della vita,
Ogni spirito è diviso
E si deve ritrovare. _Willow enchaina_
-E quell'urlo in cui si è nati
È già il nome da cercare
Per poi essere completi
Ed insieme camminare. _ils continuèrent à l'unisson_
-C'è chi si cerca invano
E chi non cerca più,
C'è chi guarda così lontano
Che oramai non vede più. _Tara reprit seule_
-Ti ho cercata in un'immagine,
Ti ho trovata accanto a me,
Uno specchio così fragile
Di ciò che ho dentro me."
Ils s'étaient rapprochés de plus en plus, mais Spike et Tara étaient toujours immatériels. Leur choeur, en-revanche, n'avait rien d'immatériel...
"C'è chi si cerca invano
E chi non cerca più,
C'è chi guarda così lontano
Che oramai non vede più.
Ti ho cercata in un'immagine,
Ti ho trovata accanto a me, _Sweet apposa ses mains sur les épaules de Spike et de Tara, et une lumière divine sembla envahir la pièce tandis que Buffy concluait_
-In un tempo senza tempo,
Il mio tempo insieme a te."
Leurs mains se touchaient vraiment cette fois-ci, et tandis que la musique continuait ad-libitum, Sweet se retira dans son théâtre écarlate, les laissant à leur amour.
Leurs lèvres s'entrouvrirent lentement.
Leurs mains plongèrent dans la forêt de leurs cheveux.
Leurs bouches s'unirent dans un aveu sans paroles.
Ils étaient quatre dans cette chambre: un visiteur aurait pu jurer qu'il n'y avait que deux corps, que deux âmes...