J’ai toujours cru que Riyoko Ikeda avait inventé Charlotte de Polignac. Or j’ai eu la surprise de découvrir en relisant
Marie-Antoinette d’André Castelot que Charlotte s’inspirait réellement de la fille aînée de la Duchesse de Polignac.
Aglaé Louise Françoise Gabrielle de Polignac naît le 7 mai 1768 à Paris. Elle reçoit l’éducation de toute jeune fille bien née chez les clairettes, au Couvent de Panthémont, rue de Grenelle à Paris, où elle passe son enfance et le début de son adolescence.
Elle est mariée le 11 juillet 1780, à Versailles, à Antoine Louis Marie de Gramont, Duc de Guiche, qui deviendra le huitième Duc de Gramont en 1801. Elle a donc tout juste douze ans et son mari (1755-1836) vingt-cinq, ce qui en fait un homme nettement plus âgé qu’elle mais tout de même pas un barbon !
A l’occasion de son mariage, Louis XVI lui accorde, sur demande de Marie-Antoinette persuadée par sa très chère amie Madame de Polignac, une dot de 800 000 livres (l’équivalent de près de 490 000 euros !), presque celle d'une princesse de petite maison souveraine. Jusqu'alors les dots accordées par le souverain n'excédaient jamais 8000 livres. Ce cadeau colossal provoque un grand scandale à la Cour et dans l'opinion publique.
Marie-Antoinette appelle Aglaé "Guichette" et l’honore d‘une amitié particulière. La fille de Madame de Polignac fait partie de la coterie de la reine et a ses entrées au Petit Trianon et au Hameau.
De l'avis général, elle est très jolie, autant, si pas plus que sa mère.
Elle a trois enfants :
- Corisande de Gramont, 1782-1865 ;
- Aglaé de Gramont, 1785-1842 ;
- Antoine IX, Duc de Gramont, 1789-1855.
Elle est donc mère au très jeune âge de quatorze ans.
Elle part en exil le 16 juillet 1789, quand sa famille quitte Versailles sur les instances du roi et de la reine. Elle est alors enceinte de son fils, le futur ministre de Charles X.
En exil, elle fait partie de l’entourage de la Comtesse de Provence avec laquelle elle est intime. Lors du Consulat, le Comte d’Artois, frère de Louis XVI et futur Charles X, lui confie une mission secrète d’une grande importance. Il s'agit d'entrer en pourparlers avec le Premier Consul et de le persuader de favoriser le retour des Bourbons sur le trône de France. Elle se rend à Paris et a plusieurs entrevues avec Fouché, ministre de la police. Par l'influence de Joséphine Bonaparte, qu'elle a connue avant la révolution, elle obtient une audience du Premier Consul à la Malmaison. Elle s'acquitte auprès de lui de sa mission délicate avec un courage, une fermeté et une présence d'esprit qui lui font honneur et que l'empereur Napoléon se plut à reconnaître, quand il en parla à ses ministres. Elle a laissé un récit de ce voyage.
Mais, très peu de temps après son retour à Edimbourg, auprès de la famille royale en exil, elle meurt le 30 mars 1803 dans un incendie, à l’âge de 34 ans.