Une rubrique très sympa !!!!! très bonne idée !
Elle est bien triste l'histoire d'Inès et Pedro.
Je continue donc sur le sujet en disant qu'il existe aussi des Roméo et Juliette régionaux, comme en Normandie.
Ici, c’est une colline qui raconte leur histoire. A vingt kilomètres au sud-est de Rouen, marquant la jonction entre la Vallée de l’Andelle et la Vallée de la Seine, la colline des Deux Amants se nomme ainsi d’après la tragique destinée que connurent le jeune seigneur de Bonnemarre et la demoiselle du Cantelon.
Leur histoire a donné lieu à nombre de chansons et de récits, un chanoine du coin a même dit que leur aventure était une allégorie !
C’est donc devenu une légende, la version la plus connue étant le lai de Marie de France, poétesse du XIIème siècle. C’est celle-là que je vais vous résumer ( mais c’est tellement court que je pourrais vous le mettre en entier
).
Il était une fois le seigneur du Cantelon qui adorait sa fille car elle était le seul souvenir qui lui restait de feu sa tendre épouse. Mais l’enfant avait hérité de la beauté de sa mère, aussi était-elle très désirée de tous les jeunes hommes des environs. Pour éloigner ses prétendants, le père possessif mit une condition à tout mariage :
Il ne donnerait sa fille qu’à celui qui saurait porter la demoiselle tout au sommet de la colline, sans s’arrêter en chemin ! ( la colline fait 120m de haut aujourd’hui et, si l’érosion l’a affaissée, elle ressemblait jadis aux falaises de craies avec flancs abrupts et escarpés)
Tout le monde essaya. Personne n’y parvint.
Or, à cette époque, le fils du seigneur voisin, le jeune maître de Bonnemarre, ( on va dire qu'il était très jeune et très beau, comme ça, c'est plus agréable à imaginer
était amoureux de la demoiselle. Il la courtisa et elle répondit à ses sentiments.
Fort de son amour, il décida de relever le défi de la colline. Mais la jeune fille savait qu’il n’y parviendrait pas.
Alors, pour lui venir en aide, elle l’envoya chez sa tante, qui habitait en Italie, et qui, connaissant la médecine, savait concocter des breuvages de force. Pendant le voyage de son amant, la jeune fille fit un régime sévère ( on va jusqu’à dire qu’elle jeûne, selon les versions) afin d’être une charge la plus légère possible le jour du défi venu.
Le jour du défi étant finalement venu, le jeune seigneur porte son amour avec confiance et attaque la pente en courant allègrement, le philtre de force caché dans sa ceinture.
Il gravit plus de la moitié de la colline sans faillir mais la deuxième partie de la monté s'avère nouvellement difficile puis grandement périlleuse.
La jeune châtelaine exporte son amant à boire la potion pour tenir le coup mais ce dernier refuse, lui disant que seule la force de ses sentiments doivent l'aider à triompher.
Avec une extrême difficulté, il parvint enfin au sommet de la colline mais, à peine a-t-il déposé son précieux fardeau sur le sol, qu’il s’écroule à son côté, bras en croix. Mort.
Horrifiée, ravagée par le chagrin, la jeune fille lui arrache sa fiole aux herbes magiques et la jette dans la vallée. Puis elle revient auprès de son amant et meurt à son tour.
Le père, quand il ne vit pas les enfants revenir, monta à leur rencontre. Il se blâma de leur triste sort et ordonna la construction d’un tombeau de marbre, ici, sur la colline où reposeront les deux amants pour l’éternité.
On rapporte pourtant que le tombeau était visible jusqu’à la révolution de 1789, dans une abbaye du coin, à Notre dame de Fontaine-Guérard (abbaye qui existe toujours et classée monument historique).
On dit encore que l'ancien prieuré qui se trouve sur la colline ( qui est maintenant une maison de retraite)
a été construit par le père en l’honneur des deux amants et que c’est pour cela que le bâtiment porte son nom. Toutefois, s'il date bien de la fin du XIIème siècle, un historien de la région estime que Prieuré des « deux amants » serait une déformation de son vrai nom : prieuré des « deux
amonts » ( = des deux monts) car la colline des Deux Amants fait face à une autre colline, formant ainsi deux monts entre lesquels coulent l’Andelle et la Seine.
Pour finir, la côte non escarpée de la colline est abondemment verdoyante et plantée de petits arbustes fruitiers et d eplantes médicinales. On dit que tout cela a poussé en raison des herbes magiques contenues dans la fiole que la jeune fille a répandues dans la vallée.
Je terminerai en vous disant que le château de Bonnemarre se visite et est joliment meublé !
chambre de Louis XVI ici.