C'était fini.

L'agonie de son fils avait pris fin en même temps que sa vie. 

Et si une infime partie de son être était soulagée car son petit garçon ne souffrait plus, cela n'était qu'un pourcentage minuscule dans ce que son âme éprouvait. Son cœur de père était brisé. Ce fils, ce bébé attendu avec tant de ferveur, cet enfant si prometteur, si brillant, ce prince qui fut promis à la France, avait rejoint les étoiles. 

Lui, un père, allait vivre l’innommable : enterrer la chair de sa chair.

Marie et lui avaient tant prié ! Tant espéré ! Pourquoi le Ciel les punissait ainsi ?!

- Mon pauvre enfant, je t'ai donné un prénom qui porte malheur !

Louis-Joseph Xavier François.

Louis XVI avait nommé son fils en l'honneur de son frère aîné, celui qui aurait dû régner, le petit duc de Bourgogne. Un frère craint autant qu'aimé, mort bien trop jeune.

Le même nom.

Le même talent.

La même maladie.

Le même destin funeste.

Il était condamné à vivre avec leurs deux morts, avec cette même amertume que laissait l'impuissance liée au chagrin. La France avait perdu deux princes prometteurs, pourtant il restait, comme une plaisanterie de mauvais goût. Si sa reine portait malheur comme elle le croyait, ils s'étaient bien trouvés.

Lui aussi devait être atteint de ce fléau.