Lorsque la nouvelle de la mort d'Oscar François de Jarjayes parvint à Victor-Clément de Girodelle, aucune once de choc, de surprise, d'émotion ne passa sur son visage. S'il avait espéré le contraire, il avait toujours su qu'il enterrerait la jeune et belle femme soldat.

- Ma pensée a été hélas prophétique. Vous n'êtes pas morte sur l'échafaud, ma Sylphide. Mais vous avez péri...

Un verre de vin à la main, il traversa les couloirs silencieux de son château. Ses pas le menèrent à un balcon, sur lequel quelques roses blanches avaient élu domicile.

- C'est dans un décor semblable que je vous ai laissée partir. Mais l'espace d'un instant, vous avez été mienne. Ce jour-là, j'ai failli goûter vos lèvres si délicates. Lors de ce bal, même en homme, vous étiez la plus belle de toutes...

Ses doigts touchèrent les pétales d'une fleur. Il en prit un, le porta à sa bouche. Tout comme elle lors du soir le plus doux-amer de sa  vie. Une larme roula finalement le long de sa joue. Il ne regrettait pas de s'être retiré pour laisser sa place à André. Cela avait été pour le bonheur d'Oscar, et s'il pouvait retourner dans le temps et recommencer sa vie, il ferait à nouveau le choix de s'éclipser. Oscar n'avait jamais été aussi sublime qu'en étant libre.

Mais cela ne changeait rien à cette vérité :

Il était mort aussi.