Et la dernière partie de cet "OS charcuté" .
Partie II : Signés d’un lys
Ce qu’André avait abandonné derrière lui : un simple lys ; la signature de ses adieux muets, ces adieux, qu’il avait du mal a exprimer, ces adieux restés à jamais scellés par ses lèvres.
Un mur, ayant cédé aux assauts du peuple, lui était tombé dessus. Ceux qui avaient essayé de libérer. Une amertume, des regrets mais une attitude, qui reste stoïque. Il ne pouvait, cependant, s’empêcher de laisser son esprit vers Oscar, dont il pensait avoir reconnu l’uniforme rouge de loin.
Des excuses. Il ne savait pourquoi mais il aurait souhaité accompagné ses adieux d’excuses, bien qu’il les sentait inutiles. En lui, il savait, il espérait que l’ex-officier de la garde royale… Finalement, peu lui importait puisqu’il n’aurait pas l’occasion de voir le colonel et de lui exprimer tout ce qu’il aurait voulu. Mieux valaient des adieux muets, quitte à ce qu’ils soient anonymes.
Pour avoir passé sa vie dans l’oubli, il lui importait peu d’être oublié dans la mort. Mort, qui s’occuperait d’un palefrenier mort ? Il n’y avait qu’Oscar, qui avait eu l’audace – aussi, peut-être, la folie – nécessaire pour se monter contre les conventions. Il était destiné à happer par le tourbillon de l’Histoire de France, il l’avait toujours senti. Il devait le céder à ceux de plus haute naissance, qui attaquaient ou défendaient la Bastille, coûte que coûte.
Il aurait tant aimé…tant aimé…qu’elle sache combien elle avait compté pour lui, lui, le simple petit-fils de la nourrice des Jarjayes. Mais un monde les séparait. Il n’avait que peu d’espoir que ce monde s’écroule, qu’au-delà de la mort ils soient enfin réunis ; Oscar face à André. Ni les titres pour les séparer, ni la naissance pour dresser une barrière hermétique entre eux ; seulement leur âme côte à côte.
« Un beau rêve, l’ami. C’est juste un beau rêve, lui avait murmuré son compagnon de cellule à qui l’ancien palefrenier avait conté son histoire ».
Un beau rêve. Un rêve…ou sa réminiscence qui se faisait insistante en lui.
Un rêve que les canons avaient détruit.
Un rêve, qu’il ne pensait jamais être assez heureux pour atteindre.
Un rêve.
Son rêve pour lequel il ne s’était pas assez battu.
Son rêve.
Plus que son rêve, son horizon.
Cet horizon à présent flou.
Cet horizon flou, qu’il observait s’éloigner, pris par des remords.
Des remords, accompagnés de leur cortège…
Doutes, solitude, amertume.
Une fin dramatique, obscure, qui avait toujours été là à l’attendre, tapie dans l’ombre, tapie dans l’ombre d’une promesse de bonheur.