Concours Saint-Valentin 2019
L'amour interdit
de Marina
Versailles, le 14 Février,
«Foutu bordel de merde mais dans quoi me suis-je encore embarquée?» Songea-t-elle avec colère. «Pourquoi diable est-ce que je ne peux jamais rien lui refuser lorsqu'elle me fait ses petits yeux tristes de chaton abandonné? J'ai comme qui dirais l'impression que cette fois je vais vraiment en prendre pour mon grade! Non mais me demander ça, à moi? À moi qui ai plus de mille fois prouvé ma valeur au combat; elle ose me rabaisser à ce... Foutredieu elle est là.»
- Votre majesté, s'inclina-t-elle respectueusement sans jamais laisser paraître son trouble.
- Oscar allons cessez immédiatement de faire toutes ces courbettes j'en ai assez! Je vous l'ai dis ce soir j'ai vraiment envie de m'amuser alors c'est Marie.
- Comme il vous plaira votre majesté.
- Oscar, fit la reine en fronçant les sourcils.
- Entendu, altesse?
- OSCAR!
- Mais je n'y arrive pas!
- Et bien forcez-vous je ne veux plus entendre les mots reine, majesté ou altesse ou que sais-je encore je ne veux plus entendre un seul titre ce soir me suis-je bien fait comprendre!?!
Les quatre personnes dans la pièce furent surprises d'autant de hargne dans sa voix, mais ils firent tous un signe affirmatif de la tête. Marie-Antoinette avait trouvé une nouvelle façon de se divertir cette année pour la Saint-Valentin, car à chaque année c'était du pareil au même; le roi lui offrait une serrure en forme de cœur, les courtisans la couvraient de fleurs et de cadeaux vides, puis il y avait le traditionnel bal; c'était toujours la même monotonie qui régnait.
Cette année-là, elle avait appris l'existence d'un tout nouveau jeu auquel on jouait dans certaines soirées privées et la reine avait eu envie de l'essayer elle aussi. Cependant, bien entendu, son statut de reine l'empêchait même d'y penser. Mais c'était sans compter sur son esprit machiavélique quand venait le temps de s'amuser en secret.
Quelques jours plus tôt, elle avait mandaté ce pauvre André de lui trouver un petit endroit un peu en retrait du château où ils pourraient jouer confortablement; elle avait donné des consignes bien précises. André avait dégoté une petite cabane dans un des boisée, cabane qui avait sans doute jadis servit de remise. Il en avait fait un ménage sommaire, avait réparé quelques planche ici et là puis il y avait apporté les meubles et objets demandés, même s'il ne comprenait rien des demandes de la reine. Elle lui avait même demandé une robe de soubrette, qu'elle pourrait revêtir afin de passer inaperçu le soir venu pour quitter le palais. Et elle l'avait tenu au secret, jusqu'à ce qu'elle expose son plan d'évasion du bal à son colonel le matin même.
- Majes... Marie, se reprit Oscar qui était demeurée debout près de la porte avec André, je sais que je me répète, mais je vous en conjure tout ceci est réellement une mauvaise idée.
- Mais c'est pour ça que cest amusant Oscar! Fit la reine avec un sourire en coin.
- Allons Oscar vous n'allez pas vous défiler!
- Je ne vous permet pas Girodelle!
- À moins que vous n'ayez beaucoup de secrets à nous cacher.
- Girodelle!
L’interpellé éclata de rire alors que les yeux d'Oscar lançaient des couteaux.
- Oscar, sincèrement je crois comme vous que c'est une très mauvaise idée, mais vous connaissez l'entêtement de ma rei... Marie, de Marie, alors vous devriez venir vous asseoir afin qu'on en termine au plus vite.
Oscar fixa le compte de Fersen, qui la regardait d'un regard désolé. Ils en avaient tous deux parlé toute la journée, mais ils n'avaient pas réussi à faire entendre raison à sa majesté. Oscar avait, sans s'en rendre compte, serré les poings de chaque côté de son corps. «Ça ne sent pas bon tout ça non, vraiment pas bon. Que va-t-elle inventé une fois commencé? Jusqu'où ira-t-elle? Et Girodelle, ce putain de libertin de Girodelle, lui il semble bien s'amuser de la situation! Ça en fera au moins un qui s'amuse. Mais qu'est-ce que je dis là morbleu j'en ai assez de me faire embarquer dans ces combines foireuses!»
- Oscar vous avez fini de faire la tête qu'on commence à jouer? Demanda Marie-Antoinette.
André, qui était toujours près d'elle et dont le sang bouillait malgré lui de la situation plus qu'improbable qui se déroulait sous ses yeux, posa une main réconfortante dans le dos de son amie.
- Tu devrais y aller Oscar, tu sais que tu ne gagneras pas ce combat.
Oscar tourna la tête de dépit vers lui et plongea son regard dans le siens. Comme elle aurait aimé qu'il puisse la sauver de cette situation, et de son côté André aurait bien aimé pouvoir le faire, surtout en voyant le supplice dans ses yeux. Il ne savait pas exactement de quoi elle avait peur seulement, il savait qu'elle détestait devoir se livrer et qu'elle ne savait pas mentir alors... Elle n'aurait d'autre choix que de coopérer.
- Je t'en pris, fit-elle en posant une main sur sa poitrine sans réellement s'en rendre compte, assure-toi que personne ne vienne ici.
- Rassure-toi, j'ai déjà pris des dispositions, tout ira bien, fit-il frissonnant très légèrement malgré lui sous le contact de sa main.
- Alors vous venez Oscar ou déclarez-vous forfait sans même avoir joué? Lui lança Girodelle.
Piquée au vif, la femme colonel se retourna vivement, des flammes dans les yeux et les rejoignis à la table.
- Très bien commençons qu'on en finisse au plus vite, fit-elle.
- Allons Oscar détendez-vous un peu, fit la reine. Le but est de s'amuser, pas que cela ne finisse au plus vite.
- Je ne vois vraiment pas en quoi cela pourrait être amusant je suis vraiment désolée votre, enfin Marie mais vraiment je ne comprends pas votre idée.
- C'est pourtant simple Oscar, et écoutez moi bien messieurs parce que je ne le répéterai pas; ce jeu va nous permettre, pendant un moment, de n'être que nous; pas de titre, pas de fonction, pas de convenance... Que quatre amis qui vont s'amuser ensemble sans barrière, sans jugement, en toute liberté.
- Ce que je préfère c'est la partie sur la liberté; AIE!
- Girodelle!
Oscar venait de lui écraser le pied de sa botte. Marie-Antoinette éclata de rire en l'entendant et se tapa dans les mains.
- Vous voyez, ça c'est la bonne attitude alors soyez plus comme Girodelle et amusez-vous librement. Des questions avant de commencer?
- Oui quand pourra-t-on arrêter?
- Oscar!
- Désolée c'était plus fort que moi.
- Alors allons-y je commence c'est ma prérogative de la soirée.
Et c'est sur ces mots que la reine s'empara de la bouteille au centre de la table. André n'avait d'yeux que pour Oscar, son Oscar, prise dans les filets de la belle, mais exigeante autrichienne. Mais avant de se faire remettre à sa place, il sortit afin d'accomplir la mission ''royale'' qu'on lui avait confié; s'assurer que personne n'approcherait de ce lieu reculé et empêcher qui que se soit d'entrer si par malheur on s'en approchait.
Une fine neige tombait des cieux, recouvrant le tapis déjà blanc du sol etun vent léger, mais tout de même froid s'était levé. Heureusement qu'il s'était habillé chaudement. Il fit quelques rondes autour de son périmètre et de ses petits pièges puis il se posta près de la porte. Il pouvait entendre de façon étouffée ce qu'il se passait dans la pièce, et il n'était vraiment pas sûre d'aimer cela.
Sa majesté avait donc tournée la bouteille une première fois.
- Ha! Girodelle Action ou Vérité?
- Vérité, fit l'intéressé un sourire fendu jusqu'aux oreilles.
- Hum!!! Haaaa! Quel attribut physique vous plaît le plus chez Oscar?
- Plait-il? S'écria la belle colonel.
- Allons Oscar c'est le jeu.
- Mais vous n'y pensez pas! Nous n'allons pas passer la soirée à répondre à des questions sur nous quatre?
- Et bien plus encore allons je vous ai dis d'arrêter d'être aussi rabat-joie et aussi coincée tiens!
- Pardon?
- Vous avez bien entendu Oscar, coincée! Mais si vous avez d'autres questions attendez votre tour de bouteille! Fit la reine en éclatant de rire.
Oscar commençait déjà à bouillir de colère. Elle fixa son regard rageur sur Girodelle: «Et bordel de merde si jamais tu oses me parler de mes fesses ou de toute autre partie de mon anatomie qui ne te regarde pas je te jure que je te tranche la gorge dans ton sommeil le frisé!»
Pendant que notre amie entretenait de si jolies pensées, la reine souriait à Girodelle.
- Alors? S'impatienta-t-elle.
- Ce que j'aime le plus? Son magnifique regard océan lorsque déterminée, il me lance des couteaux; un peu comme en ce moment tenez, fit-il dans un éclat de rire.
- Girodelle je vais vous tuer!
- Allons Oscar, tenta de la calmer Fersen, ce n'est qu'un jeu après tout.
La jeune femme le regarda puis elle baissa les yeux, non sans quelques pensées dont les noms d'oiseaux prononcés pourraient heurter la sensibilité des plus jeunes, nous les passerons donc sous silence. Girodelle prit la bouteille et la tourna; un immense sourire fendit son visage lorsqu'elle s'arrêta et sa victime croisa les bras.
- Oscar, oscar, oscar! Action ou Vérité?
- Action.
- Vous êtes sûr, ça peut s'avérer risqué.
- Procédez dont Girodelle.
- Attention Girodelle ne la traumatisez pas dès le début du jeu, fit Marie-Antoinette en riant.
- Vous allez faire le tour de la table en sautant à cloche pied.
- Pardon? Vous êtes sérieux?
- Si, je vais commencé par un défi facile.
Vaincue par le regard amusée, mais pas moins directif de la reine, elle se leva et s'exécuta, sous les applaudissements de Marie-Antoinette et de Girodelle. Fersen, pour sa part, esquissa malgré lui un petit sourire en coin, mais il lui fit un regard désolé lorsqu'elle s'assit. «Mais qui a inventé un jeu aussi stupide! Si jamais je l'attrape je le tue c'est clair!» pensa Oscar en se saisissant de la bouteille. Elle la tourna et celle-ci termina sa ronde sur Marie-Antoinette.
- Action ou vérité? Fit Oscar sans enthousiasme.
- Action!
«Et merde maintenant je dois trouver une connerie pas trop de mauvais goût à lui faire faire, parce que si c'est trop simple elle va me dire que je ne me force pas et si je vais trop loin... Par tous les Saints c'est la reine de France quand même! Vraiment ma pauvre Oscar tu t’ai embarqué dans le pire piège du siècle!»
- Bien hum... Vous allez, hum, tenir la main de votre voisin de gauche pendant cinq minutes, fit Oscar en désespoir de cause.
- Oscar vous pourriez vous forcer un peu! Fit Girodelle.
- Écoutez Girodelle on ne nous apprends pas à trouver des gages à l'école des officiers; si vous vous avez le temps d'en apprendre dans des salons privés...
- Je ne vous permet pas de supposez de telles choses!
- Allons allons ne vous disputez pas, fit la reine. C'est déjà un début.
Elle prit la main de Fersen en disant cela, un petit sourire en coin. Le suédois pour sa part, ne savait plus trop où se mettre. Marie-Antoinette tourna la bouteille à son tour.
- Mon cher Fersen, action ou vérité?
- Vérité... fit-il en soupirant.
- Allons un peu de cœur mon cher. Donc, mon cher Fersen, selon-vous qui est la plus belle femme de Versailles?
- Et bien, hum, vous.
- Classique, fit Girodelle.
- Chacun a droit à ses opinions... fit le comte de Fersen.
Et il tourna la bouteille, alors que la reine lui lançait des œillades pas trop subtiles. Girodelle et la reine semblaient s'amuser grandement, mais Fersen et Oscar commençaient déjà à avoir hâte que tout cela prenne fin. La reine venait à nouveau de tourner la bouteille et celle-ci c'était arrêté sur Oscar. « Oh non pas encore. Mais quand ce jeu débile doit-il finir?»
- Alors Oscar? Fit Marie.
- Action.
- Ça devient lassant Oscar vous ne prenez jamais vérité.
- Vous savez bien qu'elle préfère agir plutôt que de parler.
- Girodelle! S'indigna Oscar.
- Bon très bien dans ce cas Oscar vous allez échanger de vêtements avec moi, fit la reine, un sourire espiègle en coin.
- Plait-il?
- Nous allons échanger nos vêtements.
- Vous n'y pensez pas!
- Si... Allez venez derrière le paravent.
- On jurerait que vous aviez tout prévu pour me coincer.
- Oh Oscar loin de moi cette idée allons.
Girodelle n'avait pas pu s'empêcher de littéralement éclater de rire alors qu'Oscar se levait en le fusillant du regard. Elle suivit de mauvais gré la reine. Celle-ci riait aux éclats en voyant Oscar d'abord mal à l'aise d'enlever son uniforme, puis d'essayer de passer la robe de soubrette. Oscar pestait contre la souplesse du tissu et ses jambes qu'elle sentait nue. Elle se regarda.
«Bon Dieu de merde j'ai l'air complètement ridicule! Honte à moi si père me voyait; je me vois bien lui dire: regardez père où m'a conduite l'école des officiers, je me retrouve en robe de soubrette pour servir la reine êtes-vous fier de moi? Non mais quand même c'est le comble; le colonel habillé en soubrette et sa majesté en colonel. Seigneur Dieu et maintenant je dois rejoindre Girodelle et Fersen; je vais en entendre parler pendant des jours. Par tous les saint heureusement qu'André ne me voit pas ainsi vêtu!»
Elle regarda la reine passer son uniforme avec beaucoup plus d'aisance et songea que ce n'était peut-être pas la première fois que celle-ci se déguisait ainsi. Elle se dit qu'il lui faudrait peut-être être plus à l’affût des activités de sa majesté; il ne fallait pas qu'elle se mette en danger. Elle observa Marie-Antoinette qui ajustait la veste sur elle, un sourire aux lèvres.
- Ho Oscar je n'aurais jamais pensé que votre uniforme me siérait autant! Fit-elle.
- Vous avez une belle prestance en effet.
- Et vous êtes magnifique en robe vous savez.
- Arrêtez de vous moquer de moi j'ai l'air complètement ridicule.
- Mais non arrêtez un peu; un jour vous devriez venir à un bal à la cour pour vous amuser et nous devrions vous faire faire une robe par ma couturière.
- Quoi!?! Vous plaisantez j'espère!
- Aucunement! Oui une prochaine fois nous ferons ça, fit-elle en tapant dans les mains.
- Ce ne sera pas nécessaire.
- Oh je crois que si. Maintenant trêve de bavardage allons jouer.
Oscar soupira; déjà elle entrevoyait le supplice prochain qu'elle devrait subir selon les caprices de la reine. Certes si tous connaissaient sa nature, ils l'acceptaient probablement plus qu'elle même. Elle regarda la reine qui retournait de l'autre côté de la pièce. Elle entendit Girodelle plaisanter avec sa majesté.
- Oh mon colonel vous n'avez jamais eu aussi fier allure.
- Girodelle allons, répondit Fersen.
- Quoi c'est vrai, regardez-moi dans les yeux Fersen et osez me dire que l'uniforme ne lui sied pas.
- Ce n'est pas ce que j'ai dis.
- Allez Fersen dites-moi comment vous me trouvez alors, trancha la reine dans un sourire.
- Vous... hésita-t-il.
- Allez Fersen nous avons déjà promis que tout ce qui se dit ou se passe ici ce soir resterait ici à jamais.
- Et bien, vous êtes magnifique. En robe ou en pantalon vous êtes magnifique et cet uniforme vous donne beaucoup de prestance.
- Oh Fersen, fit-elle en riant.
La reine se dirigea vers sa place, fixant le paravent. De l'autre côté, Oscar était quelque peu figée; elle se devait de les affronter. S'ils n'avaient pas osés rire de la reine, elle savait qu'il en serait autrement pour elle, surtout dans une robe de soubrette.
- Oscar sortez maintenant! Fit la reine.
- Mais j'ai l'air complètement ridicule.
- Je vous assure que non. Sortez c'est un ordre.
- Vous avez dit qu'il n'y avait pas de statut!
- Peut-être, mais c'est la règle du jeu alors ne me décevez pas.
- Allez Oscar faites-nous l'honneur de vous voir pour la première fois dans une robe.
- Girodelle je vous retiens!
- Quoi? C'est une chance que l'on a que rarement; jamais finalement.
- Suffit Girodelle!
- Oscar sortez de là maintenant! Fit la reine directive.
«La vache je n'ai vraiment pas le choix. Mais qu'est-ce qu'il me faudra faire encore pour lui faire plaisir? Je veux bien croire qu'il est de mon devoir de la servir, mais là c'est quand même un comble. Et je ne vois pas comment je pourrais me sortir de ce mauvais pas. Bon allez Oscar tu n'as pas le choix; heureusement que le ridicule ne tue pas. Mais si Girodelle continue de se moquer il n'est pas exclue que lui passe au fils de mon épée.»
Vaincue, la jeune femme sortie lentement de derrière le paravent, la tête basse. Elle sentait le regard des trois autres sur elle et cela la mettait bien plus mal à l'aise que lorsqu'elle s'était retrouvée au bal pour une danse avec Fersen.
- Voyez comme elle est jolie, fit la reine.
- Je dois admettre Oscar que la robe vous sied fort bien, fit Girodelle.
- C'est ça moquez-vous.
- Mais je vous imagine mal demain matin dans cette tenue pour la revue de nos soldats, fit-il en éclatant de rire.
- Girodelle!
- Bon bon il suffit, intervint Fersen, ce n'est qu'un jeu et vous êtes magnifique Oscar ne pouvons-nous pas continuer?
Oscar roula les yeux, elle n'aimait pas trop se faire qualifier de magnifique. Elle revint à table et s'assit pour que cette soirée vienne enfin à se terminer. Les tours s'enchaînèrent, avec plusieurs questions plutôt cocasses, par exemple:«Girodelle quel est votre secret pour toujours obtenir d'aussi belles boucles? Personne n'arrive à m'en faire d'aussi belles.»; question de Marie-Antoinette bien sûre. Ou encore de Girodelle à Fersen: «Comment faites-vous pour qu'elles vous tombent toutes dans les bras?»
Mais toujours Oscar choisissait action, elle ne voulait pas répondre, sous aucun prétexte, car elle ne savait pas où pourrait les emmener ce jeu stupide. Elle avait assez d'avoir l'air complètement idiote dans cette robe elle n'en rajouterait certainement pas une couche avec des questions. C'est ainsi qu'elle se retrouva à imiter un chien en traversant la pièce, à boire un verre d'eau sans les mains, à rouler sur elle-même... Par contre elle dû avouer qu'elle avait bien rit intérieurement en regardant Girodelle faire une déclaration d'amour à un Fersen terriblement mal à l'aise, à embrasser passionnément sa main ou encore à faire le tour de la pièce en sautillant et répétant:«Je ne serai jamais aussi doué que le colonel de Jarjayes.» Bien entendu celle-là était d'Oscar.
Fersen pour sa part eu la chance d'être épargner par la bouteille et il ne choisissait que de répondre à des vérités. Le pauvre bougre craignait toujours de porter préjudice à la reine.
Il y avait bien plus de deux heures que durait ce jeu, Oscar commençait à avoir plus que les nerfs à vif; elle ne voulait qu'une chose; non trois en faite: remettre son uniforme, partir de là et aller se soûler à mort pour oublier cette torture. Mais, ce que le colonel veut ne vaut pas cher à côté de ce que la reine veut. La bouteille s'arrêta de nouveau sur elle et elle rêva encore plus d'une bouteille pleine.
- Action.
- Très bien Oscar vous voulez jouer à ça alors jouons! fit la reine.
- En fait je ne veux plus jouer.
- Votre gage sera de répondre à cinq questions.
- Quoi? Mais c'est injuste.
- Il n'y a pas de règlement qui l'interdise, à tout le moins pas à ce que je sache.
- Allons Oscar vous n'avez rien dit de la soirée alors que nous avons tous partager des secrets, fit Girodelle.
- Je refuse.
- C'est tout de même votre gage. Alors question un avez-vous déjà, avant ce soir porté une robe?
- Je ne veux pas répondre à des questions je vous l'ai dis sans quoi j'aurais choisi vérité.
- Et moi je vous dis que je contourne cela parce que vous ne le choisissez jamais. Répondez.
- Allez Oscar moi aussi je suis curieux de savoir si cette robe de soubrette est vraiment la première que vous portez.
- Girodelle ceci ne vous regarde en rien.
- Mais qu'avez-vous dont à cacher c'est seulement drôle! Fit la reine.
- Et bien moi je ne trouve rien de drôle.
- Répondez Oscar, et le jeu prendra fin, essaya la reine.
- Vraiment?
- Je vous le promets ce sera le dernier tour alors avez-vous déjà porté une robe?
- Oui une fois vous êtes contente?!?
La reine se tapa dans les mains en riant et Girodelle s'appuya sur la table, toute ouïe. Fersen de son côté, fronça les sourcils, car il commençait à penser à cette inconnue qui lui avait tellement rappelée Oscar.
- Oh j'aurais tellement aimé vous voir dans cette robe vous deviez être magnifique.
- Moi aussi j'aurais aimé vous voir, mais il faut croire que je ne suis jamais là lorsque c'est intéressant, fit Girodelle.
- Pouvez-vous poursuivre qu'on en finisse, soupira Oscar.
- D'accord alors quand avez-vous porté cette robe je suis sincèrement curieuse.
- * Soupir * Lors d'un bal à Versailles.
- Quoi? Mais je ne vous ai jamais vu pourquoi avoir fait ça sans me le dire? Fit la reine déçue.
«Aïe tu commences à t'enliser ma pauvre Oscar fait attention à ce que tu dis. Seigneur Dieu je vous en prie je ferai tout ce que vous voudrez mais faites que ce supplice prenne fin!»
- Je ne voulais pas être reconnue.
- Mais ça ne réponds que partiellement à ma question, cela ne me dis pas pourquoi vous avez fait ça.
- * Nouveau soupir* Pour une seule danse avec un homme pour qui j'ai cru avoir des sentiments, mais c'était une erreur.
- Ho! Une erreur? fit Girodelle en se frottant les mains.
À cet instant, Fersen compris qu'il avait vu juste. Cette belle inconnue n'était nul autre qu'Oscar, mais pourquoi? Il se devait de comprendre seulement, pas ici, pas devant sa reine. Il se promis de lui en reparler lorsqu'ils seraient seuls. Les yeux d'Oscar s'ouvrirent grands et se figèrent de surprise. «Oh non, oh non qu'ai-je fais? Je me suis vraiment mis dans la mouise! Pourquoi est-ce que j'ai dis ça?»
- Ho là là si j'avais cru, fit la reine. Alors Oscar vous êtes amoureuse.
- Je n'ai pas dis cela, s'objecta-t-elle.
- Vous avez dit que vous avez cru avoir des sentiments; dites-moi, êtes-vous amoureuse?
- Je, non je...
- Oscar ne me mentez pas, vous savez très bien que vous ne savez pas mentir.
- Je, oui! Oui je crois aimer un homme vous êtes contente! Fit-elle en regardant ailleurs d'une voix moins sûre.
- Ho oui il était temps que votre cœur de femme accepte de battre sous cet uniforme rigide.
- Pourquoi qu'est-ce que ça peu bien changer?
- Mais beaucoup de chose Oscar! Vous êtes amoureuse, c'est tellement amusant, et romantique; mon colonel est amoureux!
- Ça va n'en faites pas un plat par pitié.
- Entendu entendu, mais comme dernière question je veux savoir, qui est l'heureux élu?
Oscar se redressa sur sa chaise. «Non pas ça, pas ça! Je ne peux pas, je ne peux pas le leur dire non! Comment faire pour m'en sortir? Comment ai-je fais pour en arriver là?»
- Non ne me demandez pas ça.
- Si, il me reste une question Oscar je peux vous demander ce que je veux.
- Je vous en pris majesté.
- Marie combien de fois vais-je devoir vous le dire!?!
- Ne me demandez pas cela, fit-elle en se levant vivement, sa chaise tombant à la renverse derrière elle.
Sans s'en rendre compte, elle avait commencé à reculer vers la porte. Les deux hommes préférèrent ne pas parler. Fersen avait déjà cru comprendre, et Girodelle, au final, en voyant pour la première fois le regard aussi troublé d'Oscar, n'osa rire de la situation. Cependant, la reine, toute à ses futilités de femmes, ne voyait pas le drame, seulement le jeu.
- Allons je pourrais peut-être vous aider à conquérir son cœur Oscar.
- Non surtout pas!
- Pourquoi refuser mon aide? Vous me blessez Oscar.
- Vous ne pouvez pas m'aider, personne ne le peux.
- Mais pourquoi? Allez-vous finir par répondre à ma question?
- Non, je vous en pris ne m'obligez pas à répondre.
- Mais pourquoi tant de mystère à la fin?
- Parce que je préfère garder cela pour moi.
- Vous savez que le jour où vous vous déclarerez cela se saura de toute façon.
- Cela n'arrivera jamais.
- Ne soyez pas pessimiste Oscar.
- Je suis seulement réaliste. Ma nature et position ne me le permets pas.
- Allons futilité que tout cela, tout le monde sait que vous êtes une femme, et votre position n'y change rien.
- Par pitié, je vous en conjure arrêtez de me torturer. Ne m'obligez pas à répondre et à en dire plus.
- Mais vous devez répondre à ma question.
- Non, je vous en supplie.
- Dans ce cas vous allez me dire pourquoi vous refusez de répondre et en conséquence de votre refus de terminer l'action au complet, vous devrez partir d'ici avec cette robe, je vous renverrez votre uniforme demain, fit-elle sournoise croyant la faire flancher.
- D'accord, fit Oscar vaincue.
- Pourquoi refuser de dire pour qui bas votre cœur? Demanda la reine en désespoir de cause, surprise que son fier colonel accepte de rentrer ainsi vêtue.
- Parce que je ne le peux pas, fit-elle en baissant la tête.
- Pourquoi?
- Parce que c'est impossible.
- Rien n'est impossible.
- Si! Vous savez comme moi que certains amours sont interdits, murmura-t-elle des larmes dans les yeux malgré elle.
Cette fois la reine cessa de rire et un froid glacial tomba sur la pièce. Oscar jetait malgré elle des œillades vers la porte, ne demandant qu'à sortir de là et que finisse son cauchemar, Girodelle la fixait n'osant croire ce qu'il entendait; il n'aurait pas cru que sa supérieur soit amoureuse et qui plus est aussi éprise d'amour. Fersen fixait la reine alors que celle-ci avait reçu la remarque en plein cœur.
- Je... Je ne vois pas pourquoi votre amour pourrait être interdit, fit-elle.
- Je vous en pris ne me faites pas parler plus. Mon statut me l'interdit.
- Mais...
- Je vous en pris.
- Ma reine je crois qu'Oscar a assez répondu, coupa Fersen, qui savait que Marie-Antoinette pouvait se faire insistante.
- Et je crois que le jeu est terminé, ajouta Girodelle.
- Majesté, murmura Oscar, une certaine panique dans les yeux.
- Oui, vous avez raison. Je suis désolée Oscar je n'aurais pas dû, vous pouvez partir je suis parfaitement en sécurité avec Fersen et Girodelle.
- Merci, murmura la jeune femme.
Sans même prendre le temps d'aller chercher sa cape, elle ouvrit la porte et s'enfuit en courant, malgré les cris des autres pour qu'elle revienne la chercher. En courant sous la neige qui avait commencé à tomber plus tôt dans la soirée, elle failli percuter André qui était tout près, mais elle le dépassa en courant.
- Oscar? Oscar!
Sans même réfléchir il la suivit. Il avait entendu une bonne partie des conversations et des jeux de son côté de la porte. Malgré les questions qu'il avait en tête, il la poursuivit en criant son nom, mais elle ne se retourna pas. Oscar courait malgré le froid qui frappait ses jambes sous sa robe légère.
«Maudit soit cette robe! Maudit soit ce jeu stupide! Maudit soit celui qui en a donné l'idée à la reine! Mais foutredieu depuis quand coures-tu aussi vite André je t'en pris va-t-en!»
Elle tenta d'accélérer sa course car son ami c'était dangereusement rapproché, mais elle se prit un pied dans sa robe et s'étala sur la neige. Elle lança un cri de colère en abattant son poing à terre.
- Morbleu!
André arriva derrière elle à ce moment là, s'agenouillant aussi prévenant qu'à son habitude, mais prudent vu ce qu'il avait entendu. La reine l'avait presque forcé à révéler son amour pour Fersen, il ne savait pas trop exactement quel effet cela aurait sur elle, mais il douta qu'il en aurait pour ses frais. Mais qu'importait, il s'était juré de taire sa douleur et sa jalousie pour veiller à son bonheur. Il posa une main sur son épaule, mais elle se dégagea.
- Ça va Oscar?
- Ça va très bien! Fit-elle d'une voix toujours colérique.
- Tu es sûre?
- Bien entendu; seigneur André je suis juste tombée à cause de cette foutue robe! Maudites soit les robes, je hais les robes, qu'elles aillent toutes au diable les robes!
Malgré sa bonne volonté elle n'avait pas pu jouer la comédie, elle était encore trop sous le choc des révélations qu'elle avait faites pour se ressaisir. Si au moins elle n'était pas tombée elle aurait pu le semer et il ne l'aurait pas vu ainsi.
De son côté André voyait bien que rien n'allait vraiment. Pourquoi diable tellement de haine envers les robes? Il se demanda si elle ne faisait pas plutôt un parallèle avec ce côté femme qu'elle avait dû dévoiler. Les larmes qu'il voyait encore dans ses yeux, sa carapace sur le point d'éclater; oui c'était plus cela en réalité. Il su immédiatement qu'il ne devait pas s'aventurer sur ce chemin s'il ne voulait pas qu'elle craque ou qu'elle ne s'enfuit en colère. Il remarqua son corps tremblant de froid dans sa robe maintenant mouillée par la neige, robe qui, malgré lui il le remarqua, était devenue plus moulante une fois mouillée.
Oscar n'osait plus bouger, en fait elle ne savait plus trop quoi faire. «Vas-tu cesser de me regarder ainsi André? Je t'en pris arrête je ne le supporterai pas plus longtemps.» Elle fut surprise lorsque sa main glissa sur la sienne et que ses doigts s'entrecroisèrent avec les siens. Figée, assise sur la neige, elle le laissa faire.
- Rentrons Oscar, tu trembles de froid.
En effet, lorsqu'il en parla, elle remarqua qu'elle tremblait et que le froid semblait s'être insinué dans tout son corps, jusque dans ses os. André se leva et la tira lentement vers lui pour qu'elle se relève, ce qu'elle fit. Elle le regarda défaire sa cape et la lui mettre sur les épaules. Il s'approcha lentement et releva le capuchon sur sa tête, recouvrant ses cheveux.
- Ainsi personne ne te reconnaîtra, je vais te faire entrer par les passages secrets des domestiques, fit-il.
- Non ramène-moi à Jarjayes!
- Il fait beaucoup trop froid et tu es déjà frigorifiée, je t'assure que personne ne te verra.
Tremblante, elle savait qu'il avait raison, mais en même temps elle ne voulait pas. Cependant, sa volonté s'était effritée dans son combat contre la reine, alors elle acquiesça de la tête. André lui sourit et osa passer un bras autour de ses épaules, frottant son bras tremblant de froid comme le reste de son corps.