"Valentins et Valentine"
de Loufiction
La revue militaire était un exercice dans lequel elle avait excellé en tant que Colonel des Gardes Royales. Et il était absolument hors de question qu’il n’en soit pas de même avec les Gardes Françaises. Oh ils avaient bien tenté de résister au début, mais elle les avait non pas mâtés, mais plutôt amadoués. La discipline de fer qu’elle avait imposée à Versailles ne fonctionnerait pas avec eux, c’était leur respect qu’elle avait dû gagner avant toute autre chose. Cela avait été un combat de longue haleine, mais elle estimait l’avoir gagné.
En grand uniforme, ils étaient tous alignés au cordeau, l’allure fière et impressionnante, les mousquets à leur gauche, brillants, les guêtres blanches immaculées, les chaussures rutilantes. Elle n’avait même pas eu besoin de leur rappeler de prendre soin de leurs tenues, ils connaissant son niveau d’exigence à ce sujet. Ils savaient d’expérience qu’elle renverrait au dortoir le premier qui oserait se présenter avec une tâche ou des chaussures crottées dans la cour d’honneur de la caserne.
Elle se forçait à ne pas observer André. Et pourtant, Dieu qu’il était beau dans l’uniforme. Depuis le Faubourg Saint Antoine et l’épiphanie qu’elle y avait connu, il devenait de plus en plus difficile de ne pas le dévorer du regard. Avait-il toujours eu cette prestance ? Ce corps divin ? Comme il était devenu compliqué maintenant de cacher ses sentiments. Comment avait-il fait lui ? Lui qui lui avait déclaré l’aimer depuis toujours, il avait tant réussi à lui cacher qu’elle n’avait rien vu, rien compris. D’eux deux, c’était véritablement elle l’aveugle.
Elle se reconcentra sur la répétition générale de la revue militaire qui aurait lieu le lendemain devant le ministre des armées lui-même. Elle savait qu’il n’espérait qu’une chose : trouver le chaos et la déclarer inapte à commander cette bande de brutes du peuple. Il ne supportait pas qu’on ait imposé une femme à la tête d’une garnison. Il allait au-devant d’une immense désillusion. Elle était fière de ses hommes, certes, ils pouvaient effectivement être de vraies brutes, ils le lui avaient formellement démontré à son arrivée. Néanmoins, pour la plupart, c’étaient de bons hommes, certes pauvres et affamés, mais bons.
Ses premières prises de décision avaient été d’améliorer leur quotidien. On n’obtenait pas de bons soldats si leur essentiel à la caserne n’était pas assuré. Des dortoirs propres, de la paille fraiche en guise de matelas, de vraies couvertures chaudes, des repas dignes de ce nom. L’affaire du mousquet de Lassalle avait fini de la convaincre de la réalité des choses. Elle reprit ses esprits et félicita ses hommes, leur demandant de réitérer leur exploit le lendemain, puis elle leur donna l’autorisation de rompre les rangs et de rejoindre leurs dortoirs respectifs.
Malgré elle, son regard dévia à nouveau vers André qui était en train de discuter avec Alain. Trouverait-elle un jour le courage de lui avouer tout ce qu’elle ressentait pour lui ? Elle savait que demain serait un jour censé être particulièrement propice à ce genre d’aveu. Et elle l’avait toujours eu en horreur ce jour. Le libertinage et l’hypocrisie y étaient à leur paroxysme. Et pourtant, cette année elle ressentait l’envie impérative de passer aux aveux. Cet homme qui l’aimait tant méritait de savoir que cet amour était partagé, qu’elle en avait enfin eu la révélation. Elle voulait simplement qu’il soit son valentin Tudieu ! Etait-ce là trop demander ?
Comment aurait-elle pu se douter qu’au même moment, un peu plus loin dans un autre groupe de ses hommes, l’un d’entre eux la dévorait également du regard, connaissait la même révélation la concernant ? Que concernant l’un d’entre eux, elle avait gagné non seulement le respect, mais une adoration et un amour sans borne ? Et que tout comme elle, il se languissait de lui en faire l’aveu tout en essayant de s’en empêcher par respect pour leur différence sociale ?
Elle regagna son bureau et s’assit lourdement sur la chaise qui jouxtait son bureau. Avec un soupir elle se mit à l’aise en ouvrant sa veste et en la déposant sur le dossier de la chaise, et envoyant valdinguer ses bottes.
Elle prit ensuite la plume qu’elle trempa dans l’encrier, et se mit à rédiger le rapport du jour, puis prit connaissance du courrier qui était arrivé et entreprit d’y répondre. De longues heures s’écoulèrent dont seul le chandelier de son bureau fut témoin, ses chandelles s’amenuisant au fil du temps. Elle était tellement concentrée qu’elle n’entendit pas André entrer dans son bureau. Elle sursauta même lorsqu’il l’appela. Il était resté respectueusement dans l’encadrement de la porte d’entrée. Depuis ce soir maudit, il s’interdisait la moindre familiarité avec elle. Et comme cela lui manquait. Elle devait s’avouer que cela aussi avait contribué à lui ouvrir les yeux. Elle l’avait tellement pris pour acquis.
Quelques fois, elle se demandait s’il avait pris sa demande de vivre sa vie au sérieux ? Avait-il trouvé une jeune femme digne de lui ? Couvrait-il désormais une autre femme de ses attentions et de sa tendresse ? Elle en frissonnait de peur. L’émeraude de ses yeux se posait-elle maintenant sur une autre femme qu’elle ? Elle mourait d’envie de céder à cette tradition d’Outre-Manche qui voulait que l’on passe du temps privilégié avec l’objet de son affection durant la journée du 14 février. Bien entendu, les adeptes du libertinage à la française avaient eu vent de cette tradition et avaient tôt fait de la transformer à leur guise, décidant qu’en ce jour il était permis de cocufier à tout va, et en public qui plus est ! Quelle infamie !
« Mon Colonel ? » l’appela enfin André, inquiet de la voir rester immobile à son bureau. Oh comme elle détestait quand il l’appelait ainsi. Ses « Oscar » déclamés de sa voix de velours, tendre et puissante à la fois étaient devenus aussi rares que la neige en été. Elle ne s’était jamais rendue compte avant à quel point ils lui étaient précieux. Totalement insupportée par son attitude, qui respectait pourtant en tous points ce qu’elle lui avait imposé, elle se leva, furibonde. André reconnu la colère dans son attitude mais ne comprit pas ce qui lui valait ce sentiment. Qu’avait-il fait ?
« Arrête de m’appeler comme ça ! » ordonna-t-elle.
Alors là elle était gonflée ! C’était pourtant elle qui avait exigé le plus strict professionnalisme entre eux ! Il sentit une bouffée de colère l’envahir devant une telle injustice. Il respira profondément, il ne devait en aucun cas se laisser aller à la colère également, il en avait déjà très chèrement payé le prix une fois et il était hors de question qu’il recommence. Mais elle ne lui rendait pas la tâche facile, elle était proprement insupportable. Il décida de la fuir plutôt que de l’affronter au risque de perdre le contrôle.
« Excusez-moi mon Colonel, je n’aurais pas dû me présenter sans raison valable. » dit-il sèchement, puis il salua en un garde-à-vous impeccable, et se tourna vers la porte pour sortir du bureau. Déçu, triste, toute colère contre elle finalement évaporée tant il regrettait que leur relation se soit tellement dégradée.
« Tu ne vas nulle part ! » ordonna-t-elle sèchement en le dépassant de son bras qui tira rapidement la porte qu’il venait d’entre-ouvrir devant lui, lui empêchant toute fuite. Cela raviva la colère en lui. Bon sang mais que voulait-elle à la fin ? Il se retourna vivement, toute hiérarchie oubliée, porté par la force de l’injustice du moment.
« Mais vas-tu me dire ce qu’il te prend à la fin ? » gronda-t-il.
« Oh parce que maintenant tu me juges digne de ton tutoiement ? Mais tu m’énerves à la fin ! »
Ils s’affrontèrent du regard jusqu’à ce qu’André réalise à quel point elle était proche de lui. Seigneur Dieu il avait à nouveau envie de l’embrasser, qu’elle était belle dans la colère ! Mais il ne fallait pas qu’il cède, c’était inconcevable et cela signerait sans aucun doute permis la fin de ce qu’il restait de leur amitié. L’azur de ses yeux lançait des éclairs. Le vert des siens avait foncé sous la colère. Mais de quel droit pouvait-il être en colère alors qu’il lui avait crié violemment son amour et qu’il ne lui en démontrait plus une once maintenant ? Et qu’elle lui ait ordonné de ne pas le faire ne comptait pas du tout. S’il l’aimait vraiment, il serait allé outre n’est-ce pas ?
« Je ne comprends plus ce que tu attends de moi, » finit-il par dire doucement. Oscar reçut comme un coup au cœur. Sa voix était si triste, était-ce là des larmes qu’elle voyait poindre dans son œil ?
« André ? Tu pleures ? » demanda-t-elle doucement. Mais qu’avait-elle fait ? Pourquoi s’énerver contre lui alors qu’il n’avait fait que respecter ses demandes au prix de ses sentiments qu’elle piétinait allègrement ? En fait, si elle devait être totalement honnête, c’est après elle-même qu’elle était en colère. Parce qu’elle se sentait incapable de lui rendre ses sentiments. Parce qu’elle s’en sentait indigne tant son amour pour elle était pur et puissant.
André lutta contre les larmes et réussi à les refouler. Une profonde respiration plus tard, il se retourna à nouveau vers la porte et mit la main sur la poignée, prêt à partir. Cela fit paniquer Oscar, s’il sortait, elle ne serait plus jamais capable de lui dire. Vite il fallait agir !
Elle se laissa guider par son cœur et posa une main sur la sienne pour stopper son geste et l’autre sur l’une de ses épaules afin de le forcer à lui faire face à nouveau. Et d’un mouvement, il fut face à elle, résigné à subir son prochain caprice. Oscar le regardait ne trouvant pas la force de parler. Alors elle se décida d’agir. Après tout, elle était homme ... enfin femme, d’action. Elle osa donc, et se surélevant sur la pointe des pieds (Foutre qu’il était grand lorsqu’elle n’avait pas ses bottes !!) elle osa poser ses lèvres sur les siennes. André en ouvrit les yeux de stupeur, foudroyé sur place et restant les bras ballants, ne sachant que faire. Quelle était cette nouvelle torture qu’elle venait d’inventer ?
Devant son absence de réaction, Oscar sentit faiblir son ardeur à lui faire comprendre qu’elle aussi l’aimait. Ses doutes l’envahirent à nouveau. S’il ne réagissait pas, peut-être que cela signifiait simplement qu’elle avait eu raison plus tôt. Il devait bien avoir rencontré une nouvelle femme et se refusait à la trahir. Elle se recula enfin, sentant maintenant les larmes dans ses yeux à elle. Elle avait tout gâché par son aveuglement, sa fierté, puis son entêtement sans borne. Elle se trouvait désormais face à lui, presque contre lui à vrai dire, et n’osait même plus lever les yeux vers lui.
« Excuse-moi, » fit elle soudainement. « J’aurais dû comprendre que tu avais suivi mon conseil et que tu avais rencontré une femme digne de toi. Oublions tout cela veux-tu ? » Puis elle se retourna, s’attendant à ce qu’il quitte la pièce et décidée à entrer dans sa chambre où elle allait vider tout ce qui ressemblait de près ou de loin à de l’alcool afin d’oublier cette totale déconvenue. Elle entendit la porte se refermer doucement et finir par claquer, sonnant comme le glas de leur amour. Au même instant, elle eut l’impression que son cœur se brisait en mille éclats. Elle fut néanmoins surprise d’entendre la clé tourner dans la serrure, verrouillant de fait l’accès à son bureau.
Il était resté ? Sa respiration s’accéléra et elle se retrouva pétrifiée sur place. Que cela signifiait-il ? Elle le sentit derrière elle, la chaleur de son corps se propageant vers le sien. Pourtant il ne fit pas les derniers centimètres qui le séparait d’elle, encore et toujours respectueux de la promesse qu’il lui avait faite. Ce serait à elle de faire l’effort, elle le lui devait bien d’ailleurs. Oui, c’était à elle de régler la situation. Elle prit son courage à deux mains et se retourna finalement vers lui.
« Excuse-moi, » répéta-t-elle. « Je suis indigne de me jeter sur tes lèvres alors que tu t’es clairement engagé vers une autre. » L’émeraude de ses yeux la transperçait de part en part, il l’avait rarement regardée avec une telle intensité.
« Mais qu’est ce qui pourrait te faire croire que j’ai rencontré une autre femme ? » lui demanda-t-il finalement. Mais bon sang que lui arrivait-il ? Comment avait-elle pu en arriver à une telle conclusion ? Et surtout … cela la gênait-elle ? Oserait il la penser jalouse ?
C’était une bonne question en fait. Elle n’en avait aucune preuve finalement, juste une intuition. Cette espèce de certitude que s’il ne se battait pas pour son amour à elle, c’est qu’il en avait trouvé un autre ailleurs. Elle se sentit soudain ridicule. Au niveau de ces courtisanes dont elle avait tant pu se moquer.
Elle réalisait maintenant que cette distance qu’elle avait imposée entre eux, et qu’il avait respectée à la lettre, lui était devenue insupportable. Elle avait toujours vécu avec lui à ses côtés, avec ses attentions, sa tendresse, ses moqueries qui lui permettaient le plus souvent de dédramatiser une situation mais aussi à lui ouvrir les yeux. Cette proximité était viscéralement ancrée en elle. Et s’en trouver privée, c’était une peine qu’elle s’était auto-infligée. Et pourtant, à bien y réfléchir, il s’était tout de même engagé dans sa compagnie …
Son corps était à la fois si proche et si loin du sien. Il n’aurait suffi que d’un demi pas en avant pour se retrouver dans ses bras. Comment se sentirait-elle dans ses bras ? Serait-ce aussi doux que lorsqu’ils étaient enfants ? Elle voulait tant savoir ce que cela lui ferait qu’elle finit par avancer inconsciemment. Avec surprise, elle buta contre un torse puissant, aussi musclé qu’elle l’avait deviné plus tôt en l’observant pendant la répétition de la revue.
Pour autant, il ne fit pas un mouvement, décidemment elle devrait tout faire. Et à bien y penser, c’était un petit prix à payer tant elle se sentait déjà dans un autre monde juste en se collant contre son torse. Elle ferma les yeux, voulant imprimer cette merveilleuse sensation au fond d’elle pour toujours. Puis elle bougea enfin, doucement, lentement, savourant chaque seconde, et elle l’étreignit, posant la tête sur son cœur, l’entourant de ses bras et le serrant contre elle. Elle le sentit sursauter au début, puis se détendre. Comme elle était bien dans ses bras. Enfin non … ses bras étaient restés le long de son corps, il n’avait toujours pas fait un geste vers elle. Soit. Elle affronterait donc son regard.
Elle leva les yeux vers lui et découvrit un regard interrogateur. N’avait-il donc toujours pas compris ? Elle avait envie de poser ses lèvres à nouveau sur les siennes. Mais son manque de réaction la stoppa net. Ses mains qui étaient nouées dans son dos tombèrent finalement. Son regard tomba. Elle avait désormais ses bras le long de son corps, tout comme lui. Elle était sur le point de se reculer lorsque leurs mains droites se frôlèrent, électrisant encore plus la situation. Elle était totalement désemparée par son absence de réaction.
« André je t’en supplie, dis quelque chose » finit elle par lui dire, à court d’idées et de patience.
« Je ne comprends plus rien Oscar » Elle releva la tête pour le regarder, n’avait-elle pas été très claire en l’embrassant ?
« Tu me bats froid pendant des semaines, tu m’interdis toute familiarité avec toi, tu me demandes de partir, de commencer une vie de mon côté, sans toi. Et puis alors que je souffre de me forcer à respecter tes ordres à la lettre, tu viens maintenant me reprocher de m’être éloigné ? »
« Pourquoi souffres-tu de t’éloigner de moi André ? » demanda-t-elle.
Oh elle ne gagnerait pas si simplement. Il fronça les sourcils en la regardant et elle eut l’honnêteté de rougir sous son regard. Il avait été franc, c’était à son tour de l’être.
« Je ne veux plus que tu t’éloignes, moi aussi ça me fait souffrir de t’avoir loin de moi. Le seul problème est qu’il est peut-être déjà trop tard, et si c’est le cas … » A sa courte honte, elle sentit les larmes menacer. Elle les ravala et continua, « si c’est le cas alors je respecterai ton choix, je ne veux que ton bonheur. »
Bon sang, elle était réellement jalouse.
Elle le vit finalement sourire. La main qui avait frôlé la sienne prit place sur sa taille, les doigts de l’autre s’entrelacèrent avec ceux de sa main gauche. « Comment pourrais-je connaître le bonheur sans t’avoir à mes côtés ? » Il porta la main qu’il tenait dans la sienne à sa bouche, y déposant un léger baiser. Oscar en profita pour retrouver la chaleur de son étreinte. Elle pourrait passer sa vie dans ses bras et y mourir heureuse.
« Oscar, j’ai besoin que tu sois honnête avec moi, et surtout avec toi-même, que ressens-tu vraiment ? » Elle leva les yeux vers lui. « Là maintenant ? Je crois que j’ai rarement été à la fois si bien et si mal à l’aise »
« Pourquoi es-tu mal à l’aise ? » s’inquiéta-t-il.
« Parce que je ne sais toujours pas clairement si je n’ai pas réagi trop tard. » Il hocha la tête, sa réponse avait du sens. Sa peur était évidemment ridicule, mais quelque part, cela le flattait. Il resserra son étreinte, comme pour la rassurer.
« Et pourquoi te sens-tu bien dans mes bras ? » Il avait baissé la tête vers son oreille pour lui poser cette question. Son souffle sur sa peau, ses lèvres si proches la firent frissonner. Elle ferma les yeux pour profiter au maximum de ces merveilleuses nouvelles sensations et nicha son nez dans son col, respirant sa délicieuse odeur de plus près.
« Parce que je m’y sens en sécurité, parce que c’est chaud, parce qu’avec toi à mes côtés, je ne crains rien ni personne, parce que tu sens si bon, parce que je me rends compte qu’il est agréable de découvrir à quel point tu es fort contre moi, et parce que … » elle se stoppa, réalisant qu’elle était sur le point de lui dévoiler le mieux caché de ses secrets. Mais finalement, après ce qu’elle venait de lui dire, n’était-ce pas déjà en avoir trop dit ?
« Parce que j’ai enfin compris à quel point je t’aime » finit elle par lui dire, un poids immense quittant sa poitrine. André la serra si fort contre lui qu’elle en eut le souffle coupé. Leurs lèvres se trouvèrent rapidement et se dévorèrent enfin, avides de se redécouvrir et de déclarer à leur façon l’amour de leurs propriétaires.
« Comment pourrais-tu croire une seule seconde que je puisse en regarder une autre ? » lui demanda-t-il, ses mains remontant langoureusement le long de son dos, savourant la victoire du cœur qu’il venait enfin de remporter. « Je te l’ai dit, je te chérirai toute ma vie. »
L’une de ses mains avait quitté son dos et caressait désormais sa joue. Oscar le dévorait du regard, découvrant des sensations inédites, des envies incroyables, comme de découvrir sa peau par exemple, de ses mains, de sa bouche, de la plus décadente des façons. Elle si droite, si prude, si pure, elle ne se reconnaissait plus. Oh oui, désormais elle savait clairement ce qu’elle voulait : lui et lui seul, lui totalement, lui pour toujours.
Elle lui prit la main, et l’entraina vers sa chambre, décidée à réaliser absolument toutes les envies qui venaient de l’assaillir. Etait-ce cela que le désir ? Au moment de passer la porte, André freina, elle se retourna, étonnée.
« Oscar, ne précipitons rien, nous avons la vie devant nous désormais, je ne veux pas que tu aies de regrets. »
« Les regrets je les ai déjà, ceux de t’avoir fait souffrir si longtemps, ceux de ne pas avoir écouté mon cœur plus tôt, et ça, je ne me le pardonnerai jamais. Viens » dit-elle enfin en tirant sur son bras pour le faire entrer dans sa chambre. Par précaution et parce qu’elle refusait absolument qu’on puisse les déranger, elle verrouilla cette porte également. Lorsqu’elle se retourna, elle fit face à un André brûlant de désir contenu. Celui-ci refusait de l’effrayer et se promettait d’être patient et tendre alors qu’il n’avait qu’une envie, la plaquer contre cette porte ou encore la basculer sur son lit, voire les deux d’ailleurs … et lui faire l’amour toute la nuit.
Rassurée par ses mots, Oscar s’avança vers lui et commença par libérer son torse de tout l’équipement militaire qui le recouvrait, puis commença à déboutonner sa veste, l’envie d’accéder à sa peau devenant impérieuse. Amusé par tant d’ardeur, André posa tout de même ses mains calmement sur les siennes, fébriles. Elle releva vers lui un regard interrogateur. Aurait-elle mal fait quelque chose ? Après tout, elle n’y connaissait rien en amour, elle pensait se laisser guider par son instinct.
« Doucement, nous avons toute la nuit devant nous. » la réconforta-t-il gentiment.
« Pardon, je n’y connais rien, j’avais juste envie de … » et elle s’arrêta, rougissant vivement. André la trouvait adorable ainsi, tellement loin de l’austère colonel qu’elle était au quotidien.
« Tu peux me déshabiller autant que tu en as envie, » lui dit-il regrettant déjà de l’avoir stoppée, retrouverait-elle le courage de continuer ? Quel idiot il avait été … Alors il décida d’agir. Il l’attira vers lui, prit sa main et la posa sur le bouton suivant. Puis il glissa ses mains sur sa taille, attrapant le tissu de sa chemise puisqu’elle avait déjà ôté sa veste avant son arrivée dans son bureau, et commença à tirer sur le tissu afin d’atteindre la fine chemisette de lin qu’elle portait en dessous afin, il le savait, de la protéger des éventuelles transparences en cas d’humidité. Il glissa ses mains dessous et atteint enfin sa peau, savourant chaque centimètre carré qu’il découvrait.
Pendant ce temps, Oscar avait enfin ôté sa veste et s’attaquait désormais à sa chemise. Lui, ne portait rien dessous et il vénéra le moment où ses mains d’abord tremblantes caressèrent son torse. Elle le découvrait du plat des mains, puis de ses doigts, fins et racés, qui suivaient les lignes de ses muscles. La sentir ainsi redessiner son corps le rendit fou de désir. Il mourait d’envie de lui ôter également sa chemise et de la découvrir enfin mais il n’osait pas franchir ce pas. Il haleta lorsqu’il sentit la bouche d’Oscar dans son cou, puis, frondeuse, elle se recula quelques instants, et passa chemise et chemisette par-dessus sa tête, se retrouvant face à lui ne portant que les fameuses bandelettes de lin qui constituaient le dernier rempart à l’une des preuves éclatantes de sa féminité.
Ces bandelettes semblaient d’ailleurs entraver sa respiration qui était haletante. André pouvait deviner sa poitrine se soulever, au gré de ses inspirations et expirations. Cette fois-ci, c’est lui qui avait les mains qui tremblaient lorsqu’il atteignit enfin le nœud qui allait la libérer et la révéler tout à la fois.
En la découvrant enfin, il eut une prière, qu’il jugerait plus tard bien incongrue, pour remercier Dieu de lui offrir une telle femme. Seigneur qu’elle était belle. Oh il le savait déjà, malgré sa violence, la première vision qu’il avait eue de ses seins était gravée dans sa mémoire, mais celle-ci était tellement plus forte qu’elle lui prendrait bien volontiers sa place. Il leva les yeux vers elle et la découvrit les joues roses et le sourire aux lèvres. Oh il mourait d’envie de la caresser et de la dénuder entièrement. Qu’il était beau ce colonel acceptant enfin de devenir femme dans ses bras.
« Viens par-là » lui dit-il en lui tendant la main. Elle ne se fit pas prier tant l’envie de le sentir à moitié nu contre elle était forte. Cette sensation était incroyable, comment avait-elle pu vivre si longtemps sans expérimenter cela ? Dans un soupir, elle fit courir ses mains sur les muscles de ses bras, curieuse de ce corps qu’elle découvrait enfin et qu’elle avait secrètement envié pendant des années. André découvrait cette douceur insoupçonnée avec bonheur, savourant ses caresses et retenant les siennes tant il avait peur de ne pouvoir retenir son désir d’elle.
Elle releva enfin la tête vers lui, approchant sa bouche de son oreille, « André, s’il te plait … »
Oh il ne se ferait pas plus prier que cela. D’un geste vif, il la prit dans ses bras et se dirigea vers son lit, la déposant avec délicatesse et se débarrassant de ses guêtres avant de la rejoindre, ivre de l’amour qu’il pouvait enfin exprimer pour elle.
Lorsque sa bouche se posa sur sa poitrine, Oscar crut que son monde allait exploser, comme c’était bon, comme c’était fort cette sensation de chaleur et de froid à la fois. Sans même s’en rendre compte, son corps se cambra et des gémissements lui échappèrent au grand bonheur d’André. Oh il fallait absolument qu’elle lui rende cette sensation, mais que faire ? Elle laissa ses mains errer sur son corps, plongeant avec volupté dans ses merveilleux cheveux, se rendant compte au passage qu’elle en mourait d’envie depuis qu’il les avait coupés. Puis retrouva ses bras, son torse, son dos, pour enfin attendre ses fesses.
Comme il était bon de l’aimer et de se faire aimer de lui. Aventureuse, elle décida de glisser ses mains sous la culotte blanche de son uniforme, l’envie de vraiment le caresser devenant plus forte. André sursauta lorsqu’elle commença à lui masser les fesses, étonné mais ravi de cette prise d’initiative. Ce faisant, il lui fit sentir l’étendue de son désir pour elle et la fit sursauter à son tour.
Leurs regards s’accrochèrent, et il décida de l’embrasser pour la rassurer. Elle avait le souffle court, mais était clairement décidée. S’il avait le moindre doute sur ses intentions, celui-ci s’envola lorsqu’elle commença à tirer sur le tissu de sa culotte, le faisant glisser vers ses genoux. Il voulut l’aider et se leva quelques instants, lui tournant le dos et se débarrassant en une fois de la culotte blanche de son uniforme ainsi que des bas réglementaires. Il était désormais nu et se demandait comment elle réagirait lorsqu’il se retournerait.
Il n’eut pas à se poser la question longtemps car elle aussi se leva pour le rejoindre et eut les mêmes gestes que lui, se dénudant entièrement et se retrouvant de fait, à totale égalité avec lui. Il la mangeait du regard. Le sien s’était fait à la fois curieux et fuyant. Elle n’arrivait pas à fixer son regard sur cet endroit précis de son anatomie qui faisait de lui un véritable homme. Elle sembla sortir de cette légère torpeur et lui prit la main pour l’attirer vers elle, vers le lit qu’ils allaient partager cette nuit.
« Tu es si belle, » lui glissa-t-il à l’oreille, fiévreux, avant que sa bouche ne retrouve sa poitrine tandis que ses mains caressaient ses jambes magnifiques. Oscar aurait dû se sentir gênée, mais à aucun moment elle ne le fut. La confiance qu’elle avait en lui était totale, son amour récemment découvert, infini. Elle eut une très fugace pensée pour ses sœurs, qui avait dû vivre ce merveilleux moment avec un homme qu’elles n’avaient pas choisi, pour lequel elles n’éprouvaient aucun amour, quel gâchis pour elles, et quelle chance elle avait, elle, ni vraiment homme ni vraiment femme.
Elle commençait à éprouver au creux de son ventre une délicieuse chaleur qui semblait ne demander qu’à se propager. André releva la tête vers elle, le visage illuminé de bonheur. Comme il était beau en cet instant et comme elle était fière d’être celle qui le rendait si heureux. Elle le voulait comme elle n’avait jamais autant voulu quoique ce soit de sa vie. Elle n’avait aucune idée de ce qui allait se passer, mais elle désirait que ça arrive, de tout son cœur, de toute son âme, de tout son corps.
« André, s’il te plait, » lui dit-elle encore, éludant avec pudeur la fin de sa demande. Un sourire encore plus franc fendit le visage de l’homme qu’elle aimait.
« Doucement ma belle, doucement, laisse-moi tout d’abord être sûre que tu es prête, » lui dit-il, énigmatique. Il se doutait que jamais elle n’avait été éduquée concernant les choses de l’amour. A vrai dire, il doutait fortement que les jeunes femmes de la noblesse ne le soient réellement un jour.
« Me permets-tu ? » lui demanda-t-il, glissant sa main au plus près de son intimité. Oscar sentit la vague qui menaçait d’emporter son corps se raffermir sous cette caresse esquissée et totalement inédite pour elle. Elle n’arrivait plus à prononcer le moindre mot. Elle décida donc de poser sa propre main sur la sienne et de fermement le diriger là où il le souhaitait. Puis elle se laissa envahir par la délicieuse sensation que sa main provoquait.
Lui provoquerait-elle autant de délices si sa main à elle le caressait lui au même endroit ? Timidement, sa main reprit le chemin de ses fesses, qu’elle affectionnait décidemment beaucoup. Puis, lentement, la main passa devant et le frôla. Lorsqu’elle trouva le courage de le toucher plus franchement, il stoppa momentanément ses propres caresses. Le monde venait d’arrêter de tourner pour lui. Les gestes d’Oscar étaient quelque peu maladroits, mais d’une telle sincérité qu’il se laissa emporter par les sensations qu’elle lui procurait, de plus en plus fortes au fur et à mesure qu’elle prenait confiance. Tellement fortes d’ailleurs qu’il finit par poser sa propre main sur la sienne pour l’arrêter.
Oscar le regarda, surprise. Le sourire franc, il l’embrassa. « Tu es merveilleuse mais si tu avais continué, les choses se seraient terminées bien trop tôt. »
Le comprenant à mi-mots, remettant les bribes de connaissances qu’elle avait sur l’amour en ordre, elle lui sourit aussi, heureuse d’avoir pu lui provoquer un tel plaisir.
« Fais de moi une vraie femme, fais de moi ta femme André, » lui demanda-t-elle, déterminée et amoureuse. Oh il ne se fit pas prier. « Avec le plus grand des plaisirs, Mademoiselle de Jarjayes » lui dit-il, tandis qu’il joignait le geste à la parole, scellant définitivement le destin d’Oscar de Jarjayes et condamnant l’homme qu’elle avait voulu être durant des années. Elle ferma les yeux quelques instants, puis approcha sa bouche de son oreille, mutine, plongeant au passage une main dans la masse de ses merveilleux cheveux. « Je pense qu’on peut dire que c’est Madame Grandier maintenant non ? ». Eperdu d’amour, il l’embrassa profondément, lui donnant autant de plaisir qu’il en prenait, les conduisant tous les deux vers l’extase.
Bien des sensations et quelques délices plus tard, Oscar et André se réveillèrent dans les bras l’un de l’autre, heureux comme jamais, se faisant des promesses d’éternité les yeux dans les yeux. Elle se trouvait à moitié allongée sur lui, l’une de ses interminables jambes entrelacée entre les siennes, fermes et musclées. Elle caressait son torse doucement, savourant chaque instant.
Ils seraient restés là durant des heures si le clairon de la caserne n’avait pas sonné l’heure du réveil. Oscar sursauta, se redressant immédiatement et sortant du lit le plus vite possible. Foutredieu la revue ! André s’amusa à la regarder s’activer quelques instants puis se décida à se lever, s’approchant d’elle encore aussi nue que lui puisqu’elle tentait de rassembler les différentes parties de son uniforme. Elle ne pourrait paraître avec un uniforme fripé !
Il la prit dans ses bras et plaqua un baiser sur ses lèvres. « Du calme, tu as tout le temps, je vais t’envoyer la lavandière pour ton uniforme et je vais me dépêcher de préparer le mien, mon colonel préféré ne me pardonnerait pas de paraître à une revue dans un tel état. »
« Idiot ! » râla-t-elle pour la forme. Il eut ce rire solaire qui lui avait tant manqué. Cet homme était une bénédiction des dieux et elle remercia le ciel de l’avoir mis dans sa vie. André sortit discrètement de son bureau et retrouva son dortoir en sécurité, personne n’ayant vu d’où il arrivait. Il rejoignit tranquillement ses camarades dans le mess pour la collation du matin. Alain le regarda l’air soupçonneux, visiblement il avait remarqué son absence de la nuit.
Une heure plus tard, les hommes se rassemblèrent dans la cour d’honneur de la caserne, comme la veille, alignés, impeccables, voulant faire honneur à leur colonel qu’ils appréciaient tant désormais. Il la vit arriver, elle aussi, droite et fière dans son uniforme, il ne lui manquait que l’égide, la lance et le bouclier pour être telle la déesse Athéna partant en guerre. A ses côtés, le ministre de la guerre qui les examinait, à la recherche de la moindre erreur.
Au commandement d’Oscar, ils exécutèrent tous un garde-à-vous réglementaire et parfait. Le défilé commença selon l’ordre établit par Oscar, les manipulations d’armement irréprochables, les salutations protocolaires modèles. Oscar les observait et était pétrie de fierté tout en arborant un mystérieux et léger sourire aux lèvres.
Qu’elle était belle ainsi, incroyablement belle même car si elle portait un habit typiquement masculin, elle exultait la féminité ce matin. Ses cheveux brillaient au soleil timide de février, ses joues étaient rosies par le froid, ses yeux pétillaient de fierté et de bonheur. Oh comme il l’aimait.
Au moment où le ministre s’apprêtait à quitter la caserne, mettant fin à la revue, il n’y tint plus. Il sortit du rang et s’écria « Vive notre Colonel ! Vive le colonel de Jarjayes ! Vous êtes le meilleur colonel que nous n’ayons jamais eu ! On vous aime colonel, en fait … non, JE vous aime ! Vous êtes ma lumière, vous êtes ma vie ! ».
Oscar qui était en train d’accompagner le ministre vers la sortie se retourna, totalement interloquée, les yeux écarquillés. Avec un peu de chance, le ministre n’aurait rien entendu … Quel était l’imbécile de ses hommes qui avait pu croire qu’une telle déclaration se faisait lors d’une revue Foutredieu !
C’était peine perdue, celui-ci se retourna vivement, le sourire aux lèvres, ayant enfin trouvé une faille dans l’organisation parfaite d’Oscar de Jarjayes. Il s’apprêtait à vertement la remettre en place lorsqu’Alain sortit également des rangs, suivi d’André, puis de Lassalle et d’autres de ses soldats qui se mirent à clamer leur admiration pour leur colonel à qui mieux mieux. Cette revue tournait au cauchemar !
« Nous admirons tous et respectons tous notre colonel, pour ses qualités militaires évidentes » dit André.
« Elle n’a rien à voir avec ces poudrés qui ont tenté de nous mâter ! Elle a de la droiture et du talent, elle ! » renchérit Alain.
Et à nouveau, chacun de ses hommes se mit à chanter ses louanges. Oscar était écarlate, ne sachant plus quoi dire ou faire. Il lui fallait pourtant reprendre la main sur la situation. Elle leva alors le bras, pour réclamer le silence. Elle se retourna vers ses hommes, le regard sévère. Ils se turent tous d’un coup. Ils avaient voulu couvrir leur camarade, puis la défendre. Mais à son regard, ils réalisèrent qu’elle n’avait pas du tout apprécié. Sans même qu’elle eut à prononcer le moindre mot, ils se mirent au garde-à-vous.
« Messieurs, même si j’apprécie votre estime, je vous rappelle qu’une revue militaire n’est pas lieu idéal pour l’exprimer. Néanmoins, je tenais également à vous retourner cette estime. Vous êtes des hommes de valeur, et la revue impeccable que vous nous avez présentée ce matin a ravi notre ministre, n’est-ce pas Monseigneur ? »
Il n’oserait pas la contredire maintenant, n’est-ce pas ?
« Oui, oui oui bien sûr … bien je dois aller inspecter la prochaine caserne, » se débina le dit ministre des armées, remontant vivement à cheval et quittant cette caserne de tous les diables !
Une fois qu’il fut enfin parti, Oscar se tourna à nouveau vers ses hommes, le regard à nouveau sévère. Encore une fois, elle n’eut pas besoin de prononcer le moindre mot. Légèrement penauds, ils baissèrent la tête en signe de contrition.
« Grandier ! Dans mon bureau ! » hurla-t-elle avant de quitter la cour, les laissant libres de leurs actes. C’était un dimanche après tout, et ils venaient de subir une revue. Certains avaient des permissions, les autres se partageraient la journée entre les rondes, les corvées et le repos et les visites de leurs familles.
André eut vite fait de la retrouver dans son bureau, verrouillant à nouveau la porte comme il le ferait désormais toutes les fois où il la rejoindrait.
Il la découvrit, hilare à son bureau. « Bon sang, mais que lui a-t-il pris ? » s’amusa-t-elle. André s’approcha d’elle et l’attira vers lui, déposant un chaste baiser sur ses lèvres. « Que veux-tu, tu es irrésistible ma chérie. »
Elle lui sourit, puis repartit dans un fou rire. « Et dire qu’hier je me lamentais de ne pas fêter la Saint-Valentin, et me voici le jour J subissant des dizaines de déclarations enflammées et devant témoin ! »
André rit avec elle, s’amusant effectivement de la situation.
Elle le fit s’assoir sur sa chaise et se décida à venir sur ses genoux, ses bras noués derrière sa nuque, profitant de ses cheveux qu’elle aimait tant. « Mais le plus intéressant dans cette histoire c’est que j’ai eu le meilleur des valentins, et je te préviens tout de suite mon petit monsieur, je ne me contenterai certainement pas d’une seule journée par an ! »
André lui sourit tendrement. « C’est entendu, ma chère, ma très chère valentine, mais tu le sais déjà de toute façon, je suis à toi à jamais désormais.»