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 Marie-Antoinette de stefan Zweig

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Nicole
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MessageSujet: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyDim 22 Oct 2006 - 12:04

Riyoko Ikeda c'est inspiré de la biographie de Marie-Antoinette écrite par Stefan Zweig pour réaliser son manga sur Lady Oscar.


1) Courte biographie de Stefan Zweig.

Issu d'une famille de la bourgeoisie juive viennoise, il parcourut l'Europe au cours de nombreux voyages avant la Première Guerre mondiale, et ira en Inde en 1910 puis aux États-Unis en 1912. Il se prit d'amitié avec notamment Romain Rolland, Sigmund Freud (dont il rédigea l'oraison funèbre et à qui il faisait lire ses nouvelles avant parution), Émile Verhaeren sur lequel il produisit une remarquable biographie pleine d'admiration et de reconnaissance pour le grand poète flamand. Polyglotte accompli, il traduisit de nombreuses œuvres de Charles Baudelaire, Arthur Rimbaud, Paul Verlaine, John Keats… Grand connaisseur du monde des arts et des lettres, il nourrit toute sa vie une grande passion pour les autographes et les portraits d'écrivains, qu'il collectionnait.

D'après son autobiographie Le monde d'hier - Souvenirs d'un Européen, quoique engagé au service de l'Autriche au début de la Première Guerre mondiale, Zweig est un pacifiste convaincu. Son texte Jérémie (1916) ou il laisse entrevoir la possibilité d'une défaite de l'Autriche, lui donne l'occasion de passer en Suisse en 1917 pour assister aux répétitions de cette pièce, à Zurich. Il en profite pour rencontrer nombre de pacifistes, en particulier son ami Romain Rolland à Genève.

Affecté par la sortie de guerre de l'Autriche, largement réduite, les difficultés matérielles et la dévaluation qui s'ensuivirent, il considère que la décennie 1924-33 constitue la période la plus intense de sa création artistique.

En 1934, il part en Angleterre à cause des persécutions antisémites et aussi pour compléter sa biographie de Marie Stuart. Il attira la colère des nazis lors de l'adaptation cinématographique de l'un de ses ouvrages (Brûlant secret 1938) et un autodafé de ses œuvres eut lieu à Berlin. Il s'établit enfin au Brésil en 1941 où il se suicidera le 23 février 1942, avec Lotte, son épouse, trop affecté de voir la Seconde Guerre mondiale détruire ses rêves d'humanisme et d'Europe pacifiée.

Son œuvre, particulièrement éclectique, comporte quelques recueils de poésies, quelques pièces de théâtre (Thersite 1907, Volpone 1927…). Il est surtout connu pour ses nouvelles (Amok 1922, la Confusion des sentiments 1926, Vingt-quatre heures de la vie d'une femme 1934), histoires de passion intense pouvant aller parfois jusqu'au morbide ou à la folie. Son œuvre phare, le Joueur d'échecs, a été publiée à titre posthume. Il a écrit de nombreuses biographies (Fouché, Marie Stuart, Magellan, Marie-Antoinette…) d'une grande acuité psychologique et qui comportent une réflexion sur les problèmes de son temps (Érasme 1935). Il travailla durant plus de vingt ans à son recueil de nouvelles Les très grandes heures de l'humanité qui retracent les 14 événements de l'Histoire mondiale les plus marquants à ses yeux.


2) Son oeuvre.


Marie-Antoinette est une biographie de la reine Marie-Antoinette d'Autriche écrite par Stefan Zweig en 1933.


S'appuyant sur les archives de l'Empire autrichien et sur la correspondance du comte Axel de Fersen, qu'il fut le premier à pouvoir consulter intégralement, Stefan Zweig retrace la vie de cette reine, ni sainte du royalisme, ni prostituée de la Révolution mais une femme somme toute ordinaire.

Qui était Marie-Antoinette?

La jeune princesse autrichienne destinée à être reine de France, qui pour fuir le poids de l'étiquette de la Cour de Versailles et un mari falot se vautre dans la théatralité et la frivolité, ou la femme qui, sous le poids du malheur et de l'Histoire, se révèle à elle-même et se rachète à la lumière de la souffrance?

Une simple femme, accessoirement reine de France, projetée dans un drame où elle ne fut qu'une marionnette.

Grandeur et décadence d'une vie hors du commun, de Versailles à la prison du Temple. Lorsqu'elle comprend, il est déjà trop tard...

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyDim 22 Oct 2006 - 12:24

Premier chapitre de la biographie de Marie-Antoinette écrite par Stefan Zweig.



ON MARIE UNE ENFANT


Pendant des siècles, sur d'innombrables champs de bataille allemands, italiens et flamands, les Habsbourgs et les Bourbons se sont disputé jusqu'à épuisement l'hégémonie de l'Europe.
Enfin, les vieux rivaux reconnaissent que leur jalousie insatiable n'a fait que frayer la voie à d'autres maisons régnantes ; déjà, de l'île anglaise, un peuple hérétique tend la main vers l'empire du monde ; déjà la marche protestante de Brandebourg devient un puissant royaume ; déjà la Russie à demi païenne s'apprête à étendre sa sphère à l'infini : ne vaudrait-il pas mieux faire la paix, finissent par se demander - trop tard, comme toujours - les souverains et leurs diplomates, que de renouveler sans cesse le jeu fatal de la guerre, pour le grand profit de mécréants et de parvenus ?

Choiseul, ministre de Louis XV, Kaunitz, conseiller de Marie-Thérèse, concluent une alliance ; et afin qu'elle s'avère durable et ne soit pas un simple temps d'arrêt entre deux guerres, ils proposent d'unir, par les liens du sang, la dynastie des Bourbons à celle des Habsbourgs.
La maison de Habsbourg n'a jamais manqué de princesses à marier ; et en ce moment, précisément, elles sont nombreuses et de tous les âges. Les ministres envisagent d'abord d'unir Louis XV, bien qu'il soit grand-père, et en dépit de ses mœurs plus que douteuses, à une princesse habsbourgeoise ; mais le roi très chrétien se réfugie vivement du lit de la Pompadour dans celui de la du Barry.

D'autre part, l'empereur Joseph, deux fois veuf, ne manifeste guère le désir de se laisser marier à l'une des trois filles de Louis XV qui ne sont plus toutes jeunes. Il reste donc une troisième combinaison, la plus naturelle, l'union du dauphin adolescent, petit-fils de Louis XV et futur héritier de la couronne de France, à une fille de Marie-Thérèse.

En 1766, Marie-Antoinette, âgée alors de onze ans, peut déjà faire l'objet d'un projet sérieux ; le 24 mai de cette année-là, l'ambassadeur d'Autriche mande expressément à l'impératrice : « Le roi s'est expliqué de façon que votre majesté peut regarder le projet comme décidé et assuré.» Mais les diplomates ne seraient pas diplomates s'ils ne mettaient pas leur point d'honneur à rendre difficiles les choses simples, et surtout à retarder savamment toute affaire importante.

Des intrigues de cour sont menées des deux côtés, une année passe, une deuxième, une troisième, et Marie-Thérèse, méfiante, non sans raison, craint que pour finir son incommode voisin, Frédéric de Prusse, « le monstre » comme elle l'appelle dans sa franche indignation, n'entrave aussi ce plan, si décisif pour la puissance de l'Autriche, par un de ses artifices machiavéliques ; elle met donc en jeu toute son amabilité, sa passion et sa ruse pour que la cour de France ne puisse pas retirer la promesse à demi donnée. Avec l'obstination inlassable d'une entremetteuse professionnelle, la patience tenace et inflexible dont elle a seule le secret, elle ne cesse pas de faire valoir à Paris les qualités de la princesse ; elle inonde les ambassadeurs de civilités et de présents pour qu'ils rapportent enfin de Versailles une demande en mariage définitive ; plus impératrice que mère, songeant davantage à accroître la puissance de sa maison qu'au bonheur de son enfant, son ambassadeur a beau l'informer que « la nature semble avoir refusé tous dons à Monsieur le Dauphin, que par sa contenance et ses propos ce prince n'annonce qu'un sens très borné, beaucoup de disgrâce et nulle sensibilité », rien ne peut la retenir.

D'ailleurs une archiduchesse a-t-elle besoin d'être heureuse, ne suffit-il pas qu'elle devienne reine ? Mais plus Marie-Thérèse met d'ardeur à obtenir un engagement formel, plus Louis XV, en bon psychologue, se réserve ; pendant trois ans il se fait envoyer des portraits et des rapports sur la petite archiduchesse et se déclare en principe favorable au projet de mariage ; mais il ne fait pas la demande tant attendue et ne s'engage pas.

Le gage innocent de cette importante affaire d'État, la petite Toinette, âgée de douze ans, est une gamine délicate, gracieuse, svelte et indéniablement jolie, qui, pendant ce temps, joue et folâtre en compagnie de ses sœurs, frères et amies, dans les salons et les jardins de Schoenbrunn, avec toute l'ardeur de son tempérament ; elle ne songe guère aux études, aux livres et à l'instruction.

Grâce à sa gentillesse naturelle et à son entrain primesautier, elle s'y prend si adroitement avec les abbés et les gouvernantes chargés de l'éduquer qu'elle réussit à se soustraire à toutes les heures d'études. Un jour, Marie-Thérèse, à qui les multiples affaires d'État n'ont jamais permis de se soucier sérieusement d'un seul de ses nombreux enfants, s'aperçoit avec effroi que la future reine de France, à l'âge de treize ans, ne sait écrire correctement ni le français ni l'allemand, qu'elle ne possède même pas les connaissances les plus superficielles en Histoire et que son instruction générale laisse entièrement à désirer ; pour la musique il n'en va pas beaucoup mieux, bien qu'elle ait comme professeur de piano Gluck lui-même.


Au dernier moment, il faut rattraper le temps perdu, faire de l'espiègle et paresseuse Toinette une personne instruite. Ce qui importe le plus pour une future reine de France c'est de savoir danser convenablement et parler le français avec un bon accent ; dans ce but, Marie-Thérèse engage d'urgence le grand maître de danse Noverre et deux acteurs d'une troupe française en tournée à Vienne, l'un pour la prononciation, l'autre pour le chant.
Mais à peine l'ambassadeur de France en a-t-il fait part à la cour des Bourbons, qu'un avertissement indigne arrive de Versailles : une future reine de France ne peut pas avoir des cabotins pour éducateurs ! On engage en hâte de nouvelles négociations diplomatiques, car la cour de Versailles considère déjà l'éducation de la future fiancée du dauphin comme une affaire la concernant ; après de longs pourparlers on délègue à Vienne comme précepteur, sur la recommandation de l'évêque d'Orléans, un certain abbé Vermond ; par lui nous possédons les premiers rapports sérieux sur l'archiduchesse alors âgée de treize ans. Il la trouve délicieuse et sympathique :

Elle a, écrit-il, une figure charmante, elle réunit toutes les grâces du maintien, et si, comme on doit l'espérer, elle grandit un peu, elle aura tous les agréments qu'on peut désirer d'une princesse. Son caractère, son cœur sont excellents.

Le brave abbé s'exprime beaucoup plus prudemment sur les connaissances réelles et sur l'application de son élève. Espiègle, inattentive, pétulante et vive, la petite Marie-Antoinette, en dépit de sa grande facilité de compréhension, n'a jamais manifesté le moindre désir de s'occuper d'une chose sérieuse.

Elle a, dit-il, plus d'esprit qu'on ne lui en a cru pendant longtemps. Malheureusement, cet esprit n'a été accoutumé à aucune contention jusqu'à douze ans. Un peu de paresse et beaucoup de légèreté m'ont rendu son instruction plus difficile. J'ai commencé pendant six semaines par des principes de belles-lettres. Elle m'entendait bien lorsque je lui présentais des idées toutes éclaircies ; son jugement était presque toujours juste, mais je ne pouvais l'accoutumer à approfondir un objet quoique je sentisse qu'elle en était capable. J'ai cru qu'on ne pouvait appliquer son esprit qu'en l'amusant.

C'est à peu près dans les mêmes termes que tous les hommes d'État, dix et vingt ans plus tard, se plaindront de cette paresse de la pensée malgré une grande intelligence, de cette fuite ennuyée devant tout entretien sérieux ; déjà chez l'adolescente de treize ans se manifeste clairement le défaut d'une nature qui pourrait tout et ne veut vraiment rien.
Mais à la cour de France, depuis le règne des maîtresses, la tenue d'une femme est plus appréciée que sa valeur réelle ; Marie-Antoinette est jolie, décorative, elle a bon caractère, cela suffit.
Enfin, en 1769, Louis XV adresse à Marie-Thérèse la missive qu'elle attend fiévreusement depuis si longtemps ; le roi y demande solennellement la main de la jeune princesse pour son petit-fils, le futur Louis XVI, et propose comme date du mariage les fêtes de Pâques de l'année suivante.

Marie-Thérèse accepte, comblée ; après de longues années de soucis, cette femme, tragique et résignée, peut vivre encore de belles heures. La paix de l'empire, et en même temps de l'Europe, lui paraît désormais assurée ; aussitôt des courriers et des estafettes annoncent officiellement à toutes les cours que, d'ennemis, Habsbourgs et Bourbons sont à jamais devenus alliés par le sang. Bella gerant alii, tu, felix Austria, nube ; une fois de plus, la vieille devise des Habsbourgs se trouve confirmée.
La tâche des diplomates est heureusement achevée.

Mais on s'aperçoit à présent que c'était là la partie la plus facile de la besogne. Persuader les Habsbourgs et les Bourbons de la nécessité d'une entente, réconcilier Louis XV et Marie-Thérèse, quel jeu d'enfants à côté des difficultés insoupçonnées que l'on va rencontrer pour mettre d'accord, à l'occasion d'une solennité aussi représentative, le cérémonial des cours et des maisons de France et d'Autriche ! Il est vrai que des deux côtés les maîtres de cérémonies et autres représentants du formalisme disposent d'une année entière pour rédiger toutes les clauses du protocole, terriblement important, des solennités nuptiales ; mais qu'est-ce que douze mois pour ces chinois de l'étiquette ! Un héritier du trône de France épouse une archiduchesse autrichienne : quelles questions bouleversantes de préséance soulève cette affaire ! Avec quelle attention il faut en examiner tous les détails, que d'irrémédiables faux-pas il s'agit d'éviter en se livrant à l'étude de documents séculaires ! Jour et nuit, à Schoenbrunn et à Versailles, les gardiens sacrés des us et coutumes méditent, enfiévrés ; jour et nuit les ambassadeurs discutent de chaque invitation, des courriers spéciaux galopent d'un pays à l'autre avec des propositions et des contre-propositions, car on se rend compte de l'épouvantable catastrophe (pire que sept guerres) qui pourrait s'ensuivre au cas où seraient violées les préséances entre les maisons souveraines !

Au cours d'innombrables conférences des deux côtés du Rhin on pèse et discute d'épineuses et doctorales questions, comme celles-ci par exemple : quel nom sera cité le premier dans le contrat de mariage, celui de l'impératrice d'Autriche ou du roi de France ? qui apposera le premier sa signature ? quels présents seront offerts ? quelle dot sera stipulée ? qui accompagnera la fiancée ? qui la recevra ? combien de gentilshommes, de dames d'honneur, d'officiers, de gardes, de premières et de deuxièmes caméristes, de coiffeurs, de confesseurs, de médecins, de scribes, de secrétaires et de lingères doivent faire partie du cortège nuptial d'une archiduchesse d'Autriche jusqu'à la frontière, et, ensuite, d'une héritière du trône de France de la frontière jusqu'à Versailles ?

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyDim 22 Oct 2006 - 12:29

Tandis que les perruques d'en deçà et d'au-delà du Rhin sont encore loin d'être d'accord sur les grandes lignes des questions essentielles, dames et gentilshommes des deux cours, de leur côté, se disputent déjà entre eux farouchement, comme s'il s'agissait des clefs du paradis, l'honneur d'accompagner ou de recevoir le cortège nuptial, chacun défendant ses prétentions armé de codes et de parchemins ; et bien que les maîtres de cérémonies travaillent comme des galériens, ils ne viennent pas à bout, en l'espace d'une bonne année, de toutes ces questions capitales de préséance et de protocole : au dernier moment, par exemple, on biffe du programme la représentation de la noblesse alsacienne pour « éviter les questions d'étiquette compliquées qu'on n'a plus le temps de régler »

Et si un ordre royal n'avait pas fixé à l'avance de date précise, les gardiens français et autrichien du cérémonial ne seraient même pas d'accord aujourd'hui encore sur la forme « exacte » du mariage ; et il n'y aurait pas eu de Marie-Antoinette, ni peut-être de Révolution française !

Des deux côtés, bien qu'en France comme en Autriche les économies soient terriblement nécessaires, on déploie la plus grande pompe et le dernier faste. Les Habsbourgs ne veulent pas être surpassés par les Bourbons, ni les Bourbons par les Habsbourgs. Le palais de l'ambassade de France à Vienne est jugé trop petit pour les quinze cents invités ; des centaines d'ouvriers construisent en hâte des annexes, tandis qu'à Versailles, au même moment, on aménage spécialement pour la noce une salle de spectacle. Ici et là-bas une ère bénie s'ouvre pour les fournisseurs de la cour, tailleurs, joailliers, fabricants de carrosses. Rien que pour aller au-devant de la princesse, Louis XV commande au fournisseur de la cour, Francien, deux carrosses d'une magnificence inouïe, en bois précieux, avec vitres étincelantes, l'intérieur capitonné de velours, l'extérieur somptueusement décoré, surmontés de couronnes, et, en dépit de cet apparat, d'une souplesse admirable et de la plus grande légèreté.
Pour le dauphin et la cour royale on exécute des habits de parade, couverts de pierreries ; le gros Pitt, le plus beau diamant de l'époque, ornera le chapeau de Louis XV, et Marie-Thérèse prépare non moins luxueusement le trousseau de sa fille : dentelles de Malines tissées tout exprès, fine toile, soie et parures ne sont pas épargnées. Enfin l'ambassadeur Durfort, qui vient demander au nom du dauphin la main de

Marie-Antoinette, arrive à Vienne. Vision splendide pour les Viennois, amateurs passionnés de spectacles : quarante-huit carrosses à six chevaux, parmi lesquels les deux merveilles vitrées citées plus haut, roulent lentement et solennellement à travers les rues pavoisées conduisant à la Hofburg ; les livrées des cent dix-sept laquais et gardes du corps qui accompagnent l'ambassadeur ont coûté à elles seules cent sept mille ducats, le cortège pas moins de trois cent cinquante mille.
A partir de ce moment les fêtes se suivent : demande publique en mariage, renonciation solennelle de Marie-Antoinette devant l'Évangile, le crucifix et les cierges allumés, à ses droits autrichiens, congratulations de la cour, de l'Université, parade de l'armée, « théâtre paré », réception au Belvédère suivie d'un bal auquel participent trois mille personnes, nouvelle réception et souper pour quinze cents invités au palais Liechtenstein, et enfin, le 19 avril, mariage par procuration à l'église Saint-Augustin, où l'archiduc Ferdinand représente le dauphin.

Encore un souper de famille intime et, le 21, adieux solennels, dernière étreinte. Alors dans le carrosse du roi de France, entre une double haie respectueuse, Marie-Antoinette, ex-archiduchesse d'Autriche, roule au-devant de son destin.
Marie-Thérèse a vu partir sa fille avec peine. Pendant des années et des années cette femme, lasse et vieillissante, avait souhaité ce mariage qu'elle considérait comme un bonheur suprême pour la maison de Habsbourg, et cependant, au dernier moment, le destin désiré par elle-même pour sa fille lui inspire de l'inquiétude.

Si l'on étudie avec soin sa vie, ses lettres, on voit que cette souveraine tragique, le seul grand souverain de la maison d'Autriche, ne porte plus depuis longtemps la couronne que comme un fardeau. Avec une peine infinie, par des guerres continuelles, elle a maintenu l'unité de l'empire, formé par une suite d'alliances et dans un certain sens artificiel, contre la Prusse et la Turquie, l'Orient et l'Occident ; mais maintenant précisément qu'il paraît consolidé, elle perd courage.
Cette femme vénérable est saisie de l'extraordinaire pressentiment qu'après elle l'empire auquel elle a donné toute sa force et toute son énergie sera partagé et morcelé ; politicienne clairvoyante, presque voyante, elle sait combien est peu solide cet amalgame de nations, composé par le hasard, et que son existence ne peut être prolongée qu'à force de prudence, de réserve et d'intelligente passivité. Qui continuera ce qu'elle a entrepris avec tant de soin ? Profondément désillusionnée sur le compte de ses enfants, elle a senti s'éveiller en elle l'esprit de Cassandre ; il leur manque tout ce qui faisait sa propre force et était le fond de sa nature : la longue patience, la ténacité, l'art des projets lents et sûrs, celui aussi de savoir se limiter sagement et parfois renoncer. Mais le sang lorrain de son mari semble avoir répandu dans leurs veines une vague brûlante d'inquiétude ; tous sont prêts à sacrifier des possibilités incalculables au plaisir d'un instant : génération mesquine, légère et sans foi, à la seule recherche du succès éphémère. Son fils et corégent Joseph II, avec l'impatience d'un prince héritier, flatte Frédéric II qui l'a persécutée et raillée toute sa vie ; il courtise Voltaire qu'en pieuse catholique elle hait comme l'antéchrist ; l'archiduchesse Marie-Amélie, qu'elle a également destinée à un trône, à peine mariée à Parme scandalise l'Europe par la légèreté de ses mœurs. Au bout de deux mois, elle a dilapidé les finances, désorganisé le pays et se divertit avec des amants ; son autre enfant, à Naples, elle non plus ne lui fait guère honneur ; aucune de ses filles ne fait preuve de sérieux ni d'austérité morale. L'œuvre prodigieuse de dévouement et d'abnégation à laquelle la grande impératrice a inflexiblement sacrifié toute sa vie privée, toute joie, tout plaisir facile, lui paraît accomplie en vain. Elle se réfugierait volontiers dans un cloître, et seule la crainte, née du juste pressentiment que son fils trop empressé détruirait aussitôt par des mesures irréfléchies tout ce qu'elle a mis debout, fait que cette vieille lutteuse garde le sceptre dont sa main est lasse depuis longtemps.

Bonne psychologue, elle ne se fait pas d'illusions sur sa cadette, Marie-Antoinette ; elle connaît ses qualités - grande bonté de cœur et obligeance, vivacité et gaieté d'esprit, nature franche et humaine - mais elle n'ignore pas non plus ses défauts : manque de maturité, légèreté, étourderie, inconséquence. Pour l'approcher de plus près, pour faire au dernier moment de cette ardente écervelée une reine, elle installe Marie-Antoinette dans sa propre chambre pendant les deux mois qui précèdent le départ : elle cherche, par de longues conversations, à la préparer à sa haute destinée ; et pour gagner le secours du ciel, elle emmène l'enfant en pèlerinage dans les environs de Vienne, à Mariazell. Mais plus l'heure des adieux approche, plus l'impératrice s'inquiète. Une obscure angoisse trouble son cœur, un pressentiment du malheur futur, et elle met en jeu toute sa force pour conjurer les sombres puissances. Avant le départ elle remet à Marie-Antoinette une « règle de conduite » détaillée et fait jurer à l'adolescente évaporée de la relire consciencieusement tous les mois.

A part la missive officielle, elle fait parvenir à Louis XV une lettre privée, où elle supplie le vieillard d'avoir de l'indulgence pour la légèreté enfantine de celle qui ne compte que quatorze ans. Mais son inquiétude intérieure ne s'apaise pas. Marie-Antoinette n'est pas encore arrivée à Versailles que déjà elle lui rappelle sa promesse de consulter l'écrit qu'elle lui a remis :

Je vous recommande, ma chère fille, tous les 21, de relire mon papier. Je vous prie, soyez-moi fidèle sur ce point ; je ne crains chez vous que la négligence dans vos prières et vos lectures et la tiédeur et la paresse suivront. Luttez contre... N'oubliez pas une mère qui, quoique éloignée, ne cessera d'être occupée de vous jusqu'à son dernier soupir.

Au milieu des réjouissances célébrant le triomphe de sa fille, Marie-Thérèse se rend à l'église et prie Dieu de détourner le malheur que seule, parmi tous, elle pressent.

[color=black]Tandis que la gigantesque cavalcade - trois cent quarante chevaux, qui doivent être relayés à chaque station - traverse lentement l'Autriche et la Bavière et, après d'innombrables fêtes et réceptions, s'approche de la frontière française, charpentiers et tapissiers travaillent activement à un édifice singulier sur une île du Rhin, entre Kehl et Strasbourg.


Là les grands maîtres de cérémonies de Versailles et de Schoenbrunn ont joué leur principal atout ; après des pourparlers sans fin pour savoir si la remise solennelle de la mariée devait s'accomplir en pays autrichien ou en pays français, un malin parmi eux a trouvé une solution digne de Salomon : on construira un pavillon spécial en bois sur un des petits îlots inhabités du Rhin, entre la France et l'Allemagne, donc une sorte de « no man's land » ; ce sera là une merveille de neutralité ; deux pièces du côté de la rive droite du Rhin, où Marie-Antoinette entrera en archiduchesse, deux pièces du côté de la rive gauche, d'où elle sortira après la cérémonie en dauphine de France, et au milieu la grande salle de la remise solennelle, où l'archiduchesse deviendra définitivement l'héritière du trône.

Des tapisseries précieuses du palais épiscopal couvrent les cloisons élevées à la hâte, l'université de Strasbourg prête un baldaquin, la riche bourgeoisie de la ville son plus beau mobilier. Ce sanctuaire d'une splendeur princière est naturellement fermé aux yeux des profanes, mais ici comme partout quelques pièces d'argent rendent les gardiens complaisants ; c'est ainsi que quelques jours avant l'arrivée de Marie-Antoinette plusieurs jeunes étudiants allemands se glissent dans l'édifice à moitié achevé pour satisfaire leur curiosité. L'un d'eux surtout, à la taille élancée, au regard clair et ardent, le nimbe du génie couronnant son front viril, ne peut pas se rassasier de la beauté des Gobelins tissés d'après les cartons de Raphaël ; ils éveillent chez le jeune homme, à qui la cathédrale de Strasbourg vient justement de révéler l'art gothique, le désir ardent de comprendre avec le même amour l'art classique. Enthousiasmé, il explique à ses camarades moins éloquents ce monde de beauté, soudain découvert, des maîtres italiens ; mais tout à coup il s'arrête, se sent mal à l'aise, ses sourcils foncés et épais se froncent, presque avec colère, au-dessus du regard encore enflammé. Car à l'instant seulement il vient de se rendre compte de ce que représentent ces tapisseries : c'est, en effet, une légende convenant aussi peu que possible à une noce : l'histoire de Jason, Médée et Créüse, l'exemple le plus frappant d'un hymen fatal.

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMar 24 Oct 2006 - 13:23

Merci pour se résumé sur la biographie de MA écrite par Stefan Zweig.
On comprend mieu pourquoi certain très de MA ont été laissé de côté par Ikeda.
Je vais peut-être m'acheter le livre pour en savoir un peu plus.

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyVen 29 Fév 2008 - 22:07

J'ai lu ce livre il y a quelques années. Il était très bien écrit, assez documenté et surtout très personnel.

Ce n'était pas seulement une biographie historique. S. Zweig a essayé de comprendre le personnage pour mieux en parler, sans pour autant juger ou flatter Marie-Antoinette. C'est en cela que son livre est très intéressant.

Mais je ne savais pas que c'était une source d'inspiration pour R. Ikeda.
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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMar 10 Juin 2008 - 13:17

j'ai lu et acheté cette biographie de MA.
J'ai adoré car c'est très bien écrit et dresse un portrait plus humain de la Reine que les profs ou les livres d'histoires.
En plus je suis une fan inconditionnelle de MA. :678!$: :mlo550: :khkg: L.Andréa rosoiù MA

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMar 10 Juin 2008 - 18:00

Me too! j'adore cette bio, cela touche le psychologique, et on s'intéresse plus à la personne qu'au statut de Reine... De plus, Versailles no bara c un peu Zweig en image...

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMar 10 Juin 2008 - 18:01

Oui!
Il a le mérite de montrer la vérité!

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptySam 27 Juin 2009 - 0:29

Une très bonne biographie même si je préfère le style de Lever .
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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyDim 28 Juin 2009 - 11:27

merci nicole pour cette biographie de stefan zweig je ne savais pas que ryo ikeda l'avait pris comme base pour son histoire .

je trouve cette biographie trés jolie :678!$:

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMar 7 Juil 2009 - 18:41

je viens de prendre à la bibliothque cette biographie je n'ai pas encore lu ce livre et j'ai hate de le découvrir

*** Lady Oscar Lady Oscar ***

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMar 7 Juil 2009 - 22:08

Excellent livre ! Zweig c'est documenté sur la vie de MA et a essayé de nous livrer un portrait le plus fidèle possible à la réalité. De plus pour mieux comprendre sa personnalité il a adopté un plan intéressant. Il Plutot que de faire un plan chronologique (de sa naissance à sa mort) il a adopté un plan thématique c'est à dire en s'intéressant aux grandes étapes de sa vie colmme la maternité. C'est très intéressant du coup car on comprend mieux cette reine (qui a des côtés déroutants).

A lire pour ceux qui ne l'ont pas lue !! En plus Zweig écrit très bien et c'est très facile à lire.

*** Lady Oscar Lady Oscar ***

Les yeux de Lou

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MessageSujet: Re: Marie-Antoinette de stefan Zweig   Marie-Antoinette de stefan Zweig EmptyMer 8 Juil 2009 - 13:23

j'ai commencé à le lire il est vraiment passionnant il y a des détails je trouve que c'est la meilleure biographie de marie antoinette que j'ai lu à ce jour .
sans vous je ne l'aurais peut etre pas lu et je serais passée à coté d'un livre magnifique

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