Tout est fini.


C'est la phrase qui valse dans l'esprit de Fersen alors que des larmes de rage, de douleur, d'un cœur brisé, roulent le long de ses joues.


Tout est fini.


Ces sauvages ont tué leur reine, ils ont tué sa reine, son existence, son oxygène, son être tout entier. En exécutant vie de Marie-Antoinette, ils n'ont pas simplement mis un point final à la vie de celle que Fersen qualifie déjà de martyre. Ils ont aussi achevé la sienne. Désormais, il ne vit plus. Il survit. Il survit en attendant que Dieu soit assez bon pour le réunir à celle qu'il ne cessera jamais d'aimer.


Tout est fini.


L'amour qu'il porte à la France est mort, tombé en même temps que la tête de la souveraine. Le pays a franchi le point de non retour en permettant à son roi, à sa reine, d'être assassinés. Il n'en veut pas à la foule, elle qui souffre tellement et qui ne fait que suivre ceux qui leur promettent une vie meilleure, du pain pour leurs enfants. Il en veut aux têtes pensantes et il en vient à souhaiter qu'elle finissent, elles aussi, par rouler sur le billot. Il en vient même à vouloir à Oscar et il s'en veut pour cela. La militaire n'avait fait que rêver d'un monde meilleur et avait eu le courage de se battre pour essayer que cela arrive. Il sait qu'elle serait horrifiée si elle vivait encore. Mais même involontairement, en aidant le peuple à prendre la Bastille, Oscar a ouvert la voie vers cette tragédie.


Tout est fini.


Il observe la bague que le comte de Jarjayes lui a remis, le dernier présent de Marie-Antoinette, cet anneau qu'elle a porté pendant si longtemps. Omnia vincit amor. Tutto a ti me guida. Il n'é désormais plus qu'un seul espoir :


Pouvoir avoir le bonheur de la retrouver au Paradis une fois son heure venue.