Cette vignette fait partie de mon recueil multifandom pour le challenge "Happy Pride Month" lancé par le discord de La Fabrique à Plumes. Un jour = un prompt lié aux thèmes LGBTQIA+.
J'ai eu la liste des prompts en avance, sur demande, pour écrire à l'avance (c'est autorisé) et évidemment, j'ai glissé du LO dedans !
Binder
Au début, ses seins n'étaient que deux petites protubérances qui ne changeaient rien à sa vie. Certes, ils étaient là mais ils étaient si discrets qu'elle les oubliait.
Sauf qu'aujourd'hui, ce n'est plus le cas.
Elle n'a plus le corps de cette adolescente de quatorze ans qui devient capitaine de la Garde Royale. D'ailleurs, Oscar se sent idiote : elle aurait dû se douter qu'ils continueraient à se développer, elle n'avait pas fini de grandir, est toujours en pleine croissance et leur taille n'est donc pas définitive.
Elle ne peut plus les cacher si aisément sous l'uniforme. Ils sont là, leur forme moulés par le tissu, les tétons pointant parfois, ce qui la dérange profondément.
Et en plus d'avoir le mauvais goût d'être si présente et si généreuse, sa poitrine lui rappelle une cruelle vérité de la nature :
Elle est une femme.
Elle est une femme avec tout ce que cela implique : son père l'a élevé en garçon, mais ce n'est pas l'éducation qui va changer ce corps avec lequel elle est née, ce corps qui lui rappelle ce qu'aurait dû être son destin :
Soit une nonne, soit une femme mariée, à porter des enfants, des héritiers, perpétuer le sang, figure discrète que l'Histoire oubliera devant la gloire d'un mari dont le seul mérite sera souvent d'être né avec un phallus entre les cuisses.
Peu importe combien elle peut trouver la gente féminine exaspérante parfois, combien elle se juge loin de leur clique, le temps lui rappelle qu'elle en fait partie, qu'elle le veuille ou non.
Ca, et ses menstrues.
Sauf que ses menstrues, si elle ne peut rien y faire, ses seins, en revanche, c'est une autre histoire. Alors, chaque matin, la jeune fille prend soin de bander sa poitrine afin de la rendre plus plate, assez pour qu'on ne puisse pas supposer que sous la veste blanche brodée d'or se cache en réalité une demoiselle, et non l'héritier mâle des Jarjayes. Ce n'est pas des plus confortables, mais c'est un mal nécessaire, sinon son père perdrait la face et elle, elle a renoncé à vivre en femme le jour où elle a accepté de servir et de protéger Marie-Antoinette. Elle finit par découvrir des méthodes, des moyens pour arriver à ses fins sans trop de douleurs et sans non plus lui causer des soucis de santé.
C'est aussi là qu'elle se rend compte de l'étrangeté de son être :
Elle est née femme, une identité qu'elle rejette, que son père a rejetée. De ce fait, peut-elle encore s'appeler ainsi ?
Mais malgré tous leurs efforts, elle n'est pas un homme pour autant, sans être un mélange des deux sexes.
Qu'importe.
Pour l'instant, elle n'en souffre pas.
Elle est juste elle.
Elle est Oscar François de Jarjayes.
Et cela lui suffit amplement.
FIN