Note de l’auteur : Je participe au challenge d’écriture « Challenge Plaisir » de l’autrice Almayen et évidemment, il a fallu que je case du LO! (Et pas qu’un peu, d’autres sont à prévoir ce mois-ci!)
Une fin heureuse pour un perso qui le mérite
Il aurait aimé ne pas quitter la France. Il y aura toujours en lui ce regret profond, ce sentiment de trahison. Un roi ne quitte pas les terres sur lesquelles il règne. Mais un époux protège sa femme. Un père protège ses enfants. Quand il entend les récits qui arrivent de Paris, il réalise qu'il a eu raison de se laisser convaincre par sa femme :
S'il était resté, il aurait très certainement fini guillotiné comme cette pauvre Madame du Barry.
A dire vrai, Louis se demande si cela vaut la peine de monter une coalition anti-révolutionnaire, de fondre sur Paris et de reprendre le pays par la force. Cela ne ferait que verser le sang de ses sujets. Et cela ne résoudrait pas le problème : il serait à nouveau roi régnant, c'est certain. Mais la haine du peuple, des bourgeois, du parlement, n'en serait que renforcée et une fois mort, toute cette rancoeur que les gens auraient gardé en eux à son encontre serait retournée sur son fils. Ce n'est pas là un destin qu'il désire pour son enfant.
A dire vrai, s'il n'est pas "heureux", il n'est pas pour autant mécontent en Autriche malgré la condescendance qu'il peut sentir parfois : il sait qu'il doit leur faire pitié. Peu lui importe. Quand on traverse un tel tsunami, l'opinion d'autrui ne compte plus.
Il vit à Vienne, dans le palais de naissance de son épouse, l'Empereur faisant préparer un petit château pour eux afin qu'ils aient leur chez eux : il faut réaménager l'endroit. Louis a d'ailleurs demandé à ce que l'on ne dépense pas trop pour eux : il a conscience d'être un poids tant financier que politique. Chou d'Amour court après les papillons dans les jardins comme sa mère jadis selon les gouvernantes. Marie-Thérèse, d'abord réservé à l'égard de sa famille maternelle car en guerre contre son pays, a fini par les voir comme des amis et s'entend bien avec eux. Certains voudraient la marier à un archiduc, elle, elle envisage un mariage français. Lui, il lui dit qu'il acceptera son mariage à la seule condition qu'elle soit amoureuse de son futur époux. Marie-Antoinette ne l'aime pas comme elle aime Fersen, il s'en doute. Mais elle l'aime, à sa manière, et sans cette affection, il se serait effondré tant de fois dans le tourment de la Révolution!
Ce qui l'empêche de profiter pleinement de cette relative liberté, car il n'ignore pas qu'il n'est pas libre de ses mouvements même s'il n'est plus sous surveillance étroite, c'est l'état de santé de Marie-Antoinette.
Depuis quelques mois, la pauvre semble saigner sans discontinuer.
Les médecins disent ne pas repérer de tumeur.
Mais sa douleur, il la ressent et il aimerait la prendre pour lui éviter de souffrir.
-Père, venez voir les poissons du bassin!
Il sourit.
Sous un parasol, l'ancienne reine de France brode avec sa belle-soeur. Sa fille lit un recueil de poésie. Son fils s'extasie sur la beauté de la nature.
Il regrette d'avoir quitté la France.
Il ne regrette pas d'avoir sauvé les siens.
L'Histoire le jugera durement.
Les pères, eux, sans doute bien moins.
FIN