Lady Oscar - André
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 Dix petits hommes en colère

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Sudena
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MessageSujet: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyDim 25 Fév 2024 - 14:58

Mesdames et messieurs, silence, je vous prie !
Vous êtes accusés des crimes suivants :
-Edward George Armstrong, vous êtes accusé d’avoir causé la mort, le 14 mars 1925, de Louisa Mary Clees.
-Emily Caroline Brent, vous êtes accusée d’être responsable de la mort, le 5 novembre 1931, de Beatrice Taylor.
-William Henry Blore, vous êtes accusé d’avoir entraîné la mort de James Stephen Landor, le 10 octobre 1928.
-Vera Elizabeth Claythorne, vous êtes accusée d’avoir assassiné, le 11 août 1935, Cyril Oglivie Hamilton.
-Philip Lombard, vous êtes accusé de vous être rendu coupable de la mort, en février 1932, de vingt et un hommes appartenant à une tribu d’Afrique orientale.
-John Gordon McArthur, vous êtes accusé d’avoir délibérément envoyé à la mort, le 14 janvier 1917, l’amant de votre femme, Arthur Richmond.
-Anthony James Marston, vous êtes accusé d’avoir tué, le 14 novembre dernier, John et Lucy Combes.
-Thomas et Ethel Rogers, vous êtes accusés d’avoir provoqué la mort, le 6 mai 1929, de Jennifer Brady.
-Lawrence John Wargrave, vous êtes accusé d’avoir perpétré, le 10 juin 1930, le meurtre d’Edward Seton.
Accusés, avez-vous quelque-chose à dire pour votre défense ?




(les dix personnages arrivent sur scène, tête baissée, et s’assoient sur les bancs des accusés sauf Wargrave qui prend la place du président [Lombard et Vera s’assoient le plus loin possible l’un de l’autre] ; ils ont tous le teint blanc, les cheveux emmêlés et les vêtements en guenilles ; Armstrong est secoué de tics)


Wargrave : Mesdames, messieurs, je n’ai pas besoin de vous dire ce qui nous réunit aujourd’hui : vous l’avez tous très bien compris… Cet enregistrement a sonné, pour nous tous, le début de la fin, et je pense que le mystère de l’Île du Nègre demeure encore aujourd’hui, irrésolu. Je présume que personne n’a quitté vivant cette île ?.. (tous hochent négativement la tête) Il importe de préciser que nos crimes ou soi-disant crimes passés n’importent pas ici : seuls les événements de ces journées d’août 1937 seront l’objet des débats à venir. Nous ne trouverons le repos que lorsque nous aurons découvert qui est l’assassin qui se cache parmi nous. Qui nous a tous tués…
Vera (interrompant) : Je sais qui nous a tués.
Lombard : J’imagine que vous parlez de moi, Vera…
Vera : Effectivement ! Et je tiens effectivement à ce que vous nous rendiez justice, Philip !..
Lombard : Ce n’est pas moi qui vous ai tuée Vera ! Ni vous ni personne ici !..
Vera : Vous mentez !
Wargrave : Silence ! Silence ! (un petit temps) Nous allons procéder avec ordre et méthode !.. Et, pour commencer, je vais recueillir les plaidoiries de chacun d’entre vous. Cela vous convient-il ?.. (murmure approbateur) Bien : commençons… Armstrong !
(un temps ; Armstrong reste la tête baissé, les mains secouées de tics ; Blore, Lombard ou Marston le lèvent)
Wargrave : Armstrong : plaidez-vous coupable ou non-coupable de l’assassinat de neuf d’entre nous ?..
Armstrong (très vite) : Non-coupable.
(il se rassoit instantanément)
Wargrave : Miss Brent ?
(Brent se lève)
Brent : Non coupable.
(elle se rassoit)
Wargrave : Blore ?
(Blore se lève)
Blore : Non-coupable.
(il se rassoit)
Wargrave : Miss Claythorne ?
(Vera se lève)
Vera : Non-coupable.
(elle se rassoit)
Wargrave : Lombard ?
(Lombard se lève)
Lombard : Non-coupable.
(il se rassoit)
Wargrave : Général McArthur ?
(McArthur se lève)
McArthur : Non-coupable.
(il se rassoit)
Wargrave : Marston ?
(Marston se lève)
Marston : Non-coupable.
(il se rassoit)
Wargrave : Rogers ?
(Rogers se lève)
Rogers : Non-coupable.
(il se rassoit)
Wargrave : Mme Rogers ?
(Mme Rogers se lève)
Mme Rogers : Non-coupable.
(elle se rassoit)
Wargrave : Bien. À présent…
Lombard (interrompant) : Une minute ! Et vous, Wargrave ?..
Brent (outrée) : Comment osez-vous, espèce de sinistre individu, accuser de la sorte un homme aussi respectable que…
Blore (interrompant) : Miss Brent, nous avons supporté vos sermons insupportables pendant pratiquement deux jours de notre vivant : ne nous les imposez pas après notre mort, de grâce !
Brent : Je ne vous permets pas de…
Wargrave : Silence ! Silence ! (le silence se fait) Vous avez raison, Lombard… (il se lève) Non-coupable. (il se rassoit) Et maintenant, il est temps de passer cette affaire en revue le plus chronologiquement possible… Nous sommes tous arrivés sur l’Île du Nègre dans l’après-midi du 8 août, sur le bateau de Fred Narracott. Cette île était auparavant la propriété d’un milliardaire excentrique qui y organisait des fêtes rocambolesques au point que les habitants des villages environnants considéraient que ce qu’il s’y passait était hors du temps et de l’entendement. C’est juste après le repas que cette voix nous a accusés. (murmure approbateur) Bien. Marston, veuillez vous lever et vous présenter à la barre des témoins.
(Marston se lève et fait ce qui lui est demandé)

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Sudena
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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyDim 3 Mar 2024 - 0:51

Wargrave : Levez la main droite et jurez de dire la vérité, toute la vérité, rien que la vérité.
Marston (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Quels sont vos souvenirs de cette soirée du 8 août, juste après que cette voix nous ait accusés de tous ces meurtres ?
Marston : Mme Rogers s’est évanouie. Lombard et moi l’avons portée sur le canapé où le docteur Armstrong l’a examinée tandis que son mari lui apportait un verre de cognac qu’il a posé sur un guéridon non-loin du canapé _ nous avions nous-mêmes tous posé nos verres à différents endroits de la pièce_. Lombard a trouvé d’où venait cette voix et nous sommes tous allés le voir de nos propres yeux. Une fois réveillée, Mme Rogers a manqué de défaillir une nouvelle fois et le docteur Armstrong lui a fait boire le cognac, ce qui lui a manifestement fait du bien. Après avoir longuement discuté des accusations proférées contre nous, nous avons décidé d’aller nous coucher _ Mme Rogers était montée plus tôt, raccompagnée par son mari _. À ce moment-là, j’ai repris mon verre et l’ai vidé. Je me souviens simplement avoir eu l’impression d’étouffer, et puis tout est devenu noir. Je suppose que j’ai été empoisonné…
Wargrave : Avez-vous vu quelqu’un approcher de votre verre pour y verser une quelconque substance ?
Marston : Si j’avais vu une telle chose, croyez-vous que j’aurais bu ?..
Wargrave : Vous n’avez aucune idée de qui vous a assassiné ?
Marston : Non, monsieur. Absolument aucune.
Wargrave : Je vous remercie, Marston.
(Marston retourne s’assoir)
Wargrave : Mme Rogers, s’il vous plait…
(Mme Rogers se lève et va à la barre des témoins)
Wargrave : Levez la main droite et jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Mme Rogers (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Mme Rogers, au vu des déclarations de M. Marston et de ce que nous avons tous affirmé de notre vivant, il est impossible de dire qui, dans le salon, a glissé du poison dans un ou plusieurs verres _ chacun d’entre nous en avait la possibilité _. Mais avez-vous, pendant la nuit, bu quelque-chose d’autre qu’une personne quelconque vous aurait apporté dans votre chambre ?
Mme Rogers : Non, monsieur. Une fois dans ma chambre, je me suis mise au lit et je me suis endormie. Je n’ai aucun autre souvenir. Je n’ai pas su que M. Marston était mort. Je n’ai même pas entendu mon mari revenir. (un tout petit temps) Je suis désolée de ne pas pouvoir vous être plus utile…
Wargrave : Ce n’est pas grave. Nous n’avons-nous-mêmes appris votre mort que le lendemain, par le docteur Armstrong…
Mme Rogers : Comment suis-je morte ?
Blore : Vous avez été empoisonnée. N’est-ce pas, Armstrong ?
Armstrong (sans regarder) : Oui, oui… Empoisonnée au chloral.
Wargrave : Vous pouvez aller vous rassoir, Mme Rogers. (Mme Rogers retourne s’assoir) Ce qui nous emmène à la matinée du 9. Blore, Lombard, Armstrong : veuillez vous lever je vous prie…
(Blore, Lombard et Armstrong se lèvent et vont à la barre des témoins)
Wargrave : Levez la main droite, jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Blore (levant la main droite) : Je le jure.
Lombard (levant la main droite) : Je le jure.
(un temps)
Blore : Armstrong !
(Armstrong semble se réveiller)
Armstrong (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Voulez-vous bien nous dire, messieurs, ce que vous avez fait durant cette matinée où nous étions, alors, tous à l’extérieur de la maison ?
Blore : Nous avons, à l’initiative du docteur Armstrong, fouillé méthodiquement l’île pour vérifier que personne ne pouvait se dissimuler à l’intérieur ou à l’extérieur de la villa.
Wargrave : Avez-vous entrepris cette fouille ensemble ou étiez-vous séparés ?
Blore : Cela dépendait. À un moment, nous avons cru voir une anfractuosité dans la roche. Je suis allé chercher un rouleau de corde et Lombard est descendu pour vérifier.
Lombard : Je confirme.
Wargrave : Et le résultat ?
Lombard : Négatif quel que soit l’endroit de nos recherches. Il était impossible à quiconque de se dissimuler dans la maison ou en dehors.
Wargrave : Bien. Vous pouvez aller vous rassoir. (Blore, Lombard et Armstrong s’exécutent) Général McArthur, venez à la barre, je vous prie.
(McArthur se lève et va à la barre des témoins)
Wargrave : Levez la main droite, jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
McArthur (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Que vous est-il arrivé durant cette matinée ?
McArthur : Je suis allé m’assoir devant la mer, en me disant que cette île serait certainement mon tombeau… Je sommeillais à moitié lorsque j’ai senti un très violent coup sur ma nuque. Ce sont mes derniers souvenirs…
Wargrave : Vous n’avez pas vu ou entendu celui ou celle qui vous a frappé ?
McArthur : Non, monsieur. Je n’ai pas la moindre idée de qui m’a assassiné, et je ne saurais même pas vous dire quand, précisément, c’est arrivé. Juste une chose : quel que soit mon meurtrier, je tiens à le remercier.
Vera : Le remercier ? Pourquoi ???
McArthur : Je n’avais plus rien à faire dans cette vie, sinon à ressasser mes souvenirs et ma culpabilité… En me tuant, mon assassin m’a libéré…
Wargrave : Ce sera tout, McArthur, je vous remercie. (McArthur retourne s’assoir) Précisons que c’est à ce moment-là que nous, qui étions encore vivants, nous sommes rendu compte que les figurines qui ornaient le manteau de la cheminée du salon, disparaissaient au fur et à mesure des meurtres…et que ces morts ressemblaient fort à celles de la comptine enfantine qui était encadrée dans nos chambres… Précisons aussi que, lorsque le corps du Général McArthur a été découvert, il ne faisait aucun doute qu’un meurtrier en série sévissait sur cette île…et que ce meurtrier ne pouvait être que l’un de nous.
Lombard : Précisons aussi, Wargrave, que c’est à ce moment-là que la tempête a éclaté, nous privant ainsi de toute possibilité de nous évader…
McArthur : Excusez-moi, Lombard, mais, comment auriez-vous pu vous évader ?..
Lombard : Ni le bois ni la corde ne manquait sur l’île : nous aurions parfaitement pu tenter de construire un radeau de fortune qui aurait, au moins, attiré les regards depuis la côte _ d’ailleurs nous n’avons pas manqué d’envoyer des signaux de détresse dès que la météo l’a autorisé _. De plus, moi-même, Blore, Armstrong et Vera étions suffisamment en forme pour tenter notre chance à la nage. Je vous rappelle que l’île est située à environ 1 500 mètres de la côte : par mer calme la traversée aurait été tout à fait possible _ moi, en tout cas, je l’aurais tentée_...
Wargrave : Judicieuse remarque, je vous remercie, Lombard. (un petit temps) Rogers, venez à la barre, je vous prie.
(Rogers se lève et va à la barre des témoins)

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyDim 3 Mar 2024 - 19:51

Très sympa!

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyLun 4 Mar 2024 - 18:08

Wargrave : Levez la main droite et jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Rogers (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Rogers, l’après-midi et la soirée du 9 août se sont passés sans incident notable. Mais qu’avez-vous fait aux premières heures du 10 ?
Rogers : Je me suis réveillé tôt, comme c’était mon devoir, pour aller couper du petit bois. J’ai à-peine senti une présence derrière moi qu’une douleur aiguë et une sensation de froid intense derrière la tête m’ont foudroyé. J’imagine que c’est comme ça que je suis mort car je ne me souviens plus de rien après…
Wargrave : Vous n’avez vraiment pas pu identifier votre assassin ?
Rogers : Non, monsieur. Comme je vous ai dit, j’ai juste senti une présence derrière moi avant… Avant d’être tué.
Wargrave : Bien. Je vous remercie, Rogers.
Rogers : Excusez-moi, monsieur, mais j’aimerais juste savoir comment…comment je suis mort…
Lombard : Vous avez eu le crâne fendu en deux par une hache, Rogers, si ça peut vous soulager de l’apprendre…
Rogers : Merci, monsieur.
(Rogers retourne s’assoir ; un petit temps)
Wargrave : Après avoir découvert votre cadavre, Rogers, nous avons pris frugalement notre petit déjeuner… Miss Brent, levez-vous et venez à la barre, je vous prie.
(Brent se lève et va à la barre des témoins)
Wargrave : Miss Brent, levez la main droite et jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Brent (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Miss Brent, le plus succinctement possible, que vous est-il arrivé juste après le petit déjeuner ?
Brent : Je commençais à m’assoupir _ une femme de mon âge ne devrait pas être réveillée si tôt ni participer à des événements aussi…
Blore (interrompant) : On vous a dit « succinctement », miss Brent : veuillez donc répondre simplement à la question du juge, s’il vous plait…
Brent (se contenant) : J’ai entendu une abeille bourdonner, et au même moment j’ai senti une piqûre dans mon cou. Voilà tout ce dont je me rappelle…
Lombard : Vous avez été, comme Marston, empoisonnée au cyanure, aux dires du docteur Armstrong. Après votre, mort, et à l’initiative du juge Wargrave, nous avons mis en commun et enfermé tout ce qui pouvait servir d’arme. C’est là que j’ai dû me séparer de mon revolver…
Wargrave : Non sans quelques réticences, Lombard…
Lombard : Et qu’auriez-vous fait à ma place ?!. (un petit temps) Je suis allé chercher mon revolver dans le tiroir de ma table de chevet mais il avait disparu _ tout comme la seringue du docteur Armstrong, soit dit en passant…_. À ce moment-là, nous avons tous subi une fouille au corps en règle et toutes les chambres ont également été retournées, sans succès…
Blore (amusé) : Vous voyez le spectacle que vous avez manqué, miss Brent…
Brent (dans ses dents) : Impudent personnage…
Wargrave : De l’ordre, s’il vous plait ! (le silence se fait) Vous pouvez vous rassoir, miss Brent. (Brent retourne s’assoir ; un petit temps) Nous en arrivons maintenant aux événements de la soirée du 10 août, dont je n’ai, par la force des choses, qu’une connaissance limitée… Miss Claythorne, venez à la barre, je vous prie.
(Vera se lève et va à la barre des témoins)

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyLun 4 Mar 2024 - 18:10

Très sympa!

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyLun 4 Mar 2024 - 19:04

Merci  Very Happy

Pour les lecteurs d'Agatha Christie, ce début semble peut-être redondant. Mais je vous réserve une surprise de taille...  Wink

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyJeu 14 Mar 2024 - 19:10

Wargrave : Levez la main droite et jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Vera (levant la main droite) : Je le jure.
Wargrave : Miss Claythorne, alors que nous étions tous réunis dans le salon _ à nous observer et à nous soupçonner mutuellement je pense _, vous vous êtes levée et êtes montée dans votre chambre. Pouvez-vous nous raconter la suite ?
Vera : J’ai effectivement décidé de me lever afin d’échapper à cette ambiance oppressante, que la tempête rendait encore plus insupportable. En pénétrant dans ma chambre, j’ai senti comme une main humide sur mon épaule. J’imagine que j’ai crié et j’ai perdu connaissance.
Wargrave : Avez-vous su ce qu’était cette « main humide » sur votre épaule ?
Vera : Oui : c’était un long ruban de goémon qu’on avait pendu à mon plafond. J’ignore complètement qui a pu le mettre là…
Wargrave : Bien. Vous souvenez-vous de votre réveil ?
Vera : Vaguement… Je me souviens que monsieur Blore m’avait apporté un verre de cognac que j’ai refusé de boire. Monsieur Lombard est alors descendu et a ramené une bouteille fermée qu’il a ouverte devant moi afin de me rassurer. L’alcool m’a fait du bien et je suis complètement revenue à moi.
Wargrave : Avez-vous remarqué qu’un de vos compagnons n’était pas sur le palier ?
Vera : Pas tout de suite. Je m’en suis rendus compte en même temps que les autres, c’est-à-dire quand j’ai réellement repris mes sens.
Wargrave : Et qui était ce compagnon manquant ?..
Vera : Vous, monsieur le juge.
Wargrave : Bon. Je vous remercie, miss Claythorne. Vous pouvez aller vous rassoir. (Vera s’exécute) À présent, je demande à être appelé à la barre des témoins. Vous, Blore, vous étiez un ancien policier et vous faites partie de ceux qui m’ont survécu : vous mènerez donc mon interrogatoire…
Blore : Bien, monsieur le juge.
(Wargrave va à la barre des témoins)
Blore : Juge Wargrave, levez la main droite et jurez de dire la vérité, rien que la vérité, toute la vérité.
Wargrave (levant la main droite) : Je le jure.
Blore : Monsieur le juge, que vous est-il arrivé après que miss Claythorne ait quitté le salon, en ce soir du 10 août ?
Wargrave : Quelques secondes après, j’ai entendu un grand cri venant de l’étage supérieur et poussé, de toute évidence, par miss Claythorne. Vu ma mobilité réduite en raison de mon âge, je n’ai pas pu me lever d’un bond et je me concentrais pour sortir de mon fauteuil quand j’ai vu une ombre se dresser devant moi. J’ai rapidement distingué un revolver, et puis j’ai senti un rond de métal froid sur mon front. Ensuite, je me souviens juste d’une sorte de grand coup de poing à cet endroit, puis plus rien. Il ne faut pas être un génie pour comprendre que j’ai été exécuté d’une balle de revolver dans la tête, tirée à bout touchant…
Blore : C’est exact, monsieur le juge… Mais avez-vous une idée de l’identité de cette « ombre » qui s’est dressée devant vous ?
Wargrave : Hélas non. Je ne sais pas qui était cette personne ni n’ai distingué quoi que ce soit qui puisse objectivement me faire soupçonner une personne plutôt qu’une autre…
Blore : Bon. Je vous remercie, monsieur le juge.
(Wargrave regagne sa place)
Wargrave : Désormais, je serai obligé de vous faire confiance pour décrire les événements qui suivront. Je vous rappelle, miss Claythorne, messieurs Blore, Lombard, et Armstrong, que vous êtes toujours sous serment… (un temps) Bien, qui veut venir dire à cette cour ce qui s’est passé, directement après mon assassinat ?
(un temps ; Vera, Lombard et Blore lancent des regards à Armstrong qui reste les yeux baissés, se tordant les mains)
Wargrave : Armstrong ?
Armstrong (les yeux baissés) : Non, non !.. Pas ça… Pas encore…
Blore (se levant) : Si vous me permettez, monsieur le juge, je peux venir vous parler des événements de la nuit…
Wargrave : Très bien. Revenez à la barre, Blore.
(Blore revient à la barre des témoins)
Blore : J’ai été réveillé au milieu de la nuit par un bruit que j’ai identifié comme un frôlement juste devant ma porte. Je me suis levé, ai tendu l’oreille, et j’ai, quelques secondes plus tard, entendu un bruit de pas, très faible, mais j’en étais sûr. Je suis alors sorti et je suis allé cogner aux portes des différentes chambres. Je n’ai obtenu aucune réponse en frappant à la porte du docteur Armstrong. En-revanche, Lombard m’a répondu immédiatement.
Wargrave : Vous confirmez, Lombard ?
Lombard (se levant) : Je confirme.
Wargrave : Continuez, Blore…
Blore : Après nous être assurés que miss Claythorne était bien dans sa chambre, Lombard et moi sommes descendus. Nous avons constaté qu’il n’y avait plus que trois figurines dans le salon…et nous n’avons trouvé aucune trace du docteur Armstrong, ni à l’intérieur ni à l’extérieur de la maison.
Lombard (se levant) : Me permettez-vous que je vienne moi aussi à la barre, monsieur le juge _ avec votre permission, Blore…_ ?
Blore : Vous l’avez.
Wargrave : Allez-y, Lombard…
(Lombard se lève et revient à la barre des témoins)

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyJeu 14 Mar 2024 - 21:34

J'adore ta plume!

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyDim 17 Mar 2024 - 23:55

Lombard : Le lendemain matin…
Wargrave (interrompant) : Donc le 11 août…
Lombard : C’est ça. (poursuivant) La tempête s’était calmée mais la mer restait très houleuse et nous n’avions que peu d’espoir qu’un bateau puisse accoster sur l’île. Nous avons passé la matinée à l’extérieur, en cherchant en vain Armstrong, et puis… Allez-y, Blore…
Blore : Je suis retourné vers la maison pour me mettre quelque-chose sous la dent. J’ai alors reçu un terrible coup sur la tête…et je ne me souviens plus de rien ensuite.
Lombard : Vera et moi avons entendu un grand bruit venant de la maison. Nous nous sommes précipités et nous avons découvert Blore, face contre terre, la tête écrasée par un bloc de pierre qui s’est avéré être l’horloge qui se trouvait dans la chambre de Vera.
Wargrave : Confirmez-vous cela, miss Claythorne ?
Vera (se levant) : Je confirme.
Wargrave : Poursuivez, Lombard.
Lombard : En revenant vers le rivage, nous avons aperçu une masse insolite qui ressemblait à un paquet de vêtements. Nous sommes allés voir et avons découvert le cadavre du docteur Armstrong, de toute évidence noyé. Nous l’avons tiré hors de portée de la marée, et puis… Vous pouvez dire ce qui s’est passé ensuite, Vera…
Vera (se levant) : J’ai constaté que le revolver de monsieur Lombard était dans sa poche. Je me suis arrangée pour le lui subtiliser discrètement…
Wargrave (interrompant) : Une seconde ! Comment ce revolver se trouvait-il dans votre poche, Lombard ?!.
Lombard : Je l’ai découvert dans le tiroir de ma table de chevet en revenant dans ma chambre après votre assassinat, Wargrave. (un temps) Je ne sais pas comment il est arrivé là et je vous jure que je ne l’ai jamais utilisé, ni contre vous ni contre personne ici !..
Wargrave : Bon, bon ; nous verrons cela plus tard !.. Poursuivez, miss Claythorne.
Vera : Quand monsieur Lombard s’est rendu compte que je lui avais dérobé le revolver et que je le pointais sur lui, il a essayé de me le reprendre ; mais j’ai été plus rapide et je lui ai tiré dessus.
Lombard : Je confirme : quand j’ai essayé de me jeter sur miss Claythorne pour la désarmer, j’ai vaguement entendu un bruit de coup de feu et, au même moment, j’ai cru recevoir un gigantesque coup de poing dans le cœur. (un petit temps) Mais je vous jure, Vera, que je voulais simplement vous désarmer et que je ne vous aurais pas tuée !..
Vera : À d’autres, Philip ! Vous n’avez pas cessé de mentir depuis le début de cette affaire ! En vous tuant, j’avais sauvé ma vie…et vengé mes autres compagnons !..
Lombard : Alors comment se fait-il que vous soyez avec nous, maintenant ?! Comment êtes-vous morte, Vera ?..
Wargrave : Une seconde, Lombard : vous avez raison mais nous allons procéder avec ordre et méthode… Blore, Lombard, veuillez regagner votre place ; et vous, miss Claythorne, venez à la barre.
(Blore et Lombard retournent s’assoir tandis que Vera va à la barre des témoins)
Wargrave : Miss Claythorne, dites-nous ce qui s’est passé après que vous ayez _ en état de légitime défense ou pas _ tué monsieur Lombard…
Vera : J’étais dans un état second, à la fois soulagée et traumatisée. En revenant dans ma chambre, j’ai constaté qu’un nœud coulant avait été accroché au plafond. J’ai cru, alors, que c’était mon destin : j’ai approché une chaise, suis montée dessus, ai mis le nœud autour de mon cou, et ai renversé la chaise. Voilà tout ce dont je me souviens…
(un temps)
Wargrave : Vous pouvez aller vous rassoir, miss Claythorne. (Vera s’exécute) Bien, messieurs-dames, je pense qu’un témoignage extérieur est nécessaire en cet instant… (appelant) Narracott !
(Narracott rentre)
Wargrave : Narracott, vous êtes le marin qui nous avez tous amené sur l’île et vous avez été, je crois, l’un des premiers à l’aborder après notre mort ?..
Narracott : C’est exact, monsieur.
Wargrave : Quand êtes-vous revenu sur l’île ?
Narracott : Dans l’après-midi du 12 août…
Blore (interrompant) : Soit vingt-quatre heures au moins après le dernier décès, notons-le bien…
Narracott (poursuivant) : Vous étiez tous morts, et les enquêteurs ont essayé de reconstituer les circonstances entre vos écrits, les autopsies, et les constatations diverses…
Wargrave : Qu’ont révélé les autopsies ?
Narracott : Monsieur Marston, miss Brent et madame Rogers ont été empoisonnés _ les deux premiers au cyanure, madame Rogers d’une surdose de chloral _. Le général McArthur a été tué d’un coup derrière la tête. Monsieur Rogers a eu le crâne fendu par une hache. Monsieur Blore a eu la tête réduite en bouillie par un bloc de pierre. Vous-même, monsieur le juge, et monsieur Lombard avez été tués d’une balle de revolver _ vous dans la tête, monsieur Lombard dans la région du cœur _. Le docteur Armstrong est mort noyé. Enfin, miss Claythorne a été retrouvée pendue. Les autopsies n’ont rien pu révéler de précis mais, en les croisant avec les notes de miss Claythorne et de monsieur Blore, les enquêteurs ont déduit que les dernières personnes vivantes étaient le docteur Armstrong, miss Claythorne, monsieur Blore et monsieur Lombard.
Lombard : Qu’est devenu le revolver ?
Narracott : Il a été retrouvé devant la chambre du juge Wargrave.
Lombard : Sans aucune empreinte _ digitale ou autre_ ?..
Narracott : Non, monsieur.
Blore : Et personne n’a jamais eu d’idée sur ce qui s’était passé durant ces quatre jours ?..
Narracott : Mais si, nous le savons !..
Wargrave : Alors ? Qui est l’assassin ?!.
(un petit temps)
Narracott (avec évidence) : C’est vous, monsieur le juge.

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyDim 17 Mar 2024 - 23:58

NDLA: Ceci est le dernier chapitre "connu" des lecteurs du roman. Mais ne partez pas: LA FIC N'EST PAS FINIE et les surprises vont _ enfin _ vraiment commencer...

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyLun 18 Mar 2024 - 19:04

(un temps)
Wargrave : Comment ??.
Narracott : Vous l’avez écrit dans une lettre que vous avez mise dans une bouteille avant de la jeter à la mer et de vous suicider : on a retrouvé cette bouteille quelques jours après dans les filets d’un chalutier…
Wargrave (éberlué) : Quelle lettre ???
(Narracott sort une lettre translucide de sa poche ; les autres personnages sortent la même de la leur et se mettent à lire ; un très long temps [musique de type « Adagio » d’Albinoni])
Marston : Espèce de salopard !..
McArthur : Vous étiez en manque de victime depuis votre retraite, Wargrave ? Ou alors vous pensiez que la justice ne faisait pas assez son travail et vous avez choisi de vous substituer à elle ?!.
Wargrave : Je n’ai…
Vera (interrompant) : Voilà pourquoi j’ai retrouvé un nœud coulant dans ma chambre !.. C’est vous qui l’avez noué en comptant sur le fait que j’allais y voir un signe du destin !..
Brent : Ce que, au demeurant, vous avez fait _ignorant ainsi les lois de Dieu_ miss Claythorne…
Wargrave : Ce n’est pas vrai ! J’ignorais même votre existence _ tous autant que vous êtes_ avant de vous rencontrer sur cette île ! Et je ne vous ai pas assassinés ! Je suis innocent !!.
Marston : Inutile de nier, Wargrave : tout concorde ! Tout !
Wargrave : Il n’y a rien qui concorde ! Tout cela n’est qu’un tissu de mensonges !
McArthur : Vous aurez du mal à le prouver…
Wargrave : Vous pensez que je vous aurais rassemblés sur cette île afin de vous faire payer des crimes que vous auriez commis et qui auraient échappé à la justice, et que je vous aurais assassinés en respectant l’ordre d’une comptine enfantine afin de vous torturer moralement avant de vous achever ?
Vera : Oui !
Wargrave : Dans ce cas, dites-moi comment j’aurais pu prévoir la tempête ?.. (un long temps) Vous l’avez dit vous-même, Lombard : sans la tempête, vous-même, Blore, Armstrong ou miss Claythorne auriez parfaitement pu tenter votre chance à la nage : c’est cette tempête seule qui nous a enfermés, tous, sur cette île ! Si j’avais voulu commettre une série de meurtres, j’aurais dû soit choisir un endroit beaucoup plus hermétiquement clos, soit des victimes autrement moins physiquement vigoureuses, soit commettre mes meurtres en un laps de temps radicalement plus court !..
(un temps)
Blore : C’est vrai que cette tempête est tombée à point nommée ; juste après la mort du général McArthur…
Wargrave : De plus, mon soi-disant suicide est un montage de toutes pièces : à lire cette lettre, j’aurais accroché le revolver à un élastique relié à mon lorgnon. Je me serais allongé sur mon lit, protégeant ma main avec un mouchoir pour éviter les empreintes digitales et en visant mon front. Le revolver, projeté par l’élastique, serait alors reparti vers la porte et le mouchoir serait tombé de ma main… (un petit temps) Admettons que, par un hasard miraculeux, le mouchoir ne reste pas coincé dans ma main, que le cordon de mon lorgnon se détache bien du revolver, et qu’il ne soit pas lui-même projeté vers la porte…
Vera : C’est ce qui s’est passé, n’est-ce pas, monsieur Narracott ?
Narracott : Oui : on a retrouvé, je vous l’ai dit, le revolver devant la porte du juge, sans la moindre trace dessus…
Wargrave : Mais, justement ! Le revolver, projeté en arrière, aurait alors heurté violemment la poignée ou le chambranle de la porte, ce qui aurait inévitablement laissé des traces autant sur l’arme que sur l’endroit qu’elle aurait heurté !.. (un temps assez long) Autre-chose : à en croire cette lettre, j’aurais demandé au docteur Armstrong de m’aider dans ma tâche en tentant de lui faire croire que, en simulant ma propre mort, je pourrais plus librement enquêter afin de démasquer l’assassin. Passons sur le postulat ridicule que l’assassin aurait été perturbé par un meurtre qu’il n’aurait pas commis et qu’il n’aurait donc pas vérifié derechef que j’étais bel et bien mort : en quoi me faire passer pour mort aurait-il pu m’aider en quoi que ce soit ?.. Mon grand âge m’interdisait tout déplacement rapide et vous étiez tellement apeurés que le moindre bruit vous aurait alertés _ et bonne chance, alors, pour me cacher !.. _. Mais il y a plus : docteur Armstrong, revenez à la barre, je vous prie !
(Armstrong revient à la barre des témoins, toujours secoué de tics et la tête baissée ; Narracott s’écarte)

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyLun 18 Mar 2024 - 19:36

Toujours aussi bien!

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptySam 23 Mar 2024 - 14:10

Wargrave : Armstrong… (plus fort) Armstrong ! (Armstrong lève les yeux) Vous ai-je jamais demandé de m’aider à me faire passer pour mort afin de démasquer plus facilement l’assassin _ je vous rappelle que vous êtes toujours sous serment _ ?
Armstrong : Quoi ?.. Non, non, jamais !..
Wargrave : Et, si je vous l’avais demandé, m’auriez-vous écouté ?
Armstrong : Ah non ! Certainement pas !.. Ce qui est écrit dans cette lettre est totalement faux ! Si vous me l’aviez demandé, je vous aurais fortement soupçonné et l’aurais répété à tous les autres. Je ne suis pas complètement idiot, quand-même !..
Blore (se levant) : Il y a un autre point que je voudrais souligner, avec votre permission… (un petit temps ; les autres approuvent en silence) Monsieur le juge, vous avez été assassiné dans la soirée du 10 août, n’est-ce pas ?
Wargrave : Exact.
Blore : Or, à en croire cette lettre, c’est, au plus tôt, dans l’après-midi du 11 que vous vous êtes suicidé, nous sommes tous bien d’accord ?.. (murmure approbateur) Narracott, vous êtes revenu sur l’île dans l’après-midi du 12. Vous confirmez ?
Narracott : Oui, monsieur.
Lombard : Où voulez-vous en venir, Blore ?
Blore : À ceci, Lombard : si le juge nous avait survécu, les enquêteurs auraient constaté des bizarreries entre mes notes et celles de miss Claythorne, et les résultats de l’autopsie.
Vera : Que voulez-vous dire ?
Blore : Etant un ancien policier reconverti dans les affaires privées, je pourrais vous répondre moi-même mais… Docteur Armstrong ! (Armstrong lève la tête) Que devient le corps d’une personne, directement après sa mort ?
Armstrong : Après la mort ?
Blore : Oui.
Armstrong : Le corps passe par trois phases successives : tout d’abord, la phase de refroidissement, qui commence après l’arrêt du cœur.
Blore : Combien de temps dure-t-elle ?
Armstrong : Environ une demi-heure. Ensuite vient la phase de rigidité, qui dure un peu moins d’une trentaine d’heures. Enfin, vient la phase de décomposition, laquelle est davantage dépendante des conditions de conservation du cadavre _plus il fait froid, moins la décomposition sera rapide_.
Marston : Mais en quoi ces précisions nous avancent-elles ?..
Blore : En ceci, Marston : un corps n’est pas dans le même état au bout de trente-cinq heures et au bout de soixante !.. Si le juge Wargrave était mort dans la soirée du 10 _comme il l’a dit et comme nous l’avons tous cru à ce moment _, son cadavre aurait été retrouvé dans un état de décomposition déjà avancée. En revanche, s’il était mort dans l’après-midi du 11 août, comme la lettre retrouvée dans la bouteille semble le dire, son cadavre, au moment où monsieur Narracott et les enquêteurs sont arrivés sur l’île, aurait à-peine terminé sa phase de rigidité. Et on peut raisonnablement penser que mes anciens collègues auraient été surpris par l’écart entre les notes que moi et miss Claythorne avons prises et l’état de fraîcheur de son corps…
Lombard : Bon sang !
(un temps ; Lombard a les yeux dans le vide)
Wargrave : Quoi, Lombard ?..
Lombard : Le corps… La tempête… Les accusations… Le mobile… Le corps !.. Le corps !!. (semblant se réveiller) Je sais ce qui s’est passé. Si vous me laissez aller à la barre, je vais tout vous expliquer.
Blore : Me permettez-vous de me joindre à vous, Lombard ?..
(un petit temps ; Lombard et Blore s’échangent un sourire)
Lombard : Volontiers, Blore. Armstrong, Narracott, vous pouvez regagner vos places…
(Narracott va s’assoir dans un coin de la scène ; Armstrong retourne s’assoir sur le banc des accusés ; Lombard et Blore reviennent à la barre des témoins)

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptySam 23 Mar 2024 - 14:14

NDLA: Nous entrons dans la dernière ligne droite. Les fans du roman acceptent-ils le blasphème?.. avez-vous une idée d'où je veux en venir?.. J'espère en tout cas que ceux qui me lisent apprécient ce récit...et que je n'ai pas trop perdu mon style avec les années (même si, pour le coup, j'essaie d'être le plus fidèle possible à celui d'Agatha Christie)...

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptySam 30 Mar 2024 - 23:01

Lombard : Il y a, pour commencer, un point qu’il est nécessaire d’évoquer et que personne, il me semble, n’a creusé : quel pouvait être le mobile de ces meurtres ?..
Vera : Mais, voyons, nous connaissons tous le mobile de ces meurtres !..
Lombard (interrompant) : En êtes-vous bien sûre, Vera ?.. (un petit temps) Il est vrai que la vengeance, à quelque degré que ce soit, semble une évidence _ nous avions tous commis, dans notre passé, des actes douteux, condamnables, voire criminels _, mais la question est : pourquoi nous en particulier ?.. Notre mystérieux assassin semble particulièrement bien renseigné sur les affaires de meurtres non-résolus : il a même indiqué dans sa lettre qu’il avait choisi Marston parmi toute une liste de criminels de la route, c’est dire !.. Et cette connaissance dans ce domaine est la première clef qui doit nous conduire à la vérité. Mais la deuxième, intimement liée au mobile, est celle qui m’a aiguillé le plus vers le coupable et que vous aviez mis en exergue, Wargrave, pour vous innocenter : la tempête !..
Wargrave : En quoi cette tempête est-elle un indice : elle me semble au-contraire brouiller les pistes plus qu’autre-chose…
Lombard : Parce que vous raisonnez à l’envers, Wargrave ! C’est d’ailleurs pour ça que, malgré votre professionnalisme, votre expérience, et votre suffisance, vous avez été incapable de déceler la vérité : vous n’arrivez pas à vous mettre à la place du tueur…et vous manquez singulièrement d’imagination. Pourtant, vous l’avez dit vous-même : à la base, cette île n’était pas un lieu hermétiquement clos. Au moins cinq d’entre nous aurions pu nous échapper à la nage : moi-même, Marston, Blore, Vera, et Armstrong. Et, comme vous l’avez dit très justement, Blore, la tempête s’est abattue sur nous juste après la mort du général McArthur, c’est-à-dire au moment où il n’a plus fait le moindre doute que l’un d’entre nous était un meurtrier en série. Or, comment l’assassin aurait-il pu prévoir cette tempête au moment où il préméditait ses meurtres ?.. Tempête qui nous a enfermés sur cette île, avec pour seule compagnie nos peurs, nos doutes…et nos fantasmes ?
Vera : Nos fantasmes ?..
Blore : Tout à fait : trois meurtres commis en suivant manifestement les couplets d’une comptine enfantine, une ambiance à la limite du surnaturel, une peur permanente les uns des autres : nous nous rêvions en personnages de tragédie…et ce rêve a largement occulté notre raison.
Wargrave : Mais attendez, messieurs : où cela nous mène-t-il ?..
(un petit temps ; Blore et Lombard s’échangent un sourire entendu)
Lombard : À ceci : si l’assassin ne pouvait pas savoir qu’une tempête allait complètement isoler cette île, cela signifie qu’il n’avait pas nécessairement l’intention de tous nous supprimer.

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyLun 1 Avr 2024 - 21:06

Vera : Mais alors pourquoi…
Lombard (interrompant) : Pourquoi s’est-il donné la peine de continuer à tuer ? Réfléchissez : quel est le principal avantage d’une série de meurtres ? Ou, pour être plus explicite, qu’est-ce qu’une série dissimule le mieux ?..
(un temps)
Wargrave : Je ne vois pas…
Marston : Moi non-plus…
Rogers : Moi non-plus…
McArthur : Moi non-plus…
Brent : Moi non-plus…
Mme Rogers : Moi non-plus…
Vera : Moi non-plus…
Narracott : Et moi non-plus…
(un petit temps ; Blore et Lombard s’échangent à-nouveau un nouveau sourire entendu)
Lombard (solennel) : Ce qu’une série de meurtres cache le mieux, mes amis, ce sont les meurtres eux-mêmes !..
Marston : Comment ?
Blore : En attirant l’attention sur la série des meurtres, et en la reliant aux couplets de la comptine, l’assassin a dissuadé autant ses compagnons que les enquêteurs d’enquêter sur chaque meurtre en particulier et de se poser les questions les plus basiques de mobile ou de circonstances…
Lombard : C’était une idée géniale ! Et elle a merveilleusement marché…
Wargrave : Attendez, Lombard !.. Que ce soit une idée géniale, je veux bien en convenir ; seulement il y a un petit problème à votre scénario, messieurs…
Blore (souriant) : Lequel ?
Wargrave : Nos dix cadavres ont bien été retrouvés sur l’île, et dans les circonstances que nous avons décrites à cette barre : le témoignage de monsieur Narracott ici présent ne laisse aucun doute sur ce sujet !..
Blore : Vous en êtes vraiment sûr, monsieur le juge ?
Wargrave : Comment cela ? Evidemment, j’en suis sûr ! Tout le monde, ici, peut…
Lombard (interrompant) : Vous êtes sûr que ce sont bien nos cadavres qu’ont découvert les enquêteurs ?..
(un temps ; à part Blore et Lombard, les personnages s’échangent des regards incrédules)
Lombard : Revenons chronologiquement sur les événements, voulez-vous ? Mais tenons pour acquis, au vu tant de nos déclarations que des résultats des autopsies que, même s’il subsiste un très léger doute en ce qui vous concerne, Wargrave, la liste des suspects se limite à moi, à monsieur Blore, au docteur Armstrong, et à Vera Claythorne. (murmure approbateur) Mon cher Blore, désirez-vous commencer l’explication finale de cette affaire, ou préférez-vous que je m’en charge ?..
Blore : À vous l’honneur, Lombard : mon tour viendra bien assez tôt…
Lombard : Bien. Les deux premiers meurtres _ les empoisonnements de Marston et de Mme Rogers_ ne permettent de dégager aucun suspect en particulier : nous étions tous parfaitement en mesure de les commettre. Celui du général McArthur n’est guère moins obscur bien que nous puissions remarquer que trois d’entre nous _qui explorions l’île pour tenter de trouver d’éventuelles cachettes pour un intrus_ étions régulièrement en train de nous déplacer et qu’il était comparativement plus facile à l’un d’entre nous de nous approcher du général ensommeillé…à-fortiori en invoquant le prétexte d’aller chercher un objet nécessaire à nos vérifications _ comme un rouleau de corde ou un mètre-ruban…_. Aucune piste particulière ne se dégage non-plus pour les meurtres de Rogers et de miss Brent ; et guère davantage pour le vôtre, monsieur le juge. Quoique, dans ce cas précis, nous pouvons éliminer un suspect…
Vera : Moi.
Lombard : Exact, Vera : quand vous êtes montée à l’étage, le juge Wargrave était encore vivant. Et nous avons tous accouru en entendant votre cri : vous ne pouviez pas, au même moment, être dans le salon pour exécuter le juge. Cependant, entre moi, Blore ou le docteur Armstrong, la liste des suspects demeure conséquente…et ici je dois vous confesser un mensonge.
Blore : Vous allez enfin dire comment vous avez récupéré le revolver, Lombard ?..
Lombard : Effectivement. En descendant vous chercher une bouteille de cognac, Vera, j’ai vu votre cadavre, monsieur le juge. Mais j’ai aussi remarqué mon revolver, juste à côté de vous… Pensant d’abord à ma sécurité, j’ai choisi de le récupérer…ce qui m’a été fatal le lendemain. (un petit temps ; songeur) Etrange ironie du destin : je me suis toujours considéré comme un homme courageux et c’est un réflexe de lâcheté semblable à celui que j’avais commis en Afrique qui m’a coûté la vie…
McArthur : La suite !..
Lombard (se reprenant) : La suite, oui… Blore, je pense que vous êtes le mieux placé pour parler de cette fameuse nuit du 10 au 11…et pour éclairer l’étrange comportement du seul d’entre nous qui n’a pas daigné parler de sa mort, le docteur Armstrong…
Blore : La puissance du fantasme… Prisonniers sur cette île, à la merci d’un tueur agissant selon les couplets d’une comptine enfantine, hypnotisés par la tempête, notre fantasme de participer à une tragédie écrite par une sorte d’entité surnaturelle avait déjà altéré fortement notre raisonnement. Mais, dans le cas du docteur Armstrong, ça a été encore plus loin… Armstrong, levez-vous !
(Armstrong se lève, tremblant et se tordant les mains)

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyMar 9 Avr 2024 - 3:10

Blore : Armstrong, il est temps de dire la vérité, maintenant : qui vous a tué ? (un temps) Qui ?!
Armstrong : Personne.
Marston : Comment, « personne » ?!.
Blore : Vous vous êtes suicidé, n’est-ce pas ?.. (Armstrong approuve) C’est bien ce que j’ai compris. (Armstrong se rassoit) Quand j’ai entendu des bruits de pas devant ma porte, cette nuit-là, je suis sorti sur le palier et j’ai vu une silhouette en bas des escaliers. Contrairement à ce que je vous ai dit, je n’ai pas directement frappé aux portes pour savoir qui était sorti : je suis descendu à mon tour. Et, en constatant que ma mystérieuse ombre avait emporté avec elle l’une des figurines, j’ai compris ce qu’elle avait l’intention de faire, aussi ne l’ai-je pas suivie à l’extérieur. Je suis remonté et alors, seulement, j’ai frappé aux portes des chambres, en commençant par celle d’Armstrong…
Vera : Comment avez-vous su que c’était Armstrong ?
Blore : Je ne le savais pas mais je m’en doutais, autant en raison de la corpulence générale de la silhouette que j’avais entrevue _ qui, tout en étant masculine, ne ressemblait pas à celle de Lombard _ que du comportement d’Armstrong durant la journée, dont les nerfs étaient clairement en train de craquer. Sa peur et ses fantasmes ont eu raison de lui au point de le faire sombrer dans la folie et d’accomplir lui-même, et sur lui-même, le tragique destin du septième personnage de la comptine…
Lombard : Ce qui nous amène à la matinée du 11…et à la conclusion de cette histoire, laquelle, il me semble, ne fait plus aucun doute pour personne…
(un temps)
Vera : Je ne vois toujours pas…
Lombard : Oh ! voyons, Vera, vous n’avez pas encore compris ? Vraiment pas ?..
(un petit temps)
Blore : Pourtant, si vous y réfléchissiez _tous !_, la vérité vous sauterait aux yeux… (un temps ; tous hochent négativement la tête) Concluez, Lombard.
Lombard : Nous cherchons un homme qui, outre l’occasion de tuer chacun d’entre nous, avait suffisamment de billes pour connaître notre passé ; un homme qui, ayant participé à la fouille de l’île, s’est arrangé pour se retrouver seul à un moment _ prétextant la recherche d’un rouleau de corde _ ; un homme qui avait suffisamment de sang froid pour sortir seul, la nuit, désarmé, vérifier lequel de ses compagnons avait définitivement perdu la raison ; un homme qui a pu, en toute tranquillité, nouer le nœud coulant qui a eu, in-fine, raison de votre esprit, Vera ; un homme, enfin, qui s’est absenté sous un prétexte absurde, le 11 août, pour parfaire sa petite mise en scène. En un mot : William Henri Blore !

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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyVen 12 Avr 2024 - 6:08

(un long temps)
Vera : Pardon ?.. Mais Blore était bien mort, Philip : nous avons vu sa tête écrasée par la pendule…
Lombard : Nous avons vu son corps face contre terre, la tête dissimulée par un bloc de pierre sur laquelle coulait du sang, rien d’autre : prisonniers de la comptine, nous n’avons pas pris la peine de vérifier qu’il était bien mort. Et monsieur Narracott a bien précisé que la tête de Blore avait été réduite en bouillie. En bouillie !.. C’est-à-dire que les enquêteurs ne pouvaient pas savoir avec certitude que le corps retrouvé…était bien le bon.
Vera : Mais enfin, pourquoi…
Blore (interrompant) : Pourquoi je me suis fendu de cette mise en scène ? Mais parce que, dans cette histoire, la seule victime qu’il m’importait de tuer était…moi-même ! J’ai demandé à un pêcheur des villages environnants, qui me ressemblait vaguement en âge et en corpulence, de me servir de double pour une blague que j’étais censé faire à mes compagnons _au vu de la réputation que cette île avait acquise avec son précédent propriétaire, cette demande n’a suscité chez lui aucune surprise_. Ce pêcheur était censé barrer chaque jour aux environs de l’île et y accoster discrètement lorsque je lui aurais fait signe _ je vous rappelle que, la maison étant invisible de la côte, aucun témoin placé sur le rivage ne pouvait apercevoir l’embarcation_. D’ici-là, je pensais avoir commis assez de meurtres pour que ma mort soit « noyée » dans la série, mais la tempête a beaucoup retardé mon projet, l’île étant devenue, par la force des choses, inaccostable. Le matin du 11, j’ai prétexté la faim pour aller vérifier si mon acolyte était bien arrivé, mais la mer était encore trop mauvaise. Je suis monté dans votre chambre, miss Claythorne, ai balancé la pendule à l’extérieur, suis redescendu à toute vitesse, me suis entaillé la main pour badigeonner mon crâne de sang et me suis dissimulé sous la pierre. Comme monsieur Lombard l’a remarqué, vous n’avez pas pris la peine de vérifier que j’étais bien mort…et quand-bien même il m’aurait suffi de feindre un malaise ou un accident pour pouvoir tranquillement continuer mon petit ouvrage… Mon double est arrivé dans la matinée du 12 : je l’ai assommé, puis lui ai défoncé le crâne à coups de pierres pour rentre son cadavre méconnaissable. Après quoi, j’ai rapidement prélevé un de ces petits asticots qui se développent sur les cadavres au bout d’une trentaine d’heures sur le vôtre, Lombard, afin d’antidater l’heure de ma mort. Puis, muni d’une grosse pierre, j’ai repris le bateau que mon généreux double m’avait apporté, ai décrit un large arc de cercle pour revenir à terre sans me faire voir, ai coulé le bateau à l’aide de la pierre que j’avais emportée _je pensais avec raison que la disparition d’un pêcheur en mer ne surprendrait pas ses voisins, collègues et amis : ce genre de chose est malheureusement courant…_, ai nagé vers le rivage ; enfin j’ai rédigé la fausse lettre du juge Wargrave pour définitivement éloigner les soupçons…et recommencer une vie normale.
Lombard : Oui, car votre mobile était de vous faire disparaître au vu de tous pour que vos anciens collègues policiers cessent de vous mettre des bâtons dans les roues dans les affaires _j’imagine peu scrupuleuses…_ que vous meniez en tant que détective privé.
Blore : Exactement, Lombard. Mais je dois reconnaître que, sans l’aide providentielle de miss Claythorne _qui vous a gentiment tué pour moi_, j’aurais eu du mal à aller jusqu’au bout de mon projet…
Lombard : Vous m’avez vaincu de notre vivant, Blore. Accordez-moi d’avoir été le seul à vous damer le pion après notre mort…
Blore : Je vous l’accorde volontiers, Lombard. Vous êtes le seul, sur cette île, pour qui j’ai éprouvé un peu de sympathie, et vous avez su mériter mon respect.
Brent : Votre respect ??. Comment osez-vous ?!.
Blore : Assez, miss Brent ! Vous n’êtes pas plus innocente que moi ni que personne ici _à l’exception de monsieur Narracott_ !.. Nous avons tous, dans cette cour, du sang sur les mains, et nous étions tous prêts à réserver à celui qui se serait avéré coupable le sort que miss Claythorne a fait subir à monsieur Lombard !.. Juge Wargrave, vous vouliez savoir la vérité : nous vous l’avons donnée. Considérez-vous comme réhabilité... Lombard, pensez-vous que ces révélations nous aideront à trouver le repos ?..
Lombard (souriant) : Je doute d’avoir réellement envie de repos, à vrai dire…
Blore (lui rendant son sourire) : Je le pressentais… (aux autres) Quant à vous, errez, courez ou arrêtez-vous : tant qu’il y aura quelqu’un, sur Terre, qui se souviendra de l’affaire de l’Île du Nègre, je n’ai pas l’impression que ses acteurs pourront jamais être véritablement apaisés…
(Blore, Lombard et Narracott sortent ; noir final)

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Sudena
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MessageSujet: Re: Dix petits hommes en colère   Dix petits hommes en colère EmptyVen 12 Avr 2024 - 6:47

Les amis, je sais que cette fiction (en fait cette pièce que j'ai écrite à des fins semi-professionnelles) n'a aucun rapport avec L.O., mais je tenais beaucoup à vous la faire partager car elle me pose à la fois un  problème et réveille une passion que nous partageons, je pense, tous ici à un degré plus ou moins fort: la question de l'indépendance et de la place des personnages de fiction dans notre réalité...
Très largement inspirée par l'analyse de Pierre Bayard La Vérité sur Dix Petits Nègres (sans polémiquer, je reste dans le titre d'origine, le contenu du roman d'Agatha Christie n'étant nullement sujet à une quelconque controverse d'ordre idéologique [de plus, je connais mes convictions et ai la conscience on ne peut plus tranquille à ce sujet]) que j'ai adorée et à laquelle je me suis énormément référencée, j'ai essayé de proposer, de façon ludique, une solution alternative sans trahir le texte d'origine!.. L'avantage de ce roman, en plus de son génie intrinsèque de proposer cette sorte de gigantesque chambre close (lisez, si vous aimez ce sous-genre particulier, les romans hélas aujourd'hui trop méconnus de John Dickson Carr...), est qu'il n'offre aucun personnage "coup de coeur" auquel le lecteur pourrait attacher une extrême sympathie, ce qui permet de recentrer son propos sur son énigme policière...et ainsi sur ses incohérences, déjà soulignées plusieurs fois depuis sa sortie (particulièrement le suicide final du juge Wargrave, bien trop tiré par les cheveux pour offrir une réelle satisfaction intellectuelle...). En donnant le rôle de l'enquêteur final à Lombard _ le seul personnage auquel je me suis véritablement attaché en lisant le livre _, je me suis autorisé un petit plaisir personnel tout en rendant hommage à la très bonne adaptation cinématographique de René Clair datée de 1945 (Dix Petits Indiens). J'avoue aussi que le mode de dissimulation dont je me suis servi ici (suivant l'esprit de la contre-enquête de Pierre Bayard), et qu'Agatha Christie a utilisé (tout à fais consciemment et délibérément pour le coup) dans deux de ses romans me parait particulièrement géniale...et réveille un vieux réflexe pavlovien du passionné de la Révolution que je suis: une série d'événements curieux datée de la fin de l'été 1792...

Si j'ai blasphémé, je n'en demande nul pardon (j'assume ce que j'écris); mais j'aimerais bien savoir ce que vous en avez pensé, tant sur le fond que sur la forme... Merci, en tout cas, à ceux qui m'ont lu jusqu'au bout.

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