Lady Oscar - André
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 Des lendemains qui chantent (Goldorak)

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Oscar1965
L'ombre et la lumière de l'amour
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Oscar1965

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MessageSujet: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyMar 16 Sep 2014 - 22:53

Prologue

Cette histoire commence le jour même du départ des Euphoriens. Au début, elle n’est donc pas joyeuse mais rassurez-vous, je ne vais pas les laisser tous souffrir longtemps comme ça. Un petit conseil, ne lisez pas ce chapitre si vous avez eu une dure journée…
L’histoire peut être liée à « Ciel d’automne » mais se tiendra bien toute seule aussi. Oscar et André sont restés au XVIII e siècle et l’histoire concernera cette fois seulement l’univers de Goldorak.
Comme de bien entendu, les personnages sont presque tous une création de Go Nagaï. J’en ajouterai de mon cru un peu plus tard.
Bonne lecture !

Chapitre 1 : Les débuts de l’absence
 
Procyon ouvrit la porte et, sans allumer, s’assit à son bureau. L’air absent, il passa la main sur les dossiers qui s’accumulaient. Soupirant, il repoussa sa chaise pour se relever. Il se sentait si las! Il passa près de la salle de contrôle  où un seul technicien, Argoli en l’occurrence, montait désormais la garde. La porte s’ouvrit automatiquement à son approche et Procyon s’arrêta un instant, indécis. Il poursuivit finalement son chemin vers les chambres des Aigles. Elles étaient toutes vides. Alcor n’était toujours pas revenu. Procyon se demandait jusqu’où le chagrin allait le mener avec son Alcorak. Vénusia se trouvait probablement au ranch à consoler son père et Mizar… Les deux dernières chambres avaient la porte ouverte. Procyon entra dans la dernière. Tout était en parfaitement en ordre. La photo des Aigles avait disparu, de même que presque tous les vêtements. Il restait seulement des vêtements civils que le prince d’Euphor ne porterait plus désormais. Procyon huma une odeur qu’il connaissait bien : le parfum du savon aux herbes qu’Actarus affectionnait. Ébranlé, il ferma les yeux alors que la réalité le frappait pour la première fois :
« Ils sont partis… Oh, mon fils… »
Un sanglot menaça de se manifester. Le professeur se passa une main sur le front et, accablé, continua son chemin. Il parvint enfin à la salle de repos. Des meubles confortables, un minibar, une décoration sobre mais élégante. Procyon s’approcha du bar. Une bouteille de cognac s’y trouvait. Procyon l’utilisait quelquefois lorsqu’il recevait des visiteurs au Centre. Dans la pénombre, il se demanda s’il n’était pas un visiteur dans son propre Centre désormais puisqu’il s’y sentait si totalement étranger…*
 
* Musique qui m'a inspirée: « Close your eyes » (plage no 2): http://www.analekta.com/album/?dubeau-angele-blanc-pour-chaque-album-vendu-sur-analekta-com-2-seront-remis-a-la-fondation-du-cancer-du-sein-du-quebec.1757.html
 
 
***
Alors que tous les autres dormaient encore au ranch, Vénusia entra dans l’écurie. Elle sella Vif Argent avec des gestes précis et en lui parlant doucement. Lorsqu’elle sortit, le soleil se levait doucement. Elle enfourcha la bête. Vif Argent n’aimait pas beaucoup être monté par quelqu’un d’autre que son maître mais Vénusia trouvait qu’il faisait pitié à voir, à attendre un cavalier qui ne reviendrait plus.
-  Doucement, là… Nous allons devenir des amis, tu verras. dit-elle à la bête.
Quelques minutes plus tard, elle attacha le cheval dans la cour du Centre avant d’entrer dans le bâtiment. Elle se sentait très nerveuse mais il fallait absolument qu’elle parle au professeur.
« Mon père ferait certainement une crise et Mizar est trop jeune. J’en parlerais bien à Alcor mais j’ignore s’il est revenu… »
-Ah! Vénusia, bonjour! Avez-vous croisé le professeur Procyon par hasard? Il ne s’est pas présenté à la salle de contrôle ce matin.
-Bonjour Antarès. Non, je ne l’ai pas vu…
Un peu intriguée, Vénusia cogna à la porte de la chambre du professeur pour voir s’il n’était pas malade. Comme il ne répondait pas, elle ouvrit mais trouva la chambre vide. Elle ouvrit ensuite la porte de la salle de repos mais ce qu’elle vit lui coupa momentanément le souffle. Elle entra rapidement et verrouilla derrière elle.  Doucement, elle s’approcha de l’homme étendu sur le sofa.
-Professeur! Est-ce que ça va? Professeur!
- Hum… Quoi?
Les cheveux en bataille, Procyon dardait sur elle un œil vitreux, perdu. Il était en chemise, la cravate défaite, son veston sur le plancher. La jeune femme s’agenouilla près de lui et vit la bouteille bien entamée et le verre vide posés sur la table d’appoint. Elle respira de plus l’odeur caractéristique de l’alcool sur son haleine. Elle s’assit sur les talons, complètement éberluée.
« Oh, Actarus… Même ton père… Quel mal tu nous fais à tous! »
Elle sentit les larmes venir comme hier, comme cette nuit, comme à son réveil au petit jour.
 « Je croyais ne plus avoir de larmes pour toi… Alors je vais pleurer pour les autres. »
***
Alcor vit s’approcher les côtes des îles japonaises. Il avait volé toute la nuit, au hasard. Il pensait bien avoir survolé le pôle nord mais n’en était pas sûr. Il avait passé la nuit dans un état second, revoyant sans cesse Goldorak  dépassant les hautes couches de l’atmosphère, emportant ses amis… emportant son amour… 
La voix d’Antarès grésilla dans la radio :
- Le Centre appelle Alcorak, le Centre appelle Alcorak. Alcor, tu me reçois?
Alcor continua sa route sans répondre.
***
- Ça va mieux, professeur?
Ils étaient toujours dans la salle de repos maintenant inondée de soleil. Procyon tenait à deux mains une tasse de café bien chaud, Vénusia assise à ses côtés sur le sofa.
- Je suis sincèrement désolé, ma petite Vénusia. J’ai honte, je l’avoue, que tu m’aies vu dans cet état. Je n’avais pas fait ce genre de chose depuis mes années de collège!
Il plissa les yeux et se passa une main dans les cheveux.
- Ne vous en faites pas voyons. J’ai un peu l’habitude. Papa a tendance à exagérer sur le saké, surtout lorsqu’il y a fête…
Pour le prouver, et par égard pour le mal de crâne qu’il devait certainement endurer, elle se leva et ferma partiellement les rideaux, plongeant la pièce dans une douce pénombre avant de venir se rassoir près de lui.
- Voulez-vous que nous en parlions? fit-elle doucement.
- À quoi bon le cacher : j’ai l’impression depuis hier de vivre à la fois un rêve et un cauchemar. J’avais appris à vivre en état d’alerte permanente et la fin de la guerre, alors que nous avons tous survécu, cela c’est la part du rêve. Mais… j’avais une famille et… je l’ai perdue en quelque sorte. Je me retrouve seul… à nouveau.
Sa voix avait faibli sur ces dernières paroles et Vénusia vit briller des larmes dans ses yeux. Vénusia lui prit la main doucement.
-Professeur, il n’y a peut-être pas de lien de sang mais Alcor et moi, Mizar et même mon père, nous sommes votre famille. Vous qui nous avez soutenus et protégés durant ce terrible conflit, laissez-nous prendre soin de vous à notre tour. Hier… vous auriez pu rester au ranch avec nous.
- Je suis désolé, je ne pensais pas clairement. J’ai voulu être seul…
Comme pour se reprendre et sur un ton plus léger, il poursuivit :
- J’ai vraiment manqué de sagesse n’est-ce pas?
Vénusia pensa tristement :
« Et moi qui ai désespérément besoin de votre sagesse justement. Il est évident que ce n’est pas le bon moment… »
- Reposez-vous aujourd’hui professeur.
Et comme il secouait la tête pour protester, elle dit fermement :
- C’est un ordre. Laissez-moi faire. Le Centre se passera bien de vous pour un seul jour!
Procyon sourit et lui serra doucement la main.
- D’accord, si c’est un ordre, je vais vous obéir, madame.
***
- Le Centre appelle Alcorak. Alcor as-tu des ennuis? Pourquoi ne réponds-tu pas?
Alcor ferma momentanément les yeux. Depuis qu’il survolait le Japon, le Centre n’avait pas cessé de l’importuner. Il ne désirait pas répondre. Tout ce qu’il voulait c’était poursuivre sa route encore et encore et tenter d’oublier. Soudain, il entendit une voix féminine, cassante :
- Alcor! Ça suffit  maintenant! Rapplique immédiatement au Centre! J’ai besoin de toi!
Malgré sa peine, Alcor sourit au ton de son amie :
«Eh bien, pas commode aujourd’hui Vénusia. Je ferais peut-être mieux de rentrer pour voir ce qui se passe… »
Il mit le cap sur le Centre.

***

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptySam 20 Sep 2014 - 12:43

Chapitre 2 : Passé, présent, avenir
 
- Alcor! Enfin!
Le jeune homme descendit de la rampe d’accès spéciale d’Alcorak, lentement, un peu sur la défensive. Vénusia qui l’attendait, se porta aussitôt au-devant de lui :
- Tu dois avoir épuisé tes réserves de carburant, dis donc! Préviens-nous la prochaine fois que tu décideras de faire une virée comme ça! On s’inquiétait tous tu sais!
- Hum, oui, bon, je m’excuse… J’avais besoin de m’aérer le cerveau, tu comprends…
Elle balaya ses explications de la main :
- Non, ne t’en fais pas, personne n’était vraiment dans son assiette hier…
Un peu surpris de s’en tirer à si bon compte, Alcor observa la jeune femme d’un peu plus près :
- Toi, tu n’as pas passé un bon moment non plus, n’est-ce pas?
Vénusia soupira, il était temps de tout lui dire.
- Viens Alcor… Il faut que je te parle en privé.
Ils marchèrent en silence jusqu’à la terrasse surplombant le barrage. Cela avait toujours été un de leurs endroits préférés, à lui comme aux autres Aigles… Alcor ne se faisait toujours pas à l’idée que ces jours-là étaient révolus et qu’avec la paix revenue, il lui faudrait apprendre à vivre sans eux… sans elle. Ils observèrent un moment le paysage paisible qui se déployait devant eux. Puis Vénusia brisa le silence :
- Alcor, il faut que je te dise quelque chose de très important. Tu es le premier à qui je vais le dire… Voilà : je vais avoir un bébé.
Alcor ouvrit de grands yeux, interdit.
-Un… un bébé! Toi? Mais qui… Oh! C’est Actarus hein, c’est lui qui t’as mise dans cet état!
- Calme-toi, voyons! On croirait entendre mon père! Et ne dit pas les choses de cette façon. On était deux pour le faire, cet enfant, alors je suis aussi responsable que lui!
Alcor rumina un moment avant de reprendre :
- N’empêche, il n’aurait pas dû te laisser toute seule!
- Il ne savait pas.
- Quoi? Mais depuis quand le sais-tu toi?
Vénusia soupira, c’était plus compliqué qu’elle ne l’avait cru.
- Écoute, Alcor : je le savais depuis quelques jours déjà mais je ne lui ai rien dit avant qu’il parte…
- Mais, pourquoi? Il a le droit de savoir!
- Tiens, tu prends sa défense maintenant? Il y a deux minutes, tu semblais pourtant lui en vouloir?
- Ne mélange pas les choses, Vénusia. Tu as voulu me le dire en premier alors je crois bien que j’ai le droit de poser quelques questions, non?
Vénusia respira lentement et ferma les yeux, revoyant les scènes de ces derniers mois clairement :
Encore une attaque déjouée… Elle était sortie marcher sur la falaise, l’esprit tourmenté. Elle regardait la mer, ses vêtements et ses cheveux battus en tous sens par le vent automnal. Sans un mot il s’était approché comme pour regarder lui aussi la mer par-dessus son épaule. Comme elle ne s’éloignait pas, il avait passé ses bras autour de ses épaules. Elle  avait murmuré :
-Actarus…
- Vénusia, tu es partie sans m’avertir… J’étais inquiet.
Il parlait tout bas, la bouche près de son oreille.
- Il ne fallait pas t’inquiéter pour moi. Je suis une grande fille…
- Mais je ne pourrai jamais m’empêcher de m’inquiéter pour toi Vénusia…
Elle avait pivoté. Leurs visages étaient à présent très près. Leurs souffles s’étaient mêlés ensemble à la brise.
-Pourquoi? avait-elle demandé.
- J’ai eu peur pour toi hier…
- Pourquoi? (il fallait qu’elle insiste)
-Parce que…  je t’aime. Oh que je t’aime! Je voudrais te protéger, que jamais plus tu ne souffres, que jamais plus nous ne soyons séparés!
Vénusia n’avait pas répondu. Elle craignait d’être en plein rêve. Mais aucun rêve ne pouvait être plus doux que ce moment. Serrée fort dans ses bras. Son odeur et son regard et sa présence…
Actarus s’était penché sur ses lèvres et elle avait répondu à son baiser.
-Je t’aime aussi Actarus… et depuis si longtemps!
- Pourquoi ai-je attendu? Je t’ai tant fait souffrir! Je m’en veux maintenant…
- Ne parlons pas de cela. Tout est oublié.
Il lui avait semblé que leur second baiser était un océan de promesses…
Et cette nuit si belle dans la clairière… Leur première nuit d’amour ensemble…*
Elle revint à la réalité. Alcor l’observait, attendant toujours son explication.
-Voilà, cela faisait maintenant plusieurs semaines que nous étions… intimes. Les détails sont plutôt personnels. Personne n’était au courant sauf son père. Actarus attendait le bon moment pour en parler et j’étais d’accord avec lui. Comme tu t’en souviens, les combats s’intensifiaient et nous n’osions pas parler d’avenir non plus… Ç’aurait été comme tenter la chance… Nous vivions tous dans l’urgence, obnubilés par notre fin possible… Et puis il y a eu Végalia… J’ai entendu Actarus lui dire « Végalia, reste avec moi! Nous retournerons sur Euphor, tous les deux !**» alors qu’elle se mourait dans ses bras!…
Vénusia pleurait, de rage impuissante, à ce souvenir pénible.
- Tu… tu les as entendus? Oh! Je comprends pourquoi tu es revenue si ébranlée cette fois-là… Nous étions tous si inquiets pour Actarus mais personne ne s’est posé de question sur ta réaction…
Elle essuya ses larmes, l’évocation de cette scène pour un ami lui avait rendu des forces, comme si elle n’était plus la seule à supporter son fardeau.
- Il est devenu plus distant… Je ne comprenais pas ce qui se passait. J’ai cru toutes sortes de choses : que le souvenir de Végalia avait en quelque sorte diminué son amour pour moi, qu’il était trop préoccupé par les combats, je ne sais plus… À ce moment, j’étais presque certaine déjà d’être enceinte. Je voulais le lui dire. Et puis, lors de notre dernière patrouille, il a d’abord insisté pour faire une balade à cheval avec moi. Il était prévenant, gentil, mais ça n’a été plus loin, j’étais complètement déroutée. Seulement, il m’a confié ceci : « Vénusia, si nous gagnons cette guerre, il faudra que je retourne sur Euphor. »
- Quoi, tu le savais déjà? Il te l’avait dit?
- Oui... Je le savais, avant vous tous, avant même que Cosmorak soit prêt. Et… puisqu’il était convaincu de partir… J’ai décidé de me taire.
- Je ne te comprends pas Vénusia. Sachant cela, il aurait peut-être décidé de rester au contraire! « Et, pensa-t-il, Phénicia avec lui! »
Vénusia contemplait le paysage sans vraiment le voir, en proie aux souvenirs déchirants de ces derniers jours.
- Je sais… J’ai tellement tergiversé! Il m’avait expliqué ses raison et maintenant tu les connais aussi bien que moi, elles se résument assez facilement : ses responsabilités de prince envers sa planète natale, son devoir de tout rebâtir… Il a même évoqué le jour où nous pourrions le revoir là-bas…
- Mais cela pourrait prendre des années et tu le sais bien!
- Je n’ai pas voulu le retenir contre son gré avec cette histoire… Il ne m’aimait sans doute pas assez de toute façon puisqu’il  s’est décidé ainsi, sans me consulter. Puis il y a eu les derniers combats et… Tout est allé si vite!
- Je n’en reviens pas que tu aies gardé un secret comme cela, Vénusia! S’il l’avait su, il ne serait peut-être pas parti… Et Phénicia serait encore ici!
Il avait crié ces derniers mots, laissant sortir d’un coup sa peine. Vénusia recula, interdite devant la réaction de son ami. Elle comprit alors que sa décision avait peut-être affecté toute la patrouille, pas seulement elle.
-Alcor! Oh!... Je suis désolée! J’ai été égoïste! Si… si je l’avais dit avant, leur décision aurait été différente et ceux que j’aime ne souffriraient pas tant…
Secouée de sanglots, elle s’écroula, l’épaule appuyée sur le parapet, ses jambes ne la tenant plus. Alcor s’accroupit et passa un bras autour de ses épaules, contrit.
- Non, C’est moi qui dois m’excuser. Je réagis toujours avant de réfléchir. Il ne faut pas t’en vouloir. Ça n’a pas dû être facile de garder tout ça pour toi durant tout ce temps et avec tout ce qui s’est passé en plus. Ne pleure plus, je t’en prie. Actarus m’en voudrait à mort s’il s’avait que je t’ai fait de la peine… Et j’aurais très peur parce qu’il est plus fort que moi tu sais!
À ces paroles, Vénusia rit un peu à travers ses sanglots et se calma lentement. Ils restèrent assis contre le parapet, silencieux, chacun perdu dans ses pensées. Enfin Alcor dit :
- Que vas-tu faire maintenant? Tu… tu vas garder le bébé?
- Bien sûr, grand nigaud!
Puis plus sérieusement :
- Tu sais, Alcor, malgré tout, je garde l’espoir qu’il me reviendra… Je l’aime tant! Je vais prendre mes responsabilités, c’est tout. Je ne suis pas la première à qui cela arrive. Mais… je vais avoir besoin de mes amis.
- Ne t’en fais pas, je ne te laisserai pas tomber petite sœur. Il va aussi falloir le dire aux autres. Puis-je savoir pourquoi tu ne l’a pas encore dit au professeur?
- Le professeur… En temps normal, oui mais… il m’inquiète Alcor. Je suis sûre qu’il a beaucoup de chagrin mais jamais il ne le montre… Il faudra veiller sur lui.
- Hum… Oui, il va falloir se serrer les coudes cette fois-ci encore. Pour des gens qui ont battu le grand Stratéguerre, cette situation ne devrait pas être au-dessus de nos forces hein?
Vénusia lui sourit.
- Non, cette fois encore, les Aigles vaincront.

* Scène tirée de « Ciel d’automne »
** Épisode 72 : La princesse amoureuse


***
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptySam 27 Sep 2014 - 13:41

Chapitre 3 : Cruel mirage
 
Lorsqu’Euphor était apparue devant eux, Phénicia avait dit : « Maintenant nous allons tout pouvoir recommencer.* » mais ce n’était qu’un mirage. La Terre était maintenant à des années-lumières derrière et la chose si belle, la promesse d’un renouveau devant… n’avait été qu’une chimère. De loin, il est vrai, la planète avait semblé avoir retrouvé une atmosphère respirable et tous les espoirs étaient permis mais ils avaient rapidement déchanté. Actarus avait soudain manipulé différents contrôles avec frustration :
- Plus aucun appareil de détection de Goldorak ne fonctionne! Tous les instruments fonctionnant grâce aux ondes électromagnétiques semblent perturbés par les rayonnements ionisant… L’atmosphère en est remplie. J’ai bien peur que nous devions maintenant nous fier seulement à ce que nos yeux peuvent voir…
Ils ralentirent donc leur approche considérablement car ils ne pouvaient plus se fier maintenant que sur ce qu’ils voyaient par la verrière de Goldorak. Actarus repéra d’abord les ruines de la capitale. Elle était reconnaissable car on pouvait distinguer les routes  mais il n’y avait plus que des ruines. Les bâtiments d’Euphor, aux lignes épurées, naguère si élégants, n’avaient pas résisté au choc du souffle des explosions et même les plus imposants s’étaient écroulés. Actarus décida tout de même d’atterrir dans ce qui restait d’un parc proche du palais où il avait grandi. Relevant sa visière, il regarda, sa sœur et lui dit :
- Te sens-tu la force de venir en exploration? Nous devrons porter des masques parce que l’atmosphère ne contient encore que trop peu d’oxygène et trop de gaz toxiques. Ces gaz sont issus des explosions et des effets ionisant des bombardements au lasernium…
- As-tu détecté des radiations Actarus?
- C’est difficile à dire puisque les instruments fonctionnent à moitié mais les détecteurs « passifs » mesurent une radioactivité faible par ici. Il ne faudrait pas rester dehors trop longtemps sans protection, mais pour un petit moment, disons une heure, cela devrait aller.
Il n’y avait personne et le prince fut soulagé car la vie ici n’aurait pu être supportable bien longtemps. Ils avaient seulement fait quelques pas dans ce qui avait été une large avenue lorsque Phénicia serra le bras de son frère avec force :
- Actarus! Regarde…
Un corps carbonisé gisait à côté de ce qui devait avoir été un véhicule. Actarus s’approcha doucement. Il n’y avait aucune marque identifiable, rien même pour déterminer s’il s’agissait d’un homme ou d’une femme. Derrière lui, Phénicia respirait fort dans son masque, les yeux agrandis par l’horreur. Il se retourna :
- Phénicia, veux-tu retourner dans le vaisseau? Ce ne sera pas le dernier, j’en ai peur…
Elle secoua la tête, incapable d’émettre le moindre son. Il lui prit doucement la main et ils continuèrent leur exploration, souverains accablés d’un monde détruit.
Pendant une heure ils ramassèrent des échantillons dans des boites hermétiques et les ramenèrent dans le vaisseau. Le professeur avait équipé Goldorak d’un mini laboratoire de recherche et d’analyse de base avant leur départ de la Terre. C’était rudimentaire mais cela suffisait pour leurs besoins. Les résultats furent décevants mais pas surprenants.
Ils prirent facilement plusieurs semaines pour explorer Euphor de fond en comble. Ils faisaient atterrir Goldorak quelque part, proche des ruines d’une ville par exemple et partaient en exploration. Ils devaient toujours porter des masques. Actarus avait trouvé le moyen de transformer le pont d’accès du robot dans la soucoupe porteuse de Goldorak de façon à en en faire des quartiers pour eux deux. C’était petit mais cela leur permettait au moins de s’étendre pour dormir ce qui aurait été impossible dans la cabine du vaisseau. Le robot voyageait donc debout sur sa soucoupe porteuse ou utilisait le cabré pour des distances plus courtes. Les résultats rapportés de leurs courtes sorties étaient toujours les mêmes, toujours aussi déprimants. L’eau douce était trop concentrée en contaminants pour supporter la vie ou être potable sans des traitements considérables. Le sol était brûlé et stérile jusqu’à une grande profondeur. L’air… l’air ne pourrait pas être respirable avant longtemps… Phénicia gardait le silence, le plus souvent, consciente de la peine et du désarroi croissants de son frère.
Et le spectacle de la surface d’Euphor, vu de la cabine de Goldorak,  était désolant. Des kilomètres carrés de dévastation sans aucun signe de vie. Les forêts n’étaient plus représentées que par des champs de troncs noircis pointés vers le ciel sur des sols gris devenus stériles. Grâce aux routes et à l’ordinateur, Actarus pu identifier presque toutes les grandes villes de sa planète mais aucune (aucune!) n’avait survécu. L’eau était de couleur grisâtre et charriait encore des monceaux de débris qui venaient s’échouer sur des rivages désolés où soufflaient en permanence des vents cruels.
Les soirées étaient déprimantes. Ils s’enfermaient hermétiquement dans le vaisseau. Aucun des deux jeunes gens n’avait le désir de parler pour ressasser les nouvelles images de désolation du jour. Actarus avait pris l’habitude de vérifier et de classer soigneusement tous les résultats des tests puis de vérifier aussi les commandes et contrôles de Goldorak. Le robot et sa soucoupe était devenus leur seul moyen de survie et il était impératif que les conditions régnant sur la planète ne l’affectent pas. Les techniciens du Centre n’étaient plus là pour réparer les avaries…
Phénicia aidait au classement des données puis se consacrait à sa toilette et enfin à son journal intime avant de s’endormir. Elle mangeait peu et dormait de plus en plus mal. Un soir, enfin, après trois semaines de pérégrinations sur tous les continents,  son frère entendit des sanglots provenant de la couchette voisine.
- Phénicia? Parles-moi, dis-moi ce qui ne va pas…
La tête rousse et échevelée de sa sœur sortit du sac de couchage :
- Je la hais! Sans elle, nous ne serions pas ici!
- Mais, de qui parles-tu?
- De Végalia! Elle t’a menti!
Actarus tendit la main dans la pénombre de leurs quartiers improvisés pour caresser un instant les cheveux de sa jeune sœur.
- Je ne crois pas, non. Mais Végalia n’était pas une scientifique, elle a pris ces photos montrant la couche d’ozone qui se reconstituait et en a tiré de mauvaises conclusions. J’ai été trop optimiste aussi. J’aurais bien dû me douter qu’il était impossible que la planète revive en quelques années à peine…
- Actarus, je n’en peux plus! Nous ne pouvons pas vivre ici, il n’y a personne!
- Je veux juste être certain que nous avons vérifié tous les endroits possibles où pourraient se trouver des survivants. Si nous trouvons des rescapés, nous ne serons pas venus pour rien. S’il n’y a vraiment personne…
Il laissa la phrase en suspens. Il n’était pas encore prêt à renoncer, mais il ne voulait pas lui donner de faux espoirs.
Ils visitèrent les grottes d’Ispéruc mais leurs entrées avaient été bombardées. Goldorak déplaça les rochers éboulés en pure perte. Les grottes, qui communiquaient toutes entres elles, contenaient seulement quelques dizaines de squelettes,  couchés les uns contre les autres.
« On dirait qu’ils ont attendu la mort ensemble après avoir été emmurés… » pensa Actarus en secouant la tête, découragé.
Ils visitèrent d’autres grottes et les trouvèrent vides ou remplies de morts.
Ils visitèrent la vallée cachée de Shélemli, où les habitants vivaient dans des souterrains. Mais le glacier qui alimentait la rivière avait rapidement fondu lors du réchauffement subit des températures et la rivière avait inondé les souterrains.
De même, aucun puits de mine ne contenait de survivant non plus. Ils essayèrent les pôles mais des tempêtes y faisaient rage continuellement et les sols étaient recouverts de plusieurs mètres de boue visqueuse, reliquats des sols gelés et des neiges qui s’étaient ainsi transformés, encore une fois suite au réchauffement cataclysmique.
Personne. Nulle part. Euphor n’était plus.
***
La soucoupe était posée sur le rivage de l’océan, le robot debout à côté ressemblait à un étrange phare guidant d’improbables bateaux vers le port… Assis en tailleur sur leurs petites couchettes, le prince et la princesse d’Euphor tenaient un conciliabule.
- Actarus, qu’as-tu décidé? Reste-t-il d’autres endroits à visiter? demanda Phénicia en jouant avec une boucle de ses cheveux.
- Je ne pense pas retrouver des survivants sur la terre ferme, non. Nous avons vraiment tout exploré. S’il y a eu d’autres survivants tels que nous, ils ont pu s’échapper de la planète ou ont été capturés et déportés durant l’invasion. Je voudrais juste tenter une dernière chose demain. Je partirai seul avec le robot. Tu resteras ici, je ne serai pas long et je n’irai pas loin, rassure-toi.
- Et après?
- Je ne suis pas sûr petite sœur… Mais je crois bien que nous pourrons dire adieu à notre planète pour de bon…
Le lendemain, Phénicia fut très surprise de voir son frère faire avancer Goldorak dans la mer.
- Mais, que fais-tu? Il n’y aura personne là-dedans c’est sûr! cria-t-elle dans la radio.
- Fais-moi confiance, j’en ai pour quelques minutes seulement, répondit laconiquement Actarus.
« Il existait autrefois un laboratoire sous-marin près de ces côtes. Je me rappelle l’avoir déjà visité lorsque j’étais étudiant. Nous verrons bien. »
Il se souvenait de cet endroit calme et baigné d’une lumière bleutée venant de la surface. On pouvait y observer les espèces les plus rares et travailler au bien-être et à la préservation de la vie marine d’Euphor. Les savants étaient des passionnés excentriques et Actarus avait trouvé leur travail fascinant. Il trouva facilement le laboratoire : ce n’était plus qu’un amas de tôles et de poutres tordues. Encore rien que des débris. Il sentit soudain monter la rage. Il aurait voulu prendre Goldorak et s’acharner sur les débris pour se défouler et évacuer sa peine.
« NON! NON! Ce n’est pas possible… Il n’y a rien ici non plus… »
Des larmes lui brûlaient les joues. Il haletait, les épaules secouées de sanglots. Il passa de longues minutes à se calmer, seul dans son robot immergé. Enfin, alors qu’il relevait sa visière pour s’essuyer les yeux, il vit des particules vertes, comme autant de flocons de neige, danser devant la verrière. Il plissa les yeux, intrigué.
« Serait-ce…? »
***
Actarus versa quelques gouttes de l’échantillon qu’il avait ramené sur la lame du microscope. Après avoir fait la mise au point, il observa un moment en comparant ce qu’il voyait avec les images présentées sur son écran d’ordinateur.
-Alors, vas-tu me dire ce que tu fabriques? fit Phénicia dans son dos.
- Tiens, regarde.
Phénicia colla son œil à l’oculaire et fit la moue.
- Je ne vois que des trucs verts avec des petites pointes ou des formes bizarres. Et  des chaines de trucs verts poursuivis par des machins transparents avec des petites queues ou … On dirait des extra-terrestres microscopiques ma parole!
- Ces trucs et ces machins comme tu dis sont des Verberii. Et… ce sont des survivants! dit-il avec un sourire un peu triste.
- Je ne comprends pas…
- Les seuls euphoriens qui aient résisté aux forces de Véga sont ces êtres microscopiques qui vivent dans les océans. Certains sont comme de petites plantes et utilisent l’énergie du soleil en produisant de l’oxygène alors que d’autres se nourrissent de matière vivante. Des herbivores et des carnivores si tu veux.
Phénicia réfléchit un moment.
- Actarus, si les Verberii produisent de l’oxygène…
- Un jour, il y en aura assez pour en rejeter dans l’atmosphère d’Euphor, oui.
- Un jour… Dans quelques centaines d’années.
- Non Phénicia, un jour dans quelques milliers d’années… Si tout va bien.
***
Ce soir-là, ce ne fut pas la peine ou la rage qui empêchèrent la princesse d’Euphor de trouver le sommeil. Elle était inquiète pour son frère et réfléchissait à un moyen de lui rendre un peu le sourire. Elle se releva donc en silence et s’installa devant l’ordinateur pour faire certaines recherches à son tour. Vers le milieu de la nuit, elle se recoucha, un petit sourire satisfait sur les lèvres.
***
- Actarus, viens voir ceci. Qu’en dis-tu? dit Phénicia le lendemain matin ne lui montrant l’écran d’ordinateur.
Actarus étudia ce qu’il voyait pensivement. Enfin, une expression de satisfaction se peignit sur son visage.
- Tu voudrais que nous construisions une capsule temporelle? Ici?
- Il n’y aura pas de vie possible à la surface d’Euphor avant très longtemps. Ceux qui viendront peut-être après nous ne trouveront que des ruines et la vie qui se développera sera différente… Avec le contenu de ce mémorial ils pourront savoir ce qu’était notre civilisation…
« Et j’aurai légué cela à ma planète en guise de cadeau d’adieu » pensa Actarus.
- Fort bien, dit-il en souriant. Mettons-nous au travail alors.
Deux jours plus tard, tout était presque prêt. Les deux jeunes gens avaient travaillé sans relâche pour tout préparer. Ils pensaient bien voir tout prévu. Leur capsule temporelle serait à la fois un objet de beauté, peut-être le seul encore debout sur ces terres dévastées, et un coffre-fort contenant toutes les connaissances que possédaient l’ordinateur de Goldorak au sujet de cette planète avant sa destruction.
Le soir venu, les jeunes euphoriens se couchèrent tôt, recrus de fatigue, en prévision des phases finales de la construction. Pourtant chacun, dans l’intimité de ses propres pensées se donnait le droit, enfin, d’espérer la fin de ce long cauchemar. Phénicia serrait les mains sur son cœur comme pour prier la providence en fermant les yeux pour mieux voir le visage d’Alcor. Elle entendait clairement son rire plein d‘énergie. Depuis qu’elle savait qu’ils allaient enfin quitter Euphor, elle se sentait à la fois fébrile et anxieuse à la pensée de retrouver le jeune homme.
« Oh! Je vais enfin le revoir! Sera-t-il content? M’a-t-il oubliée? Si nous pouvions trouver du temps rien que pour nous cette fois-ci. Si… »
Les pensées d’Actarus se tournaient vers toute sa famille terrienne.
« Père, tu devais te douter de ce que nous trouverions ici et pourtant tu n’as pas tenté de me dissuader de partir. T’aurais-je seulement écouté? J’étais tellement rempli d’espoir! Tu avais l’air si air accablé et résigné le jour de notre départ! Les larmes innocentes de Mizar et même Riguel qui se lamentait tant ce jour-là… Mon frère de l’espace…toi et ta fougue et ta loyauté indéfectible malgré les nombreuses épreuves… M’en veux-tu d’être parti sans que nous puissions nous parler au moins une dernière fois? Je n’ai même pas pu te remercier de m’avoir épaulé durant toute cette guerre! »
Et elle… Il avait du mal à s’avouer à quel point elle lui manquait. Évoquer sa présence silencieuse et discrète dans les moments simples du quotidien l’apaisait depuis son arrivée dans cet enfer. Il évitait pourtant d’habitude de laisser ses souvenirs le ramener à d’autres images car elles lui causaient une douleur presque physique. Mais ce soir, son esprit enfiévré le tourmentait  et il voyait son visage tout près du sien dans la nuit. Il sentait cette odeur de jasmin qui l’enveloppait toujours. Il songeait avec un douloureux délice à son corps souple comme une liane, aux baisers qu’elle aimait déposer sur sa poitrine comme autant de papillons légers et à ses petits gémissements lorsqu’ils….
« Vénusia… Lorsque Végalia est morte, j’ai laissé ma peine m’isoler de tous ceux qui m’aimaient… Et j’ai cru qu’en aidant ma planète à revivre j’effacerais les morts inutiles et les années de terreur et de guerre. Je me suis enveloppé de mon devoir de prince et j’ai cru que ce serait suffisant… Et je suis parti sans un mot d’adieu, sans un mot d’amour, tellement j’avais peur que tes larmes ne réussissent à me retenir. Quel lâche j’ai été! J’espère que tu m’as pardonné. Je n’ose croire que lorsque nous serons de retour… »
Actarus serra les poings dans la nuit, le cœur vide, le corps froid. Il dormit peu et fit des rêves étranges où ceux qu’il chérissait ne le reconnaissaient plus et le traitaient en étranger.
***
Au petit matin, le grand robot était debout sur la plage, à côté de sa soucoupe porteuse. Phénicia, masque à oxygène sur le visage, se tenait à côté pour voir le processus qui devait suivre par elle-même. Les quartiers temporaires avaient été démantelés et tout était prêt pour le voyage de retour. Devant eux, sur un grand promontoire rocheux surplombant la mer, on pouvait voir une montagne de sable grisâtre aussi haute que Goldorak. Actarus s’adressa à sa jeune sœur via la radio :
- Prête?
- Prête grand frère!
- Alors, allons-y : Maxi-Cornofulgur!
L’énergie dégagée par cette arme formidable frappa le tas de sable qui se mit à briller et à changer de couleur. Il devint orange et, lentement, commença à se liquéfier.
- Deuxième phase ! fit Phénicia.
- Deuxième phase, OK!
Le rayon s’éteignit et Goldorak s’élança pour retenir la masse visqueuse et brûlante quelques secondes et lui permettre de prendre forme. Il s’aidait de grandes plaques métalliques récupérées sur les lieux du laboratoire sous-marin détruit. En fixant les plaques par quelques points de soudure « Cornofulgur », il ne fallut à Goldorak que quelques minutes pour fabriquer une sorte de coffrage temporaire au verre en fusion qui refroidissait lentement à l’intérieur. Phénicia observait le tout, montre en main. Lorsqu’elle jugea que le verre s’était assez refroidit, elle dit :
- Troisième phase!
- OK!
Goldorak enleva les plaques le plus délicatement possible et les rejeta au loin. Puis d’un grand bond, il revint se poser près de la jeune fille. Elle monta rapidement dans l’appareil.
- Satisfaite? demanda son frère.
- Oh, Actarus! dit-elle la gorge nouée. Je crois que c’est parfait.
Sur le promontoire s’élevait maintenant une structure géante en verre plein. Au centre de la masse transparente on pouvait voir un grand rocher plat sur lequel était gravé un texte en euphorien et en vingt autres langues connues de la galaxie. Cachés dans le socle de ce monument se trouvaient des milliers de fichiers stockés sur des cristaux quasi indestructibles. Actarus avait puisé dans les mémoires de Goldorak pour produire ce mémorial qui contenait toute l’histoire de la civilisation d’Euphor et les connaissances sur ses écosystèmes jusqu’au moment de la destruction. Et couchée sur le rocher, on distinguait la seule fleur qu’ils aient pu laisser pour honorer la mémoire des défunts : une rose rouge venue de la lointaine Terre…*
Se tenant la main, debout dans le cockpit étroit, ils observèrent tous deux un moment de silence ému. Les larmes aux yeux, le prince touchait le médaillon à son cou en pensant à sa famille et à tous ses amis perdus. Enfin il dit :
-C’est le moment. Tu es prête?
- Oui, je suis prête.
- Alors retournons chez nous. Cabré! Arrimage! Ovostable!
Et puis, enfin:
« Goldorak : Go! »
La soucoupe tourna un instant autour du mémorial comme pour le saluer une dernière fois puis s’élança vers le firmament en laissant derrière elle le soleil d’Euphor se lever sur le cadeau d’adieu des derniers survivants.
« À la mémoire d’une planète morte d’avoir été trop belle.
À la mémoire des habitants massacrés dans une guerre  inutile.
Qui peut dire où la mémoire commence
Qui peut dire où le temps présent finit
Où le passé rejoindra la romance
Où le malheur n’est qu’un papier jauni »**
 
* épisode 74 : Ce n’est qu’un au revoir
 **Louis Aragon, Les Yeux d’Elsa




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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyJeu 2 Oct 2014 - 23:17

Chapitre 4 : Aveux

C’était une matinée magnifique au ranch du Bouleau Blanc. Mizar transportait de l’eau pour remplir les abreuvoirs des chèvres et Riguel changeait la paille des chevaux. Vénusia avait décidé de mener les vaches à l’un des plus beaux pâturages, situé dans les collines proches. Elle enfourchait déjà Vif Argent quand elle vit arriver Alcor sur sa moto. Le jeune homme descendit rapidement et se précipita vers son amie :

- T’es folle ou quoi?

Il attrapa les rênes du cheval qui n’apprécia pas du tout ce mouvement brusque et le fit savoir en faisant un écart. Vénusia le maîtrisa mais fusilla son ami du regard :

- Qu’est-ce qui te prend, Alcor?
- Tu ne devrais pas faire cela, tu sais, ce n’est pas bon pour…
- Chut, tais-toi! l’interrompit Vénusia, alarmée.
- Tu ne devrais pas monter à cheval, je l’ai lu, je sais plus où… reprit-il plus bas
- Tu lis sur… ça maintenant? fit-elle amusée, toujours à voix basse.
- Ben quoi, je m’inquiète pour toi c’est tout!

Une voix criarde leur parvint alors :

- Qu’est-ce que c’est que toutes ces messes basses vous deux? Alors?
- Mais, rien du tout Riguel, je discutais avec Vénusia c’est tout.
- Au lieu de discuter, tu devrais venir nous aider un peu tiens, depuis qu’Actarus est parti, ce n’est pas le travail qui manque ici. Avec Vénusia qui s’endort tout de suite après le repas du soir et qui n’en finit plus de se lever le matin…
- Papa! Je t’ai déjà expliqué! Je vais reprendre ma part du travail mais j’ai aussi promis d’aider au Centre alors…
- Humpf! Il y a plein de techniciens pour ça au Centre. Moi, j’ai besoin que tu m’aides ici!
Alcor interrompit une nouvelle discussion enflammée entre père et fille :
- C’est ça! Je disais à Vénusia d’aller se reposer un peu. Je vais m’occuper des vaches.
- Hein? fit la jeune fille, piégée. Tu n’as pas à faire ça voyons!

Cette fois-ci, il reprit les rênes plus doucement alors que Vénusia démontait à contrecœur. Riguel s’éloigna en maugréant tout bas à propos de la charge de travail. Dès qu’il fut hors de portée de voix, Vénusia se tourna ver Alcor. Elle s’apprêtait à le rabrouer mais il la battit de vitesse.

- Toi, ma belle, j’ai vraiment hâte que tu déballes ton histoire à tout le monde pour qu’on puisse continuer à vivre normalement ici. Et puis va te reposer, tu as une tête de déterrée. Je suis surpris que ton père ne se soit aperçu de rien!
- Tu… tu as sans doute raison… Je devrais aller jusqu’au bout et le dire à mon père mais j’attends le bon moment…
- Alors parle au moins au professeur Procyon. Tu lui dois bien ça. Tu avais raison, il n’est pas dans son assiette ces temps-ci. Mais je crois que j’ai une idée pour le sortir de son abattement.
- Oh, et qu’est-ce que c’est?
- Non, j’aime mieux attendre avant d’en parler. J’ai encore des trucs à vérifier avant.
- D’accord, je peux bien attendre.

Comme Alcor s’éloignait, Vénusia le rappela :

- Alcor…
- Oui?
- Merci de te préoccuper de moi… Ça me touche beaucoup…
- Bah! C’est rien, petite sœur…

***

Vénusia arrêta la moto d’Actarus devant la porte. Le professeur se trouvait bien dans son bureau mais regardait pensivement par la fenêtre sans s’occuper des dossiers devant lui.

- Tiens bonjour Vénusia, que puis-je faire pour toi?
- En fait, professeur, je suis venue vous proposer de m’accompagner. Il fait un temps magnifique et j’ai apporté un pique-nique…
- Ah oui? Je ne sais pas, c’est une idée très gentille mais… je ne suis pas de très bonne compagnie. finit-il en baissant les yeux.
- SVP professeur! Je ne demande pas la lune, juste un petit moment pour profiter de ce beau soleil.
- Bon d’accord, si cela peut te faire plaisir.


***
Ils étaient assis sous un arbre à terminer une limonade. La conversation durant le repas avait porté surtout sur le nouveau travail de Vénusia. Tous les jours, elle et Argoli faisaient le tri des données concernant la guerre contre Véga.  Certaines informations étaient trop sensibles, comme la nature extra-terrestre d’Actarus et de Phénicia ou la composition du revêtement de Goldorak. Ils décidaient de ce qui pouvait être communiqué au gouvernement ou à la communauté scientifique et de ce qui devrait rester caché dans les mémoires du cérébro-ordinateur du Centre. Tout devait être approuvé par le professeur mais ils n’étaient pas trop de deux pour faire une sélection sommaire. Vénusia passait donc les avant-midis au ranch pour les tâches de la ferme et tous les après-midis au Centre. Elle aimait beaucoup ce nouveau travail qui faisait appel à son sens de l’organisation ainsi qu’à son sens critique. Ils finissaient leur repas en silence maintenant, chacun perdu dans ses pensées. Le professeur se tourna enfin vers elle en changeant de ton :

- Y a-t-il quelque chose que tu voulais me dire Vénusia? J’ai l’impression que tu es préoccupée ces temps-ci. Et je te trouve un peu pâle aussi…
- Je suis souvent fatiguée c’est vrai… Et…  (elle prit une grande inspiration) Je sais pourquoi. Je… je voudrais vous dire quelque chose de très important. Professeur…

Elle avait les joues toutes rouges et triturait nerveusement sa serviette.

- Mais qu’est-ce qui se passe? Tu m’inquiètes Vénusia! Es-tu malade?
- Non, non, je ne suis pas malade…

Elle osa enfin le regarder dans les yeux :

- Je suis enceinte…
- Oh!

Il garda le silence un moment.

- Si je m’attendais à ça! C’est… enfin… le père?

Elle sourit tristement :
 
- Vous avez deviné, professeur, le père, c’est Actarus. Vous allez être grand-père. fit-elle un peu malicieusement.

Mais le professeur avait l’air grave :

-  Vénusia… cet enfant sera à moitié extra-terrestre. Les conséquences pour toi…
- Pour l’instant je ne m’en fais pas avec cela. Nous ne pouvons rien y changer n’est-ce pas?

Mais le professeur posa une autre question, celle que Vénusia redoutait :

- Tu viens juste de l’apprendre?
- Non… J’ai eu la confirmation il y a plusieurs semaines… Avant notre victoire définitive.

Cette fois, le regard du professeur devint dur. Il serra les poings et dit, dans un souffle :

- Non, je refuse de croire que mon fils t’ait laissée seule dans cet état. Ce n’est pas possible!
- Oh non! Ne croyez pas cela professeur! Je suis la seule fautive! J’ai … j’ai laissé Actarus dans l’ignorance… Il avait déjà décidé de partir toute façon.

Son ton était devenu amer. Procyon lui encercla le poignet de ses doigts et se pencha vers elle, de plus en plus troublé par ces révélations :

- Vénusia vous vous êtes donc quittés en si mauvais termes? Quel gâchis ma petite!

Vénusia tenta de se justifier, elle expliqua au professeur les motivations qui l’animaient à l’époque mais Procyon secouait toujours la tête.

- J’essaie de te comprendre mais je persiste à croire qu’Actarus avait le droit de savoir. Je me mets à sa place…

Il n’acheva pas. Son regard se perdit soudain dans le vague, comme s’il voyait quelque chose de douloureux. Vénusia se demanda ce qu’il avait voulu dire. Le professeur avait-il déjà vécu une situation semblable? En fait, elle dut s’avouer qu’elle ne connaissait pas vraiment grand chose à propos de son passé. Enfin, le professeur sembla revenir sur terre.

- Vénusia, je viens de réaliser quelque chose : tu as participé aux derniers combats contre les forces de Véga alors que tu te savais enceinte. Cela n’était pas prudent! Pourquoi?
- À l’époque, il me semblait que rien n’était plus important que de gagner cette maudite guerre. Je n’aurais pas pu rester ici alors qu’Ac…alors que les autres risquaient leur vie.
- Et… aurais-tu souhaité perdre l’enfant par hasard? Dans la bataille, si tu avais été blessée…

Vénusia le regarda, horrifiée.

- Non! Bien sûr que non. Je n’ai jamais souhaité cela. J’étais perturbée par la situation et je voulais agir le plus normalement possible c’est tout.

Elle ouvrit les mains et les observa un moment comme si elle cherchait à regarder dans son propre cœur.

- Professeur, je lui en veux d’être parti. Je ne peux pas nier qu’il m’a profondément blessée. Mais… je l’aime encore…

Ses yeux s’étaient remplis de larmes. Le professeur lui prit la main pour y entrelacer ses doigts.

- C’est ce que je voulais entendre. Nous allons alors souhaiter que nous puissions bientôt communiquer avec Euphor et que vous soyez réunis le plus vite possible. Je ne désespère pas de revoir mon fils un jour. En attendant nous allons nous occuper de toi et de ton bébé, ma petite Vénusia. Toute ta famille et tes amis t’aideront sûrement. En as-tu parlé aux autres?

Elle lui avoua alors qu’Alcor était au courant  mais qu’elle n’avait encore rien dit à son père.

- Je le ferai ce soir même… Il est grand temps mais vous pouvez comprendre que cela ne me réjouit pas…

Le professeur hocha la tête, un petit sourire aux lèvres. Il connaissait bien son ami Riguel.

- Hum… oui. Je ne voudrais pas être à ta place…

***
Riguel fut en tout point égal à lui-même. Il s’insurgea :

« Actarus, je te pendrai à la première branche disponible, tout Prince d’Euphor que tu sois! »

Il bougonna :

« C’était donc pour cela que tu avais tout le temps besoin de dormir! Qui est-ce qui m’a fichu une fille pareille, elle commence une famille avant d’avoir trouvé un mari!»

Et il termina avec la réplique assassine par excellence :

« Si ta défunte mère te voyait! »

Vénusia, pour une fois, ne chercha pas à avoir le dernier mot. Elle resta stoïque devant la tempête paternelle jusqu’à ce que celle-ci soit passée. Riguel finit tout de même par se calmer et par embrasser sa fille. Il lui dit tout bas en l’étreignant :

« Tu feras quand même une excellente maman…  Ça je le sais. »

Quant à Mizar, qui avait assisté à toute la scène, il fit simplement les remarques suivantes :

« Dis Vénusia, ton bébé, il va être un petit peu extra-terrestre hein? Et si papa est un grand-papa, moi je vais être un oncle… C’est génial! »

***
Contrairement à ce qui arrivait depuis quelque temps, le sommeil éluda Vénusia cette nuit-là. Assise dans le cercle de lumière de sa lampe de chevet, elle regardait tristement  la photo des Aigles prise il y avait quelques semaines à peine… et datant  pourtant d’une toute autre vie.

- Voilà Actarus, maintenant tout le monde est au courant… Tout le monde sauf toi… Si tu savais à quel point tu me manques… Si tu savais comme j’aurais besoin de ton soutien en ce moment!

Elle se pelotonna sur son lit, accablée, en larmes, la photo pressée contre son cœur.

***
Un orage menaçait d’éclater. Vénusia était au bord d’un ravin. Elle cherchait un cheval échappé. Elle en voulait à Actarus pour quelque chose qu’il refusait de lui dire. Vénusia s’approchait du ravin. Elle tombait*. Elle tombait  et personne n’était là  pour la rattraper…


« Vénusia! »

Presqu’une galaxie plus loin, le prince d’Euphor émergea en sursaut d’une vison qui avait pris possession de son esprit alors même qu’il était aux commandes de Goldorak. Il respira plus vite, le cœur battant, les mains crispées sur les commandes.

Le système solaire n’était encore qu’un petit point lumineux parmi les autres. Attiré comme par un aimant, Goldorak dévora l’espace.

* Épisode 23 : Le déluge des nouveaux mondes
***

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyLun 6 Oct 2014 - 16:44

Chapitre 5 : le secret du camp de la Lune Noire
 
- Enfin, j’ai fini!

Satisfait, Alcor observa son travail d’un œil critique. Il se trouvait seul dans l’un des grands hangars où les spots intenses éclairaient Cosmorak comme autant de petits soleils. Sans prendre le temps de se changer, et s’essuyant les mains sur un chiffon douteux, il marcha à grands pas vers les bureaux situés au rez-de-chaussée de l’immense complexe scientifique et technique qu’était devenu le Centre. Malgré l’heure tardive, il trouva le professeur Procyon en pleine séance de travail avec Vénusia. 

- Professeur! Puis-je vous parler quelques minutes?
- Bonsoir Alcor! Que puis-je faire pour toi?

Mais Vénusia regardait son ami avec un petit sourire en coin :

- D’où sors-tu? On dirait que tu t’es battu avec un moteur graisseux et que c’est le moteur qui a gagné!

Alcor baissa les yeux pour regarder sa mise : combinaison de travail grise froissée et déchirée à un genou avec une constellation de cambouis  bien distribuée un peu partout, y compris sur sa figure. Il sourit, un peu gêné.

- Désolé, je n’ai pas pris le temps de me rendre présentable. J’avais trop hâte de vous parler.
- Alors vas-y, mon garçon.
- Et bien, voilà : que diriez-vous si je retournais sur la lune?
- Sur la lune? Pourquoi?
- J’ai bien réfléchit. Les hommes de Véga ont fait sauter leur base du camp de la Lune Noire mais il reste des débris. Ces débris pourraient être une source d’informations importantes. Les matériaux utilisés, les techniques de construction… Nous pourrions beaucoup apprendre en y retournant!
- C’est une idée intéressante. Tu proposes d’utiliser Cosmorak? Il faudrait le modifier…
- C’est déjà fait professeur! Je voulais vous en faire la surprise alors j’ai tout réalisé moi-même. Voulez-vous voir?
- Certainement!

Quelques minutes plus tard, dans le hangar de Cosmorak, Alcor leur décrivait les modifications qu’il avait apportées au vaisseau.

- Le plus facile a été de modifier les commandes pour rendre les trois sections contrôlables par un seul pilote, celui qui sera situé dans la section de proue. Ensuite, j’ai presque vidé la section de poupe pour pouvoir recevoir des échantillons à ramener sur Terre. En revanche, la section centrale est demeurée inchangée.
- Tu sembles avoir pensé à tout, fit le professeur, impressionné.
- Merci.  Professeur, j’ai aussi pensé… Vous accepteriez de m’accompagner? J’ai transféré presque tous les instruments de détection dans la partie centrale du vaisseau et vous seriez aux premières loges pour faire toutes les découvertes intéressantes.
- Hum… Une expérience intéressante. J’accepte!

Vénusia fronçait  les sourcils, contrariée.

- Et moi? Il n’y a que deux places dans Cosmorak maintenant!

Les deux hommes se regardèrent un instant. Sans même se consulter, ils se trouvèrent d’accord. 

- Ce ne sera pas une partie de plaisir là-haut, finit par dire Alcor. Explorer des ruines avec les scaphandres et tout… Je ne pense pas que ce soit une bonne idée…
- Dans ton état… ajouta le professeur. 

Vénusia fit la moue mais garda le silence un instant.

- D’accord mais je serai dans la salle de contrôle, dit-elle enfin, vaincue.
- OK, maman poule! fit Alcor.

Il évita de justesse le chiffon taché de cambouis qui volait dans sa direction.

***
Après mûre réflexion, le professeur décida d’ajouter une nouvelle modification de son cru à l’appareil interplanétaire. Leur départ fut donc retardé d’une journée, le temps de la compléter. 

- Qu’est-ce que c’est professeur? demanda Alcor lorsqu’il prit connaissance de ce nouveau changement.

Une manette rouge ornait maintenant le tableau de bord de la section centrale de Cosmorak. 

- C’est un détonateur à distance. Nous allons apporter des charges explosives à l’hyperanium avec nous et nous les placerons un peu partout dans les ruines. Lorsque nous aurons terminé nos explorations, je veux m’assurer qu’il ne reste rien que des êtres malfaisants, humains ou extra-terrestres,  pourraient un jour utiliser contre nous… 

Alcor hocha la tête mais Vénusia, qui assistait aux derniers préparatifs, frissonna.

- Soyez prudents professeur. Je ne sais pas pourquoi mais même si j’en vois la logique, cette idée d’explosifs m’effraie.
- Sois sans crainte Vénusia, fit le professeur, nous ne déclencherons les explosifs que lorsque nous serons suffisamment éloignés des ruines.

Vénusia ne répondit rien. Sans savoir pourquoi, la vue du détonateur provoquait en elle une sorte d’angoisse sourde indéfinissable. Les deux hommes, casqués et vêtus de combinaisons spéciales renforcées, montèrent dans le vaisseau alors que la jeune femme s’éloignait, nullement rassurée.

***
- Professeur nous sommes en vue du camp de la Lune Noire! fit Alcor dans la radio, quelques heures plus tard.
- Bien vu, répondit le professeur, je déclenche les caméras et les autres instruments de détection. 

Aussi vaste que certaines villes, les ruines partiellement recouvertes de poussière lunaire se déroulaient sous eux. Au bout de quelques minutes seulement, l’un des appareils émit un son caractéristique.

- Alcor! Je détecte la présence d’une poche d’oxygène dans la section de droite. C’est assez vaste… Peut-être un hangar ou quelque chose du genre. Nous pourrions l’explorer.
- Oui, mais comment faire pour y entrer sans risquer la dépressurisation?
- Essaie de voler plus bas. Peut-être distinguerons-nous quelque chose…

Alcor suivit les instructions du professeur et descendit aussi bas que possible tout en essayant d’éviter de faire voler la poussière grise qui recouvrait l’astre mort. Enfin le professeur Procyon repéra quelque chose.

- Là! Cette portion à moitié ensevelie sous des poutrelles bleues et jaunes… Je pense qu’il s’agit d’un sas!
- OK! Je vais nous poser à côté! 

Il fallut d’abord débarrasser le sas des multiples débris qui en interdisaient l’accès. La faible gravité fut leur alliée mais deux heures de travail physique intense furent tout de même nécessaire avant de pouvoir l’actionner. Alcor pénétra dans la pièce le premier, éclairant son passage à l’aide de la lampe de son casque. Le professeur suivit bientôt. Ils promenaient chacun leur faisceau lumineux dans tous les recoins de la pièce. 

- Oh non! Professeur, venez voir!

Un corps. Une main en fait, qui dépassait d’une portion de mur écroulée. Le professeur Procyon s’agenouilla pour l’observer de plus près.

- Difficile à dater dans ces conditions mais je crois bien que la mort remonte à plusieurs semaines. Probablement lorsque le camp a été détruit. 

 Il fit une nouvelle pause.

- Alcor… C’est une main humaine…
-Quoi? Vous êtes sûr?
-Oui. Et regarde autour de toi, cet endroit n’est pas un hangar, c’est une geôle.

À l’origine, l’espace devait avoir été divisée en au moins huit cellules, à raison de quatre par côté, séparées par une allée centrale. C’était de petites pièces fermées de barreaux métalliques ouvragés. Trois étaient vides. Quatre autres avaient été détruites. On pouvait distinguer deux autres corps à moitié ensevelis sous les décombres. Les barreaux d’une dernière cellule avaient été tordus par la chute d’une grosse poutre, créant une ouverture assez grande pour livrer passage à un humain. 

- Trois morts… Je ne m’attendais pas à ça, dit Alcor. Des humains en plus. Qui sont-ils? Qu’en pensez-vous professeur? Professeur?

Ne recevant pas de réponse, Alcor inquiet, promena frénétiquement sa lampe dans les recoins de cet endroit lugubre. Il commençait à ressentir une certaine anxiété lorsque la voix du professeur Procyon lui parvint par sa radio.

- Alcor… Viens ici. Au bout de l’allée. Tourne à gauche.

À cet endroit la geôle s’ouvrait sur une sorte d’atelier à moitié démoli. À un bout de la pièce, une console munie de boutons et de contrôles devant laquelle se trouvait un fauteuil pivotant. Mais Alcor regardait le professeur. Celui-ci était agenouillé, une forme sombre dans les bras. Alcor s’approcha. Il s’agissait d’une femme, mince, vêtue d’une courte combinaison orange qui laissait voir ses jambes pleines de blessures. Sa peau, très foncée, était recouverte de poussière et de sang séché par endroits. Procyon fronçait les sourcils en l’examinant. Le professeur perçut soudain un faible mouvement des paupières. Étonné, il dit :

- C’est incroyable! Elle est vivante!

Le camp de la Lune noire venait de livrer son premier secret.

***

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyVen 10 Oct 2014 - 0:27

Chapitre 6 : Explosions
 
Il fallut qu’Alcor fasse un véritable tour de force pour arriver à sortir la rescapée des ruines du camp tout en préservant leur petite bulle d’atmosphère. Le jeune pilote réussit à placer Cosmorak de façon que la section centrale (la seule assez grande pour recevoir deux personnes) soit directement placée devant le sas. Puis le professeur et lui  façonnèrent des parois temporaires à l’aide de morceaux de métal et d’autres débris retrouvés tout autour pour rallonger le sas jusqu’au cockpit de cette section du vaisseau. Le professeur put alors transporter l’inconnue et l’installer le mieux possible. Elle était comme une poupée désarticulée, fardeau fragile abandonné dans ses bras. Il lui prodigua ensuite les premiers soins alors qu’Alcor recueillait le maximum d’informations et d’échantillons dans ce secteur du camp.

La console près de laquelle l’inconnue avait été trouvée semblait contenir une foule de fichiers mais la technologie terrienne, si elle permettait d’en détecter la présence et de les copier, n’était pas encore assez avancée pour les déchiffrer. Alcor résolut donc le problème de la façon la plus simple possible : il déconnecta et emporta la console et l’installa avec le reste des échantillons de matériaux extra-terrestres dans la section de poupe de Cosmorak. Puis, laissant la section centrale sur place, Alcor continua l’exploration du camp de la Lune Noire et la collecte d’échantillons. Tout au long de ses investigations, le jeune homme plaçait en des endroits stratégiques les charges emportées par le professeur.

Vénusia, sur Terre, assistait à toutes ces manœuvres en silence, de la salle de contrôle du Centre. La découverte de l’inconnue avait augmenté son angoisse sans qu’elle puisse s’expliquer pourquoi. Il ne pouvait pourtant y avoir aucune menace de la part de cette femme…

Dans le vaisseau, l’espace restreint rendait les mouvements malaisés. Malgré tout, Procyon parvint à soigner sommairement la rescapée. Il détermina qu’elle était sous-alimentée et gravement déshydratée en plus d’avoir des blessures superficielles aux mains et aux jambes. Sa respiration, bien que faible, était régulière. Le professeur commençait à boucler autour d’elle une partie de son propre harnais de sécurité lorsqu’elle ouvrit soudain les yeux.

- Msaada! Msaada! Si kunihuru! cria-t-elle faiblement, en se tordant dans son siège, le repoussant avec un regard fou.
- Du calme, du calme, je vous en prie! Vous êtes en sécurité, dit Procyon doucement en lui retenant les bras.

Le professeur ne put savoir si elle avait compris les paroles mais le ton sembla lui inspirer confiance et elle referma les yeux et cessa de bouger. Alcor appela sur ces entrefaites:

- Professeur, j’ai déposé la dernière charge. Je reviens vers vous. Nous allons pouvoir décoller et retourner sur Terre.
- Très bien, j’actionnerai le détonateur dès que nous serons à bonne distance du camp, fit le professeur en vérifiant son tableau de bord.

Derrière lui, sa passagère, paupières mi-closes, observait ses manœuvres.

***
Goldorak pénétrait dans le système solaire. À son bord, Phénicia rêvait.

- Actarus… dit-elle faiblement

Le jeune homme se retourna. Sa sœur avait les yeux fermés et secouait la tête en gémissant.

- Mais… Phénicia que se passe-t-il ? Tu es malade? Phénicia!
-Ton père, Alcor… Oh Alcor!… Non!… La lune! Il faut les sauver!… Il faut les sauver, Actarus!…

Actarus fronça les sourcils. Sa sœur semblait être en proie à une de ses visions. Et les visions de Phénicia s’étaient toujours révélées exactes… Il prit instantanément une décision  et changea légèrement de cap.

***
Alcor terminait la manœuvre permettant de fixer ensemble les trois sections de Cosmorak lorsqu’il repéra un écho sur son radar.

- Professeur! Un vaisseau s’approche à grande vitesse!
- Attend! Je vérifie sur mes appareils… Non… ce n’est pas possible! Je ne connais qu’un vaisseau de cette taille qui puisse voyager à cette vitesse…

Procyon manipulait fébrilement les contrôles des appareils de détection. Une lueur de joie pure commençait à naître en  lui mais il n’osait pas croire ses propres conclusions. Il murmura enfin, hésitant :

- Goldorak?
- Quoi? fit Alcor, Vous êtes sûr professeur?
- Oui! C’est Goldorak!

Dans la salle de contrôle du Centre, Vénusia oublia de respirer à ces paroles. Incrédule, le cœur battant, elle plissa les yeux vers le scope radar, dans l’espoir fou de distinguer de la Terre ce que le professeur avait vu de la lune.

Cependant, à bord de Cosmorak, la passagère se précipita soudain vers le tableau de bord en criant :

- Katu! Goldorak! Msaada!

D’un geste brusque, elle actionna la manette rouge.

- Non! Non! Qu’avez-vous fait, malheureuse?!

Procyon la repoussa mais il était trop tard.

- Professeur? Qu’est-ce qui se passe? dit Alcor
- Décolle! Décolle vite ou nous allons sauter!

Trop tard : les premières charges explosaient tout autour d’eux. Le souffle de l’une d’elle les atteignit et le vaisseau bascula sur le flanc droit, secouant brutalement les humains à l’intérieur. Procyon versa sur sa passagère et, dans la section de proue,  Alcor fut projeté sur son tableau de bord qui s’enflamma en produisant une fumée noire suffocante.

- Alcor! Alcor! Répond! Il faut décoller tout de suite!

La radio restait silencieuse. Tétanisée, Vénusia voyait se réaliser ses pires craintes. Elle restait impuissante alors qu’Argoli renouvelait inlassablement ses appels vers Cosmorak désormais silencieux. Soudain, elle aperçut sur le scope, la silhouette de celui qu’elle n’espérait plus. Elle s’empara du micro et cria :




- Actarus! Je sais que tu es là… Sauve ton père! Sauve Alcor! Ils sont au camp de la Lune Noire!
- Vénusia! Que dis-tu?
- Actarus… Je t’en prie… Tout va exploser…

Actarus ayant déjà décidé de se plier à la supplique de Phénicia, Goldorak était déjà assez proche de la lune. Actarus mit quand même toute la puissance :

- Mégamach!

En quelques instants, il avait rejoint le site de la base de leur ancien ennemi. Tout était en train d’exploser. Des secousses énormes faisaient basculer les structures restantes et en éparpillaient les morceaux qui retombaient en soulevant la poussière de l’astre mort. Tout cela dans un silence impressionnant dû à l’absence totale d’air… Goldorak survola cette destruction jusqu’à ce qu’Actarus repère le vaisseau endommagé, couché sur le côté. Toujours dans sa soucoupe, le robot piqua vers lui en étendant les bras. Puis Goldorak attrapa Cosmorak pour le soulever hors du secteur des explosions. Il se remit rapidement en vol vers la Terre, portant devant lui Cosmorak comme une figure de proue stellaire.

***
Vénusia s’éloigna rapidement de la salle de contrôle. Elle n’arrivait plus à comprendre le tourbillon d’émotions qui l’assaillait. Sans réfléchir, elle courut se réfugier sur la terrasse surplombant le barrage. Le jour était radieux.  Elle regarda vers l’azur, des larmes de joie coulant librement sur ses joues. Son cœur lui semblait prêt à exploser de bonheur. Enfin, dans le ciel bleu, elle aperçut l’appareil qui les avait tous sauvés tant de fois et qui avait emporté son cœur à l’autre bout de la galaxie.

« Il est revenu…  C’est incroyable… Il est revenu…»

Dans son ventre, pour la première fois, une aile délicate battit, comme un cœur tout nouveau, une chamade heureuse.

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyDim 12 Oct 2014 - 14:51

Chapitre 7 : Retrouvailles
 
Dans la lande, non loin du Centre, Goldorak déposa délicatement son fardeau avant de se poser à son tour. Actarus ouvrit aussitôt sa verrière et se précipita vers l’appareil terrien. Le professeur Procyon s’extirpait maladroitement de son poste à l’intérieur. Tremblant et en état de choc, il perdit pied et serait tombé sans le soutien de son fils.
- Actarus…C’est bien toi… Je n’avais donc pas rêvé, dit le professeur, agrippant les épaules d’Actarus.
- Père! Que s’est-il passé? Que faisiez-vous sur la lune?
Avant que Procyon ne puisse répondre, une petite silhouette toute en jaune et rouge, les dépassa en criant :
- Alcor!          
     
Phénicia sauta d’un grand bond sur la partie avant du vaisseau endommagé et réussit à en ouvrir la verrière. Une fumée grise s’échappa  du poste de pilotage, l’aveuglant momentanément.
- Alcor! Oh non! Alcor, répond-moi…
***
Les techniciens et tous les sauveteurs étaient partis, emportant avec eux les blessés vers le Centre. Le professeur et Phénicia les avaient accompagnés. La lande sembla soudain très vide à Actarus sous le vent qui se levait. Un fin panache gris s’échappait toujours de la proue de Cosmorak et Actarus ferma un instant les yeux, inquiet pour son ami :
« Alcor… Ce n’est pas ainsi que j’avais imaginé nos retrouvailles… »
Il tourna lentement sur lui-même, profitant de la lumière et du paysage qui s’offrait à lui, en contraste avec les images tourmentées d’Euphor. Il était à la fois heureux de pouvoir respirer enfin l’air pur de la Terre et déçu… Celle qu’il avait espérée voir n’était pas venue…
« Vénusia… J’étais si heureux d’entendre à nouveau ta voix tout à l’heure… »
Il retournait lentement vers son appareil lorsqu’il la vit. Seule, debout dans l’herbe longue qui se couchait sous le vent, les cheveux volant autour de son visage. Elle portait une robe rose et blanche qui s’agitait doucement autour de ses jambes. Soulagé, il courut dans sa direction mais s’arrêta à quelques pas, un peu alarmé par le manque de réaction de la jeune femme. Elle n’avait pas bougé et le fixait intensément comme une bête effarouchée, prête à s’enfuir.
- Vénusia? Je …je suis heureux de te revoir…
- Actarus…, dit-elle dans un souffle.
L’instant sembla s’éterniser entre ces deux êtres blessés, immobiles et silencieux, ne sachant trop comment exprimer ce qu’ils ressentaient. La brise continuait de bousculer la nature. Ils s’observèrent ainsi un temps, tentant de savoir ce que l’autre pensait, ce que l’autre ressentait. Enfin, Vénusia ne put retenir les larmes de joie qui mouillèrent ses yeux puis ses joues. Actarus sentit son cœur fondre de nouveau. Il s’approcha doucement et essuya de ses doigts les pleurs de la jeune femme.
-Vénusia…Comme tu m’as manqué…
N’y tenant plus, elle se précipita vers lui. Actarus ouvrit les bras et la serra avec force, les yeux remplis de larmes à son tour. Elle sanglotait, appuyé sur sa poitrine, écoutant battre son cœur. Actarus caressa ses cheveux en la berçant doucement. Lorsqu’elle put enfin parler, Vénusia murmura :
-Tu es revenu… Pourquoi? Je ne t’espérais plus…
Il écarta les cheveux collés sur les joues humides de la jeune femme. Avant même de répondre, il chercha ses lèvres. Elle répondit à son baiser avec joie, s’accrochant à lui. Leurs lèvres retrouvaient le goût de l’autre tout doucement.  Actarus aurait aimé se laisser aller à plus… Il s’écarta cependant d’elle à contrecœur :
- Je te dois la vérité. Je te dirai tout Vénusia mais laisse-moi encore savourer un peu ce moment…
Elle lui caressa les cheveux, se perdant dans son regard bleu.
- Moi aussi je te dois la vérité… Nous avons bien des choses à nous dire… Dis-moi seulement…Es-tu revenu pour rester?
- Oui ma Vénusia. Je ne repartirai plus jamais.
Vénusia sourit. Puis, radieuse, elle dit malicieusement :
-Viens. Tout d’abord asseyons-nous. J’ai quelque chose… ou plutôt quelqu’un à te présenter.
« Quelqu’un? Songea Actarus, soudain alarmé. Quelqu’un d’autre? Déjà? »
Vénusia l’enjoignit à s’assoir dans l’herbe près d’elle. Elle lui prit la main et en observa la paume avant d’y déposer un baiser très léger. Puis, doucement, elle lui mit la main sur son ventre en le regardant dans les yeux.
- Voici la personne que je désire te présenter. Actarus. C’est la personne que j’aime le plus au monde avec toi.
L’enfant s’agita et Vénusia perçu la petite danse de bienvenue comme un heureux présage. Actarus n’était pas sûr de ce qui se passait. Il réfléchissait à toute allure, complètement pris au dépourvu.
- La personne… Vénusia… Tu es en train de me dire que tu vas avoir un … un bébé?
- Notre bébé. Il ou elle a sûrement senti ton arrivée. Il n’arrête pas de bouger depuis que j’ai vu arriver Goldorak…
Déconcerté, Actarus regardait le ventre de sa compagne  avec émerveillement.
- Un enfant… Vénusia c’est merveilleux!
- Je sais que c’est une surprise. Je sais aussi que ce n’est sans doute pas le bon moment. Mais pour l’instant, je ne veux pas parler d’avenir. Je suis heureuse de juste de savoir que tu ne repartiras plus… Pour le reste, nous verrons… Nous avons tout le temps maintenant.
- Oui, tu as raison. Nous avons tout le temps…
Elle l’embrassa tendrement avant de se relever.
- Je sais que tu dois être inquiet à propos d’Alcor et de ton père. Je le suis moi aussi. Rentrons si tu veux…
Il sourit:
- Tu es vraiment merveilleuse. J’ai l’impression que tu lis dans mes pensées!
Ils rentrèrent au Centre en souriant, main dans la main.
***
Ils retrouvèrent le professeur au chevet d’Alcor en compagnie de Phénicia. Le jeune pilote était inconscient, un masque à oxygène sur le visage, son torse nu et un bras recouverts de compresses froides, une perfusion dans son autre bras. La jeune fille n’avait même pas enlevé sa tenue de combat et tenait la main d’Alor dans la sienne, les yeux rougis de larmes. Le professeur Procyon paraissait très las mais ne semblait pas blessé.
- Père, dit Actarus dès qu’il le vit, comment te sens-tu? Es-tu blessé?
- Non, j’ai été secoué mais je n’ai rien à part quelques ecchymoses. Alcor en revanche…
- Qu’a-t-il professeur? dit Vénusia.
- Il a respiré pas mal de fumée et porte une légère entaille au front. Mais le plus grave ce sont les brûlures…
- Les brûlures?
- Une partie de son tableau de bord a pris feu et sa combinaison spatiale n’a pas été suffisante pour le protéger totalement. Il porte des brûlures au deuxième degré sur son bras gauche et sa poitrine. Cela le fait souffrir bien sûr. Et il y a le risque d’une infection…
Phénicia ne réagit pas aux paroles décourageantes du professeur. Soit elle était déjà au courant de tout cela, soit elle était dans un état second, concentrée sur le blessé, et n’entendait pas ce qui se passait autour. Vénusia s’approcha doucement de la jeune fille et lui mit la main sur l’épaule :
-Phénicia? Petite sœur?
Phénicia éclata de nouveau en sanglots en se précipitant dans les bras de son amie.
- Oh Vénusia! Je n’ai pas réussi à le protéger! Cela n’a pas été suffisant!
Vénusia regarda les autres, tentant de comprendre la signification des paroles de Phénicia. Actarus la renseigna :
- Elle a eu une vision alors que nous entrions dans le système solaire. Elle nous a dirigés vers la lune. C’est moi qui n’ai pas été assez rapide…
- Au contraire Actarus, sans ton intervention, Nous serions sûrement morts à l’heure qu’il est puisqu’aucun autre appareil n’aurait pu venir nous chercher à temps.
- Père, je t’en prie, dis-moi ce qui s’est passé! Que faisiez-vous là, au milieu de toutes ces explosions?
- Je vais te renseigner bientôt mon fils. Et tu pourras me dire ce qui vous a ramené sur Terre, Phénicia et toi… Mais pas tout de suite. Vous avez besoin de vous reposer…
Il chancela. Vénusia le rattrapa par le bras:
- Père!
- Professeur!
- Ce n’est rien… Juste un peu de fatigue… Je vais me reposer et tout ira mieux après. Mais auparavant il faut que je voie quelqu’un…
- La rescapée du camp de la Lune Noire, n’est-ce pas? dit Vénusia.
- Oui… Je veux savoir qui elle est, ce qu’elle faisait dans cet endroit abandonné et surtout la raison de son geste insensé…
Phénicia ne voulut pas quitter le chevet d’Alcor mais Vénusia promit de s’occuper d’elle très bientôt et de veiller à ce qu’elle se repose. Alors qu’ils se dirigeaient vers la chambre suivante, Vénusia mit rapidement Actarus au courant de ce qu’elle savait des événements survenus sur la lune avant son arrivée.
Lorsqu’ils entrèrent dans la chambre, l’inconnue était pleinement réveillée, et assise dans son lit. Elle regardait le soleil couchant par la fenêtre proche, un air d’émerveillement sur le visage. La noirceur de sa peau était encore plus évidente en contraste avec la blancheur des draps de son lit. Elle portait des cheveux crépus et très courts. Elle avait un long cou gracile et des yeux très noirs. Elle semblait encore d’une grande faiblesse car elle bougea très lentement à leur arrivée. À la vue de ses visiteurs, ses yeux n’exprimèrent que de la curiosité et aucune peur. Un peu déstabilisé, le professeur s’approcha et commença par se présenter. Il se demanda si elle allait comprendre sa langue cette fois :
- Je suis le professeur Procyon. Je dirige ce centre. Nous vous avons recueillie au camp de la Lune Noire qui a autrefois été construit par les hommes de Véga. Nous désirons savoir qui vous êtes.
- C’est vous… elle toussa un peu et humecta de sa langue ses lèvres gercées. C’est vous qui m’avez sauvée…. Je me souviens de votre voix…
- Vous parlez donc notre langue? fit-il surpris.
Il s’était attendu à discuter avec une sorte de forcenée. Il se trouvait désarçonné par le regard intense et le ton raisonnable et doux de cette voix à l’accent un peu chantant.
- Votre langue, répondit-elle, oui, je l’ai apprise quand j’étais à Tokyo l’an dernier.
- Vous étiez à Tokyo? Je ne comprends pas. Il serait sans doute plus simple que vous nous racontiez ce dont vous vous souvenez. À commencer par votre nom.
- Oui, bien sûr… Je suis le docteur Sayari Huria de la faculté d’astrophysique de l’université de Nairobi au Kenya. Je suis venue avec deux de mes collègues pour un voyage d’études à l’université de Tokyo, l’an dernier. Un soir, alors que nous retournions à nos chambres situées sur le campus, mes deux collègues et moi ainsi qu’un technicien qui nous accompagnait avons été abordés par des inconnus. J’ai su plus tard qu’il s’agissait d’hommes de Véga. Ils nous ont rendus inconscients puis nous ont amenés avec eux. J’ignorais jusqu’à tout récemment que nous nous trouvions sur la lune. Ils nous ont d’abord interrogés puis torturés dans l’espoir de connaitre des informations sur les systèmes de défense de la Terre. Comme nous ne savions rien, il se sont ensuite servi de nous pour diverses expériences…
La voix de Sayari faiblit et ses mains se mirent à trembler. Elle les serra devant elle pour reprendre contenance et poursuivit.
- Ils nous amenaient chacun notre tour. Mes collègues revenaient de ses séances complètement  troublés… Ils n’étaient plus les mêmes. Lorsque mon tour est venu, je me suis débattue, j’ai crié… Mais c’était peine perdue. Ils m’ont attachée sur une table, sur le ventre. J’ai senti un grand froid m’envahir…  Je me suis réveillée dans ma cellule sans aucun autre souvenir de ce qui s’était passé. Mes compagnons d’infortune ne m’adressaient plus la parole. Mes geôliers me traitaient comme une chose… J’ai cru que j’allais mourir dans cet endroit maudit…
Elle regarda le professeur avec reconnaissance :
- Si vous n’étiez pas venus…
- Comment avez-vous survécu après la destruction du camp? Cela semble incroyable!
- Lorsqu’ils ont fait sauter leur base, ils nous ont simplement abandonné dans nos cellules. Tout explosait autour de nous, les murs s’effondraient, il y avait de la poussière partout. Les lumières se sont éteintes. J’entendais mes compagnons hurler dans le noir. Puis tout s’est arrêté. J’ai appelé à l’aide mais comme il n’y avait pas de réponse, j’ai promené mes mains sur les murs de ma cellule, à tâtons. J’ai découvert que je pouvais m’échapper de ma cellule. Les barreaux étaient tordus. Et j’ai réussi à mettre la main sur une lampe. J’étais horrifié par ce que je découvrais : les corps ensevelis de mes compagnons, de mes amis…
Des larmes coulaient maintenant de ses yeux sombres. Tous étaient silencieux, fascinés qu’ils étaient par son récit. Elle reprit:
- J’avais maintenant accès à la petite salle de contrôle attenante à notre prison. Tout le reste de la base s’était écroulé ou ne contenait plus d’air. J’y ai trouvé des appareils à moitié démolis mais surtout un peu de nourriture et d’eau. Je pourrais survivre jusqu’à ce que quelqu’un vienne me délivrer. J’ai vainement essayé de réparer les appareils de façon à lancer un S.O.S. mais…
Elle soupira et laissa aller sa tête contre les oreillers en fermant les yeux. Le professeur eut soudain pitié :
- Reposez-vous. Je viendrai plus tard et nous parlerons encore.
Elle rouvrit les yeux alors qu’un grand sourire illuminait son visage. Elle lui prit la main et lui dit avec ardeur :
- Vous reviendrez? Oui, s’il-vous-plait… je veux… je veux parler encore… Cela fait si longtemps que je n’ai vu personne! Que je n’ai pas vu le soleil…
***
Le professeur Procyon avait regagné sa chambre. Phénicia, après avoir un peu mangé, avait accepté de se changer et de dormir, à condition qu’on lui installe un lit à côté de celui d’Alcor pour qu’elle puisse lui tenir la main même dans son sommeil. Ne restaient qu’Actarus et Vénusia qui se tenaient sur la terrasse, sous un ciel d’été magnifique, rempli de millions d’étoiles.
- Vénusia, nous devrions aller nous coucher…Tu dois être épuisée après une telle journée.
- Pas plus que toi. Laisse-moi profiter encore un peu de ce moment d’intimité, Actarus… Tu m’as tellement manqué…
- Toi aussi, tu m’as manqué…
Dans le ventre de sa mère, à nouveau, l’enfant dansa de joie.
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Commentaires pour "Des lendemains qui chantent"

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyMer 15 Oct 2014 - 16:40

Petit mot aux puristes de Goldorak :



Go Nagai avait donné le nom de « Genzo Umon » au professeur Procyon dans la version originale. Personnellement, je trouvais que « Genzo » sonnait mal en français. Par contre, j’adorais la signification en japonais du nom « Umon » (signification que vous découvrirez à la lecture du prochain chapitre). Alors, j’ai usé de mon privilège d’auteur et  Abracadabra! , « Genzo Umon » est devenu « Umon Procyon » dans mon histoire… J’espère que tous les inconditionnels de la série me pardonneront cette petite entorse…


Chapitre 8 : Révélations
 
- Voici votre visiteuse professeur!

Vénusia manœuvra le fauteuil roulant sur la terrasse de la maison du professeur Procyon de façon que Sayari puisse profiter du soleil de ce début de journée. Procyon déposa le plateau de rafraîchissements qu’il avait apporté sur une table près d’eux.

- Merci Vénusia, mais tu n’aurais pas dû. J’aurais pu aller voir madame Huria au Centre. Il était inutile de vous déplacer finit-il, en s’adressant directement à la visiteuse.
- Appelez-moi Sayari, je vous en prie. C’est moi qui ai insisté. Je me sens beaucoup mieux aujourd’hui, grâce aux bons soins reçus dans votre clinique. Et j’avais une telle envie de sortir! Sentir à nouveau le vent sur ma peau… Mais je dois vous paraître bien puérile, dit-elle, soudain intimidée sous le regard intense de son hôte.
- Je crois que je comprends très bien au contraire. Après ces mois passés en captivité, il est normal que vous vouliez savourer votre liberté. Et… appelez-moi Umon. J’en serais honoré.

Vénusia, toujours debout auprès d’eux, se rendit compte que sa présence avait été complètement oubliée. Elle eut un petit sourire mystérieux en observant les deux distingués chercheurs en grande conversation et s’éclipsa discrètement.

- Umon?... « Portail vers l’univers »? C’est un très beau nom!

Procyon, soudain gêné, contre-attaqua :

- Et le vôtre signifie « Planète libre » en swahili… J’ai vérifié.

Elle éclata de rire. C’était un rire mélodieux et franc. Ce n’était pas le rire de quelqu’un de dérangé…

- Touché! dit-elle cela m’apprendra à taquiner un grand chercheur comme vous!

Procyon se décida à poser la question qui lui brûlait les lèvres depuis la veille :

- Sayari, pourquoi avez-vous tiré sur cette manette? Nous aurions pu y laisser la vie! Que s’est-il donc passé?
- Que voulez-vous dire? Quelle manette?
- Souvenez-vous : nous étions dans notre vaisseau et soudain vous avez crié quelque chose comme : « Katu! Goldorak! Msaada! » puis vous vous êtes précipitée et…

Il n’acheva pas : la femme souriante et posée qui se trouvait devant lui quelques secondes auparavant n’existait plus. Sayari serrait les poings en s’agitant dans sa chaise, scrutant tout autour d’elle avec un air de terreur extrême, les yeux exorbités. Elle murmurait :

- Non!... Goldorak! … Attaquer!… Fuir!... Il faut…

Procyon tenta de la calmer mais elle ne semblait même plus le voir et tournait la tête en tous sens. Le professeur s’était levé pour essayer d’établir un contact visuel avec elle lorsqu’il aperçut un tatouage particulier à l’arrière de son cou et qui allait se perdre dans ses cheveux courts. C’était un dessin géométrique fait de carrés imbriqués les uns dans les autres et interconnectés dont le tracé argenté lui était vaguement familier. Le plus étrange c’était que le tatouage luisait faiblement même sous le soleil. Mût par une sorte d’instinct, il avança la main pour toucher le tatouage. Il la sentit se raidir aussitôt et hurler de douleur. Puis, elle défaillit, s’écroulant dans le fauteuil roulant comme un pantin dont on aurait soudain coupé les fils.

***

Vénusia retourna au Centre. Elle y avait passé la nuit comme au temps de la guerre lorsque les alertes étaient nombreuses. Son père avait bien ronchonné un peu lorsqu’elle lui avait dit au téléphone, mais il était hors de question qu’elle s’éloigne d’Actarus à nouveau  et elle voulait aussi veiller sur Alcor et apporter son support à Phénicia. Mis au courant des événements de la veille, Riguel avait enfin convenu qu’il serait préférable qu’elle demeure là.

«  Mais tu diras à ton prince d’Euphor que j’ai deux mot à lui dire! Et puis, dis aussi à Phénicia qu’elle… et son frère sont les bienvenus au ranch… Je suis bien content qu’ils soient de retour, tu sais… »

Vénusia sourit tendrement en repensant à cette conversation. Autant il pouvait lui tomber sur les nerfs, autant elle savait qu’il avait un cœur d’or…  Elle entra dans la salle de repos  et fut agréablement surprise d’y retrouver Actarus. Il s’approcha et l’enlaça tendrement.

- Bonjour! Bien reposée?
- Oui, j’ai très bien dormi. Je dors tout le temps ces temps-ci de toutes façons, pouffa-t-elle.
- Hein? Pourquoi?
- Actarus, il va falloir que je te donne un cours accéléré sur la grossesse d’une terrienne… Tu es chanceux, tu as manqué la merveilleuse période, heureusement assez courte, où j’avais des nausées tous les matins…
- Hum, oui… Vénusia…

Il eut l’air embarrassé soudain et l’entraîna vers le canapé pour s’y assoir auprès d’elle.

- Je n’y connais pas grand-chose en grossesse mais … je sais compter. La dernière fois que nous… La dernière fois que cet enfant a pu être conçut remonte à plusieurs mois déjà… J’ai bien réfléchi hier soir… Je n’arrivais pas à m’endormir, trop de choses s’étaient passées. Enfin… Vénusia : m’aurais-tu caché la nouvelle que tu étais enceinte avant mon départ?

Actarus espérait qu’il se trompait et que Vénusia avait découvert sa grossesse seulement après son départ. Mais il devait en avoir le cœur net. La jeune femme avait pâli. Elle n’osait pas le regarder en face et fixait ses mains nerveusement. Elle inspira pour se donner du courage en pensant :
 « Voilà, je devrai me justifier encore… Peu importe le nombre de fois, cela ne devient pas plus facile… »

- Oui… J’ai décidé de ne pas te le dire… le jour où tu m’as appris que tu repartais pour Euphor…

Elle le fixa, tentant de bien faire comprendre ce qu’elle ressentait.

- J’étais… désorientée, fâchée contre toi parce que tu nous quittais… La guerre n’était pas terminée mais la paix ne me ramènerait  pas ton amour. Ton cœur était déjà là-bas… À cause d’elle.

Sa voix se brisa. La scène de la mort de Végalia la hantait toujours. C’était une douleur qui lui coupait le souffle lorsqu’elle y repensait. Ses yeux se remplirent de larmes mais elle se contint. Elle ferma les yeux un instant et continua.

- Je ne pensais pas clairement. J’étais blessée et je ne pouvais pas, je ne voulais pas te retenir contre ton gré… J’espère que tu me pardonneras…

Cette fois, les larmes coulèrent silencieusement. Actarus, dans un petit geste familier, les essuya du bout des doigts. Cependant c’est d’une voix neutre qu’il lui répondit:

- Elle…Végalia… Tu en voulais à Végalia et c’est pour cela que… As-tu voulu me punir? Je suis parti… J’aurais pu ne pas revenir avant très longtemps… des années Vénusia!

Sa voix se brisa… L’ampleur de la catastrophe causée par son départ lui sautait à la figure.

 « J’aurais pu ne jamais connaître cet enfant… »

- Tu ne devais pas entendre les paroles que j’ai échangées avec Végalia… Je…  je tentais de lui donner la force de vivre… Son espoir de voir revivre Euphor était presqu’aussi grand que le mien. Je ne voulais pas qu’elle meure… Elle ne méritait pas cela… Elle ne méritait pas ta colère…
- Actarus! Tu devais l’épouser! Tu es devenu si distant après sa mort… J’étais complètement isolée avec ce secret… Tu t’es éloigné de moi… J’aurais pu te consoler Actarus… Je t’aimais. Je t’aime encore…
- N’avais-tu pas compris à quel point ma planète comptait pour moi? La reconstruire…  Je savais que ce serait difficile et peut-être long. J’ai voulu t’éviter de souffrir en me détachant lentement, avant mon départ…
- Tu avais peur que je te retienne n’est-ce pas? Tu ne me faisais pas confiance…

                Cette fois, la réponse fut cinglante :

- Et j’avais un peu raison n’est-ce pas? Quel secret! Quelle revanche pour toi!

Vénusia et lui s’étaient levés et se jetaient des paroles dures à la figures, inconscients du moment où une rencontre tendre avait basculé vers cet affrontement amer. Vénusia avait le visage couvert de larmes et Actarus serrait les poings, les yeux étincelants de colère. La jeune femme ouvrit la porte et se précipita à l’extérieur en courant, bousculant Phénicia qui arrivait. Elle courut à perdre haleine jusqu’à ce qu’elle se fut éloignée du Centre puis elle s’accroupit sur le sol poussiéreux du chemin pour pleurer si fort qu’elle crut que cela ne s’arrêterait jamais.


***
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptySam 18 Oct 2014 - 18:03

Chapitre 9 : Douleurs
 
Phénicia entra dans la salle de repos où son frère regardait par la fenêtre, lui tournant le dos.

- Actarus, mais qu’est-ce qui se passe? Pourquoi Vénusia pleure-t-elle?

Sans se retourner, il répondit d’une voix morne :

- Nous nous sommes disputés… Je n’ai pas vraiment envie d’en parler Phénicia.
- Ah non! Pas à cause du bébé j’espère?
- Comment, tu es au courant?
- Bien sûr! Elle m’en a glissé un mot hier soir avant que nous allions dormir. Cela m’a fait tellement plaisir! Je vais être une tante! Tu n’es pas content Actarus?
- C’est… compliqué Phénicia…

Phénicia manœuvra pour se placer en face de son frère et le regarder bien en face. Elle fut désolée de voir la douleur qui se lisait dans ses yeux. Elle lui prit la main pour le consoler.

-Actarus… nous sommes revenus chez nous. Dans notre famille, avec nos amis. Je voudrais tant que tu connaisses le bonheur, grand frère! Personne d’autre ne le mérite autant que toi!
- Phénicia… Excuse-moi mais j’ai besoin de réfléchir… 

Il allait s’esquiver mais Phénicia le retint.

- Non, tu vas d’abord m’écouter Actarus. J’ai clairement ressenti la peine de Vénusia tout à l’heure, mais je n’aurais pas eu besoin de mes dons, c’était très évident. Elle et son bébé sont sans doute les plus belles choses qui te soient arrivées depuis ton arrivée sur Terre. Je ne sais pas ce qui s’est passé ce matin mais… je souhaite de tout cœur qu’elle et toi trouviez le bonheur ensemble.

Comme son frère se taisait, elle soupira et poursuivit :

- Il y a autre chose…Alcor commence à se réveiller. La médication contre la douleur agit encore et il est très confus mais il t’a réclamé. Je pense que tu devrais aller le voir… Cela pourrait te faire un peu oublier tes soucis…
-  Alcor… Va-t-il s’en tirer tu crois?
- Les médecins croient que oui. Il est jeune et fort… mais ce sera long et difficile. Oh Actarus! Si tu voyais comme il souffre!

À l’évocation des souffrances endurées par celui qu’elle chérissait tant, les yeux de Phénicia se remplirent de larmes. Actarus lui ouvrit les bras pour la consoler, remué par la détresse de sa sœur.

- Je vais y aller tout de suite. Phénicia, ne t’en fais pas. Je suis sûr qu’Alcor ira mieux très bientôt.

Il lui releva le menton, un petit sourire aux lèvres.

-Avec toi de nouveau à ses côtés, la taquina-t-il,  comment pourrait-il en être autrement?

***


« Je parle de la force de l’amour à Phénicia alors que j’ignore comment réagir avec Vénusia… Quelle ironie! »
 pensait Actarus avant d’entrer dans la chambre de son ami. Il fit un effort conscient pour ignorer ses propres tourments en présence d’Alcor. Le jeune pilote semblait toujours inconscient lorsqu’il s’approcha du lit.




- Alcor? Tu m’entends mon vieux?
- Hum…. Actarus c’est toi? dit le jeune homme en ouvrant des yeux remplis de fièvre. Je n’ai pas rêvé alors…

Il sembla aussitôt retomber dans le sommeil.

- Alcor!
- Hein! Oui,  oui, Goldorak… Goldorak est revenu … Ah! Bon sang, ça fait mal! Actarus c’est toi?

Actarus sourit.

- Eh bien dis donc,  Alcor, tu ne t’es pas raté cette fois…
- Oui… Je ne me souviens pas de grand-chose…

Il ouvrit soudain de grands yeux, comme s’il venait de penser à quelque chose d’important.

- Phénicia! Tu as ramené Phénicia avec toi? Je me souviens vaguement…

Il se tourna vers son ami mais Actarus souriait toujours ce qui le rassura.

- Mais oui, elle a même passé la nuit près de toi, chanceux. Tu ne te souviens pas?

Alcor semblait hésitant.

- Tu sais, je n’ai pas toute ma tête…
- C’est la médication. Ne t’en fais pas, cela va aller mieux bientôt.

Mais le regard d’Alcor avait de nouveau perdu de sa vivacité. Il fronçait les sourcils, faisant un effort visible pour se concentrer.

- Actarus qu’est-ce que tu fabriques ici?
- Mais, je suis venu te voir!
- Ne fait pas l’imbécile! Pourquoi n’es-tu pas sur Euphor? Ahh! Mais qu’est-ce que ça fait mal!

Le jeune homme se tordit sur son lit en grimaçant et en serrant les dents. Des gouttes de sueur perlaient sur son front. Actarus, troublé par la souffrance de son ami, ressentit cruellement son impuissance face à la situation. À ce moment, le professeur Procyon entra dans la pièce en compagnie du docteur.

- Père! Je t’en prie dis-moi ce qu’il faut faire pour aider Alcor!
- Docteur? demanda Procyon en se retournant vers l’autre homme.
- Votre ami va se remettre mais pour l’instant je crois que je vais devoir augmenter un peu la dose d’antidouleur. N’espérez pas trop avoir une conversation sensée avec lui avant quelques jours. Il a surtout besoin de se reposer en plus de recevoir des soins constants. La présence d’être chers à son chevet serait aussi bénéfique bien sûr…

À ces paroles, Actarus se sentit légèrement soulagé mais il resta un moment à observer son ami en silence.

« Alcor, mon frère de l’espace… Si je pouvais prendre un peu de tes souffrances… »

Procyon lui toucha le bras légèrement ce qui le fit sortir de sa rêverie momentanée.

- Actarus, toi, tu n’as pas très bien dormi, je me trompe? Ou alors y a-t-il autre chose qui te tracasse?

Actarus secoua la tête et entraîna son père dans l’autre coin de la pièce pour lui parler en privé pendant que le médecin prenait soin de son ami. Il se passa la main dans les cheveux, reproduisant inconsciemment un geste familier d’Alcor lorsqu’il était embarrassé.

- Le manque de sommeil, je peux toujours faire avec mais… J’ai eu une conversation orageuse avec Vénusia ce matin et elle… Ah Père! Je suis si confus! Je ne comprends pas ce qui se passe depuis que nous sommes arrivés!
- Hum, oui! Les événements se sont vraiment précipités. Il est urgent que nous ayons tous une conversation sur ce qui s’est passé dans les derniers jours… Et sur les raisons pour lesquelles vous êtes revenus, Phénicia et toi. Que dirais-tu d’un petit conseil de famille? Il serait aussi judicieux d’inviter Riguel et son fils. Cela éviterait à Vénusia de servir d’intermédiaire. À moins que tu ne sois pas d’accord?
- Oui, c’est certainement la façon la plus simple de faire et cela nous évitera de répéter notre histoire plusieurs fois. Elle est plutôt pénible…
- Hum… je m’en doutais. J’aurais juste préféré qu’Alcor puisse être de la partie…

Les deux hommes convinrent qu’il serait sans doute possible de voir tout le monde un peu plus tard en journée.

- Père, as-tu reparlé à la rescapée du camp de la lune Noire?
- Sayari… oui, c’est une des choses dont je voudrais vous entretenir tous.
- D’accord, on se revoit plus tard.
- Actarus… Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas mais… Au sujet de Vénusia… Je crois connaître les raisons de votre dispute. Elle s’était confiée à moi il y a déjà un certain temps. Eh bien, je voulais juste te dire qu’elle est plutôt fragile ces temps-ci et… Enfin, je n’ai pas à te dicter ta conduite mais sache que vous m’êtes précieux tous les deux et que… je vous souhaite de retrouver la sérénité.
- Merci Père. Cela me touche beaucoup…

***

Actarus aurait aimé partir dans la campagne avec son cheval comme il le faisait avant son départ pour Euphor. Mais cela impliquait une visite au ranch et il ne se sentait pas encore prêt pour cela. Il enfourcha donc sa moto et se dirigea  vers les collines proches, d’où il pourrait voir une grande partie de la région tout en réfléchissant. Il s’installa près d’un petit ruisseau qui chantait entre les rochers et laissa sa main tremper dans le courant, souhaitant que l’eau claire emporte ses doutes et ses peines avec elle.

« Vénusia… Quand je repense à ce qui s’est passé ce matin, je ne comprends pas trop comment nous en sommes arrivés là. Je n’avais pas l’intention de te causer du chagrin. Mais voilà tout s’est enchaîné et… Comment te faire comprendre ce qui s’est passé avec Végalia? Mais non, imbécile, pourquoi voudrait-elle entendre cela? Et puis qu’est-ce qui m’a pris de partir sans m’expliquer clairement avec elle? Toutes les raisons qui me semblaient valables à l’époque m’apparaissent bien faibles maintenant… Comme elle doit être malheureuse en ce moment! Un bébé… Notre enfant… Je vais devenir père… Après avoir perdu Euphor une seconde fois, quel cadeau merveilleux me fait la vie!» 

Des larmes mêlant culpabilité, amertume et joie traçaient des sentiers sur les joues de ce prince d’une planète maudite, comme le ruisseau à ses pieds.

« Ma Vénusia! Oh, comment faire pour te faire comprendre à quel point je t’aime?! »

***

- Ah! Ma petite Phénicia! Je suis bien content de te voir!

Riguel sortait de son écurie, un grand sourire aux lèvres.

- Bonjour oncle Riguel, je suis aussi bien contente d’être de retour, dit la jeune fille en embrassant sur les deux joues un Riguel rougissant.
- Et ton frère, il n’est pas là? dit-il en regardant autour avec un air soupçonneux.
- Voyons, laisse un peu Actarus tranquille s’il-te-plait. Ce n’est pas facile pour lui en ce moment tu sais…
- Hum… bon, je veux bien, pour l’instant. Je suppose que tu es venue voir ma fille? Elle ne veut pas quitter sa chambre… Elle m’inquiète un peu et surtout elle ne veut rien me dire. Ah! Tout le monde pense que je suis un vieux gâteux! Que je ne comprends jamais rien, moi! Ah! Ces enfants…

Phénicia, qui connaissait la propension de Riguel à soliloquer longuement pour exprimer tout ce qu’il pensait, l’interrompit :

- Justement, le professeur m’envoie pour te dire qu’on va faire une petite rencontre. Histoire de mieux comprendre ce qui se passe… Si tu veux, tu peux venir avec Mizar.
- Ah enfin! Quelqu’un reconnait que je ne compte pas pour des prunes ici! C’est d’accord alors.

Riguel regarda vers l’étage en soupirant.

- Maintenant, vas-y et tâche de savoir ce qui se passe. Je n’aime pas voir ma petite fille comme ça…

***

La jeune fille trouva Vénusia prostrée sur son lit, les yeux secs mais la mine sombre. La chambre était plongée dans la pénombre, les rideaux tirés malgré le soleil éclatant de ce beau jour d’été. Sans un mot, elle vint s’assoir près de son amie  en silence.  Au bout d’un  moment elle se risqua :

- Vénusia? Petite sœur? Ne me diras-tu pas ce qui se passe?

        Mais Vénusia éclata seulement en sanglots, les larmes brûlantes s’écrasant sur les couvertures.

- Phénicia! haleta-t-elle finalement, j’étouffe! Sort-moi d’ici je t’en prie!

Les deux jeunes femmes allèrent marcher dans le petit bois qui donnait son nom au ranch. Il y régnait une bienfaisante fraîcheur. On pouvait entendre le vent faire frémir les feuilles qui créaient une mosaïque changeante sur le sol. Vénusia raconta tout ce qui s’était passé en de longues phrases entrecoupées de pleurs et n’ayant pas toujours de suite entre elles. On aurait dit que toutes les tensions, toutes les incertitudes et toute la solitude qu’avait ressenties la jeune femme depuis la fin de la guerre voulaient se déverser en même temps. Phénicia se taisait, hochant simplement la tête ou tenant la main de son amie lorsque nécessaire. Enfin Vénusia, soulagée de s’être enfin confiée, se tut. Phénicia en profita pour poser une question pour laquelle elle connaissait déjà la réponse :

- L’aimes-tu toujours?

Vénusia caressa un instant son petit ventre :

- Oh oui! souffla-t-elle. Plus que ma vie même!
- Alors, il n’y a pas trente-six solutions n’est-ce pas?

Vénusia laissa le vent sécher ses pleurs. Phénicia avait raison : il n’y avait qu’une chose à faire.

***

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyMer 22 Oct 2014 - 22:16

Chapitre 10: Cap à l'est
 
- Père, serait-il possible de repousser notre rencontre de quelques heures?
- Mais… oui. Tu as d’autres obligations?
- J’ai quelque chose de très important à faire. J’aimerais aussi ressortir Goldorak, le plus discrètement possible.
- Actarus! Qu’est-ce qui se passe?
- Je vais t’expliquer, dit le jeune homme avec un petit sourire gêné. C’est à propos de Vénusia…

Quelques minutes plus tard, Procyon souriait lui aussi.

- Bon ça va mon fils. Nous allons arranger quelque chose. Va et fais attention à ne pas te faire repérer.
- Merci Père. C’est vraiment important pour moi.
- À tout à l’heure.

***

- Papa, j’espère que tu vas bien te tenir ce soir… Je ne veux pas que tu nous embarrasses auprès d’Actarus.
- Comment! Tu oses me dicter ma conduite! Ce n’est pas ma fille qui me dira ce que je dois faire ou ne pas faire! La conduite d’Actarus a été inqualifiable envers toi et j’ai bien l’intention de le lui faire savoir!

Vénusia soupira en levant les yeux au ciel, cherchant la patience de composer avec ce père si peu diplomate dans une situation déjà bien délicate.

- Alors attends au moins d’être seul avec lui pour le faire. Il n’a certainement pas besoin que tu le fasses en public.
- Et quoi encore! Ce n’est pas un peu public ce qui t’arrive à toi, alors?

Vénusia allait répliquer mais ils entraient dans la salle de repos. Elle se tut car tous les autres étaient déjà présents. Le professeur, toujours en blouse de travail, se servait à une petite table basse où se trouvaient boissons et collations. Phénicia avait revêtu un jean et un petit chemisier blanc à manches bouffantes. Elle se tenait près de son frère. Et là, Vénusia perdit le souffle un petit moment. Actarus portait un kimono gris avec le pantalon large traditionnel.

Dès qu’il les vit entrer, il s’approcha d’eux. Un silence se fit dans la pièce que même Riguel n’osa pas rompre. Puis, lentement, s’adressant au père de Vénusia, le prince d’Euphor plia le buste très bas dans un salut respectueux qui dura plusieurs secondes. Se redressant, il dit :

- Bonsoir Riguel. Je suis heureux de te retrouver en bonne santé. Je voudrais te demander pardon d’avoir quitté Vénusia  alors qu’elle avait besoin de moi. J’accepte la responsabilité de ce qui lui arrive. Je veux que tu saches que je ferai tout en mon pouvoir pour m’occuper d’elle et de notre enfant dignement et pour veiller à leur bonheur à tous les deux. Ton estime et ton amitié sont d’une grande importance pour moi. J’espère que tu voudras bien pardonner ma conduite passée et accepter mes plus profondes excuses.

Actarus adressa un nouveau salut. Riguel avait gardé le silence durant tout ce temps, ses yeux s’agrandissant de plus en plus à mesure que le jeune homme faisait ces excuses formelles et publiques. D’abord complètement pris au dépourvu, il finit par se ressaisir et par saluer à son tour.

- J’accepte tes excuses et je suis heureux de voir que tu prends cette situation au sérieux… Je voudrais aussi te dire… que je suis rudement content que toi et ta sœur soyez de retour parmi nous.

Des larmes mouillaient les yeux du vieil homme.

- Bienvenue chez toi, mon garçon! finit-il, submergé par l’émotion.

Actarus hocha la tête puis adressa un petit sourire et un salut chaleureux à Mizar qui lui sauta au cou :

- Actarus! Je suis bien content que tu sois revenu moi aussi!

Vénusia songeait, émue : 

« Il a compris à quel point cette histoire avait affecté notre famille ainsi que la fierté de mon père. Après ce qui s’est passé ce matin… Mon cher et noble prince d’Euphor! Que je puisse me montrer digne de toi maintenant! »

Finalement, le jeune homme se tourna vers Vénusia. Cette fois, son assurance chancela et c’est avec hésitation qu’il lui dit :

- Bonsoir Vénusia… J’aimerais bien te parler tout à l’heure… Si… si tu veux?

Vénusia, pleinement consciente de tous les regards braqués sur eux, ne put qu’acquiescer en hochant la tête. Il lui prit timidement la main et l’amena près du canapé pour qu’elle puisse s’assoir auprès de lui. Le professeur Procyon, qui avait gardé un sourire serein durant toutes ces formalités, commença alors leur petit conseil de famille par ces mots :

- Maintenant, Actarus je crois que nous devrions commencer par votre histoire. Pouvez-vous nous expliquer pourquoi vous êtes déjà de retour? Personnellement, je n’espérais pas vous avoir avec nous de sitôt.

Actarus serra la main de Vénusia alors que ses yeux cherchaient ceux de sa jeune sœur. Phénicia hocha gravement la tête, lui enjoignant ainsi de prendre la parole pour eux deux.

- Nous espérions qu’Euphor soit de nouveau habitable mais… Ce n’était pas le cas.

Actarus regarda Mizar, hésitant à évoquer les atrocités qu’ils avaient vues devant cet enfant innocent. Il poursuivit néanmoins prudemment.

- La planète Euphor ne pourra pas supporter de vie évoluée avant très longtemps. L’atmosphère y est irrespirable et le taux de radiation est encore trop élevé pour la plupart des organismes. Il n’y avait… plus personne…

Le prince d’Euphor ferma les yeux un petit instant, revoyant les centaines de victimes rencontrées aux cours de ces semaines d’errance sans espoir sur sa planète mère. Il sentit une pression sur sa main qui le ramena à la réalité. Tournant la tête, il vit, dans les yeux de Vénusia, toute la peine qu’elle ressentait pour lui et toute la compréhension qu’il avait été habitué à recevoir de cette femme discrète et déterminée. Un peu rasséréné, il poursuivit :

- Nous avons laissé là un monument à la mémoire de ceux qui sont morts durant cette guerre insensée, puis nous sommes revenus vers… la seule patrie qu’il nous restait.

Sa voix avait faibli sur ces dernières paroles. Tout le monde gardait le silence. En effet, comment faire pour consoler des êtres qui avaient perdu leur planète deux fois? Le professeur Procyon ne semblait pas surpris de ces paroles mais elles lui étaient tout de même très pénibles.

- Je suis désolé Actarus… J’espère que vous savez tous deux que vous êtes les bienvenus ici. Je sais que rien ne pourra remplacer Euphor dans vos cœurs mais vous pouvez considérer la Terre comme votre demeure désormais.
- Je sais Père, et je t’en remercie. Phénicia et moi avons décidé de rester ici pour toujours…

Ce moment d’émotion fut un peu bousculé par Riguel qui se mouchait bruyamment :

- Oh! Quelle histoire horrible! Pas surprenant que vous soyez revenus! Mais c’est vraiment une chance que vous vous soyez trouvé près de la lune au bon moment pour sauver Alcor et le professeur!
- Oui, dit le professeur. D’ailleurs c’est une coïncidence qui me surprend encore…

Cette fois, Actarus invita sa sœur à prendre la parole. Phénicia, intimidée, comme chaque fois qu’il s’agissait de ses dons, regarda le bout de ses chaussures avant de répondre.

- Hum… oui, enfin, c’est un peu de ma faute, je crois. J’ai vu Alcor et le professeur en songe. Ils étaient en danger et j’ai simplement averti Actarus de se diriger vers la lune…
- Sans elle, poursuivit Actarus, Goldorak ne serait probablement pas arrivé à temps puisque je me dirigeais vers la Terre au départ. Elle m’a convaincu de bifurquer. Vous savez le reste. Mais moi, j’ignore toujours ce qui vous a amené au camp de la Lune Noire, Père?

Le professeur expliqua en quelques mots, les circonstances ayant mené à leur présence sur la lune et aux explosions qui avaient failli tous les tuer.

- Ainsi, c’est Sayari qui est responsable de ce qui vous est arrivé? J’ai peine à croire que cette femme qui paraît si douce et raisonnable puisse avoir agi de cette façon!
- Hum… Je crois avoir découvert la cause de son comportement. Voulez-vous me suivre vers sa chambre de soins? Ce sera plus facile à expliquer…
- Professeur, dit Riguel. Je crois bien que Mizar et moi allons retourner au ranch. Il doit aller à l’école demain et…

Il n’eut pas besoin d’expliquer plus avant. Mizar, qui avait tout fait pour rester alerte durant les conversations entre grandes personnes, s’était malgré lui assoupi dans son fauteuil, la tête appuyée sur son bras. Procyon sourit, compréhensif.

- Mais bien sûr, mon cher Riguel. De toute façon, le reste comprend surtout des explications d’ordre technique. Retournez chez vous avec votre fils. Il est vrai qu’il est bien tard…

***

Sayari Huria dormait toujours. Le professeur avait demandé qu’elle soit laissée sous sédation tant qu’il n’aurait pas pris de décision à son égard.  Le professeur se tourna vers Vénusia.

- Aide-moi à l’assoir, s’il-te-plait.

Doucement, ils manipulèrent le corps inerte de Sayari. Le professeur pencha la tête de la femme endormie vers l’avant. Il montra le tatouage intrigant sur la nuque de la rescapée. Le dessin géométrique avait repris une teinte presque noire, le rendant difficile à distinguer sur la peau de la kenyane.

- Voilà ce que je voulais vous montrer.
-  Oh! Qu’est-ce que c’est? dit Phénicia.
- C’est un circuit électronique. Il a été conçu de façon à fusionner avec les neurones de la victime.

Il recoucha doucement Sayari.

- Un circuit électronique, comme dans les ordinateurs? demanda Vénusia.
- Comme dans un ordinateur, oui. Sayari, contrairement à Capella ou…  il jeta un coup d’œil rapide sur son fils, à Aphélie n’a pas reçu d’implant. Elle n’a pas eu de lavage de cerveau non plus, selon moi. Mais ses cellules nerveuses ont été en partie remplacées par ce circuit qui contient une commande à laquelle, comme une machine, elle ne peut se soustraire : détruire Goldorak. Je crois de plus que cette commande est activée par ce simple mot : Goldorak. Dans les deux cas dont j’ai été témoin, Sayari a réagi immédiatement lorsque le nom du robot a été prononcé devant elle. En résumé : cette femme a été programmée pour détruire Goldorak par tous les moyens possibles, même si cela lui coûtait la vie.
- C’est parfaitement monstrueux! s’écria Actarus. Père, tu dois certainement savoir ce qu’il faut faire pour la guérir!
- Non mon fils. C’est une technologie qui est au-delà de mes simples connaissances. Je ne vois malheureusement qu’une seule solution. C’est de l’enfermer pour éviter qu’elle puisse mettre son programme à exécution…
- Tu n’y penses pas, Père!
- Professeur! Cette pauvre femme a déjà souffert le martyre pendant de longs mois aux mains de Véga. C’est une victime! Il serait injuste qu’elle soit punie pour les méfaits de ces monstres! dit Vénusia avec ferveur.
- Père… La guerre est terminée. Il n’y plus de raison de parler de Goldorak en public désormais. Les chances qu’elle puisse mettre à exécution son « programme » sont bien minces.

Procyon ne répondit pas tout de suite. Il restait assis au bord du lit, perdu dans ses pensées, la main de Sayari dans la sienne. Ce geste inconscient n’échappa pas à son fils. Actarus s’approcha du professeur et lui toucha doucement  l’épaule.

- Père, tu ne désires pas vraiment l’enfermer n’est-ce pas? En avertissant tout le monde au Centre et même au ranch, de ne jamais prononcer le nom de Goldorak en sa présence, elle pourra rester avec nous et tu pourras trouver un moyen de la délivrer de cette nouvelle malédiction de Véga.
- C’est une grosse responsabilité. Si jamais… Mais vous avez tous raison, il serait inhumain de l’enfermer alors qu’elle n’est pas responsable de ses actes.
- Comptez-vous lui dire ce qui se passe, professeur? demanda Phénicia. Si c’était moi, je voudrais savoir!
- Oui. C’est une personne intelligente. Elle a le droit de savoir. Peut-être alors sa volonté sera-t-elle suffisante pour contrer les effets de la programmation mais j’en doute…

***

Quelques minutes plus tard, Actarus et Vénusia se retrouvèrent seuls dans les corridors du Centre. Phénicia s’était éclipsée afin, disait-elle, d’aller rejoindre Alcor dans sa chambre pour veiller sur lui. C’était le moment qu’appréhendait Vénusia. Le moment de vérité où il lui faudrait revenir sur les événements survenus ce jour-là… Mais ce fut Actarus qui parla le premier. Il glissa doucement ses mains dans celles de la jeune femme.

- Vénusia, j’ai réfléchit et je voudrais te parler sérieusement. Mais pas ici. J’ai… préparé une surprise pour toi mais elle se trouve assez loin… En fait, je voudrais t’amener et te garder avec moi jusqu’à demain… Si tu es d’accord. Acceptes-tu? Tu sais… je comprendrais si tu ne voulais plus m’adresser la parole, alors partir vers l’inconnu… Je veux juste te dire que tu es libre de venir ou pas…
- Jusqu’à… demain?

Elle avait rougit. Ils avaient déjà été intimes mais jamais elle n’avait passé la nuit seule avec lui.

- Et… mon père?
- Ne t’en fais pas avec cela. J’ai demandé à Phénicia de s’en occuper. Mon père pourra la seconder au besoin.
- Ils sont au courant!
- Je n’ai pas eu le choix. Comme je te l’ai dit, la surprise est loin. Alors? Tu veux bien venir avec moi? dit-il avec espoir.

Vénusia n’avait jamais eu l’intention de dire non. Elle sentait très bien que cette escapade était très importante pour lui. Ils auraient tout le temps de se parler sérieusement. Elle n’avait pas peur mais… elle se sentait fébrile devant l’inconnu.

- Oui… je veux bien.

Le soulagement et bonheur se lurent aussitôt sur le visage du jeune homme.

-  Je devrai aller chercher quelques affaires…
- Inutile, je les ai ici, fit-il en montrant un petit sac de voyage. C’est Phénicia qui s’est chargée de te le préparer
- Oh! Tu sembles avoir pensé à tout!

Elle se sentait un peu prise au dépourvu mais elle était tout de même intriguée par les manigances d’Actarus.

- Il faudrait aussi que tu enfiles ta combinaison de vol, poursuivit-il.
- Quoi! Mais pourquoi? En plus, j’ignore si j’entrerai encore dedans étant donné…

Elle fit une petite grimace en regardant son ventre. Actarus sourit tendrement.

-Je suis sûre que cela ira. Tu n’auras pas à la porter longtemps.
-Tu veux que je pilote Vénusiak?
- Non… Nous n’allons pas au combat! Allez, va te changer. Je t’attends près de la porte du hangar 7.

Soudain, plein d’énergie, il lui donna un rapide baiser sur la joue avant de s’éloigner. Le cœur battant, elle courut vers sa chambre.

« Le hangar 7? Mais c’est celui de Goldorak! »

***

Vénusia se dépêcha et se présenta à l’endroit désigné, sa tenue de combat enfilée de justesse, le tissu étiré laissant voir un petit ventre. Elle se sentait gênée et un peu ridicule, ainsi vêtue mais Actarus qui l’attendait, lui aussi en tenue de combat, sourit en détaillant ses nouvelles courbes.

- J’ai l’air parfaitement ridicule, fit-elle, dépitée.
- Non, tu es radieuse et ce petit… relief te va très bien.

Il lui prit la main, souriant.

-Ainsi tu n’as pas changé d’idée?
- Non, tu sais bien que je suis une incorrigible curieuse.
- Alors viens.

Les portes du hangar s’ouvrirent et les lampes s’allumèrent automatiquement, éclairant la bête géante et à peine apprivoisée qui y sommeillait. Goldorak… toujours aussi impressionnant. Ils pénétrèrent dans la cabine de poupe de l’appareil en passant par la passerelle qui servait aux techniciens lorsqu’ils l’entretenaient.

- Je ne suis jamais montée à bord… dit Vénusia, émerveillée de se trouver là.
- Voici ta place. Ce n’est pas très confortable selon les dires de Phénicia aussi je t’ai apporté un petit oreiller et une couverture. Installes-toi et essaie de dormir. Nous en avons pour quelques heures et je ne veux pas que tu te fatigues.

Quelques secondes plus tard, Goldorak s’arracha à sa plate-forme et s’élança dans le ciel étoilé, cap à l’est.

***
 
Tard dans la nuit, Procyon se décida enfin. Il fallait qu’il lui dise la vérité.  Cela lui coûtait car il savait sa situation désespérée.
« Son cerveau… Comment pourra-t-elle vivre en sachant qu’on lui modifié le cerveau? Le pourrais-je? Et pourquoi cela m’importe-t-il tant? Véga a fait tant de victimes. Pourquoi celle-ci me touche-t-elle comme aucune autre? »

Il admira le profil pur, de la couleur des grains de café sur le blanc de l’oreiller, la courbe des cils noirs, les cheveux…  Il avança la main pour les caresser mais s’arrêta soudain. Et si elle se réveillait? Le cœur du professeur battit plus vite et il laissa retomber la main.

« Que  m’arrive-t-il? »

Effrayé par la réponse possible, il s’assit sur le rebord du lit et inspira pour se donner du courage.

-Sayari? Vous m’entendez?

Elle ouvrit lentement les yeux et sembla perdue un petit instant. Puis son regard accrocha celui de Procyon et elle sourit.

- Hum… Ne me dites pas que je me suis endormie sur votre terrasse! fit-elle, ironique.
- Vous souvenez-vous de quelque chose?
- Nous parlions… d’une manette…

Elle fronçait les sourcils, déroutée de ne pas pouvoir répondre plus clairement.

- Après, c’est le trou noir. J’ai l’impression que j’ai fait des rêves très bizarres et très désagréables mais je ne m’en souviens pas non plus.

Elle soupira, frustrée.

- Qu’est-ce qui se passe Umon? Pourquoi ai-je ces pertes de mémoires?
- Sayari… Votre système nerveux a été modifié lorsque vous étiez prisonnière des hommes de Véga.
- On… m’a fait subir un lavage de cerveau?

Procyon se tut un moment. Il cherchait les mots justes, les paroles qui décriraient précisément ce qu’elle avait subi sans l’alarmer. Il savait que des termes vagues ou des paroles rassurantes mais vides de sens ne seraient pas acceptables. Elle était docteur en astrophysique après tout, et elle demanderait certainement des faits. Cependant, le silence du professeur dura assez longtemps pour semer le doute en elle.

- Professeur? Je vous en prie, dites-moi ce qui se passe!

Il lui prit la main et lui dit posément :

- Véga a introduit un circuit électronique dans votre système nerveux. Les composantes remplacent certains de vos neurones et sont interconnectés avec ces derniers. Vous réagissez de façon violente lorsqu’on prononce un certain mot ce qui me fait croire que Véga vous a programmée pour détruire la chose que ce mot désigne, au prix même de votre vie. Ensuite, comme cette commande n’émane pas de la partie organique de votre système nerveux, vous n’avez aucun souvenir de ce qui s’est passé. Vous avez réagi fortement lorsque nous nous trouvions encore sur la lune et de nouveau ce matin…

La kenyane était demeurée immobile et silencieuse, les mains croisées et le regard neutre durant toute ces explications.

- Umon, dit-elle enfin d’une voix faible, ainsi je suis devenue une sorte de machine programmée pour détruire quelque chose que je ne connais même pas? Savez-vous comment faire pour… me rendre mon… humanité?
- Non… Sayari… je suis désolé, à ma connaissance, la science terrienne ne peut rien pour vous.

Elle qui avait réussi à garder son sang-froid, sembla soudain très vulnérable. Des larmes remplirent ses grands yeux noirs puis coulèrent silencieusement sur ses joues. Soudain, elle se révolta :




- Non! Non! Je refuse. Ils n’ont pas le droit!

Elle se tenait la tête à deux mains, recroquevillée sur elle-même, rejetant la conclusion funeste. Le professeur Procyon, lui  effleura l’épaule et lorsqu’elle releva la tête, son visage reflétait toute l’horreur qu’elle vivait.
- Sayari, vous n’êtes pas seule. Nous allons vous garder avec nous et nous tenterons de découvrir le moyen de vous guérir… Je ne vous abandonnerai pas.

Elle appuya son visage contre la main secourable et chaude qui lui offrait son support. Une petite lueur d’espoir naquit au fond de son regard.

 

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyDim 26 Oct 2014 - 10:44

Chapitre 11 : Vertiges
 
Alors que Goldorak pourchassait toujours le soleil, Vénusia s’éveillait.


- Où sommes-nous?
- Tiens? Bonjour, la belle au bois dormant! Eh bien, regarde…


Ce que vit Vénusia lui coupa momentanément  le souffle : c’était une glorieuse suite de pics et  de vallées, de glaciers et de falaises vertigineuses, encore faiblement éclairés par une lune couchante et un soleil qui ne luisait que faiblement devant eux.
- Une chaine de montagnes! Mais laquelle?
- Je te laisse deviner.
- Serons-nous bientôt arrivés?
- Encore un moment. En attendant, profite du paysage…


Les montagnes s’effacèrent pour laisser place à un océan de plaines couvertes de cultures ou, plus rarement,  de forêts. À la vitesse et à l’altitude où se déplaçait leur vaisseau, Vénusia ne pouvait distinguer de routes ou d’habitations mais la régularité des couleurs et le dessin de cette mosaïque géante laissait deviner l’intervention humaine. L’océan se mua, devenant forêts et lacs, des lacs si étendus qu’on aurait dit des mers intérieures. D’un gris bleuté dans la lumière grandissante du petit matin, festonnées de villes et de routes innombrables, illuminées, donc parfaitement visibles même de cette altitude. Vénusia avait compris.

- L’Amérique… souffla-t-elle. Les montagnes Rocheuses puis les grandes plaines et enfin ces lacs… Jusqu’où iront-nous Actarus?

Actarus sourit derrière le masque de son casque protecteur.

- Jusqu’où? Jusqu’où tu voudras…

Vénusia se tut, incrédule. Parlait-il toujours de leur voyage? Ou d’autre chose? Actarus n’avait pas l’habitude d’utiliser des phrases à double sens. Pourtant… Alors qu’elle réfléchissait, elle vit se dérouler sous Goldorak un cours d’eau immense et large qu’ils suivirent comme une route. Goldorak allait de plus en plus vite et Vénusia peinait à distinguer ce qui se trouvait sur les berges de ce fleuve immense. Des villes sûrement, mais tout était flou et elle restait hypnotisée par le défilement de ces eaux lumineuses. Le soleil était maintenant presqu’au niveau de l’horizon et la jeune femme plissa les yeux, intriguée. Combien de temps encore durerait ce vol? Soudain l’appareil pencha légèrement vers la gauche et prit un nouveau cap, vers le nord en suivant de très haut les méandres d’un cours d’eau beaucoup plus petit. Le ruban argenté serpentait entre des montagnes usées par le temps et les glaciers anciens et pourtant encore terriblement hautes. En quelques minutes à peine, Goldorak s’immobilisa en plein ciel, passant en état stationnaire, le temps pour Actarus de grommeler.

- Bon… où dois-je me poser déjà… Il n’y a quasiment rien de plat là-dessous!

Lentement, la soucoupe descendit vers la montagne et, Actarus ayant enfin repéré un emplacement suffisamment plat et large pour accueillir son appareil, ils se posèrent. Le souffle causé par leur arrivée agita seulement les branches de quelques arbres malingres qui avaient eu la mauvaise idée de pousser ici. Le reste de la végétation demeura bien sage puisqu’elle se composait surtout de mousses et de lichens bien accrochés aux nombreux rochers. Goldorak s’était posé sur le plus haut sommet de ces vieilles montagnes orgueilleuses.

- Nous y sommes? dit Vénusia.
- Oui. Viens que je t’aide à descendre.

***

Fascinée et effrayée, Vénusia s’approcha du bord du précipice, le cœur battant à tout rompre. Le vent soufflait si fort ici qu’il semblait les considérer comme des obstacles à aplanir, ou tout au moins à sérieusement intimider. Autour d’eux, se trouvaient d’autres montagnes aux profils arrondis, complètement recouvertes jusqu’en haut de forêts plus ou moins denses. Seul ce sommet s’offrait au vent, presque nu.  Tout en bas, la petite, si petite rivière, mince codon comprimé entre des montagnes trop proches.

- Où sommes-nous?

- Dans l’est de l’Amérique du nord, comme tu l’avais deviné. Cette rivière s’appelle la Malbaie et ce sommet, c’est l’Acropole des draveurs*. Nous somme à 1 km d’altitude…
- Actarus, cet endroit est à couper le souffle. Comment diable l’as-tu trouvé?

Le jeune homme la rejoignit tout au bord de la falaise et lui prit la main.

- Hier… j’ai soudain eu besoin de réfléchir, de m’éloigner. J’ai sorti Goldorak avec le concours de mon père. Je voulais simplement regarder la Terre. M’imprégner des paysages de cette planète que j’aime mais que je connais si peu. Voir des forêts vertes, des lacs en santé et des champs en fleurs. Voler au-dessus de villes qui n’ont pas été détruites par la guerre… Cela m’a réconforté. J’en avais besoin, Vénusia, j’ai besoin de cette beauté comme j’ai besoin de respirer. Je connaissais le ciel et la terre du Japon mais je voulais plus. J’ai suivi le fleuve et j’ai fini par échouer ici.
- Ce paysage est si sauvage! Tout a l’air si proche mais il y a des gouffres entre tous ces monts.  Cela me donne le vertige.
- J’ai éprouvé cela moi aussi. Et j’ai voulu partager l’expérience avec toi. Toute cette beauté, tout seul c’était… incomplet. Je voulais que tu partages le vertige avec moi…

Il lui prit la taille et elle tourna son visage vers lui. Se tenir ensemble si près du gouffre l’enivrait mais le regard saphir d’Actarus lui procura une ivresse qu’elle avait craint de ne plus jamais connaître.

- Vénusia. Je suis désolé de ce que je t’ai dit hier. Après la guerre, à partir du moment où il m’est apparu possible qu’Euphor ait survécu, j’ai mis de côté tous ceux que j’aimais pour me concentrer sur mon objectif de faire revivre ma planète. Mais j’ai eu tort. Sans eux, sans toi, je n’ai plus de force, je ne vis pas, j’existe seulement. Et je n’ai pas vaincu, nous n’avons pas vaincu Véga pour seulement « exister».

Vénusia lui sourit tendrement avant de passer ses doigts le long de sa joue et d’écarter quelques mèches folles battues par le vent.

- Toutes les raisons que j’avais de te cacher ma grossesse me semblent aujourd’hui sans fondement. J’avais le sentiment terrible que tu ne m’aimais plus. J’étais malheureuse et j’ai voulu te faire du mal en retour en te cachant l’existence du bébé. J’avais l’impression de vivre un long cauchemar sans fin et je me sentais si seule! Jusqu’au moment où j’ai senti cet enfant bouger, le jour de ton retour, il n’a été qu’une… hypothèse. Il n’était pas réel… Je suis si désolée… Depuis que tu es revenu, je me sens enfin comblée. L’univers me semble un endroit accueillant à nouveau. Actarus, mon étoile, ne me laisse plus jamais sans ta lumière…

Elle pleurait mais c’étaient des larmes de bonheur que le vent assécha bien vite. Soudain, elle ferma les yeux, un petit sourire aux lèvres et murmura :

- Je le savais…
- Qu’est-ce qu’il y a?

Elle prit la main d’Actarus et la posa sur le côté de son ventre.

- « Il » ou « elle » est content d’être auprès de toi et le fait savoir.

Le jeune homme sentit clairement le mouvement léger, presqu’imperceptible sous sa paume. Il ouvrit de grands yeux.

- Oh mais, ça… bouge!
- Bien sûr! sourit-elle, amusée de voir sa réaction. « Ça » bouge souvent maintenant!
- Je n’en reviens pas encore, Vénusia. Ce bébé… une vie toute neuve qui nous arrive après tous les morts et toutes les destructions. C’est comme se tenir sur ce sommet : cela me grise et m’effraie à la fois….

Elle enlaça ses doigts à ceux d’Actarus.

- À deux, nous aurons moins peur. Quant à la griserie…

Il se pencha sur ses lèvres, les doigts emmêlés dans ses cheveux, le corps musclé collé au sien et murmura :

- La griserie demeurera.
 
* Pour les curieux : L’Acropole des Draveurs [url= http://www.sepaq.com/pq/hgo/information.dot] http://www.sepaq.com/pq/hgo/information.dot[/url]
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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyLun 27 Oct 2014 - 17:27

[size=48]Chapitre 12 : Sauvages voluptés[/size]
Ce chapitre contient des scènes qui pourraient ne pas convenir à un jeune public. Le jugement des parents est conseillé!  Wink




 
-Oh zut!

Vénusia se tortilla, attrapant avec difficulté la fermeture éclair dans le dos de sa tenue de vol devenue trop serrée. À force de de contorsions, elle n’avait réussi qu’à se casser un ongle et à se retrouver couverte d’une fine couche de sueur. Retirée dans un petit coin discret derrière Goldorak, elle avait voulu de se changer pour aider Actarus à monter le camp.

« Bien sûr, c’est facile pour lui avec sa « métamorphose » et son ventre plat! » souffla-t-elle frustrée.

-Besoin d’aide?

Une main chaude se posa sur celle de la jeune femme, et attrapa pour elle l’engin récalcitrant pour le descendre doucement. L’air frais sur sa peau moite lui fit l’effet d’une caresse. Elle ferma les yeux et soupira avec délices, enfin délivrée de ce carcan d’étoffe. Ce soupir apporta avec lui les arômes de l’été dans cette région du monde : aiguilles de pins chauffées par le soleil, mousse humide et fraîche et fleurs inconnues. Cependant une autre odeur vint la troubler, celui du corps de cet homme qui ne quittait pas sa place derrière elle. Mélange étrange et délicieux d’herbes, de sueur mâle et d’autre chose aussi qu’elle n’avait jamais pu identifier, peut-être un soupçon d’Euphor, qui lui retournait les sens. Puis vint la douceur de sa main sur son cou alors qu’il écartait une mèche de cheveux humides avant d’y déposer un très léger baiser.

- Voilà, dit-il tout bas à son oreille, tu es libre.

Vénusia frissonna, sa peau réagissant délicieusement sous la caresse de ce souffle ardent. Il dessina ensuite du doigt une tendre arabesque sur la courbe de son épaule avant de s’y attaquer des lèvres et du bout de la langue, buvant, à même la peau, la sève salée. La jeune femme n’osait plus respirer, n’osait plus bouger, tout son être concentré sur la saveur de ce moment, les odeurs de l’été et des corps, le bruit du vent dans les branches et le contact incandescent sur sa chair. Il emprisonna sa taille de son bras nu et elle se retrouva plaquée sur son torse. De nouveau il murmura, lui mordillant doucement un lobe d’oreille :

- Je te cherchais. Pourquoi te caches-tu ainsi? Nous sommes seuls Vénusia. Isolés dans cette forêt. Personne ne peut te voir… Personne d’autre que moi…

C’était la vérité. Goldorak avait quitté les sommets pour se camoufler sous les pins centenaires de cette vallée encaissée. Actarus avais commencé à monter une petite tente près de la rivière qui chantait en caressant les rochers. Il régnait sous les arbres une chaleur et une douce moiteur qui faisait coller les étoffes à la peau. Il s’était donc débarrassé de sa tenue de vol pour revêtir un pantalon de cotonnade grège souple dont il avait roulé le bas pour plus de commodité, dédaignant la chemise et même les souliers puisque le sol était recouvert de mousse et d’aiguilles de pin. Vénusia, quant à elle se retrouvait en sous-vêtements, peau contre peau, avec pour tout costume le bras de son compagnon. Soudain, un petit gargouillis caractéristique se fit entendre. Vénusia pouffa de rire alors qu’Actarus s’excusait en grognant :

- Je suis désolé… Je n’ai rien mangé depuis hier…
- Et ton estomac te rappelle à l’ordre!

Elle se retourna et l’embrassa tendrement, avant de lui prendre la main pour l’entrainer vers le campement.

- Comme je n’ai pas envie que tu défailles, mon cher prince, nous allons faire honneur à ces provisions que tu as apportées.

Actarus murmura:

- Tu ne perds rien pour attendre, ma chère….

***

-Oh, je ne pourrai plus avaler une autre bouchée! fit Vénusia en repoussant le plat de fruits.

La jeune femme avait enfilé un chemisier de cotonnade blanche confortable avec un short gris avant de déballer quelques-unes des victuailles apportées avec eux. Le repas avait été simple mais copieux et tous deux ressentaient maintenant les effets combinés de la fatigue, de la chaleur et d’un bon repas. Vénusia bailla discrètement alors qu’Actarus lui disait avec un petit sourire.

- Viens, reposes-toi un peu. Profitons de la tranquillité des lieux. J’avoue qu’une petite sieste ne serait pas de trop.

Il l’attira à lui sur la couverture qui leur servait d’aire de pique-nique. Vénusia ne se fit pas prier et s’étendit près de lui, la tête appuyée sur son épaule alors qu’il la recouvrait de son bras libre. En quelques minutes, le sommeil les avait tous deux emportés.

***

Lorsque Vénusia s’éveilla, elle était seule. Un peu déçue, elle chercha son compagnon du regard et le repéra bientôt au bord de la rivière. L’eau contournait ses jambes et mouillait son vêtement alors qu’il se penchait sur le liquide et qu’il s’en aspergeait les cheveux et le visage. La jeune femme sentit son pouls s’accélérer à la vue de ce dos musclé, de cette peau glabre ou l’eau ruisselait en dessinant des contours et des méandres, suivant les ondulations des muscles qui saillaient. Elle se leva silencieusement et s’approcha du jeune homme. Lorsqu’elle encercla sa taille de ses mains, il se figea alors qu’un sourire étirait ses lèvres.

-Bien dormi? fit-il.
- Très bien. Je me sens tout à fait reposée.

Vénusia continua son exploration en promenant ses doigts sur le dos et les épaules du jeune homme. Il lui attrapa les mains et elle se colla à son torse, sentant la chaleur se transmettre d’un corps à l’autre, à travers le chemisier. Elle appuya sa joue contre lui en soupirant d’aise. Actarus se retourna et elle frémit sous son regard.

« Maintenant je sais que le bleu est une couleur chaude… » songea-t-elle.

Une partie seulement de son esprit se concentrait sur ses mots, l’autre avait cessé toute activité cohérente, comme chaque fois que leurs corps se rapprochaient ainsi. Il lui prit le visage dans les mains  et murmura :

-Ma douce… ma douce à moi…

Les lèvres du jeune homme effleurèrent d’abord son front, puis chacune de ses paupières avant de descendre vers sa bouche où il s’attarda un instant. Il lui mordilla doucement la lèvre, la pressant contre sa poitrine. Et leur baiser se fit plus profond, plus osé, plus total. Actarus reprit son souffle le temps de murmurer :

- Vénusia…

Il baissa les yeux sur elle et son regard glissa sur le chemisier maintenant humide, rempart translucide sur les courbes nouvelles. Sa main remonta vers le sein ainsi dévoilé, attirée vers le bouton rosé comme un insecte vers la lumière. Vénusia sentait son cœur battre sous cette main chaude alors qu’il amorçait de petits cercles de ses doigts tout autour de la pointe érigée, en attente… Elle plongea les mains dans ses cheveux  en s’abandonnant alors qu’il glissait lentement l’autre main dans son dos, l’attirant encore plus à lui. À travers l’étoffe souple du pantalon, elle perçu l’effet que ce contact de plus en plus intime commençait à produire sur lui.

- Mon prince… souffla-t-elle.

Trahissant son impatience, Actarus  s’attaqua au chemisier. En quelques mouvements rapides il la défit de tous ses vêtements. Alors qu’il la contemplait avidement, elle protesta en rougissant :

- Ce n’est pas juste…
- Qu’est-ce qui n’est pas juste? demanda-t-il alors que ses doigts recommençaient leurs explorations affolantes.

Pour toute réponse, elle chercha le cordon qui retenait le pantalon et en détacha le nœud, un regard de défi amusé plongé dans celui du prince. Lorsqu’ils furent à armes égales, elle répondit enfin, enhardie pas cette victoire sur la pudeur :

- Voilà ce que je voulais dire…

Ils étaient maintenant nus tous deux, dressés au soleil, debout dans l’eau fraiche, qui traçait de nouveaux remous entre leurs jambes. Actarus, qui sentait monter entre ses reins une chaleur qui n’était pas due au soleil de l’après-midi lui prit la main.

- Viens voir ce que j’ai trouvé…

Ils s’avancèrent prudemment sur les galets polis. La rivière ici s’était assagie, calmée par des méandres paresseux. L’eau peu profonde était délicieusement fraîche. Actarus lui montra enfin ce qu’il avait découvert : une petite cuvette, où l’eau s’écoulait en bouillons paresseux et où l’on pouvait s’asseoir comme dans une baignoire. Il l’aida à s’installer, assise le dos contre sa poitrine et passa ses bras autour de son petit ventre tout juste recouvert d’eau. Les flots s’énervèrent de cette présence et une fine bruine aspergea le couple enlacé.

- Oh Actarus! Cet  endroit est magique!

Était-ce un mouvement du bébé qu’il perçut sous sa main? À ce moment, le prince d’Euphor, un instant aveuglé par les gouttelettes gorgées de soleil qui les nimbaient tous deux,  songea :

« Le bonheur serait-il aussi simple que cet instant? »

***

L’ombre des grands arbres enveloppa Vénusia lorsqu’elle mit pied sur la rive, provoquant un frisson après la douce morsure du soleil. Actarus s’empressa de ramasser un vêtement abandonné plus tôt et entreprit de la sécher doucement. La jeune femme trouva cependant, qu’il prenait bien son temps… En effet, il commença par un mollet, puis l’autre avant de passer le tissu sur une cuisse blanche, très lentement. Puis l’autre. Vénusia se tenait immobile, se prêtant au jeu avec délice, ses frissons de froid se muant en frissons de désir… Actarus continua  son petit travail en passant l’étoffe dans son dos avant de poursuivre sur les courbes de ses hanches et de son ventre pour enfin remonter vers la poitrine blanche et offerte, vers ces seins que la maternité commençait à alourdir. Il termina son travail avec application, utilisant ses lèvres, mordillant doucement, attentif, appliqué comme un bon élève, remontant de la poitrine vers une épaule. Il s’attarda au creux de son cou, où battait une petite veine selon un rythme fou avant, enfin, de s’emparer de ses lèvres. Les sens en feu, Vénusia laissait ses mains se perdre dans les boucles humides, s’agripper aux épaules puissantes et descendre vers les fesses musclées. Sans un mot, il la souleva pour la porter vers la couverture, entendant continuer son œuvre ensorcelante… Mais ici, la jeune femme se rebella, et, le repoussant doucement sur le dos, elle entreprit d’exercer une douce vengeance et de lui faire subir un peu de cette tendre torture. Elle se pencha sur son torse pour y déposer d’abord une pluie de petit baisers légers alors que ses cheveux caressaient la peau brûlante et que ses mains descendaient, lentement, insidieusement, aussi légères que des papillons, sur son ventre. Par hasard, ses doigts effleurèrent la verge gonflée et par hasard ils s’y attardèrent, allumant chaque fois un peu plus la bougie…

-Oh, je deviens fou, murmura Actarus d’une voix rauque

Les caresses de la jeune femme se firent plus précises, plus ciblées et elle ajouta ses baisers à ce cocktail dangereux. Actarus voyait un ciel bleu, des branches sombres, des ombres et de la lumière mais tous ses autres sens se concentraient sur cette femme, sur son haleine chaude qui soufflait là où le résultat était si exquis… Il allongea le bras, trouva une cuisse et chercha plus loin, entre les jambes et, remontant insensiblement, toucha l’entrée chaude et secrète. Avant de s’y risquer, il en demanda l’accès, caressant, cajolant le bouton sensible. Vénusia se cabra, le regard noyé, elle gémit doucement et se colla contre son flanc, une jambe remontée sur les siennes. La main du jeune homme osa plus alors qu’elle se cabrait, ondulant le bassin, mordillant son épaule. La main traitresse continuait son petit manège, alors que le corps de la jeune femme se tendait et s’abandonnait tour à tour dans une série de vagues de plaisir. Enfin, ses sens à bout d’endurance, elle se redressa et l’enfourcha, emprisonnant son sexe sous elle. Avec des mouvements très lents et doux, elle le laissa pénétrer profondément, leur procurant à tous deux une volupté intense. Ils bougèrent à l’unisson, rythmant de leur corps la musique de leurs soupirs, adagio, andante, presto… Jusqu’au crescendo final, jusqu’à la dernière note de cette symphonie à deux.

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***

- Vénusia, pendant la guerre, t’arrivait-il de songer à ce que serait la vie une fois la paix revenue?

La jeune femme s’appuya su le coude, admirant le profil de son amant. Ils étaient toujours sur la couverture, alanguis, les doigts de nouveau enlacés, leur feu momentanément apaisé.

- Je suppose que je l’imaginais comme elle était avant… Je voulais que les attaques cessent et… en fait, pour être honnête, j’espérais que nous aurions du temps pour nous.
- Moi, je n’osais pas penser à l’avenir. Je savourais le présent lorsque nous n’étions pas attaqués. Je m’inquiétais de tout ce qui pouvait arriver et pendant un temps, j’ai même cru que je ne vivrais pas assez pour voir la paix revenir….
- Je t’en prie Actarus, tu es guéri! Ne parlons plus du passé veux-tu?
- Justement! Je voudrais parler d’avenir Vénusia, de notre avenir mais… Je ne sais pas… Je suis déboussolé. Auparavant j’avais un rôle. Aujourd’hui, je n’ai plus de repères. Je suis désolé, fit-il avec un petit sourire, je ne me vois pas redevenir  palefrenier au ranch du Bouleau Blanc…
- Moi non plus. Actarus, personne ne te demande de choisir tout de suite. Nous avons tous été habitués à décider dans l’urgence, à jouer notre vie aux dés. Il nous faudra sans doute réapprendre à vivre plus simplement. Pour l’instant, contentons-nous de préparer un avenir proche et… très concret.

Son regard glissa vers son ventre et Actarus sourit.

- Tu es la sagesse même, la taquina-t-il, je devrais t’écouter plus souvent!

Ne trouvant aucune répartie verbale satisfaisante, Vénusia le fit taire d’un baiser…

***

Le Golgoth pilonnait Goldorak d’un rayon au lasernium. Le monstre hérissé de pics se tenait au-dessus de l’appareil du prince alors que ce dernier ne réagissait plus. Dans la cabine d’Alcorak, avec Alcor blessé, Vénusia et Mizar observaient le combat, impuissants. Elle avait repris les commandes. Alcor, avait dit :

« Lorsque tu appuies, le Victorang part. Tu n’as qu’une seule chance… *»

Elle voulait le sauver. Pour une fois qu’elle pouvait agir! Mais, au dernier moment, elle hésita et le Victorang manqua sa cible. Le Golgoth  riposta en balayant l’air de son rayon meurtrier. Il manqua Alcorak de peu mais revint sur Goldorak dont il fit exploser le poste de pilotage…

-Non!

Vénusia ouvrit les yeux, désorientée, le cœur battant, le souffle court. Le souvenir de ce cauchemar la fit frissonner dans la chaleur moite de la tente. Elle était couchée près de lui. Il était là, bien vivant, à l’abri auprès d’elle. Elle tenta vainement de calmer l’angoisse sourde que ce rêve avait fait naître.

« Cela ne s’est pas passé ainsi!  Quelle idiote je fais! »

Dehors, la pluie battait sur la toile un rythme saccadé, faisant écho à celui de son cœur.

 
*Dialogue tiré de l’épisode 37 : Une étoile est morte
***

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MessageSujet: Re: Des lendemains qui chantent (Goldorak)   Des lendemains qui chantent (Goldorak) EmptyJeu 30 Oct 2014 - 7:36

Je vous invite désormais à lire la suite  ici

Merci  et à bientôt!

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