Voici un petit OS sur
The Return of the Musketeers, que j'avais en tête depuis assez longtemps
.1650. Un an, jours pour jours, depuis que Justine de Winter s’est échappée. Un sentiment de culpabilité s’est emparé de Raoul de Bragelonne, comme si… Comme s’il n’avait pas été étranger à cet échec des Mousquetaires. Depuis, un seul visage le hante ; celui de la bretteuse blonde, ses paroles ; l’une de ses premières paroles.
« Cet homme a été assassiné par un prêtre fou. Me trouvez-vous quelque ressemblance avec un prêtre fou ? ».
Charmante hantise. Un kaléidoscope de souvenirs l’assaille, en flots interrompus. Toujours elle se rappelle à lui, à sa mémoire, même lorsqu’il cherche à oublier. Il se revoit arriver trop tard, il se revoit l’observer plonger depuis la fenêtre de la tour. Il ne se précipite à la fenêtre que, lorsqu’elle s’éloigne de la forteresse, il se revoit céder devant le refus de D’Artagnan de la poursuivre alors que son cœur lui commande le contraire.
*
1649. Un brève bribe de souvenir, Justine y était revenu. Elle se tenait devant la fenêtre du château. Des coups dans cette porte, que l’on semble vouloir enfoncée. Dans un réflexe, elle se jette dans le vide. Et dans les remous de la mer, elle compte disparaître. Elle n’a pas vu les Mousquetaires entrer dans la pièce mais elle se doute qu’ils s’y trouvent ; la regardant s’éloigner de la forteresse à la nage. Elle s’oblige à ne penser à Raoul, et pourtant elle revoit, elle voit cette forêt, le bourreau de Béthune, la hache qui a décapité sa mère. Tout se mélange dans son esprit, pour ne plus faire qu’un.
Charmante hantise, qui la tient et qui semble ne pas vouloir l’abandonner. Elle se sent attirée par une force, qui lui ordonne de faire demi-tour. Mais elle est retenue par une autre, qui lui dit que retourne ce serait signé son arrêt de mort. Sa seule chance, regagner l’Angleterre. Elle se dit qu’ils n’oseront pas la poursuivre. Se perdrait-elle sur la foi de sa cette assurance ? Elle est prête à prendre le risque. Prête à assumer ce qui va suivre. Le vent semble lui porter la voix du capitaine des Mousquetaires ;
« Vous tenez réellement à la poursuivre, Raoul ? Mais en ce qui me concerne, Grands Dieux, non ! ».
Ce ton défaitiste, fatigué du jadis fougueux Mousquetaire la fait sourire. Le jour où elle retrouvera sa trace ; quelle proie facile, il fera ! La réponse du vicomte ne lui parvient pas ; elle est trop loin.
« Ne faites rien que vous regrettez…, pensa-t-elle ».
Autant un avertissement, pour elle, que pour le fils adoptif d’Athos. Mais elle ne sait qu’une seule chose : elle a retrouvé les quatre hommes qui ont payé le bourreau ; Athos, comte de La Fère, Porthos, Aramis, D’Artagnan… La voix de la vengeance ; les Erinyes de feu la Comtesse de Winter lui murmure d’en finir. Mais son cœur saigne à la pensée que l’homme qu’elle aime soit le fils de l’un des meurtriers, fusse-t-il son fils adoptif. Qu’elle doive le poursuivre ; ou se rendre à lui. Une charmante hantise qui se mute bientôt en un dilemme insupportable.
Le comte de La Fère, Porthos, Aramis, D’Artagnan… Ceux qu’elle a passé une dizaine d’années à chercher, à sa portée. Mais trop de risque à aller au bout de cette vengeance dont la puissance se fait, pourtant, sentir.
Elle se retrouve dans l’enceinte où les prisonniers pompent, enchaînés à leur siège. Ces prisonniers qu’elle a contribué à mettre là. La peur ne lit pas sur ses traits même si elle la ressent. Sans presque réfléchir, elle plonge. Le tunnel sous-marin, qu’elle connaît si bien, lui montre son ouverture. Elle y entre.
Un monde d’obscurité, le chemin de la liberté. Ce qui l’attend à sa sortie ? Elle ne s’en soucie guère, s’il y a là un piège, elle improvisera. Improviser au fil de la rapière...
Commentaire sur la fic:[url= http://www.ladyoscar-andre.com/t3495-commentaire-charmante-hantise[/url]