Lady Oscar - André
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 La trahison d'Aramis

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maria
La rose de l'ombre
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maria

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MessageSujet: La trahison d'Aramis   La trahison d'Aramis EmptyDim 2 Sep 2012 - 19:43

D'après l'anime SOUS LE SIGNE DES MOUSQUETAIRES et d'après Alexandre DUMAS aussi car certains éléments sont pris directement du roman original.



***

[

1.     Une course contre la montre

En l’année 1629, Paris s’enorgueillissait d’être non seulement  toujours en pleine expansion mais encore de pouvoir déjà équiper les dernières voies ouvertes de falots flambants neufs dont les bougies de suif diffusaient dans les rues et à chaque carrefour, une petite lumière rassurante.

Certes, les bougies ne brûlaient que durant une courte partie de la nuit, ne faisant en cela que décaler les heures de criminalité au lieu de les réduire, mais cette mesure de sécurité publique, prise sous Henri II,  présentait  l’avantage de permettre aux bons Parisiens de fréquenter les auberges à la nuit tombée  sans peur de se faire agresser en rentrant chez eux une fois la soirée terminée.

C’est pourquoi, ce soir-là, malgré l’heure tardive, les rues du quartier Saint Martin étaient animées.  A cheval ou à pieds, on quittait les auberges et les brasseries,  entre amis ou solitaire, en quête de repos ou de lieux de débauche.

Alors que les filles du sieur Villon accueillaient leurs premiers clients dans les mansardes délabrées du bordel appelé  « la Mule », c’est plus au sud que commence notre histoire,  dans une venelle tranquille de l’Ile de la Cité.

Sur les tables des convives de « La pomme de pin », vin, bière, cartes ou dés remplaçaient peu à peu les assiettes de viande rôtie. Les hommes qui n’étaient venu que pour le repas quittaient gaiement l’endroit,  ne manquant pas de saluer  chaleureusement Maître Turgis, le tenancier, dont la famille tenait l’auberge depuis presque deux cent ans.

Dans un coin, près de la cheminée, une table d’ordinaire bien animée était ce soir-là étonnement silencieuse.  Les trois clients qui y étaient installés avaient vidé leur nombre coutumier de bouteilles mais leur humeur n’était ni au rire ni à la détente. Colette, la fille du patron, qui ne manquait pourtant jamais de faire les yeux doux au plus beau des trois hommes avait même  renoncé à lui manifester sa présence. Coudes sur la table, regard perdu dans le vide, ce soir, ils avaient l’alcool triste.

-Je n’arrive pas le croire, murmurait comme pour lui –même le plus petit et le plus fluet des trois convives en fixant son verre comme s’il y cherchait un démenti.

-Soit c’est un malentendu, soit c’est la fin de tout ! Répliquait d’une voix pâteuse le plus grand et le plus costaud en se servant un nouveau verre.

-Cela ne peut pas se finir ainsi, enrageait le préféré de Colette, un beau brun aux longs cheveux lisses et la fine moustache soigneusement taillée.

Il frappa brusquement du poing sur la table, faisant trembler la vaisselle.

-Un faux roi sur le trône, une reine et un cardinal en prison, un escroc au contrôle des finances et maintenant, le capitaine des mousquetaires qui démissionne... énuméra-t-il d’une voix sombre. Tréville ne peut pas faire ça ! Nous ne pouvons pas laisser faire ça !

Ses amis approuvèrent d’un hochement de tête mais l’enthousiasme faisait défaut.  Au cours de ces six dernières années, Athos, Porthos et Aramis avaient vécu bien des aventures qui leur avaient bien souvent sapé le moral mais ce soir, ils avaient l’impression de découvrir l’enfer.





-Que je mange ma casaque et renonce à ma baronnie si quelqu’un a pire nouvelle à m’annoncer, grommela Porthos en vidant son verre d’un seul trait, ce qui ne le réconforta en rien.

-Que sois écartelé vif et pendu court si quelqu’un a nouvelle plus ignominieuse à m’annoncer, renchérit Athos, le poing serré.

Aramis ne répondit rien et baissa les yeux sur sa poitrine, par réflexe.

Sous son uniforme, le léger renflement de son buste  passait pour des pectoraux bien développés mais derrière son visage doux, ses grands yeux lumineux  et ses joues veloutées, le blond mousquetaire dissimulait un secret  que ses amis ne semblaient pas encore prêts à découvrir.

Aramis, ou Renée, de son vrai prénom, était en effet une femme et si l’estime qu’elle avait pour ses compagnons d’armes l’obligerait un jour à se montrer honnête envers eux, il n’était pas question de le faire maintenant, pas alors que le roi était en danger. De toute manière, au vu de la quantité de vin qu’ils avaient absorbée, sans doute ne prendraient-ils pas ses confessions au sérieux.

-Il doit y avoir une explication au geste de Tréville, annonça-t-elle, tachant de prendre un air confiant. Le capitaine ne saurait abandonner son roi. Nous en discuterons demain avec lui. Pour l’heure, je crois qu’il vaudrait mieux aller nous coucher.

Elle se pencha sur la table et éloigna les verres des mains de ses amis.

Porthos, les idées embrouillées, la laissa faire. Il avait un front tellement bas et une cavité orbitale tellement enfoncée que la stupidité ne s’affichait que très rarement sur sa figure d’ours. C’est parce que Renée le connaissait bien qu’elle devina qu’en cet instant, il clignait bêtement des yeux.

Athos, pour sa part, avachi sur son siège, grogna de façon menaçante quand elle toucha son verre.

-Athos, boire ne vous aidera en rien. Ce n’est pas ainsi que vous sauverez la monarchie !

Elle fronça alors les sourcils, nullement intimidée par son regard belliqueux, et obtint gain de cause. Ce qui ne la réjouit que modérément. Ce n’était pas dans son habitude de commander ses amis. Ce rôle était surtout celui d’Athos, le plus âgé, le plus expérimenté et le plus sage des mousquetaires. Cependant, quand ils fréquentaient les estaminets, c’était Aramis qui chaperonnait parce que le jeune homme faisait des études de théologie pour entrer en prêtrise aussi ne pouvait-il se laisser autant aller à boire que ses compagnons. Renée avait trouvé cette excuse brillante pour excuser ses faiblesses et réticences féminines et jusqu’à présent, personne ne l’avait remise en cause.

-Je déteste boire avec vous ! ronchonna Athos comme la jeune femme passait le bras viril ( et pour l’heure effroyablement mou) autour de sa fine épaule pour l’aider à se relever. Vous n’êtes jamais ivre et on ne peut jamais s’amuser !  Vous êtes ennuyeux, voilà tout !

-Ce n’est pas ce que vous disiez le mois dernier ! lui fit remarquer Renée avec un sourire en coin en songeant à leur dernière virée au cours de laquelle Athos s’était oublié au point d’appeler Aramis son «  joli petit frère » et de lui déposer un baiser humide sur la joue.

Aramis paya au comptoir les 18 pistoles qu’avaient coûté les trois repas et chercha des yeux les valets de ses amis.

Mousqueton semblait avoir presque autant bu que son maître mais comme il était tout aussi robuste que Porthos, il n’aurait aucune difficulté à soutenir le mousquetaire sur le chemin du retour.

S’avança alors Grimaud, le serviteur d’Athos. Il se pencha sur Renée pour la décharger de son fardeau mais elle lui fit « non » de la tête et le domestique se contenta donc d’ouvrir la marche,  accélérant le pas quand la maison fut en vue, afin de préparer le coucher de son maître.

Athos, Porthos et Aramis logeaient tous trois près du Palais du Luxembourg, à une vingtaine de minutes de l’auberge qu’ils venaient de quitter mais la route semblait toujours plus longue lorsque votre course était ralentie.

Sous l’effet de l’alcool et de la fatigue, Athos s’affaissait de tout son poids contre Renée qui ne possédait pas la condition physique d’un vrai homme pour supporter une telle masse morte. Malgré tout, elle refusait l’aide de Grimaud et ne se plaignait pas. La tâche relevait plutôt de la besogne mais Renée tenait  l’exécuter elle-même. Par envie, par besoin, par amour. Car Athos représentait tout pour elle et prendre soin de cet homme ivre était la seule marque d’affection qu’une femme travestie en homme pouvait donner sans se compromettre.

Arrivée rue Férou, elle laissa Grimaud porter Athos dans les escaliers mais parvenue dans le deux pièce spacieux que louait  à ce dernier l’une de ses maîtresses occasionnelles, Renée  chargea Grimaud de préparer une boisson contre les maux de tête tandis qu’elle mettait l’homme au lit, entrebâillant la porte de la chambre pour se donner un peu d’intimité.

Quand elle eut oté ses bottes et passé sa chemise de nuit, elle quitta l’appartement, les joues en feu et le cœur cognant sauvagement dans sa poitrine. Une fois chez elle, elle verrouilla sa porte et s’appuya un instant contre le mur, laissant déborder le flot d’émotions qu’elle retenait.

Dans le noir, sur son tapis, elle pleura longuement. De tristesse, de colère,  de douleur, peut-être aussi de désespoir, elle ne savait pas vraiment.

Depuis combien de temps était-elle amoureuse du mousquetaire Athos,  elle ne saurait le dire. Ce doux sentiment qui sonnait pour elle comme un glas avait eu en outre eu la perfidie de survenir sans s’annoncer, de prendre possession de son cœur petit à petit, au fil des années.

Ce soir, elle avait bu et s’était laissée allée au désir de le déshabiller.  Elle n’en éprouvait qu’une très légère honte. Elle avait déjà vu un homme nu. Une fois. François, son époux, la nuit de leurs noces. Son heureux mariage n’avait duré qu’une semaine et depuis cette époque lointaine, jamais elle ne s’était sentie attirée par un autre homme.

Ses sentiments pour Athos la prenaient au dépourvu. Que devait-elle faire ? Aux yeux de tous, elle était un homme ! Il suffisait d’en juger par le manque de goût avec lequel son appartement était meublé. La richesse de son père lui avait permis d’acquérir un joli mobilier, certes, mais tout raffinement lui était interdit. Les chaises étaient dépareillées, les guéridons n’étaient ornés d’aucun napperon de dentelle, jamais elle ne se permettait d’acheter des fleurs à la marchande de saison...

Cet appartement, Renée ne le supportait plus, ce mensonge de chaque seconde, Renée en étouffait. Profondément femme, éduquée comme telle, il lui avait beaucoup couté d’apprendre à marcher les jambes écartées, de s’essuyer la bouche avec sa manche, de jouer aux jeux d’argent et plaisanter sur la candeur des pucelles.

Mais elle avait enduré toutes ces peines avec courage et détermination, afin de réaliser le but qu’elle s’était donné.

Cependant, les années s’étaient écoulées et les réponses qu’elle était venue chercher à Paris, dans la compagnie des mousquetaires du roi, elle ne les avait pas trouvées.

Aujourd’hui, elle se sentait lasse de mentir. Elle sentait ses forces s’amoindrir. Face à l’échec constant, sa froide résolution s’amoindrissait... Quand elle se regardait dans le miroir,  en tenue militaire, elle retenait ses larmes. Les robes lui manquaient. La lecture, la broderie, la cueillette des fleurs dans les champs lui manquaient...  et François... il n’était plus là pour l’encourager. Où pouvait-elle trouver la force de continuer ?

Ses sentiments pour Athos compliquaient tout. Elle aurait souhaité qu’il la soutienne, qu’il la guide, qu’il l’aide même à retrouver les assassins de son époux ! Seulement, elle ne pouvait pas se dévoiler maintenant. C’était trop tôt. Elle n’était devenue homme que dans un but unique et ne pourrait redevenir femme qu’une fois sa vengeance accomplie. Elle se l’était jurée sur la tombe de François.

Mais comment faire quand un sentiment d’amour débordant vous soulevait le cœur,  entravait chacun de vos mouvements, trahissait chacun de vos regards ?  Ne courrait-elle pas à la longue le risque de se trahir ?  Et les missions des mousquetaires, toujours plus prenantes, qui ne lui permettaient même plus d’éviter Athos...

Recroquevillée contre le mur, les bras autour de ses genoux, Renée se sentit étreindre par une crainte dévorante. Accomplir son serment  avant que ne se dévoile son secret... Ses envies d’amour venaient-elles de la jeter dans une odieuse course contre la montre ?



à suivre...

commentaires ci-dessous :

https://ladyoscar-andre.forumactif.fr/t2807-commentaires-la-trahison-d-aramis#129595


Dernière édition par maria le Dim 11 Mai 2014 - 19:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: La trahison d'Aramis   La trahison d'Aramis EmptySam 7 Sep 2013 - 11:29

ch. 2


Le lendemain, Tréville faisait ses adieux aux mousquetaires.



La caserne était située sur la rive droite de la Seine, près du Palais des Tuileries, mais le capitaine reçut ses soldats rive gauche, un peu au dessus du Luxembourg. Non pas qu’il eût convoqué quiconque chez lui, mais c’était une habitude que les mousquetaires avaient rapidement acquise que d’aller et venir librement dans le logis de leur commandant. L’endroit y était comme une seconde maison. Lorsqu’ils ne s’entrainaient pas au 15, rue du Bac (1) avec le sous-lieutenant, les mousquetaires s’étourdissaient dans les brasseries, flânaient aux Tuileries ou... s’amusaient à tirer l’épée dans les escaliers de l’Hôtel particulier du lieutenant-capitaine ! Cela n’étonnait personne. Malgré les remarques désobligeantes du Cardinal de Richelieu – dont les mousquetaires passaient pour un modèle de bonne conduite - Tréville avait toujours excusé ses hommes, n’exigeant d’eux qu’honneur, loyauté et ardeur au combat.



Cette tolérance et cette confiance données à chacun d’eux, les mousquetaires les lui avaient toujours rendues, lui témoignant une fidélité et une obéissance bien supérieures à celles qu’ils réservaient au roi (2).



 De sorte que, en ce matin venteux du mois de la Vierge, dans la cour intérieur de l’hôtel situé rue du Vieux-Colombier, c’étaient larmes et gémissements qui s’élevaient en une complainte tourbillonnante et qu’Éole charriait dans son mugissement.
 
 
Les hommes étaient alignés sous la fenêtre de chambre du capitaine et celui-ci passait devant eux, comme pour une dernière revue, leur expliquant assez mal les raisons de son départ mais les enjoignant de continuer de servir la monarchie, même si lui quittait la compagnie.


Renée hésitait quant à la conduite à adopter.


-Peut-être devrions-nous faire comme lui, suggéra-t-elle à mi-voix.
à ses côtés, ses amis grinçaient des dents.


-S’il s’en va, je ne vois pas pour quelle raison je resterais ! approuva Porthos.


-Nous ne toucherions plus aucun gage mais resterions libre d’agir selon notre conscience, calcula Athos. Et sans autorité au dessus nous, il nous sera beaucoup plus aisé d’enquêter et de chercher ce qu’il est advenu de Sa Majesté !


-Athos, Porthos, Aramis, appela Monsieur de Tréville après avoir fait rompre les rangs, le roi vous  fait mander au Louvre.



-Le « roi » ? s’étonna Athos.


Le ton dédaigneux du brun mousquetaire n’échappa pas au capitaine. Sous sa moustache frisée, il esquissa un sourire avant de se reprendre :


- Vous avez raison, ce n’est certainement pas cette marionnette qui souhaite vous entretenir. Aussi, je ne saurais trop vous conseiller que de faire montre de vigilance, mon garçon, ajouta-t-il prenant Athos en particulier.



Il marqua une pause avant de compléter :


-Vous savez que ce ne sont pas les épines qu’il faut craindre chez la fleur couronnée. Le lys possède un autre genre de ronces.


Tréville laissa tomber le silence durant lequel il appuya le regard qu’il coulait au jeune homme. Renée et Porthos échangèrent également un coup d’oeil. Mais comme aucun de ces deux-là n’avait saisi la métaphore, ils haussèrent les épaules et attendirent le moment où ils pourraient entrer dans la conversation.


Discrètement, Renée sourit. Il y avait entre le capitaine et son favori une intelligence secrète et familière qui l’attendrissait.


-Connaissez-vous la raison officielle de cette convocation ? s’enquit finalement Athos, sans avoir fait de commentaire.


-Nullement. Je n’ai pas même obtenu l’ombre d’une rumeur. Toutes les portes du Louvre me sont fermées depuis que j’ai traité ce  nouveau venu de pantin. Si la Cour savait devant qui elle multiplie les courbettes à présent...


-Cette démission a donc été forcée ? questionna Renée


-Non, sourit le capitaine. Ils ne pouvaient pas m’inquiéter pour mes idées. Pas alors qu’ils ont déjà écarté la reine et le cardinal. Si la Cour ne réagit pas, les Parlements auraient sourcillé, eux !


-Dans ce cas, pourquoi avoir renoncé à votre office ?! Le roi et la compagnie ont besoin de vous !  reprocha Athos.


Renée retint une exclamation et Tréville observa son meilleur élément avec étonnement. Il avait haussé le ton ! Le capitaine n’aurait toléré l’incartade de la part d’aucun autre. Fallait-il que son départ affectât grandement le respectueux Athos pour que celui-ci s’oubliât de la sorte !
Renée se fit violence pour ne pas lui saisir la main afin de lui témoigner  son soutien.
Finalement les sourcils de Tréville se rejoignirent au centre de son front, conférant à leur propriétaire cet air jupitérien que personne n’aimait à provoquer, surtout lorsque s’ajoutait, comme en la présente circonstance, l’apposition des deux mains de part et d’autre du baudrier.


Menton relevé, épaules carrées et bassin en avant, le lieutenant-capitaine n’épargna pas l’effronté :


-Et que croyez-vous donc que je sois en train de faire,  jeune sot ? rabroua-t-il. Mon épée et mon allégeance vont à mon roi. Aussi, où que ce dernier s’en aille, je marche à sa suite ! J’ai donné mon congé afin de rechercher Louis XIII et le remettre sur son trône !


-Nous avons fait le même serment, s’empressa de répondre Athos ( qui avait baissé les yeux  et n’osait pas les relever). Laissez-nous vous accompagner dans cette entreprise !


Renée et Porthos hochèrent la tête en signe d’assentiment et firent un pas en avant.


-Certainement pas, messieurs !  tança Tréville.


Renée nota toutefois qu’il venait de relâcher son baudrier.


-Pour que mon succès soit complet, j’ai besoin de vous dans la compagnie !  Il me faut  des hommes fiables pour surveiller les actions du nouveau triumvirat et m’adresser des billets d’information.


-Mais vous ne pourrez découvrir seul où Milady fait retenir Sa Majesté ! insista Athos.


-Seul ? Hélas, si je pouvais l’être ! s’amusa le capitaine. Un insupportable fanfaron de votre connaissance me harcèle déjà tous les matins, dès la sortie de mon lit, pour que je le fasse entrer dans la compagnie. Aussi, je ne doute pas qu’il m’embarrassera dans ma nouvelle mission dès que vous la lui aurez rapportée !


A l’évocation du jeune Gascon dont Tréville acceptait implicitement le renfort, Renée sourit.


-Il ne vous décevra pas, assura-t-elle, ravie pour l’enfant d’avoir une occasion de faire ses preuves, même si elle le trouvait encore un peu immature.


Athos, en revanche, digérait mal d’être mis à l’écart. Il comprenait cependant le plan d’action de son capitaine et fit contre mauvaise fortune bon cœur :


-Je réponds de d’Artagnan. Sa désinvolture pourra vous surprendre mais elle lui permettra ne pas éveiller l’attention des hommes de Milady sur lui. Pendant ce temps, nous serons vos yeux et vos oreilles à la Cour.


-Je n’en attendais pas moins de vous, mon brave Athos, sourit Tréville en lui donnant l’accolade.


Il ne sembla pas remarquer que son favori demeurait crispé.


-Maintenant, Mousquetaires, rompez !


- A vos ordres, Mon Lieutenant-Capitaine ! crièrent en cœur Renée et Porthos.


Tréville approuva d’un hochement de tête puis tourna les talons.
 
Encore alignés au garde à vous, Athos, Porthos et Aramis regardaient leur capitaine s’éloigner. Subitement, Porthos pivota sur sa droite et asséna une puissante frappe dans le dos d’Athos


-Ne le regardez pas comme s’il s’en allait périr au combat, enfin !  Il débute simplement une mission secrète !


-Je sais, soupira Athos en se massant le dos (parce que Porthos ne mesurait jamais très bien sa force), j’aurais seulement souhaité pouvoir l’accompagner.


-Eh bien, laissez-moi vous dire que je suis fort aise qu’il ne l’ait pas fait ! commenta son ami.


Il sourit de toutes ses dents comme il réajustait le panache de son chapeau.


-Expliquez-vous, l’enjoignit Renée, intriguée


- Vous ne saisissez pas ? Refuser la compagnie d’Athos signifie que Tréville ne l’estime plus autant qu’avant... Alors j’ai une chance de devenir le nouveau favori du capitaine ! Et comme ce dernier est dans l’étroite amitié du roi, je n’aurais plus à attendre ma baronnie très longtemps ! Qu’en dîtes-vous, Aramis ?


-Ah, c’est pertinemment bien réfléchi, mon ami ! déclara Renée en répondant au clin d’œil que son compagnon lui adressait. Mais n’oubliez pas que moi, j’ai une abbaye à demander ! Et je suis dans l’amitié du confesseur du roi !


-C’est bien vrai, ma foi !  s’écria Porthos en écartant les bras dans un ample mouvement tragique. Sacrebleu ! Je n’avais pas songé à cette rude concurrence !


Il forçait un peu trop son jeu de comédien italien mais Athos était tellement abattu qu’il n’y vit goutte.


-N’allez pas trop vite en besogne, les arrêta-t-il en fronçant les sourcils. C’est pour l’heure encore un faux roi qui se tient assis sur le trône ! Il vous faudra d’abord le démettre !


-C’est évident ! approuva Renée.


-Dans ce cas, que faîtes-vous planté là, Athos ? s’étonna faussement Porthos.  Notre devise vous oblige,  vous devez nous  aider à réaliser nos rêves !


Et, prenant chacun l’homme par un bras, Porthos et Renée entrainèrent joyeusement leur compagnon vers le Louvre, leur éclat de rire sortant bientôt le jeune attristé de sa mélancolie.
 
****


Le Louvre était la demeure des rois de France depuis Charles V. Forteresse à destination purement militaire sous Philippe Auguste, le château médiéval avait commencé à rajeunir sous François Ier pour prendre un air d’élégance italienne sous Henri II. Mais c’est avec Henri IV que le perpétuel chantier dans lequel on vivait au Louvre devint le plus important, obligeant même la Cour à se déplacer le soir à l’hôtel du Petit-Bourbon parce qu’il n’était plus possible d’organiser des bals que là-bas. Brusquement interrompus avec le coup de couteau mortel de Ravaillac, les travaux d’aménagement et d’embellissement du palais étaient tout aussi soudainement repartis en 1624, lorsque Louis XIII avait décidé d’entrer en politique.



Alors que  le bac (3) les faisait gagner  la rive droite, Renée promena son regard sur la Grande galerie. L’imposante façade s’étirait le long du fleuve, du vieux château de Charles V jusqu’au petit palais de Catherine de Médicis. Contre son flanc, s’alignaient des chariots de bœufs, de mules et de chevaux, desquels  des bras robustes déchargeaient toute la journée des pierres, du sable, des poutres et de la chaux.
Près de la porte sud, grouillait une foule de journaliers que l’intendance des Bâtiments du Roi recrutait quotidiennement pour démolir une partie de l’aile nord de la vieille forteresse. Quand ils en auraient terminé, ils seraient remplacés par la guilde des artisans à qui Monsieur Lemercier, l’architecte du Roi,  avait commandé colonnades, frontons sculptés et caryatides. Quelques uns se promenaient déjà sur les lieux avec des croquis remarqua Renée tandis que, débarqué sur la terre ferme, son cheval fendait la dense populace.
 
A l’intérieur du palais, le faux souverain reçut les mousquetaires non dans la Chambre de parade – ainsi qu’il était de coutume - non dans le cabinet de travail du roi mais dans la petite Galerie d’Henvi IV*, là où le Béarnais avait fait accrocher les portraits de tous les rois et reines de France. Sans doute l’usurpateur souhaitait-il ainsi intimider ses visiteurs. Malheureusement pour lui, les fenêtres donnaient sur le départ de la Grande Galerie ; aussi, entendait-on monter de l’extérieur, le beuglement des bœufs et les jurons des charretiers, ce qui amoindrissait de beaucoup l’auguste solennité de l’endroit.


-Si je vous ai fait venir aujourd’hui, déclara le prétendu Louis XIII après avoir reçu son compte de salutations et de compliments, c’est pour pourvoir au remplacement du capitaine de Tréville à la tête de mes mousquetaires.


Il était édifiant de constater à quel point cette imposture ressemblait au roi. Il devait y avoir quelque magie là-dessous car nul ne pouvait ressembler autant à quelqu’un. Et si le roi avait eu un jumeau, tout le royaume le saurait !


-Et c’est ainsi qu’Athos, qui est officier, recevra le brevet de capitaine, déclara Milady.


-Moi ? s’éleva la voix d’Athos.


Renée partageait son étonnement.


Non pas qu’Athos n’en fût ni digne ni capable mais la charge de lieutenant capitaine, bien qu’elle fût délivrée sur brevet n’en restait pas moins vénale et coutait plus de deux cent mille livres. La charge de sous-lieutenant, qui venait juste en dessous, coutait cent mille livres et celle de cornette, qu’occupait Athos, en valait cinquante mille. Or, c’était uniquement avec l’argent de sa maîtresse, Madame de Chevreuse, qu’Athos avait pu s’acheter son office. Dans ces conditions, comment songer qu’il pût évoluer si haut, si rapidement ?


-Mais, je ne suis qu’Enseigne ! répliqua Athos, presque avec reproche. Que faîtes-vous du sous-lieutenant ?


Le sous-lieutenant a été appelé ailleurs, répondit évasivement mais fermement Milady. Il ne reste donc plus que vous comme officier. Monsieur Porthos qui est Maréchal des Logis et Monsieur Aramis qui est Brigadier-grade recevront respectivement les charges de sous-lieutenant et d’Enseigne ( 4)



- Du reste, vous êtes les trois mousquetaires les plus célèbres de la compagnie, renchérit Manson, et vous êtes dignes de ces postes.


Renée jeta un regard à Athos. Ce dernier fronçait les sourcils. Comme elle, il devait trouver étrange cette distribution des promotions. D’autres officiers supérieurs avaient-ils également demandé congé pour rallier la cause du vrai roi ? Il était rassurant de penser que le capitaine n’agirait pas seul.


- A vous trois, vous remplacerez Tréville, ajouta Manson.


Il sourit avec une condescendance déplacée pour qui n’était pas un monarque. Renée réprima une grimace de dégoût. Même si obtenir la charge de capitaine donnait à la triste veuve l’assurance de progresser dans sa quête de vengeance, jamais elle n’accepterait de se placer sous les ordres d’un ruffian de la trempe de Manson !



Ce commerçant immoral, attiré par le gain et le pouvoir, affichait sa richesse avec ostentation. Il portait des pendants d’oreille sertis de nacre et  le pourpoint qui l’habillait était de soie, brodée de velours. La dentelle autour de ses poignets était d’un blanc immaculé mais cette propreté n’était qu’apparence car ses ongles étaient crasseux. Renée le vit quand les doigts de Manson jouèrent avec le médaillon qu’il portait autour du cou.


Ce médaillon...


Le regard de Renée fut irrémédiablement attiré.



C’était un très joli pendentif composé d’un gros rubis monté sur une plaque d’or ouvragée et ciselée. 



Une vague de douleur s’empara de la jeune femme. Elle avait offert le même genre de pendentif à François le jour de leurs noces. Le sien était un médaillon à l’intérieur duquel il avait fait placer un minuscule portrait de Renée, vêtue de la robe qu’elle portait le jour où ils s’étaient rencontrés. François disait que, tant qu’il conserverait cette chaine autour du cou, le monde saurait qu’il chérissait son épouse comme au premier jour et que, lorsqu’il mourrait, ce bijou, enfermé avec lui dans sa tombe, inscrirait son amour dans l’éternité. Hélas, quand François avait été assassiné, le médaillon avait disparu. Les reîtres avaient dû l’emporter avec les autres objets de valeurs que contenait la maison et qu’ils avaient dérobés.
 
- Qu’osez-vous dire là ?


Renée sursauta. Le «  roi » venait de hausser le ton et la jeune femme réalisa alors que, l’espace d’un instant, hypnotisée par le pendentif, elle avait complètement occulté la conversation.


Athos semblait en train de se justifier :


- ... le capitaine, disait-il, je ne peux pas travailler avec Milady qui a été l’espionne du cardinal et encore moins avec Manson qui a fait fortune en exploitant la misère des plus pauvres sujets de Sa Majesté !


Les deux accusés attendirent impatiemment la réaction de leur marionnette.

Curieusement, après un silence embarrassé, celle-ci se contenta d’interroger :


- Dans ce cas, Porthos, voulez-vous recevoir le brevet de capitaine ?


Sa réponse ne se fit pas attendre.


- Je refuse avec la même énergie ! s’écria l’impulsif mousquetaire. J’en perdrais l’appétit si je rencontrais tous les jours Manson, complice du masque de fer !


répartie, qui avait pour unique objectif d’ouvrir les yeux à l’imbécile assis sur le trône ne plut pas du tout au nouvel intendant des finances.


- Comment osez-vous espèce de malotru ?!!! Répétez-ça !



Il se rua sur Porthos, bras en avant, prêt à lui sauter à la gorge. Porthos étira un sourire malicieux, recula légèrement puis fit un croc en jambe à son assaillant qui s’étala de tout son long sur le parquet.
Le pendentif qui avait attiré l’attention de Renée se détacha alors et vint rouler jusqu’aux pieds de la jeune femme.


Elle se pencha pour le ramasser et son doigt gratta contre une encoche. Le bijou s’ouvrait ! Comme celui de François...


Renée se figea de stupeur.



Etait-ce possible ???


Lentement, elle retourna la petite plaque dorée. Les armoiries de François y étaient gravées. C’était son médaillon !!!!


Renée dut se retenir pour ne pas crier. Elle était enchantée !! Elle était sur le point de pleurer !!



Le corps parcourut de frissons, Renée ferma les yeux et, le pendentif contre son cœur  revit en cascade les images de son passé. Des images de bonheur, des images d’amour, des images à jamais perdues.


René ouvrit les yeux, soudain affolée.


Comment ce bijou était-il entré en possession de Manson ? L’avait-il racheté aux assassins ? Les connaissait-il personnellement ? Elle se souvint alors avoir entendu le capitaine de Tréville dire que Manson, avant d’être commerçant avait été mercenaire...
 

Un tourbillon de violence s’empara de celle que la vue du sang n’effrayait plus. Cet homme, Manson, c’était lui le responsable de son malheur. C’était lui le meurtrier qu’elle avait recherché durant six longues années... et aujourd’hui il se trouvait là, devant elle, à proximité immédiate de sa rapière...


-Eh bien Aramis ?



Renée laissa retomber la main qui avait déjà entouré la garde de son épée.


-Oui, Sire ?
-Que décidez-vous ? Voulez-vous devenir le capitaine ?


Renée tressaillit. Elle n’avait que quelques secondes pour se décider.  En pleine mission pour les mousquetaires, elle venait de découvrir subitement l’information pour laquelle elle s’était empêchée de vivre durant toutes ces années. Comment exercerait-elle sa vengeance ? Devait-elle imiter ses amis et rester fidèle au roi ? Mais elle devait gagner la confiance de Manson afin de pouvoir s’approcher au plus près de lui ! Athos lui pardonnerait-il cela ? Ce ne serait qu’un revirement d’apparence et il n’avait pas besoin d’elle pour sauver le roi ! Et elle, devait-elle agir seule ou demander l’aide de ses amis ? Et si Manson lui échappait ? Et si Athos la repoussait ?


Elle serra le pendentif dans sa main et  fit son choix.


- Oui, Sire, j’accepte  cette offre, répondit-elle finalement en s’inclinant.  Je suis fier de recevoir ce brevet.



- Aramis !!! s’exclama Porthos, scandalisé.
- Mais à quoi pensez-vous donc ?!! S’insurgea Athos


L’air ahuri qu’il affichait, l’incompréhension dans ses yeux jetèrent Renée dans le trouble le plus profond. Elle regretta aussitôt de ne pas lui avoir révélé une partie de son secret. Naturellement,  elle allait le décevoir. Elle l’avait anticipé. Mais elle n’avait pas songé qu’elle ne pourrait peut-être pas le supporter.


-Je ne pense à rien, dit-elle, la voix très posée en fixant le faux-roi.  Le statut de capitaine des mousquetaires est un grade que tout le monde envie. Si Athos et Porthos le refusent, je l’accepte volontiers.


Un discours aussi bourgeois ne lui ressemblait pas du tout.  Athos pourrait-il lire à travers les lignes et reconnaître la supercherie ? Elle l’espérait de tout cœur.


-Pourquoi faîtes-vous cela, Aramis ?!! rugit cependant l’intègre jeune homme.



Le cœur de Renée se serra davantage. Comment ? Il ne comprenait pas ?? Mais ne voyait-il pas qu’elle avait le maintient un peu trop rigide et le regard anormalement fixe !!


 -Vous oubliez notre amitié !  ajouta-t-il avec fureur.



Non ! Comment pouvait-il penser cela ? Alors qu’elle refusait obstinément de le regarder ! N’était-ce pas là un aveu que quelque chose allait mal ??


-C’est une trahison ! lâcha-t-il enfin.


La peine et le dégoût qui marquaient sa voix achevèrent de briser le cœur de Renée. Toute chaleur quitta subitement son corps.



Le mot était tombé.


Trahison.


Pour qui connaissait Athos, ce mot signifiait la fin de tout.


L’attitude toujours sérieuse, le regard souvent impitoyable, Athos était respecté et redouté pour l’élitisme de son jugement. Le sens étroit qu’il se faisait de l’amitié et de la loyauté  répondait en écho à  la mélancolie qui filtrait parfois de son regard d’hiver.  Trahi dans sa jeunesse par ceux qu'il aimait,  Athos laissait le pardon à la Mansuétude de Dieu.  Aussi offrait-il rarement sa confiance et ne le faisait-il qu’une seule fois. Or, Aramis, qui avait compté parmi les plus proches de ses proches, venait soudain d’en être privé.


Elle déglutit avec difficulté et tacha de garder contenance tandis que l’Enseigne et le Maréchal des Logis quittaient la galerie avec forte humeur.


Renée tenta de se rassurer. Athos était sage, sa colère et sa déception finiraient par passer. Il accepterait ses explications quand cette histoire serait finie.


- Monsieur Manson, reprit-elle alors d’un ton aimable, parfaitement adapté à son rôle de composition, je manque sans doute d’expérience mais je ferai de mon mieux !


Elle avança vers le sinistre individu et lui tendit la main pour le relever. Il avait une poigne plus forte qu’elle et cela était sans doute une chance car elle peinait à contrôler la rage qui bouillait en elle. Si elle avait été un homme, sans doute aurait-elle prit un malin plaisir à lui écraser  «  malencontreusement » les doigts...


Puis elle lui rendit le médaillon. Ce geste lui couta mais elle savait que ce n’était que temporaire et que bientôt, elle viendrait le récupérer, demandant  en tribut la vie de son ennemi.




à suivre...


***********************************************





(1) adresse de la caserne où s'entrainait la première compagnie lors de sa création en 1622. Si proche du Louvre car les Mousquetaires étaient à l'origine la garde personnelle du roi. 


(2) l'unification du royaume sous un seul suzerain ( Henri IV) est encore trop récente. On fait davantage confiance à son curé à l'époque ! Ce n'est qu'à partir de Louis XIV  et du culte de la personne qu'il impose que les Français vénèrent leur roi.


(3) on traversait la Seine au niveau du Louvre grâce à un bac, car il n'y avait pas pont à cet endroit. Il fallait aller chercher le plus proche  au niveau de l'Ile de la Cité, c'est le Pont Neuf (qui date seulement d'Henri IV, soit le règne juste avant Louis XIII !!!). Le pont royal, lui, sera bâti après ma fic, et encore, ce sera un pont de bois qui sera régulièrement emporté par les eaux avant que Louis XIV décide de le refaire en pierre !!

* la Petite Galerie ou Galerie des Rois a disparu à la suite d'un incendie sous Louis XIV.


(4) ces grades sont mon ajout personnel afin de vous présenter la hiérarchie militaire. Il n'en est pas question chez Dumas, pas plus que dans le dessin animé ( dans lequel ils sont d'ailleurs privés de leurs valets, donc présentés encore plus pauvres !!). Cornette et enseigne seraient synonymes d'après ce que j'ai pu comprendre. ça m'arrange, c'est utile les synonymes en littérature Smile
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maria
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MessageSujet: Re: La trahison d'Aramis   La trahison d'Aramis EmptyDim 11 Mai 2014 - 20:09

chapitre 3

- C’est fini, Madame.
- Bien, montrez-moi !


Milady tendit sa main dans un geste impatient et le coiffeur y déposa un miroir. La jeune femme s’en empara avec vivacité et le porta avec tout autant de hâte devant son visage.

Il fallait dire que l’entretien de sa chevelure exigeait qu’elle lui consacrât une demi-journée toutes les quatre semaines et Milady Clarick  de Winter ne comptait pas la patience au nombre de ses vertus.

Elle observa son reflet d’un œil critique.
 
Jadis dorés comme les blés, ses cheveux avaient à présent la couleur des corbeaux. Un savant mélange de plantes et de lait, appliqué en masque, avait rendu possible ce prodige. Mais le temps de pose était interminable, l’odeur était infecte et il fallait recommencer l’opération tous les mois. Or l’ancienne conseillère du cardinal de Richelieu ne se teignait pas les cheveux par plaisir. C’était une nécessité. Elle avait un secret à préserver...

Milady fronça les sourcils.

- Il y a toujours ces horribles reflets verts ! observa-t-elle. Ne vous-avais-je pas demandé de les effacer ?
- Si Madame Milady. Mais je ne peux pas. Vos cheveux sont d’une couleur naturelle trop claire. Ils réagissent avec la racine de câprier. Je vous proposerais bien une teinture à base de poix liquide mais il faut la mélanger à de l’urine de chien (1) et vous m’avez dit...
- ... Que je préférais me contenter du câprier. C’est juste !

Le coiffeur ne fit pas de commentaire et Milady, acculée par ses propres limites, n’ajouta rien d’autre, suivant d’un œil rageur les nuances vertes de sa brune chevelure.

- Bien, déclara-t-elle au bout d’un instant. Je suis satisfaite. Vous pouvez disposer. N’oubliez pas de faire monter ma camériste. Je dois m’habiller rapidement, le roi m’a conviée à une entrevue des plus importantes.
- Bien sûr, Madame.
 
 
 
L’heure suivante, Milady, coiffée, habillée et fardée comme une favorite, se tenait à la droite du faux roi, légèrement en retrait, et l’écoutait parler.

Ils se trouvaient dans le cabinet de travail de Louis XIII. Manson, le négociant, se trouvait de l’autre côté du royal sosie. Face à eux se tenait Aramis.

Milady ne le quittait pas des yeux. Du trio qui, jadis, faisait barrage à ses ambitions, Aramis était le seul mousquetaire à avoir accepté l’offre que la jeune femme lui avait faite. Etait-il sincère ? Jouait-il un jeu ? De son allégeance dépendait un projet bien personnel que Milady ne souhaitait pas voir déçu.

- Que dites-vous, s’écria le jeune homme blond, Votre Majesté désire que j’aille arrêter Athos et Porthos pour espionnage ?!!!

Le monarque, qui venait de lui expliquer en détail le crime pour lequel le nouveau capitaine de la compagnie des Essarts devait faire serrer ses compagnons, acquiesça d’un air égal.

Milady se permit un sourire.

C’était elle qui avait eu l’idée de ce plan. Il visait en priorité à écarter le gênant petit groupe des grands projets politiques de Milady et du Masque de Fer. Mais, par ce plan, Milady réalisait également sa vengeance : le comte allait être enfermé au Petit Châtelet, l’une des prisons les plus terrifiantes que comptait la capitale. Avec un peu de chance, il y mourrait avant qu’un procureur se décide à venir l’interroger et ne le passât en jugement. C’était mérité mais ce châtiment serait encore trop doux comparé à ce que cet infâme lui avait fait endurer, il y avait bien longtemps...

- Hésitez-vous à aller arrêter ces deux hommes qui sont vos anciens frères d’armes ? questionna Manson.

Il affichait un air sournois qui agaçait Milady. Ce n’était pas ainsi que cet imbécile allait convaincre Aramis de rallier leur cause ! Décidément cet ancien reître ne connaissait rien de la finesse et de la ruse. 
Quoi qu’il en soit, il avait tout de même bien saisi le concept. Oui, cette première mission était un test. Soit Aramis s’effaçait de lui-même, soit Milady le ferait lui aussi mettre aux fers. Mais elle préférait de loin que le jeune homme fût celui qui menât le comte à sa perte.

Le mot de « trahison » qu’elle lui avait entendu prononcer quelques jours plus tôt l’avait enchantée ! Ah, le comte voyait une confiance et une amitié déçues ? Ah, le comte souffrait ? Que c’était délectable ! Mais la soif de vengeance de Milady était loin d’être étanchée et elle avait bien l’intention de pousser cette souffrance à son plus haut degré !

Cependant, Aramis tardait à répondre. Les lèvres pincées, le visage pâle, ses grands yeux clairs laissaient paraître une étrange... détresse.

- C’est votre roi qui vous en donne l’ordre, appuya-t-elle, et en tant que capitaine de sa garde, vous êtes tenu de lui obéir !
- Si vous refusez, insista Manson, nous serons contraints de faire appel à Jussac et à la garde d’escorte pour qu’il s’en charge !

Milady tourna aussitôt la tête dans sa direction. De quoi se mêlait-il encore ? Que le diable emporte cet idiot ! Ne pouvait-il la laisser faire son affaire ? Si Aramis obéissait juste pour protéger ses anciens amis, comment savoir alors si le nouveau capitaine était digne de confiance ?  

- Ce ne sera pas nécessaire, capitula justement l’intéressé. Je suis aux ordres de Sa Majesté, je m’occupe d’eux.

Manson et le roi acquiescèrent avec satisfaction et Milady pesta en elle-même. Cette entrevue ne lui avait rien appris du tout sur la fiabilité d’Aramis. Or, le comte ne devait pas en réchapper ! Qu’importe, elle allait charger Manson de faire surveiller le capitaine. Ainsi, ce stupide négociant se rendrait utile pour une fois.
 
 
***
 
Milady et Manson avaient tout préparé. René n’avait pas besoin de lettre de cachet, on lui assura que, si elle se rendait après vêpres au logis du sieur Bonacieux – où D’Artagnan avait une chambre et où les trois mousquetaires venaient souvent souper – elle surprendrait les criminels en flagrant délit.

Renée dut une nouvelle fois contenir son agitation en apprenant la nouvelle. Ainsi le jeune D’Artagnan était également pris pour cible ! Milady se montrait décidément d’une grande prudence. Soupçonnait-elle que les quatre amis avaient découvert l’imposture du roi ?
 
Alors que les cloches de Notre Dame finissaient de sonner les six coups du soir, Renée remontait à cheval le quai des orfèvres. En cette fin de journée, les promeneurs attardés hâtaient le pas, les artisans et les boutiquiers fermaient leurs devantures et les badauds tiraient leurs charrettes vers les portes de la ville. En sens inverse, affluaient les journaliers qui venaient réclamer leur paie.

Le panache bleu roy au sommet de son feutre et l’écharpe de soie blanche brodée de fils d’argent par-dessus la casaque, Renée menait sa monture au pas. D’une part, parce qu’il était toujours difficile de circuler dans une rue commerçante ; d’autre part, parce que Renée  n’était nullement pressée d’accomplir la détestable mission qui lui avait été confiée.
A présent que les cloches s’étaient tues, c’était l’équipement d’une délégation de sept mousquetaires qui carillonait aux oreilles des derniers promeneurs. Les crosses des mousquets à mèches cognaient contre les pommeaux en olive des épées et, autour des baudriers de cuir, les tubes de bois qui contenaient les charges de poudre tintaient avec allégresse (2).

C’était un grand armement pour appréhender seulement deux hommes, songeait Renée. Mais quels hommes !  pouvait-on lui rétorquer : Il s’agissait tout de même d’Athos et de Porthos. Oui... 

Renée baissa les yeux sur les deux fentes découpées de part et d’autre de sa selle. Chacune abritait deux pistolets. Et chaque mousquetaire qui accompagnait Renée en possédait une même paire au même endroit. Il était à espérer que personne n’en fît usage.

Mais qui oserait ? tenta de se rassurer Renée. Athos était bien trop respecté et Porthos bien trop impressionnant. Pourtant Milady semblait penser que l’arrestation ne se ferait pas sans résistance. Espérait-elle que des coups fussent échangés ? Possible. Après tout, n’avait-elle pas de bonnes raisons de détester Athos ?

Renée fit signe à ses hommes de s’arrêter lorsque l’équipée parvint rue de Jérusalem. L’étroitesse de la venelle indiquait son âge mais l’enseigne de tailleur de la boutique de Maître Bonacieux était bien visible parmi celles des joailliers et autres orfèvres qui l’entouraient.

Les lieux étaient vides et les lumières éteintes, puisque les vêpres marquaient la fin de la journée. Aussi Renée fit-elle signe à ses soldats de la suivre dans la rue adjacente, puis dans celle qui tournait encore à droite, de sorte que les huit hommes de la compagnie des Essarts se retrouvèrent devant l’arrière-boutique du tailleur, autrement dit, devant l’entrée du logis de Maître Bonacieux.

Renée mit pied à terre et demeura un instant à fixer la lumière qui perçait de sous la porte et de derrière les volets. La porte était munie d’un heurtoir de bronze et les volets étaient entretenus à l’huile. Personne n’ignorait que Maître Bonacieux n’était pas le plus pauvre homme de Paris ! Comment Constance aurait-elle pu entrer au service de la reine autrement ?

 Mais ce n’était pas à cette considération que Renée prêtait attention. Elle tendait plutôt l’oreille. Or, aucun bruit n’émanait de la maison. A cette heure, on pouvait habituellement y entendre les puissants éclats de rire de Porthos, les petites disputes amoureuses entre Constance et D’Artagnan ou encore les épiques récits de guerre d’Arthos. Mais ce soir, il ne résonnait rien de tout cela. A croire que ses amis soupaient dans le recueillement, remplis de la même tristesse que celle qui accablait le cœur de Renée.

Sa jument piaffa et la jeune femme l’ignora. Elle soupira même un peu bruyamment. De fait, elle espérait qu’Athos eût entendu l’arrivée de la police du roi et priait pour qu’il eût déjà prit la fuite par la porte de la boutique – bien que cela ne lui eût pas du tout ressemblé.

- Capitaine, qu’est-ce qu’on attend ? s’impatienta l’un des hommes.

Renée se retourna pour voir qui avait parlé. Qu’un mousquetaire fît montre d’aussi peu de loyauté envers l’un de ses frères d’armes, et surtout envers Athos, atterrait la jeune amoureuse ! Mais ce  reître à l’œil violent, le seul qui s’était porté volontaire pour cette délicate mission, elle ne le connaissait pas. Sans doute était-il à la solde de Milady, chargé de vérifier que Renée ferait bien ce qu’elle avait juré de faire...

- Faîtes silence et ouvrez l’œil, commanda Renée.

Milady avait été très claire sur le sujet. Aramis ne devait pas intervenir avant d’avoir vu une fillette, en bonnet et tablier de servante, entrer et ressortir de la maison.
C’était une odieuse effronterie que de demander à Renée d’assister ainsi à la mise en place de ce guet-apens. Milady avait sans aucun doute la parfaite mesure de son insolence et devait prendre plaisir à lui faire endurer cette agonie !
 
Un froissement de jupes fit sortir Renée de ses songes. Une fillette marchait vers la maison ! Elle frappa, fut invitée à entrer et ressortit moins d’un battement de cœur plus tard.

- Allons-y ! décida l’espion de Milady, sans attendre l’ordre de son capitaine.

Il laissa cependant sa place à Renée en tête de file. Le soudard était dissipé mais pas sot : si les mousquetaires refusaient de se rendre, c’était la première ligne des assaillants qui se ferait d’abord embrocher !

Renée prit une profonde inspiration puis força la porte.




Il n’y avait que deux personnes dans la pièce à vivre, toutes deux attablées, éclairées par un feu de cheminée et penchées sur de ce qui ressemblait à un plan. Elles redressèrent la tête avec étonnement.

- Aramis ! s’exclama Athos.

La lumière environnante n’était pas suffisante pour que Renée pût déchiffrer l’expression du visage de l’homme. L’intonation de sa voix restait incertaine. Il sembla cependant à la jeune femme que la surprise l’emportait sur le mécontentement. C’était un signe encourageant.

- Que voulez-vous ? s’insurgea Porthos, aussi emporté dans ses élans de cœur que dans ses colères. Je vous rappelle que nous avons rompu tout lien d’amitié !

L’attaque toucha Renée en pleine poitrine et la jeune femme perdit soudainement la froide assurance qu’elle s’était composée. Mais elle devait se reprendre ! Du moins, devant les hommes qui l’accompagnaient.

- Athos, Porthos, Par ordre de Sa Majesté le roi, je vous arrête pour acte de trahison ! Veuillez déposer les armes et vous rendre dans l’instant !

Elle débita sa tirade d’un seul souffle, fixant le baudrier de Porthos pour éviter de le regarder dans les yeux et tournant le dos à Athos parce qu’il eût été trop difficile de l’accuser de trahison en lui faisant face !

Un court silence s’installa durant lequel elle sentit l’œil d’Athos sur elle et elle réalisa alors qu’elle avait commis une erreur en ne s’adressant pas directement à lui. En effet, si leurs regards avaient pu se croiser, il aurait immédiatement compris qu’elle jouait la comédie et tout serait alors devenu beaucoup plus aisé.

Hélas, devant elle ne se tenait que Porthos. Un Porthos adorable mais à l’entendement limité. Face à l’accusation d’Aramis, il resta hébété, ne reconnaissant pas la détresse au fond de l’œil de son ami.

- De quoi nous accusez-vous ? interrogea enfin Athos, la voix vibrante d’indignation.
- Vous êtes soupçonné d’avoir volé à l’Etat des documents secrets !
- C’est insensé !

Renée fit alors exactement ce que Milady lui avait conseillé de faire : sortant sa rapière de son fourreau, elle en piqua la pointe dans la carte qui se trouvait encore étendue sur la table avant de ramener cette dernière dans ses mains.

Elle fit mine de l’examiner. Pis, elle fit mine de comprendre à quoi correspondaient ces tracés qui dessinaient une forme de bateau, somme toute, assez singulière.

- Ces plans du... sous-marin royal (elle avait bien répété l’étrange mot pour être certaine de ne pas l’écorcher), vous comptiez les vendre aux Espagnols, n’est-ce pas ? (3)

C’en fut trop pour ce pauvre Porthos.

- Comment osez-vous insinuer une telle ignominie ?!!!

Il avait rugi, prêt à en venir aux poings.

Renée bascula immédiatement son poids sur sa jambe arrière afin de pouvoir bondir hors de portée, en cas d’attaque. Mais Athos apaisa son ami par un mot de sagesse.

- Porthos, il est inutile de protester. Vous voyez bien que c’est un guet-apens !
- Ah oui ?
- Aramis, reprit Athos, on vient à l’instant de nous porter ce document pour que vous ayez une raison de nous arrêter...
- C’est une infamie ! on nous a tendu un piège ! renchérit Porthos.
- Taisez-vous ! l’arrêta Renée en levant une main autoritaire. Vous êtes en état d’arrestation !
- Jamais !!!!

Cette fois, Porthos tira sa rapière.

Athos, l’esprit plus vif et plus clairvoyant lui fit aussitôt ranger sa lame. Il lui souffla en même temps quelques mots que Renée n’entendit pas.

- Comment ? s’étonna Porthos, qui lui, avait pourtant parfaitement entendu.

Renée redouta le pire.

 Non, Athos !  vous devez fuir ! supplia-t-elle mentalement. 
De grâce, n’établissez pas de stratégie de défense ! 

Elle ne tenait pas du tout à croiser le fer avec lui ! Même s’il était le bretteur inégalé de tout Paris, ce soir, Athos restait seul contre huit mousquetaires ! Et Renée ne souhaitait pas le voir navré. Elle tenta de lui indiquer la voie à suivre.

Alors qu’Athos murmurait de nouveau à l’oreille de Porthos, Renée s’approcha d’eux.

- Restez où vous êtes ! N’essayez pas de vous échapper !

Et, les menaçant de son arme, elle les poussa à se retrancher dans la chambre de Maître Bonacieux. Renée n’avait pas agi au hasard, elle connaissait la maison ! Elle savait que ladite chambre possédait une porte qui ouvrait sur la rue.

Deux fois hélas, Athos et Porthos ne semblaient pas disposés à se conduire en lâches.

- Venez nous chercher si vous en avez le courage ! la provoqua le géant au cœur de lion.

Mais de nouveau, Athos se plaça entre la lame et Aramis.

- Je vous ai dit de partir, gronda-t-il cette fois. Allez !  Filez prévenir D’Artagnan !!!!!

Et avant que quiconque ait pu réagir, il poussa le colosse vers la porte. Ce dernier, déséquilibré, s’effondra sur celle-ci, qui vola en éclat et Porthos se retrouva dans la rue.

Renée eut peine à masquer son sourire.

- Ne le laissez pas s’enfuir !! s’exclama le reître de Milady.

Il lança les hommes à la poursuite de Porthos mais Athos s’interposa, écartant les bras.

Le cœur de Renée manqua un battement.

 - Arrière ! Ne restez pas là !!!

Etait-il fou de vouloir stopper ainsi l’assaut de l’ennemi ?

Mais Athos ne recula pas. C’était un brave !

- Si vous voulez Porthos, il vous faudra d’abord me passer par moi ! Si vous le laissez partir, je me rendrais sans la moindre résistance.

Et pour prouver sa bonne foi, il tendit sa rapière à Renée.
Ce fut un soulagement pour la jeune femme. Elle accepta sa reddition et commanda à ses hommes de ranger leurs lames puisque le fidèle de Monsieur de Tréville était à présent désarmé.

- Conduisez-moi où bon vous plaira, conclut Athos d’un ton qui avait recouvré sa noblesse coutumière.

Son ton respectueux se voulait une incitation au dialogue. Renée fut désolée de n’avoir que des mauvaises nouvelles à lui apprendre.

- Vous serez conduit au Petit Châtelet où vous resterez prisonnier jusqu’à ce que Sa Majesté veuille vous interroger.
- Au Petit Châtelet ? Quel honneur vous me faites !

Renée sourcilla. Elle avait d’abord cru qu’il ironisait sur les conditions de détention qu’on lui réservait mais elle connaissait parfaitement toutes les nuances de sa voix et l’intonation qu’il venait de prendre...
Alors enfin, elle osa affronter le regard de l’homme dont elle avait trahi la confiance. Lui la fixait avec intensité : Athos avait désiré cet échange !  Renée le comprit dès moment où leurs prunelles se rencontrèrent. Il avait d’importantes choses à lui dire :

- Je serai emprisonné dans le même lieu que sa Majesté le Roi Louis XIII, caché sous les traits du Masque de Fer, ainsi que son Eminence le Cardinal de Richelieu. Cette prison est très bien fréquentée !

Renée ne put s’empêcher d’ouvrir de grands yeux. Tréville avait fini par percer le mystère ! 

- Je suis bien aise qu’elle vous convienne, répondit-elle en tentant de conserver son calme devant les autres soldats, car je vous y conduis de ce pas.

Elle se retourna pour quitter la maison, laissant ses hommes tenir Athos en respect et l’escorter à l’extérieur. Le reître de Milady menaçait inutilement Athos du canon de son mousquet.

- Je ne sais pas où vous êtes allé pêcher ces histoires de roi et de cardinal, disait-il,  mais n’espérez pas pouvoir causer avec les autres détenus, car  vous aurez du mal à seulement respirer là où on vous envoie !
- Que racontez-vous ? s’étonna Renée en faisant volte-face. Athos est officier, il a le droit à une chambre !
 
***
Depuis la fin du XIVè siècle, la prison du Petit Châtelet (4) était, avec la prison de la conciergerie du Palais de justice, l’une annexe de la prison du Grand Châtelet. Les prisonniers y étaient aussi mal détenus dans l’une que dans l’autre. A moins de posséder le sou, nul n’échappait aux culs de basses fosses obscures, nauséabondes, inondées et  infestées par la vermine. Selon ouï-dire, des reptiles habitaient les eaux sales mais personne n’avait jamais pu confirmer car, tous les malheureux qui y étaient jetés mourraient asphyxiés au bout de quelques jours. Ou peut-être étaient-ce les reptiles qui les mordaient et les empoisonnaient ?
 
En approchant de la forteresse, Renée en balaya la façade de haut en bas. De cette ancienne porte de ville, seule la partie est servait de prison, la partie ouest étant réservée au logis du prévôt de la ville. On y serrait tout délinquant : du grand criminel pris en flagrant délit au plus petit agitateur public. Même les simples suspects y faisaient un séjour en attendant le rapport d’instruction du lieutenant du prévôt.

Et Renée comprit pourquoi la seule vue du Châtelet inspirait les pires craintes à la populace. En effet, si les étages disposaient de larges fenêtres, plus on approchait le sol, plus la façade se faisait aveugle, n’étant pas même percée d’une simple ouverture pour l’aération. La plupart des cachots se trouvaient ainsi sous la seine, oubliés dans l’obscurité et privés d’air. On les avait baptisés avec des noms sinistres tels que « la fosse », « l ’Oubliette », « la Fin d’aise », ou « la Barbarie ».
 
Renée passa sous l’arche, dans ce tunnel obscur qui menait vers l’intérieur du bâtiment et où, autrefois, on faisait payer le droit de passage pour les marchandises qu’on souhaitait vendre en ville. En face de la grande cour, un guichetier lui fit signe d’approcher. Elle s’exécuta et déclina son identité. Alors un garde ouvrit la grille.

- Seulement vous et le prisonnier. Et vous devez vous désarmer avant d’entrer.

Renée obéit sans broncher. L’occasion était trop belle ! On lui accordait le droit d’escorter Athos en privé !! Elle avait plein de choses à lui dire et la présence de l’agent de Milady l’aurait gênée.

L’homme, en revanche, grimaça. Il adressa d’ailleurs à Aramis un regard assassin, comme s’il lui reprochait d’être responsable de cette mesure de sécurité. Renée se pressa de s’éloigner de lui, même si cela signifiait accélérer l’incarcération d’Athos.

Précédés d’un porte-clés (5), Renée et Athos traversèrent la salle de garde, jouxtée d’une petite cour intérieure. Après, on ne vit plus la lumière du jour. Le corridor et la salle qui le prolongeait n’étaient éclairés que par des torchères dont les flammes dégageaient une épaisse fumée. Cela ne semblait pas gêner les gardes qui s’y reposaient ou jouaient aux dés.

Enfin ils atteignirent la salle des écrous. Elle ressemblait à une cave avec ses murs suintants de crasse. 
Elle était protégée par une lourde porte de fer. Celle-ci grinça dans un écho lugubre lorsqu’elle s’ouvrit.  Tout aussi lugubre fut l’air avec lequel les accueillit un petit homme coiffé d’un bonnet noir, assis derrière un registre épais et rongé par l’humidité.

- Un nouveau locataire ? interrogea-t-il d’un ton qui n’avait pourtant rien d’interrogatif.
- Oui, monsieur le greffier, répondit le porte-clefs. Il se décala contre le mur pour laisser avancer Renée. Celle-ci n’avança qu’avec précaution. L’endroit était sale, empestait le salpêtre et il y faisait un froid de canard.

Le greffier leva sur elle deux petits yeux éteints et cernés qui se mirent à pétiller quand ils glissèrent sur Athos. Evidemment, le pourpoint élégant et bien coupé du mousquetaire indiquait son appartenance sociale. Or, nul n’ignorait que les greffiers prélevaient un joli pécule sur les droits de place que payaient les riches détenus.

- Nom, qualité du prisonnier et raison de l’écrou ? réclama le petit homme vénal.

Renée lâcha les renseignements demandés du bout des lèvres. Il lui semblait indigne de les faire inscrire sur un registre d’écrou. Le seul son de la plume grattant le papier l’insupportait.

- Une chambre à pistoles, bien évidemment, commenta ensuite le greffier. (Il ne dissimulait pas son sourire cupide). A combien ?

- Tachez de me trouver une chambre convenable ! répondit simplement Athos.

Le greffier hocha la tête, inscrivit une note sur son registre et indiqua au porte-clefs de faire choisir à Athos l’une des cellules du quartier de « Beauvoir ».

Le porte-clefs s’empara du trousseau que le greffier venait de décrocher d’une armoire et escorta de nouveau Renée et son prisonnier.

Ils traversèrent de nouveau quelques salles obscures puis empruntèrent un escalier qui montait vers les étages aux murs percés de fenêtres. 
Au premier étage, Renée put apercevoir des paillasses alignées dans une grande salle voutée. Les détenus y étaient enchainés mais l’air y était déjà plus acceptable. Le porte-clefs les fit monter au deuxième étage où les détenus disposaient de cellules individuelles. 
Mais ils s’arrêtèrent pas et montèrent plus haut encore, au quatrième étage, où la luminosité et la ventilation étaient bien plus agréables et où les cellules, à la taille respectable, disposaient chacune d’une cheminée.

- Cela vous convient-il ? questionna le porte-clefs.

Il avait laissé les deux mousquetaires pénétrer une chambre vide et se tenait en retrait, dans le corridor. Vous pouvez faire venir de chez vous tous les meubles et accessoires dont vous pouvez avoir besoin sauf les domestiques et les esclaves. Pas pour le crime dont vous êtes accusé !

- Cette cellule m’ira très bien, acquiesça Athos en faisant quelques pas dans la pièce avant de se placer à côté de la porte. Capitaine, est-ce insulter votre honneur que de vous demander de charger mon valet de faire le nécessaire ?
- Nullement. Vous êtes un officier, Athos, il est de mon devoir de veiller à...

Mais elle n’eut pas le loisir de le rassurer davantage. Athos claqua soudain la porte  de la cellule. Le loquet tomba, de sorte que le porte-clefs, affolé, s’empressa de fouiller son trousseau. Hélas, le temps qu’il s’affaire, Athos avait déjà empoigné Renée par la casaque et plaquée celle-ci contre la fenêtre, son crâne douloureusement compressé contre les barreaux.

- AT...O... esssaya-t-elle d’articuler.
- Maintenant que nous sommes seuls, bas les masques ! l’agressa-t-il, le ton aussi dur que l’était sa poigne. Avez-vous vendu votre âme à Milady ?
- Non, jamais ! Jamais je ne vous trahirai !

Elle s’était voulu rassurante mais ses mots avaient plutôt sonné à ses oreilles comme un cri de désespoir. Il lui fallait bien s’avouer que cacher sa véritable condition relevait de la trahison...

Le regard d’Athos capta la mauvaise assurance de la jeune femme et s’en fit plus féroce encore, sa prise se serra davantage.

- Vous vous moquez, canaille !  Sans cela nous n’auriez pas accepté le brevet de capitaine !
- Je dis vrai, articula Renée. Je n’ai accepté que pour découvrir la vérité sur une affaire me concernant !
- Quelle affaire ?

Athos aboya la question mais desserra quelque peu son étreinte.
Renée aspira l’air avec frénésie.

- Je ne peux vous en dire davantage maintenant, indiqua-t-elle après avoir repris quelque souffle, mais il s’agit de la raison pour laquelle je me suis engagée. Lorsque toute cette histoire sera terminée, je vous le ferai savoir et vous révélerai tout...

Athos demeura un instant à sonder le regard à la fois contrit  et résolu de son interlocutrice. 
Dans le corridor, le porte-clefs poursuivait ses vaines tentatives d’ouverture de porte tandis qu’il appelait au renfort.

- Tenez bon Monsieur Aramis, soutenait-il entre deux appels, nous accourons à votre rescousse !

 Alors, lentement, Athos libéra Renée.

- « Tous pour un, un pour tous », c’est notre devise, rappela-t-il en la regardant porter ses mains à sa gorge. Je respecte votre volonté d’agir à votre envie mais souvenez-vous que vous n’êtes pas seul. Les mousquetaires sont des compagnons, des amis et des frères.

Renée baissa la tête, honteuse.

- Je n’hésiterais pas à faire appel à ces frères si je ne craignais de compromettre toute l’affaire. Et je ne souhaite navrer personne.

Athos acquiesça.

- Alors, partez. Il ne faut pas laisser deviner notre connivence aux gardiens de la prison. Et plus tôt vous aurez fait ce que vous avez à faire, plus tôt je sortirai d’ici !
- Arrière, arrière ! cria un soldat en faisant alors irruption dans la cellule, une hallebarde à la lame ébréchée dangereusement pointée vers Athos.

Se montrant de nouveau imprévisible, Athos tira vivement Renée par le bras et la ramena vers la porte.

- Infâme capitaine, déclara-t-il à voix bien haute pour être certain d’être entendu dans tout l’étage, je suis fort aise de vous avoir rossé avant d’être abandonné à mon triste sort ! J’espère que le procureur viendra bientôt m’interroger car il me tarde de recevoir mon châtiment afin de pouvoir vous le rendre au centuple !

Renée ordonna à voix encore plus haute qu’on le prive de vin et de bois pour sa cheminée pendant six jours afin de laver l’affront qu’il lui avait fait.

Après un dernier regard désolée, elle tourna les talons.




***




[Une semaine plus tard]


Milady, furieuse, attrappa le dernier vase qui décorait encore le salon et le jeta contre une console. La pièce d’orfèvrerie vola en éclat et alla rejoindre le tas de débris de vases qui jonchait le parquet. Une heure auparavant, la collection était encore complète.

Milady n’accorda que fort peu de considération à cette pensée avant de chercher autre chose à détruire. Sa colère ne diminuait pas. Elle avait déjà cassé tout ce qu’il y avait à casser dans sa chambre et son boudoir et se sentait prête à détruire tous ses appartements. Il y avait assez de fureur en elle pour ça. 

Et pour cause ! Son merveilleux plan avait échoué, d’Artagnan et les trois mousquetaires avaient sauvé le roi ! Alors qu’elle avait pris soin de cacher le visage du Bourbon sous le Masque de Fer, alors qu’elle avait pris soin de faire emprisonner la reine et le cardinal, alors qu’elle avait pris soin de prendre le contrôle de la compagnie des Mousquetaires du roi, cet insolent petit Gascon avait encore compris tous ses projets ! 

Milady ne le supportait plus. Il était comme un caillou dans son soulier ; depuis qu’il était arrivé à Paris, Milady boitait ! 
C’était humiliant... C’était impardonnable... Elle avait bien tenté de se débarrasser de lui mais le comte le protégeait.

Le comte...

Dans ce qu’il restait de l’antichambre, Milady cessa de s’agiter.

Aujourd’hui, son plan avait également échoué en ce qui concernait le comte. Le comte ou « Athos » comme il se faisait appeler ici.

Près d’une fenêtre, elle se figea, la main cramponnée à la tenture de rideaux. Au nom honnis qu’elle prononça, ses main agrippèrent la toile de velours, la tordirent, la déchirèrent.

Athos !
Ce seul nom représentait à la fois une insulte et une provocation ! 

Athos !
Comment n’avait-elle pu le reconnaître ? Car Milady le savait depuis peu, depuis leur confrontation en cette terrible nuit d’Août à Armentières, il y avait près d’un an. (6)

 Athos n’existait pas. 


« Athos » était, au même titre que « Milady », un sobriquet, une identité de papier derrière laquelle se dissimulait Armand Olivier de Sillègue D’Athos d’Autevielle (7), le Comte de la Fère, son impitoyable époux.
Si la malheureuse Charlotte Beckson avait réussi à survivre à son supplice et était devenue la talentueuse, fortunée et bienheureuse Milady Clarick, c’était parce que, durant toutes ces longues années, elle avait cru le comte mort. 


Depuis près d’une année, tout son être criait vengeance ! Et aujourd’hui... D’Artagnan venait de faire libérer Athos !!!
 


Il n’y avait plus de vase à casser, aussi, c’est un chandelier que la furieuse Milady jeta de toutes ses forces contre un miroir. Bougies et verré brisé tombaient à terre comme la porte de l’antichambre s’ouvrait :

- Hé là,  ma jolie, il va falloir vous calmer !! Je veux bien vous prêter des appartements pour vous y cacher mais je ne vous ai jamais autorisée à détruire tout ce que qu’il y avait dedans ! Savez-vous à quelle fortune s’élevait tout ce que vous venez de saccager ?

L’impétueuse se redressa subitement et replaça une mèche rebelle derrière son oreille. Elle ne supportait pas d’être rabrouée et encore moins par un homme tel que Manson !

- Je vous déconseille de prendre ce ton avec moi. Vous oubliez que je possède de quoi vous faire porter l’entière et exclusive responsabilité de toute cette malheureuse histoire d’enlèvement et séquestration du roi...

Comme il était à prévoir, le négociant baissa les yeux, arrondit le dos et prit une petite voix mielleuse :

- Non, non, bien sûr et je vous suis d’ailleurs reconnaissant d’assurer ma protection. C’est juste qu’il s’agit de mes biens, dans ma maison.... Tout ce que je vous demande, c’est de me montrer un tout petit peu de respect...

Du respect ? Milady eut une moue dédaigneuse et écrasant consciencieusement le plus proche morceau de vase qui traînait près de son pied. 
Qu’ils étaient effrontés, les hommes, à exiger des femmes ces choses qu’ils ne songeraient eux-mêmes jamais à leur offrir...

Elle fit de nouveau quelques pas vers la fenêtre.

- Le méritez-vous ? Vous êtes responsable de notre échec ! accusa-t-elle froidement. Tout ce que vous aviez à faire était de surveiller le capitaine Aramis, et vous avez été incapable de déceler sa traîtrise !
- Vous êtes un peu dure ! Avouez que vous-même étiez persuadée que cette garce était dans...
- « Cette garce » ?

Milady se retourna. Le mot l’avait fait tiquer. Manson n’était pas de Paris et il employait souvent des expressions régionales que Milady ne comprenait pas. Et Milady détestait ne pas comprendre, surtout lorsque l’on se mettait à sourire de manière énigmatique et supérieure comme le faisait Manson en ce moment même !

- Vous ne saviez pas ? Ma foi, il va falloir me récompenser pour l’information de premier ordre que je vais vous révéler, dans ce cas...
- Ne jouez pas à ce petit jeu avec moi, avertit Milady, les yeux lançant déjà des éclairs. Parlez Manson, et ensuite seulement, je déciderai si votre information mérite récompense !
- Bien, bien... figurez-vous que quelques heures seulement avant la libération du roi par les mousquetaires, le capitaine Aramis est venu me trouver dans mon bureau. Et là...

Et l’homme lui narra l’étonnante histoire qu’il avait vécue. De l’obsession du mousquetaire pour un certain pendentif jusqu’à la révélation de la plus remarquable des supercheries. Milady écouta le récit avec une incrédulité teintée, elle l’avouait, d’un soupçon d’admiration pour la plus improbable des aventurières que ce siècle ait connues. 

Mais l’histoire personnelle de Renée de Herblay n’intéressa pas longtemps Milady. Rapidement, elle calcula l’avantage que la connaissance de ce secret pouvait lui procurer.

Alors que Manson achevait son récit, Milady rayonnait.


-  Une femme... ne cessait-elle de répéter. Je ne pouvais rêver mieux !
- Et moi donc ! Je me demande si la dénoncer au roi ne suffirait pas pour nous blanchir de toute cette affaire....
- La dénoncer au roi ?? sursauta Milady. Vous plaisantez ?!!!
-Je ne comprends pas, se renfrogna Manson. Vous souhaitez la protéger ? alors qu’elle a ruiné nos plans pour son stupide souvenir d’amour ?
- Bien sûr qu’il ne faut rien dire au roi ! répliqua Milady avec agacement. Ce n’est pas à nous de le faire... pas tant que ce cher Athos ignore tout...

Alors elle se mit à rire. Un rire de ventre, un rire profond, un rire terrible et exalté, comme elle n’en avait pas connu depuis longtemps.
 
A suivre...


 :Star:  :Star:  :Star: 



(1) Petits exemples de la teinture telle qu’elle se pratiquait au XIVè siècle – je n’ai pas trouvé de données pour le XVIIè. C’est qu’il me fallait expliquer pourquoi Dumas dit que Milady est blonde et que le dessin animé dit qu’elle a les cheveux verts !!!
 
(2) Détails tirés de l’exposition sur les Mousquetaires qui se tient au musée de l’armée de Paris jusqu’au mois de juillet ! si cela vous tente...
 
(3) le sous-marin n’existe pas vraiment à cette époque donc je préfère rester logique et dire que Aramis ne sait pas ce que c’est. ( c’est un Anglais qui a lancé le premier prototype dans la Tamise en 1624, on peut donc considérer, à la rigueur, que c’est possible que Milady sache ce qu’est un sous-marin...)
 
(4) Mes renseignements sur le Petit Châtelet sont tirés des recherches de Philippe POISSON «  Le grand et le Petit Châtelet »
http://philippepoisson.unblog.fr/files/2008/10/legrandetlepetitchtelet.pdf
 
(5) La description de l’intérieur du châtelet et la scène avec le greffier (qui me servait à expliquer le droit de place) sont inspirées de ce qu’a écrit Jean d’Aillon dans sa saga « La guerre des trois Henri », tome 1 « Les rapines du Duc de Guise » ( un roman sous l’époque d’Henri IV que je recommande)
 
(6) Le 27 août 1628 selon l’œuvre de Dumas. Ce qui fait que je me suis plantée quand j’ai dit, dans le premier chapitre que cette fic se déroulait en 1627... elle se passe donc en 1629, j'ai modifié ça !!
 
(7) vrai nom du vrai Athos. Olivier est un prénom inventé par Dumas mais bon, je l’ai casé quand même...
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