Lady Oscar - André Forum site Lady Oscar - La Rose de Versailles - Versailles no Bara - Berusaiyu no Bara - The Rose of Versailles - ベルサイユのばら |
|
| |
Auteur | Message |
---|
Atlante L'ombre de la rose.
Age : 52 Nombre de messages : 6 Date d'inscription : 30/04/2015
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 1 Oct 2015 - 21:03 | |
| Tiens, Sudena, vu que tu connais très très bien les hommes politiques de la Révolution, j'ai une question à te poser : que penses-tu du dernier roman de Vargas (Temps Glaciaires), pas tellement sur l'intrigue (ça n'a aucune incidence ici), mais à propos de cette association qui met en scène les grands discours de la Révolution Française et leurs orateurs (notamment Robespierre) ? A titre d'info, pour ceux qui ne le savent pas, Fred Vargas, de son vrai nom Frédérique Audoin-Rouzeau, est aussi prof d'histoire en fac, spécialisée, notamment, dans les époques médiévales et les épidémies anciennes (elle a entre autres écrit un bouquin passionnant - d'histoire, pas un roman - intitulé Les Chemins de la Peste).
Je ne connais les révolutionnaires aussi bien que toi, donc j'aimerais connaître ton sentiment sur la façon dont Vargas met en scène ces "représentations" interprétées par des hommes évidemment de notre époque. |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Sam 7 Nov 2015 - 4:25 | |
| Atlante, je t'avoue que je n'ai pas encore lu le dernier Vargas (ayant été passablement satisfait de quelques autres). Mais tu me donnes envie de m'y plonger, et je ne manquerai pas de te faire part de mon opinion... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Lun 7 Déc 2015 - 17:47 | |
| Une fouille des Tuilleries permet de découvrir une étrange armoire de fer... On force la serrure...et la pêche est miraculeuse: sous les yeux des policiers des années de traîtrise sont dévoilées. Il y a des lettrezs, beaucoup de lettres, qui prouvent sans l'ombre d'un doute la trahison de l'ancien roi, il y a aussi les preuves de la duplicité de Mirabeau (dont le corps est immédiatement retiré du Panthéon). Dès lors il n'est plus possible d'éviter le procès. Louis Capet sera bel et bien jugé... Si la Convention refuse l'argument de Saint-Just qui voulait le juger comme un ennemi elle ne le renvoie pas non-plus devant un tribunal indépendant: c'est devant elle que l'ancien roi sera jugé... Louis Capet est donc séparé de sa famille (que les députés soupçonnent à juste titre de complicité) et placé à l'isolement, gardant le seul Cléry à ses côtés. Il a le droit de choisir ses avocats. Tout le cadre légal est donc respecté très strictement...
En attendant le procès la Convention contunue à gouverner, décidant en particulier des redistributions de subsistances en prévision des mois d'hiver (il n'est pas inutile de le rappeler: de nombreux députés, Saint-Just en particulier, ont à coeur de faire de la politique dans son sens le plus basique et le moins spectaculaire). Lepelletier de Saint-Fargeaud, député du Marais mais proche de la Montagne, monte un projet gigantesque d'éducation par l'Etat, hors des considérations religieuses: il n'en est qu'aux bases mais l'école laïque et républicaine partira de ses travaux et n'en déviera pas...
Le 10 décembre 1792, le procès de Louis Capet commence. L'ancien roi se présente devant la Convention vêtu simplement, la tête droite: il n'a pas beaucoup changé depuis le 10 août, peut-être juste un peu plus pâle vu le manque d'exercice imposé par la détention... D'emblée le ton est donné et ce qui frappe les témoins dans l'attitude de Capet est son regard et son assurance: il est évident qu'il ne se sent coupable de rien... Son courage est immense, sa maladresse l'est tout autant... Car il nie tout, absolument tout, même placé devant des preuves aussi fortes que des papiers signés de sa main. La conséquence est que les soupçons et les accusations plausibles mais non prouvées formellement prennent une crédibilité grandissante... Mais même sans spéculer ni déduire les faits sont accablants: Louis a désavoué la Révolution depuis le début et n'a jamais changé sa position d'un iota. Il a joué un double-jeu particulièrement perfide et a sous toutes probabilités commandité le Massacre du Champ de Mars. Ses actes officiels lui sont tout autant reprochés, comme par exemple l'usage immodéré de son droit de veto pour protéger émigrés et prêtres réfractaires. le procès dure, au grand énervement de certains députés de la Montagne comme Saint-Just qui, dans un autre discours sublime, se demande comment des députés républicains peuvent perdre autant de temps pour un roi... Le 26 décembre au soir, le dernier avocat de Capet, Seze, termine sa plaidoirie: la Convention va devoir décider du sort de l'ancien monarque. Elle doit d'abord définir les questions...et les convictions partisanes vont rapidement reprendre le dessus. Car la Gironde a la majorité et est bien décidée à sauver coûte que coûte la vie de Louis... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Lun 7 Déc 2015 - 20:40 | |
| Bonsoir Sudena, Ta connaissance de la revolution est extraordinaire,j'ignorais que Mirabeau jouait un double jeu et que Louis XVI avait commandite un massacre,je comprends mieux pourquoi l'ancien a ete condamne. p pour ton recit.. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mar 8 Déc 2015 - 13:23 | |
| Merci Tigresse! Pour le Massacre du Champ de Mars, on ne sait toujours pas aujourd'hui si Louis l'a vraiment commandité, mais d'une part c'est probable et de l'autre, même si tel n'a pas été le cas, ce massacre a été commis pour lui par ses partisans, et il ne l'a jamais désavoué, tout au contraire: ce sont les survivants qui ont été traqués et forcés de se cacher... Continuez à commenter: ça me donne du cœur et du courage pour continuer... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mer 9 Déc 2015 - 16:49 | |
| Les deux questions auxquelles les députés de la Convention doivent répondre sont, tout naturellement: -Louis est-il coupable? et si oui -Quelle peine doit-il subir? Mais les Girondins veulent à tout prix éviter la mort (la réponse à la première question ne faisant aucun doute) et il intercalent entre les deux une autre question: -Le jugement, quel qu'il soit, sera-t-il soumis à la ratification du peuple? Cette question leur donne le beau rôle aujourd'hui, alors qu'elle est l'un de leurs actes les plus bas... Je m'explique: il n'y a pas à l'époque de possibilité de suivre le procès en direct à la télé, ni de chroniques judiciaires détaillées; de plus l'organisation d'un référendum prendrait des semaines voire des mois; et puis c'est une drôle de façon de se défausser des responsabilités alors même que les députés le proposant ont la majorité!..
Les débats commencent. Louis est déclaré coupable à l'unanimité moins une voix. A la deuxième question, les députés votent "non" aux deux tiers des voix. La phrase de Saint-Just est l'une des plus claires et à bien y réfléchir des plus belles pour justifier ce vote: "Si je ne tenais pas ma place ici du peuple, je la tiendrais de Dieu..." A méditer par tous les représentants de la démocratie: ce jeune homme avait envers le peuple et son vote un idéal absolu et un sens du devoir extrême qui a animé chacun de ses actes, chacun de ses gestes...
Reste la dernière question... La Gironde veut sauver l'ancien roi, la Montagne veut l'exécuter. Et ici nous touchons à un problème bien particulier: les séances de la Convention sont publiques et Paris est résolument pour la mort et le fait savoir bruyamment... Les Girondins se récrient, disent dans leurs cercles d'amis que rien ni personne ne leur fera voter la mort. Brissot et Vergniaud sont parmi les plus virulents...et quand arrive leur tour de voter, tête basse, ils votent la mort, donnant de pitoyables excuses et demandant juste un sursis à exécution. Mais en vérité peu de députés sont conscients de l'enjeu, et le seul à en avoir une vision parfaitement claire est peut-être Robespierre... Souvenez-vous: l'Incorruptible est contre la peine de mort, il l'a toujours été et il le sera toujours. Sauf que cette fois-ci il va voter la mort sans hésiter. Car lui a compris. Il a compris ce qui se jouait et l'importance historique de ce vote. Dans un long et superbe discours il dit: "La Convention n'est point un tribunal, et vous n'êtes point des juges." Pour lui il ne s'agit pas de juger un homme mais d'abattre une institution. Il est impossible d'être une République en ayant un roi en vie. Il a raison bien sûr, et très rares sont aujourd'hui les historiens qui ne lui rendent pas cette justice. La volonté sans failles de la Montagne, les lâchetés ou divisions (Manon Roland était pour la mort) de la Gironde, décident du verdict: à cinq voix près Louis est condamné à mort.
Le 20 janvier 1793, Lepelletier de Saint-Fargeaud est assassiné par un royaliste: il sera inhumé au Panthéon.
Le 21 janvier, Louis Capet, accompagné de l'abbé Edgeworth, prêtre réfractaire, monte dans une voiture aux vitres teintées, vêtu à la manière de la petite bourgeoisie mais sans sa perruque. Place de la Révolution la guillotine a été dressée. Le bourreau, Samson, lui lie les mains dans le dos. Monté sur l'échafaud il tente de prendre la parole, il déclare: "Je meurs innocent de tous les crimes dont on m'accuse. Je pardonne aux responsables de ma mort, et je prie Dieu pour que mon sang ne retombe jamais sur la France..." A ce moment-là, le général Santerre fait jouer ses tambours ce qui empêche d'entendre la suite. Louis est placé sur la planche qui bascule, un assistant referme la lunette, le couperet tombe. Samson montre la tête sanglante à la foule. Retentit alors un immense "Vive la Révolution!", le canon tonne: c'est fait! La France républicaine vient d'exécuter un roi, et en toute légalité!.. Désormais rien ne pourra stopper l'affrontement, aucun compromis ne sera accepté: la France devra vaincre...ou disparaître!
Le 26 janvier, le marquis de la Rouërie meurt dans un petit château de sa Bretagne natale où il avait trouvé refuge. Depuis 1791 ce héros de la guerre américaine, noble libéral, avait essayé de recruter des combattants pour le roi, refusant d'une part que ses pouvoirs aient été aussi réduits et d'autre part que les provinces soient autant soumises à Paris. Ceux qui l'ont aidé seront impitoyablement traqués et châtiés, son corps sera enterré à l'écart, dans une forêt. Le marquis de la Rouërie annonce une nouvelle guerre que la France devra supporter dans très peu de temps désormais. On le reconnaît comme le fondateur de la chouannerie... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Mer 9 Déc 2015 - 20:09 | |
| Ce recit est si bien ecrit que l'a l'impression de vivre les evenements en direct.
Je me souviens d'un metteur en scene qui avait montre une piece realiste sur le proces de Marie Antoinette il y a longtemps, je ne sais pas cela te dit quelque chose ou non. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mer 9 Déc 2015 - 21:10 | |
| Je me souviens de pièces sur les différents procès de la Révolution, parfois mises à la télé, mais rien de bien précis qui se détache (c'était il y a quelques années et j'avoue davantage lire les écrits des historiens, les discours des députés ou les rapports du Tribunal Révolutionnaire que des fictions inspirées...)... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 10 Déc 2015 - 17:56 | |
| Mars 1793. Pour quiconque connaît la Révolution ce mois est synonyme de deuil, de drame total... C'est dans ce mois-ci que toutes les craintes sont revenues, que tous les dangers ont de nouveau assailli la patrie. La France venait à-peine de se déclarer à la face du monde républicaine qu'elle se retrouvait plongée dans la tourmente, entamant ce qui fut pour beaucoup de gens "l'année terrible". Les forces de la contestation prirent un essor exceptionnel, réanimant le feu qui couvait en fait depuis longtemps, poussant les députés de la Convention dans leurs retranchements moraux et idéologiques, retranchements que leur jeunesse devait transformer en volcan. Tout ce sang devait trouver son origine le 18 mars, dans un obscur village de Hollande au nom trop méconnu aujourd'hui: Neerwinden... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 10 Déc 2015 - 20:54 | |
| tout le monde semble oublier que tout ne s'est pas calme apres 1789 et qui'il a fallut plysieurs annes av que tout s'apaise. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Sam 12 Déc 2015 - 15:57 | |
| Que s'est-il passé? Le général Dumouriez tente de refaire la manœuvre qui lui avait ouvert les portes de la gloire à Jemmapes, cette fois-ci près de la localité de Neerwinden... Sauf que cette fois-ci l'infériorité numérique des autrichiens est dérisoire (quarante trois mille français, trente neuf mille autrichiens), et que Dumouriez tente une nouvelle fois de passer en force, sans vraie tactique d'ensemble et sans possibilité de changer de stratégie!.. Le résultat ne se fait pas attendre: les français sont culbutés en raison d'infériorités numériques ponctuelles que la tactique de "dispatcher" les troupes provoque face à une armée restant unie. La défaite est sévère et la pression s'inverse: la France est de nouveau envahie et les prussiens se concentrent à l'est: deux fronts risquent d'être ouverts en peu de temps, d'autant que l'exécution du roi a poussé l'Angleterre à s'engage de plus en plus, poussée par son gouvernement conservateur. Les anglais ne vont pas beaucoup mobiliser mais ils seront la banque continuelle des monarchies et utiliseront de plus en plus leur flotte, prêts à débarquer sitôt l'occasion venue...
Et pire encore: des villes françaises se soulèvent contre la Convention! Lyon est la première: la municipalité jacobine est renversée par une insurrection royaliste. Charlier ainsi que plusieurs autres jacobins sont guillotinés. Pas le choix: il faut envoyer des troupes assiéger la ville pour la mettre au pas. Et si ce n'était que Lyon... Le plus grand danger vient d'une guerre civile pure et simple qui se déchaîne et soulève une région entière: la Vendée.
Pourquoi la Vendée? Le déclencheur est la levée en masse décrétée par la Convention: chaque village de France doit fournir des hommes pour servir aux frontières. Or plusieurs villages vendéens refusent de se soumettre à ce qu'ils appellent la "dictature de Paris", et la révolte fait boule de neige et gagne la population entière. Mais la véritable raison est à rechercher bien plus loin... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Sam 12 Déc 2015 - 20:47 | |
| j'en sais plus sur la revolution francaise avec toi qu'avec mes profs de college et lycee reunis(en meme temps,ma prpf d'histoire de 4eme etait royaliste ).
merci pour tes recits,on a l'impression d'etre sur place. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Lun 14 Déc 2015 - 1:06 | |
| Les royalistes ont souvent tendance à arranger l'Histoire à leur sauce et à taire certains événements trop "gênants". Mais ils ne sont hélas pas les seuls, comme nous le verrons... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Lun 14 Déc 2015 - 1:07 | |
| La population vendéenne a accueilli avec enthousiasme les Etats Généraux et les premières réformes de la Révolution. Mais tout à changé le 12 juillet 1790... C'est en-effet la Constitution Civile du clergé qui a tourné ces populations paysannes très catholiques contre les assemblées. La mort du roi et la levée en masse sont des éléments qui ont en peu de temps ajouté au sentiment que ce pays n'est pas le leur. Des premiers massacres commencent ça et là avec des émissaires de la Convention et des prêtres jureurs. Car il ne faut pas s'y tromper: la guerre de Vendée est avant tout une guerre inter-vendéenne, et les absurdités modernes disant que toute la population s'est révoltée sont des sottises. La région est très largement partagée et les plus à l'écart sont d'abord _chose incroyable mais pourtant vraie_ les nobles. Sauf que les paysans vont les chercher dans leurs châteaux et que rapidement plusieurs acceptent de prendre la tête de cette véritable armée spontanée, certains par conviction royaliste, étant des anti-républicains convaincus (Bonchamp et Lescure), certains par goût de l'aventure (Charrette), d'autres enfin par simple tradition nobiliaire venue des temps e la chevalerie, estimant de leur devoir de protéger leurs gens (d'Elbée et La Rochejacquelein). Dans cette assemblée qui compose l'état major de celle qui va rapidement s'appeler la Grande Armée Royale Catholique il y a deux roturiers: le garde-chasse Stofflet et surtout le cordonnier Jacques Cathelineau, illettré mais sublime meneur d'hommes portant sa foi comme un étendard et qui sera rapidement surnommé le "Saint d'Anjou". Leur sigle est celui-ci: Et voici leurs trombines. D'abord Jacques Cathelineau: Ensuite le plus légendaire, va-t-en guerre notoire incapable de se plier à une hiérarchie mais qui refusa les massacres sommaires: Charles François Athanase Charrette de la Contrie: Le benjamin, à-peine plus d vingt ans, qui n'avait accepté qu'avec une extrême réticence de s'engager mais qui se révéla le plus courageux sous le feu: Henri du Vergier, comte de La Rochejacquelein. Sa devise qu'il répétait à ses hommes et qui est entrée dans la légende était: "Si j'avance: suivez-moi! Si je recule: tuez-moi! Si je meurs: Vengez-moi!..": Le marquis de Bonchamp: Le comte de Lescure: L'étrange garde-chasse Stofflet, peu populaire et réputé pour sa cruauté, on apprendra par la suite qu'il était l'homme de main du comte de Provence, frère de l'ancien roi alors exilé... Face à cette menace la Convention dut envoyer une armée, mais les généraux républicains, à force de mauvaises manœuvres et de batailles mal préparées, se firent tailler en pièce et rapidement la révolte gagna tout le nord-ouest de la France, avec également la révolte bretonne des descendants spirituels du marquis de la Rouërie: les chouans. Attaquée de partout la République vacillait dans son berceau, et si tous les députés étaient d'accord sur le principe de se battre (en témoigne l'ordre lancé par Barère aux militaires ["Détruisez la Vendée!"]) les tensions augmentèrent de façon exponentielle entre la Montagne et la Gironde, tensions cristallisées et portées à un point de non-retour par un nouvel événement terrible: la trahison de Dumouriez... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mar 15 Déc 2015 - 0:11 | |
| Je répare mon oubli: le marquis d'Elbée, bon stratège et homme raisonnable, dont le courage exceptionnel n'était pas teinté, chez lui, de fanatisme... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Mar 15 Déc 2015 - 0:21 | |
| il leur a fallu un sacre courage pour affronter leurs ennemis, ce jeune comte du Vergier etait fort courageux pour son age. pour ta facon de raconter la revolution francaise est limpide, si tu avais ete mon professeur,l'histoire de France m'aurait vraiment interessee . *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mar 15 Déc 2015 - 1:45 | |
| Merci encore de tes commentaires, qui me vont droit au cœur... Les vendéens forment un drame très particulier dans l'histoire de la Révolution Française, et la grande majorité de leurs chefs impose le respect (particulièrement Charette et La Rochejacquelein). Néanmoins je les considère comme des traîtres et des ennemis de la France, aussi nuisibles et dangereux que les monarchies étrangères, et si leur destin me touche, je ne verserai aucune larme sur eux (excuse-moi... :S). *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mar 15 Déc 2015 - 17:19 | |
| Début avril le général Dumouriez, après un nouvel échec, tente de marcher sur la Convention officiellement pour obtenir plus de liberté de manoeuvre, mais en fait personne n'es dupe: c'est bien un putsch qu'il prépare... Sauf que ses échecs ont relativisé l'ampleur de ses victoires et que ses hommes, ffervents républicains, refusent de se laisser entrainer. Il plie donc casaque et se rend aux autrichiens où, en monnayant quelques renseignements, il échappe à la prison... Ce nouveau coup déchaîne les passions à la Convention, passions amplifiées par les nouvelles catastrophiques venues de Vendée (jusqu'au symbole politique: les vendéens ont symboliquement élu Cathelineau généralissime, ce qui contrarie les arguments d'une armée "de nobles" contre le peuple [même si cet argument est incontestable intellectuellement il est difficilement "audible", en particulier quand on ne voit pas l'influence de la religion dans les soulèvements populaires]). Les députés,acculés, voient des traîtres partout...et d'abord dans leurs rangs. Car Dumouriez, ne l'oublions pas, avait cette particularité d'être à la fois un ami personnel de Danton et un partisan de la Gironde. Celà reste sourd quelques temps mais les couteaux s'aiguisent en coulisse. Marat se déchaîne à la tribune: il tonne que les ennemis du peuple se trouvent mêlés à lui et il réclame cent mille têtes! La Montagne est globalement d'accord avec l'idée que seule une fermeté extrême peut sauver la France et elle propose la création d'un tribunal exceptionnel destiné à juger les crimes politiques. La Gironde se récuse, crie à la folie sanguinaire sous masque de légalité. Les débats demeurent courtois jusqu'à mi-avril, quand Salles publie un premier article attaquant de front et avec violence les positions des montagnards. Manon Rolland et Olympe de Gouges suivent dans leurs articles respectifs (Théroigne de Méricourt beaucoup moins, qui aurait même tendance à être secrètement partisane des montagnards): la Gironde vient de déclarer la guerre à la Montagne.
Jouant de son habileté, Danton réussit à convaincre Brissot de soutenir le création du Tribunal Révolutionnaire, argumentant que seul ce moyen permettra d'éviter les crimes à l'aveuglette et donc de nouveaux Massacres de Septembre. Brissot réfléchit et finit par accepter, ayant derrière la tête une petite idée... Car les accusés devront forcément être désigns apr la Convention, or la Gironde a la majorité. malin Brissot, qui, avec Vergniaud, obtient la création dudit Tribunal. Pour accusateur public, Camille Desmoulins propose le nom d'Antoine Fouquier-Tinville. Les girondins acceptent sans poser de question, occupés à peaufiner leur plan... Le 21 avril, Guadet monte à la tribune et demande officiellement l'arrestation de Marat! Des gradées populaires un hurlement s'élève mais les girondins votent massivement pour, aidés par une partie du Marais: Marat est renvoyé devant le Tribunal Révolutionnaire!..
Le 24 avril au matin son procès commence...et rapidement la stratégie des girondins se retourne contre eux! Car en proposant Fouquier-Tinville, Desmoulins savait ce qu'il faisait: il l'a bien connu à Arras alors qu'il s'était exilé après le Massacre du Champ de Mars, et il sait que cet accusateur public est à la fois un juriste remarquable à l'honnêteté éprouvée, mais aussi un fervent partisan de la Montagne... Or que lui demande-t-on ici? D'accuser Marat d'être un contre-révolutionnaire, rien de moins. C'est un mensonge grossier qu'aucune preuve ne peut étayer, et Fouquier en profite, qui au lieu d'accuser l'Ami du Peuple fait pendant deux heures son éloge. Le public, qui était venu stupéfait et révolté, est rapidement aux anges, acclame à tout rompre le Tribunal et chante la gloire de Marat. A-peine le verdict d'aquittement prononcé, l'Ami du Peuple est porté en triomphe dans les rues de Paris. Mais la Gironde, Brissot en tête, est furieuse! Brissot considère non sans raison que danton s'est joué de lui. Il tente avec quelques amis de fouiller son bureau pour apporter la preuve de sa corruption (sans trop insister) et le Gironde, dans sa fureur, franchit le pas décisif: elle remet sur le tapis la trahiuson de Dumouriez et accuse Danton, et donc toute la Montagne, d'être son complice et d'avoir trahi la Nation. Immédiatement les montagnards répliquent sur le même ton: Dumouriez le traître était un girondin, tous les girondins sont donc des traîtres potentiels! En ce début mai 1793 la guerre entre les deux partis est absolue: il n'y aura pas de merci pour les vaincus. La Montagne compte sur Paris, la Gironde sur la province. Et le seul député qui hésite à suivre cette voie de violence est encore Robespierre...
Le 12 mai, Théroigne de Méricourt subit son martyr. Prise à parti en pleien rue par des femmes, accusée d'être une "brissotine", elle est fessée publiquement, avec une violence qui va crescendo...et qui l'aurait sans aucun doute tuée si Marat n'était pas passé par là et n'avait interrompu à temps cette ignominie... Jean-Paul Marat a sauvé la vie de Théroigne de Méricourt, hélas il ne lui sauvera pas la raison: la malheureuse deviendra progressivement folle à-partir de ce moment et terminera sa vie en 1817, enfermée dans un asile d'aliénés, sans avoir plus joué aucun rôle politique. Depuis peu la version officielle est remise en question: par-rapport à d'autres, Théroigne de Méricourt n'était pas du tout une girondine convaincue et ce massacre intervenait précisément au moment où elle montrait de plus en plus ouvertement des sympathies montagnardes... Fermons cette parenthèse pour rendre une dernière fois hommage à cette magnifique femme, la plus méconnue de la révolution et qui fut peut-être celle qui s'engagea le plus pour elle, jusqu'au bout... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mer 16 Déc 2015 - 16:22 | |
| Gironde et Montagne sont irréversiblement séparées par en fait deux visions opposées tant de la France que de l'attitude à adopter en ces temps de malheur où les défaites se succèdent au nord, où l'invasion prussienne gagne l'est, où le sud est menacé par une attaque autrichienne qui viendrait de l'Italie, où la marine anglaise bloque les côtes et menace le commerce extérieur, où enfin les villes de Vendée ne cessent pas de tomber aux mains des armées royalistes... Le Gironde voudrait négocier, demander leur avis au moins aux départements. Pour la Montagne c'est une faiblesse digne d'une trahison: en tempe de guerre le nation doit s'unir: hors de question de faire de deux poids deux mesures! Les députés de la gauche proposent la création d'un comité exceptionnel en charge du pouvoir exécutif, nommé par la Convention mais habilité à prendre toutes les mesures qui s'imposeraient. Après le Tribunal Révolutionnaire, c'en est trop pour les Girondins: Vergniaud dénonce une tentative de soumettre la France à la dictature de Paris. Les papiers de Manon Rolland vont dans ce sens. A-contrario, Marat dénonce une tentative de la droite de casser le gouvernement, de le soumettre aux intrigants en refusant toute action concrète.
La trahison de Dumouriez a finalement rejailli davantage sur la Gironde que sur la Montagne: les députés girondins amis du traître (objectivement bien plus nombreux que les montagnards) sont pointés du doigt, accusés d fomenter un Coup d'Etat. Surtout cette trahison a réveillé les vieilles peurs de Robespierre: plus que jamais l'Incorruptible est persuadé que le révolution risque de se terminer par un Coup d'Etat militaire... Un autre homme partage ce sentiment: Jean-Paul Marat. Sauf que lui ne voit pas nécessairement ce fait comme un fléau: pour lui ça dépendrait du militaire... Et dans le privé il propose à Robespierre de prendre, lui, le pouvoir, arguant qu'il est un homme à l'intégrité reconnue, inattaquable sur ses convictions, très populaire parmi le petit peuple, et qu'il lui fait totalement confiance pour assumer un tel poids, vu que ses amis (Couthon, Le Bas, Saint-Just) sont tout aussi incorruptibles que lui. Il lui dit que la situation de la France peut nécessiter, maintenant, un tel fait, et qu'il vaut mieux ne pas attendre qu'un traître à la solde du roi le fasse, et il lui propose de le soutenir publiquement dans son journal. Mais Robespierre refuse. Car la trahison de Dumouriez a réveillé en lui une autre fibre viscérale et qui, aussi belle soit-elle, constitue son talon d'Achille: la fibre légaliste. Robespierre n'a pas et n'aura jamais l'âme d'un dictateur. La Gironde a la majorité: il respecte ce fait...
Mais les circonstances évoluent de plus en plus vite. Après les déclarations incendiaires de Vergniaud et les papiers de Manon Rolland, Paris est en émoi: pour le peuple, particulièrement bien représenté par les sections qui sont totalement solidaires de l'Hôtel de Ville (où siègent Hébert et Chaumette), la Gironde veut mettre Paris en coupé réglée, sinon l'écraser. Les tensions deviennent insoutenables au sein même de la Convention et je n'ose imaginer sans frissonner d'excitation les discussions qui ont lieu dans les coulisses, entre Vergniaud et Guadet ou Miranda, entre Saint-Just et Marat... Chaque camp est persuadé d'avoir raison, la Gironde a la majorité mais ne semble vouloir faire aucune loi concrète, la Montagne se fait taxer de folie sanguinaire chaque fois qu'elle avance ses propositions... Mi-mai: dans un discours osé, courageux mais plein de morgue, Lanjuinais parle de la tyrannie de Paris et des mesures nécessaires pour l'endiguer. Legendre l'interrompt: "Misérable! Tu complotes à la tribune! Descend où je t'étripe! -Fais d'abord décréter que je suis un bœuf!" lui réplique Lanjuinais, attaquant par là la profession de son adversaire (n'oublions pas que Legendre est boucher) Les pistolets sortent des deux côtés: la tension est à son comble...
La Commune de Paris prend alors les affaires en mains: elle adresse à la Convention une liste de vingt deux députés amis avérés ou probables de Dumouriez, et demande leur arrestation. La Gironde refuse bien évidemment la chose, et en profite pour redoubler ses attaques envers Paris. L'ancien ministre girondin sous l'Assemblée Nationale, Jean-Marie Rolland (vieux mari de Manon), fuit en province. Ces faits nouveaux exaspèrent un peu plus les montagnards et pour Robespierre c'en est trop: pour lui les députés girondins ont déclaré la guerre au peuple et il n'y a plus qu'une seule solution: sauver la France passe désormais par la destruction de la Gironde... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Mer 16 Déc 2015 - 20:13 | |
| Therigne de Mericourt manqe de mourir sous es cups ded femmes l'accusant d'etre Brissotine , heureuement que Marat passait par la, je ne lui connaissais pas ce cote "chevalier servant".
Merc a toi de preciser que certaines femmes ont aussi contribue a la revolution francaise elles sont souvent oubliees.
Encore Merci a toi de rectifier ces oublis. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 17 Déc 2015 - 13:18 | |
| Pas de quoi. Mais garde à l'esprit que cette agression n'est pas hyper-claire dans ses origines...et qu'il y a eu plus que de simples coups (d'où le fait qu'elle ait sombré dans la folie)... Marat était un homme bon et proche des opprimés: son intervention était parfaitement logique vu son caractère... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 17 Déc 2015 - 13:21 | |
| Dans cette affaire, on pourrait s'étonner du silence assourdissant du Marais... C'est mal connaître ces députés: menés par Barère, ils iront où le vent tourne, et Barère est d'ailleurs le premier à donner des conseils (souvent assez judicieux) aux uns et aux autres. Pour l'instant rien n'est fait, rien n'est décidé, et au-contraire les passions se déchaînent de plus en plus... Les girondins, par l'intermédiaire de Vergniaud, demandent la comparution de ceux qui ont osé soumettre et soutenir la fameuse liste des vingt-deux, dont en premier lieu le commandant Hanriot, chef de la Garde Nationale aux ordres de la Commune. Danton, agilement, calme le jeu en insistant sur la procédure. L'entrée de Robespierre dans la bataille n'arrange pas les affaires des girondins qui voient le député probablement le plus populaire à Paris, et le plus respecté dans le pays, œuvrer à leur perte alors qu'ils avaient compté sur son légalisme probablement pour gagner du temps afin de confondre Danton dans la trahison de Dumouriez (et pourquoi pas de le mêler aux turpitudes de Talleyrand, qui est resté en Angleterre depuis que son cher ami l'y ait nommé ambassadeur), et ainsi renverser l'opinion publique (même si le terme est totalement anachronique, sa définition est ici rigoureusement exacte pour désigner la situation). Il faut détruire l'Incorruptible! Olympe de Gouges s'y emploie dans ses papiers, les députés attendent le bon moment à la Convention...
Fin mai, Robespierre monte à la tribune et entame un long discours contre les girondins. Laborieux, ampoulé mais bien ficelé, ce discours exaspère l'impatience de Vergniaud qui lance soudain: "Concluez donc!" Le chef de la droite a misé sur une faiblesse de Robespierre qu'il a vu plusieurs fois en difficulté lorsqu'il était obligé d'improviser. Mais cette fois le calcul est très mauvais: l'Incorruptible se tourne vers lui, le regarde dans les yeux et déclare: "Oui je vais conclure. Et contre vous: contre vous qui, après la révolution du 10 août, avez voulu conduire à l'échafaud ceux qui l'ont faite; contre vous qui n'avez cessé de provoquer le destruction de Paris; contre vous qui avez voulu sauver le tyran; contre vous qui avez conspiré avec Dumouriez; contre vous qui avez poursuivi avec acharnement les mêmes patriotes dont Dumouriez demandait la tête; contre vous dont les vengeances criminelles ont provoqué ces mêmes cris d'indignation dont vous voulez faire un crime à ceux qui sont vos victimes. Eh bien! ma conclusion, c'est le décret d'accusation contre les complices de Dumouriez!" Les huées montent des gravée de la droite, tandis que la gauche applaudit à tout rompre. Robespierre vient de marquer un point très important, et tout le monde en est conscient. Il vient surtout d'introduire la liste des vingt-deux dans le débat national, amenant ainsi de façon magistrale la Commune de Paris aux portes de la Convention. Le vent commence à tourner de plus en plus: la Gironde sent de plus en plus planer sur elle l'ombre de la défaite...
Le soir du 1er juin, Manon Rolland rentre chez elle. Quelques minutes plus tard, on frappe à sa porte: la Commune de Paris vient d'ordonner son arrestation et elle est faite prisonnière. Elle suit les soldats docilement dans les rues de cette ville haïe qui l'a vaincue... Pendant la nuit les sections patriotes se réunissent à l'Hôtel de Ville et conviennent de marcher sur la Convention le lendemain, avec à leur tête Hanriot et la Gade Nationale. Chose assez remarquable: outre le nombre considérable de citoyens qui se déplacent, toutes les sections sont représentées quasiment à égalité: il y a autant de bourgeois que de sans-culottes. Tous sont acquis à la cause de la Montagne.
Le 2 juin 1793 au matin, il n'y a probablement pas de lieu plus dangereux en France que la Convention Nationale. Pourtant tous les députés s'y rendent sans hésiter: aucun ne manque à l'appel. Hommes gigantesques! Titans de l'Histoire qui s'apprête à basculer une nouvelle fois... Rapidement les cris se font entendre du dehors: "Nous voulons les traîtres!" Barère conseille aux députés girondins d'aller délibérer dehors, au milieu du peuple. Héraut de Seychelles, alors président de la Convention, choisit d'écouter ce conseil. En sortant, Vergniaud se fend d'une nouvelle phrase destinée à alimenter la légende (la sienne de préférence...): "Paris vaut bien la patrie."
Trop tard! Le peuple est moins stupide qu'il ne l'avait espéré et il ne se laisse pas prendre au piège grossier de cette flatterie tardive, après tant d'appels à l'écrasement de cette même ville... Hanriot prend les devants: il exige les traîtres inscrits sur la liste des vingt-deux, sous peine de voir la Convention soumise au feu des canons. Hérault de Seychelles tente de négocier. Il l'interrompt: "Me promets-tu de me livrer les traîtres? -Non! -Canonniers, à vos pièces!"
La tentative a échoué. Les députés, pâles comme la mort, retournent à la Convention, suivis par plusieurs représentants de la Commune, dont Chaumette et Hébert. Ils pénètrent dans la Salle du Manège sous l'œil de leurs collègues montagnards, qui sont restés jusque là dans un silence complet. Alors s'élève la voix redoutée de Couthon: le député paralytique, meilleur ami de Robespierre, parle peu mais il n'en est que plus écouté encore: "Maintenant, vous voilà rassurés sur votre liberté. _dit-il, goguenard_ Vous avez marché vers le peuple. Partout vous l'avez trouvé bon et généreux. Je demande que la Convention décrète l'arrestation des vingt-deux membres dénoncés! -Donnez un verre de sang à Couthon! _s'exclame Vergniaud, décidément très inspiré_ Il a soif!.."
Ne vous leurrez pas sur les paroles de Couthon: la vertu du peuple, il y croit profondément, viscéralement...et ses paroles ne sont jamais un effet d'annonce... D'ailleurs regardez: voilà Hébert qui monte à la tribune et qui donne à Hérault de Seychelles la liste des vingt-deux à lire sur le champ. Et voici Marat, Robespierre et Danton qui appuient la demande de Couthon: le silence s'est fait comme par miracle... Et les noms tombent. Parmi les plus importants il y a Barbaroux, Gensonné, Clavières, Guadet, Philippe Egalité (le cousin de l'ancien roi qui avait voté la mort), et bien évidemment Brissot et Vergniaud... Profitant de la confusion, certains comme Barbaroux, Buzot, Pétion ou Guadet s'enfuient et gagnent la province. Mais la plupart sont arrêtés. Le Marais a senti le vent tourner et a voté massivement contre les girondins...
Le 2 juin 1793 est une date particulièrement mémorable à plus d'un titre: d'abord elle a scellé la victoire de la Montagne face à la Gironde. Victoire complète qui a été obtenue, et c'est peut-être le plus important, grâce au peuple: pour la première fois une volonté populaire a renversé un gouvernement légal. Mais pas n'importe quel peuple: ce jour-là apporte la preuve du pouvoir de Paris et jusqu'à aujourd'hui ça ne s'est jamais démenti: la France c'est Paris, la légitimité politique du pays se trouve à l'Hôtel de Ville de Paris...
La Montagne a gagné: elle va pouvoir gouverner. Et un fait que certains historiens oublient soigneusement de noter est que les montagnards furent de bons vainqueurs. Ils furent sévères mais pas iniques et ne cherchèrent jamais à supprimer l'opposition. Pour preuve un discours de Saint-Just daté de l'été qui ira jusqu'à demander de ne pas confondre les traîtres et ceux qui ont simplement commis une erreur en s'unissant avec ces traîtres sans connaître leur double-jeu... Mais pour l'heure la Montagne doit gouverner un pays en passe d'être anéanti. Elle doit le sauver...et elle va s'y atteler... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 17 Déc 2015 - 19:36 | |
| olympe de gouge etait genante.
La traitrise se melange a l'honnete. bon recit tres precis. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 17 Déc 2015 - 20:15 | |
| Olympe de Gouges s'est radicalisée à-partir des Massacres de Septembre: elle s'est mise à détester le petit peuple (elle-même venait de la haute bourgeoisie) et a subi le sort des girondins. Rien d'illogique en ces temps-là. Pour moi, elle est une figure tragique mais pas une martyre... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 17 Déc 2015 - 23:28 | |
| je comprends mieux son sort pres la revolution. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Ven 18 Déc 2015 - 13:30 | |
| Sitôt au pouvoir, la Montagne apprend une bonne nouvelle: Lyon est tombé. La Convention veut faire de cette ville rebelle un exemple et décide qu'elle sera soumise aux plus extrêmes représailles. C'est Couthon qui est chargé d'exécuter les ordres. Mais derrière leurs déclarations emphatiques et leur vote, lui et Robespierre estiment que l'entreprise de démolition et de mise à feu et à sang est une folie, et ils vont s'atteler à éviter le massacre... Couthon, en arrivant en ville, commence par faire des proclamations qui soulèvent l'enthousiasme des jacobins: arrestation et jugement rapide des royalistes, destructions des bâtiments symboliques importants: tout est réglé... Sauf que...en pratique il ne se passe pas grand-chose: Couthon se contente de faire exécuter les meneurs reconnus et il demande à la population "disponible" de commencer à raser les bâtiments. Par "disponible" entendez ceux qui n'ont pas de travail ou de tâches domestiques particulières, à savoir quelques femmes et les vieillards. Ils ne travaillent que de jour mais leur faiblesse physique ralentit considérablement le travail et Couthon, loin de les forcer à se bouger, est tout disposé à leur accorder des pauses régulières, des dispenses, à décider que les heures trop chaudes de la journée ne peuvent pas être utilisées pour ce genre de travail, etc... En fait il veut gagner du temps, laisser les passions retomber. Le problème c'est que les extrémistes jacobins ne vont pas tarder à s'en rendre compte...
En parallèle la Convention a d'autres problèmes à régler. Les girondins qui se sont enfuis essaient e soulever les provinces, parfois en confondant les révoltes royalistes avec les leurs...car force est de constater que le peuple ne bouge pas le petit doigt pour eux. La malhonnêteté des élections leur revient comme un boomerang et malgré leur verve (à Cean surtout où Barbaroux et Salles sont allés) l'indignation n'est que de façade... Ils décident alors de gagner Bordeaux où Guadet a de la famille, mais sans grand espoir politique.
L'espoir, la Vendée en a de plus en plus. La révolte gagne la région entière et de plus les chefs ont eu l'intelligence de nommer Cathelineau généralissime: force du symbole oblige. L'ambiance n'est pas totalement détendue (on y reviendra) mais la menace se précise pour la République.
Aussi les mesures sont rigoureuses: création d'un Comité de Salut Public pour diriger le gouvernement exécutif et d'un Comité de Sûreté Générale pour l'aider dans les affaires intérieures. Quelques problèmes de réglage et d'hommes à mettre en place mais la Montagne a décidé de prendre des mesures radicales pour gagner cette guerre et sauver la France. Mais comme rien n'est jamais uniforme dans cette période-là, avec ces hommes-là, cette fin de mois est marqué par des travaux destinés à créer la France après la paix. Des travaux dont la générosité éblouit encore aujourd'hui... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Mar 22 Déc 2015 - 3:32 | |
| Fin juin/début juillet 1793 est une période importante dans l'histoire de la Révolution, et certainement l'une de ses plus sublimes idéologiquement parlant... La Constitution de l'an I est rédigée fin-juin. Les travaux avaient commencé fin mai mais après la chute de la Gironde seuls des députés montagnards (voire de la Plaine) en ont été les rédacteurs. Parmi les plus célèbres se trouvent Couthon et Saint-Just. Aujourd'hui cette Constitution est raillée de façon souvent agressive, mise aux oubliettes, salie et accusée de tous les péchés... Elle est pourtant certainement la plus démocratique jamais rédigée, avec un contrôle des pouvoirs par le législatif lequel est constitué de l'ensemble des citoyens à raison de diverses assemblées en "palliers" qui remontent progresivement vers la Convention Nationale, renouvelable tous les ans au suffrage universel direct. Ladite Convention nomme ensuite l'exécutif et les ambassadeurs, tandis que le pouvoir juridique est élu aussi mais indirectement entre des candidats ayant des compétences juridiques. Ce merveilleux idéal n'a pas d'équivalent aujourd'hui: il est pourtant sans aucun doute le moyen le plus sûr de respecter la volonté du peuple tout en l'impliquant dans l'affaire publique, et ainsi d'éviter les discours démagogues et populistes qui ne résistent pas à la réflexion... Mais pour baser sur des principes cette Constitution, les députés décident d'entreprendre un autre travail: rédiger une autre Déclaration des Droits de l'Homme et du Citoyen qui reprendrait mais en la complétant celle de 1789. A cette tâche s'atèle Collot d'Herbois (qui le signera) mais tous les historiens s'accordent pour dire que dans l'ombre, qui émane de tous les pores de ce texte, se trouve Saint-Just... Ce texte est considéré comme le plus beau texte de Droit jamais rédigé (au moins en France, probablement au monde) et la différence fondamentale d'avec celle de 1789 est que la première valeur est l'égalité (laquelle est "naturelle"). Dans ce texte il est dit que la souveraineté réside dans le peuple, lequel dispose d'un droit à l'insurrection (!), que tout citoyen a droit au travail et droit à l'assistance publique, tout en ne remettant pas en cause et même en soutenant le principe de liberté individuelle. Ce texte merveilleux, le voici: Une fois adoptée par référendum, la Consitutionde l'an I (rebaptisée plus tard "du 6 messidor" [nous y reviendrons]) est placée dans un coffre en bas de la tribune de la Convention: les députés promettent qu'elle sera sortie et adoptée après la guerre, mais que pour l'instant, "le gouvernement est révolutionnaire jusqu'à la paix". Ne vous leurrez pas: ces hommes sont sincères. Le pouvoir qu'ils ont ils entendent l'utiliser pour sauver la France et faire vivre la République, cette République dont ces deux textes fondateurs sont l'âme... Et souvenons-nous aussi que si le terme ne sera utilisé que plus tard, nous sommes bien, depuis le 2 juin, sous la Terreur qui n'est rien d'autre que l'application des propositions de la Montagne en temps de guerre... Et au fait, la guerre, où en est-elle?.. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Elelya Rose éclose
Age : 35 Nombre de messages : 1734 Date d'inscription : 08/01/2006
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 24 Déc 2015 - 16:40 | |
| Désolée d'interrompre ton passionnant récit Sudena, mais j'ai une question. J'ai entendu dans un reportage qu'un ancien acteur nommé Grammont avait été engagé par Robespierre pour insulter la reine pendant qu'on la menait à l'échafaud. ça me parait franchement gros et je ne crois vraiment pas que Robespierre aurait fait une chose pareille. On peut sans doute lui reprocher des choses (encore qu'il y a pas mal de choses à démêler le concernant) mais je ne crois pas qu'il ait jamais fait ce genre de bassesses. Au contraire il m'a semblé que même quand il était contraint de prendre les plus rudes décisions, il a toujours essayé d'agir avec dignité et respect. (et comme le reportage c'était secrets d'histoire je leur fais pas tellement confiance.) Mais je peux me tromper. Aurais tu quelques info sur le sujet?
Tiens je pense à un autre reportage sur la révolution que j'avais vu sur M6: oui je sais, M6, d'ailleurs à la fin du reportage je me suis dit que non je n'aurai jamais du me remettre à regarder la télé. Si toute la partie civilisation était intéressante (histoire de la cuisine, de la médecine, du costume etc...) la partie politique... Je ne dirai même pas que c'était piteux, c'était juste honteux. Ils nous resservaient la vieille sauce: l'Europe à déclaré la guerre à la révolution, effrayée par ses idées nouvelles. Alors que c'est faux, c'est la France (le parti montagnard surtout) qui a voulu piller la Belgique. Et Robespierre était contre d'ailleurs, il a dit je crois: "personne n'aime les missionnaires armés".
Bref c'est incroyable le nombre de bêtises (voir de réécritures) sur la Révolution qu'on peut encore voir dans les médias. Je m'en vais réécouter les conférences de Guillemin, tiens! *** Lady Oscar Lady Oscar ***Traductions ikediennes: http://ikedafiles.tumblr.com/ Bara Yashiki no Shoujo En cours: Sakura Kyo (script anglais) 5/11 Yureru Soushun (script anglais) 1/3 En stand by: Ayako 1/6 |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 24 Déc 2015 - 17:08 | |
| Pour le premier point, c'est un mensonge grossier qui ne mérite même pas de s'y attarder (Robespierre n'était même pas particulièrement favorable à la mort d'Antoinette). J'ai déjà parlé et je reparlerai de Robespierre: je t'encourage, si ça t'intéresse, à te concentrer sur ce point.
Pour le deuxième, c'est un peu plus complexe... C'est vrai qu'officiellement c'est la France qui a déclaré la guerre à l'Autriche et à la Prusse, mais d'une part ce n'était pas la Montagne mais bien la Gironde au temps de l'Assemblée Nationale (début 1792): ce parti à gauche de cette assemblée est devenu la droite de la Convention (je l'ai écrit plus haut), et les buts étaient effectivement d'abord économiques, mais sont rapidement devenus philosophiques (il ne faut vraiment pas négliger l'importance de idéaux sous la Révolution). Et ensuite la crainte des idées nouvelles...ce n'est pas non-plus complètement faux: les monarchies d'Ancien Régime avaient des liens de parenté avec les Bourbons et voyaient de plus la France comme une proie facile. C'est le roi qui a encouragé la guerre, qui s'est fait le complice des Girondins, mais il voulait que la France déclare la guerre pour qu'elle la perde... Ca clarifie les choses pour toi?.. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 24 Déc 2015 - 17:10 | |
| Et pou l'Histoire, elle est "un mensonge que personne ne conteste" dixit Napoléon, personnage dont je parlerai énormément étant donné que je n'entends pas m'arrêter avant 1815 (pour moi la Révolution comprend l'épopée impériale)... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Elelya Rose éclose
Age : 35 Nombre de messages : 1734 Date d'inscription : 08/01/2006
| Sujet: Re: Révolution Française Jeu 24 Déc 2015 - 18:07 | |
| Que je suis bête! J'ai pensé Gironde et j'ai écrit Montagne. (honte à moi!) Désolée pour le lapsus. Merci pour tes explications.
Sinon oui je m'intéresse à Robespierre. J'ai l'impression qu'on a accumulé une imagerie quasi contraire à ce qu'il a été ou du moins à ce qu'il a cherché à faire. Je m'interroge encore beaucoup sur son rôle dans les guerres de Vendée. En tous cas j'ai hâte de t'entendre en parler.
(Bonnes fêtes à toi en attendant!) *** Lady Oscar Lady Oscar ***Traductions ikediennes: http://ikedafiles.tumblr.com/ Bara Yashiki no Shoujo En cours: Sakura Kyo (script anglais) 5/11 Yureru Soushun (script anglais) 1/3 En stand by: Ayako 1/6 |
| | | TIGRESSE Soldat Alain
Age : 48 Nombre de messages : 3854 Date d'inscription : 20/07/2012
| Sujet: Re: Révolution Française Dim 27 Déc 2015 - 0:47 | |
| bonsoir ou bonjour Sudena,
Tes recits sont toujours aussi passionnant et moins rasant que mes cours d'histoire au college, on a l'impression de participer a une conference sur la revolution francaise.
Cela va te sembler stupide de ma part mais tu m'as appris quelque chose sur Robespierre que je prenais pour un monstre sanguinaire se rejouissant de la condamnation a mort de Marie-Antoinette,je pensais meme que c'etait lui qui avait exige sa mort.Sans etre un Saint il n'etait pas non plus monstrueux. merci pour cette precision. *** Lady Oscar Lady Oscar ***Tigresse:D |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Dim 27 Déc 2015 - 3:52 | |
| Vos compliments me vont droit au cœur ... Me voici dans l'obligation de continuer...et d'être à la hauteur... La guerre...elle s'est équilibrée sur les frontières mais ça reste extrêmement précaire. A l'intérieur ça va un chouïa mieux: les très rares révoltes girondines sont tombées à plat au bout de quelques jours, Lyon est tombé et les jacobins commencent à s'organiser pour prévenir d'éventuelles révoltes royalistes (en particulier à Bordeaux vu l'importance de la ville sur un point de vue stratégique). Mais Toulon reste aux mains des ennemis et personne ne sait comment la prendre... A Lyon les jacobins extrémistes, jugeant Couthon décidément trop clément, obtiennent son renvoi et son remplacement par Collot et Fouché. Ces deux éminents députés, connus et reconnus à la Convention, arrivent sur place...et le massacre commence... De concert ils jugent la guillotine trop lente et les prisons trop vides: ils font arrêter alors tous les suspects et pour gagner du temps Fouché a l'idée (que Collot approuve et justifie auprès de la Convention) de faire creuser leur propre tombe aux condamnés: une fois fait les soldats remplissent leurs canons de ballet et tirent, puis tout ce joli monde est enterré, parfois encore vivants. Quand il n'y a plus de place on utilise le Rhône... Lyon est ravagée, mise à feu et à sang, et devient "Ville affranchie"... La Vendée est beaucoup plus dangereuse sur le plan militaire mais les chefs ont des problèmes entre eux: Charette refuse l'autorité des autres et décide de faire à son idée, persuadé que de petits actes isolés produiront à la longue de bien meilleurs résultats qu'une armée "officielle". Les défaites s'accumulent pour les républicains, les généraux ne sont pas arrivés et dans plusieurs villages les "bleus" (en opposition aux "blancs" royalistes) sont massacrés... La route de Paris semble ouverte pour les vendéens! Certains chefs, particulièrement Bonchamp et Stofflet, sont d'avis de marcher sur Paris, mais d'Elbée n'est pas de cet avis: loin de leurs bases le risque est grand d'une attaque sur les flancs (sans parler des réactions imprévisibles des populations du centre) et il préconise de renforcer les places fortes existantes. A vrai dire l'ambiance dans l'Etat Major n'a jamais été réellement au beau fixe... C'est alors que le marquis de Donnissan propose une solution intermédiaire qu'il a élaborée avec Lescure, son gendre: prendre Nantes. Les villes sont tombées souvent sur simple sommation, la population n'est pas armée, il n'y a qu'une petite garnison de soldats, et de plus on pourra compter sur le soutient de Charette. Cathelineau accepte ce plan, espérant que les nantais se rendront sans combat, au nom de la raison... Sauf que le chef de la garnison de Nantes est un farouche républicain et qu'il impose une discipline sévère et un effort de guerre à tous, sous peine de mort! Le 14 juillet, d'Elbée (que Cathelineau a nommé pour commander [normal: lui ne sait pas planifier une attaque d'ampleur, contrairement aux nobles formés aux techniques militaires]) lance l'attaque. La ville résiste farouchement et, au milieu de l'après midi, Cathelineau est touché par une balle: il meurt. La perte du "saint d'Anjou" décourage les troupes, Charette renonce et d'Elbée choisit de na pas insister. Les pertes n'ont pas été énormes pour les vendéens: l'attaque de Nantes n'est pas une vraie défaite mais c'est un premier échec, un échec cuisant qui se double de la mort du généralissime, et les troupes républicaines commencent à arriver avec des généraux et des représentants de la Convention. La Rochejacquelein, qui s'est encore fait remarquer sous le feu, est nommé pour remplacer Cathelineau. Le 17 juillet, Jean-Paul Marat est assassiné. Sa meurtrière s'appelle Charlotte Corday: elle a rencontré les girondins en exil à Cean qui lui ont décrit Marat comme un monstre. Décidée à l'assassiner elle est partie pour Paris où elle a essayé de lui parler seule à seul, prétendant détenir une liste de gens sympathisants girondins. Mais Simone, la femme de Marat, s'y est opposé. Lui, enfermé dans sa baignoire en sabot qu'il ne quitte plus ces jours d'été en raison de sa maladie, a entendu sans réagir. Charlotte a alors essayé de trouver un moyen de l'approcher et les gens auxquels elle parle (des gens simples) lui décrivent Marat comme un être d'une bonté infinie et d'une extrême compassion: elle a trouvé la faille. Elle prétend alors qu'elle est menacée, alors Marat prend son cas au sérieux, lui ouvre sa porte...et elle le poignarde. Charlotte Corday c'est ça et rien d'autre! Une perfide odieuse et fermée qui n'a jamais envisagé de vérifier par elle-même les informations données par les girondins: une fois sa conviction faite, rien ne pouvait la faire changer d'avis. Folle ou simplement débile, mais la gloire qu'on lui fait est une honte autant qu'une absurdité (elle sera guillotinée quatre jours plus tard et ses réponses aux questions pourtant pertinentes de Fouquier-Tinville devraient être connues: ça la démystifie mieux que toute autre chose...). Marat est mort en martyr, comme Robespierre le dira lorsque son cœur sera mis dans un vase exposé à la Convention: certainement violent, peut-être sanguinaire, mais de tous les grands hommes de la Révolution il est le seul à être resté à la fois proche physiquement du peuple et ni profiteur ni populiste... Prophète des événements il avait tout vu avant tout le monde: l'Histoire aujourd'hui le traite de façon proprement honteuse: il serait plus que temps de le réhabiliter!.. Le drame de sa mort est que la gauche de la gauche va se chercher un nouveau leader...et le trouver en un personnage hautement nauséabond: Hébert... Fin-juillet, Danton quitte le Comité de Salut Public et part en vacances, loin de la politique. Robespierre y entre, ainsi que son frère Augustin, rejoignant Philippe Le Bas (mari d'Elisabeth Duplay, fille du logeur de l'Incorruptible, et donc un de ces excellents amis), Couthon et Saint-Just. Il y a aussi Carnot, Barrère (le chef du Marais), Billaud Varenne, Collot, Lindet... Le pouvoir exécutif est désormais en place: ces hommes qui n'ont pas quarante ans (beaucoup en sont même loin) vont pendant des mois et des mois dormir deux heures par nuit, plancher sur tous les sujets, envoyer _et parfois aller eux-mêmes_ des commissaires près des zones de combat, organiser les armées, surveiller les généraux, veiller à l'ordre public (car même si le Comité de Sûreté Générale est là pour aider dans ce domaine, les renvois devant le Tribunal révolutionnaire doivent être décidés par les deux [souvent celui de Salut Public fait confiance et deux de ses membres se contentent de contresigner les ordres]): leur travail s'annonce titanesque mais pour eux l'intérêt du pays vaut plus parfois que leurs propres vies. Peu avant d'entrer au Comité de Salut Public, Robespierre avait demandé à la Convention la constitution d'énormes greniers publics à Paris pour pouvoir nourrir les plus indigents au cas où l'hiver se fasse rude et les denrées rares. La Convention avait accepté et conséquemment personne ne mourra de faim sous la Terreur... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Elelya Rose éclose
Age : 35 Nombre de messages : 1734 Date d'inscription : 08/01/2006
| Sujet: Re: Révolution Française Dim 27 Déc 2015 - 14:03 | |
| Toujours aussi passionnant Sudena. Est ce que un jour tu nous feras une bibliographie avec toutes tes sources? Je désespère de trouver de bons livres sur la révolution (la bibli dans laquelle je bosse a surtout des biographies et pas forcément super bien faites) *** Lady Oscar Lady Oscar ***Traductions ikediennes: http://ikedafiles.tumblr.com/ Bara Yashiki no Shoujo En cours: Sakura Kyo (script anglais) 5/11 Yureru Soushun (script anglais) 1/3 En stand by: Ayako 1/6 |
| | | Sudena La rose de l'ombre
Age : 35 Nombre de messages : 2779 Date d'inscription : 31/12/2010
| Sujet: Re: Révolution Française Dim 27 Déc 2015 - 15:21 | |
| J'ai des sources très diverses dont un ancien bouquin illustré composé de plusieurs récits d'historiens ("Le Journal de la France"), une biographie de Fouquier-Tinville datée d'avant la Première Guerre Mondiale, des émissions de Decaux et Castelot, etc (j'ai une très bonne mémoire et je me souviens bien d'articles de revues comme "Historia" que j'ai lus il y a plusieurs années [je connais la Révolution depuis l'âge de sept ans, l'Empire un an après])... Mais les sources directes sont excellentes: j'ai lu tous (je dis bien TOUS) les écrits et discours de Saint-Just, et la majorité de ceux de Robespierre, et j'ai dégotté à la Conciergerie des comptes rendus des procès du Tribunal Révolutionnaire... J'essaierai de faire une bibliographie si tu veux mais elle sera lacunaire car je ne me rappelle pas de tous les auteurs...et que je me méfie des historiens... *** Lady Oscar Lady Oscar ***Chez les peuples vraiment libres, les femmes sont libres et adorées." Louis Antoine Saint-Just |
| | | Contenu sponsorisé
| Sujet: Re: Révolution Française | |
| |
| | | |
Sujets similaires | |
|
Page 4 sur 6 | Aller à la page : 1, 2, 3, 4, 5, 6 | |
| Permission de ce forum: | Vous ne pouvez pas répondre aux sujets dans ce forum
| |
| |
| |
|