dis donc, il m'a l'air sympa ce livre !!! tu peux le lire au coucher ou vaut mieux le faire en journée, dans un endroit où tu as plein de gens autrour de toi ?

Tout dépend de ta sensibilité à ce genre de sujet.
Je ne conseillerai pas la lecture de Daemon à quelqu'un vivant seul par un soir de déprime... ni à quelqu'un qui vit environné d'ordinateurs !

Les médecins déconseillent ce genre de lecture avant le coucher (si, si !). Personnellement, cela ne m'empêche pas de dormir mais j'ai une amie qui a de vrais problèmes d'endormissement quand elle lit un bon thriller avant de se mettre au lit.

je suis assez trouillarde alors on va dire que je le lirai cet été sur la plage, sous un soleil de plomb qui m'empêchera d'avoir des frissons, et entourée surtout de plein plein de monde

Le pain et les miettes de Christian Godin

Christian Godin est philosophe. Il a écrit, entre autres, un célèbre Dictionnaire de philosophie, La Totalité, une encyclopédie philosophique en sept tomes (que je n’ai pas lue) et, plus récemment, La Philosophie pour les nuls (dans laquelle je plonge régulièrement).

Un ami m’a passé son dernier ouvrage en me disant qu’il devrait me plaire. Je l’ai commencé sans savoir si je le terminerai, car les écrits de ce monsieur ne sont pas tous évidents à lire. Je mentirai en disant que j’ai parfaitement compris toutes les phrases mais le sens global est très clair et le propos plutôt intéressant.

Tout commence avec un jeu de mot étymologique entre le pain et le pan grec, qui signifie le tout. Godin estime que notre époque est prise dans une vraie frénésie de la totalité, une totalité quasiment toujours inatteignable. Le touriste veut tout voir. Les collections n’ont jamais été aussi à la mode. Les intégrales fleurissent…
Mais, en même temps, notre vie se fait de plus en plus sur le modèle du zapping et nous sommes de plus en plus dans les miettes.

De cette dialectique du tout et des parties, Godin fait un intéressant prisme de lecture de notre époque. Pour lui, par exemple, le désintérêt grandissant pour la psychanalyse vient de là. Dans une société de vitesse et de fragmentation, l’inconscient, qui demande un très lent et patient travail, est inaccessible. D’où le succès des thérapies cognitivo-comportementales. On cherche à réparer la machine au plus vite afin qu’elle soit de nouveau performante.
Il souligne aussi que notre société postmoderne considère le corps comme une sorte de machine réparable, un assemblage de pièces détachées, quasi changeables à volonté, et plus seulement pour des raisons médicales. Que l’on songe à l’engouement pour la chirurgie esthétique.

La préoccupation majeure de Christian Godin est le morcellement de la vie. Notre vie est morcelée précisément parce que nous la zappons. Nous ressemblons au téléspectateur qui regarde une chaîne en regrettant toutes celles qu‘il ne peut pas voir et en y jetant éventuellement un coup d’œil. La société nous dit de « nous éclater ». Mais notre vie n’en devient pas plus « éclatante », elle tient davantage de la bombe à fragmentation qui éparpille nos instants et volatilise notre moi.
Hésitant entre le tout d’un pain que nous ne pouvons absorber car il est trop gros, et les parties-miettes d’un vain divertissement, nous finirons par mourir pour quelque « Rosebud » de hasard.

Bref, nous somme pris entre le désir du tout et la fascination du rien.

Un livre pas vraiment facile d’accès, pas vraiment réjouissant, mais qui oblige à réfléchir sur son mode de vie, ses choix (ou ses non-choix). Je pense que cet ouvrage m’a intéressée par cet aspect. J’ai toujours eu du mal à faire des choix, du mal à regretter ceux que je n’avais pas fait, ou pas pu faire.
Se poser la question de savoir si nous n’avons pas en fin de comptes intérêt à nous consacrer intensément à quelques domaines plutôt qu’à nous éparpiller un peu partout, me paraît une bonne chose. Je n’ai pas la réponse à apporter et je pense de plus qu’elle est personnelle à chacun. Je reste persuadée en tout cas qu’essayer de s’exclure régulièrement de sa vie quotidienne, de sa routine, pour passer quelques jours dans un environnement totalement différent, aide à relativiser beaucoup de choses et à se poser quelques questions essentielles.
C’est un des éléments que m’apportent, entre autre, les séjours en haute montagne.

Le propos général me semble intéressant en effet pour ce que tu en dis, mais également pour un autre aspect auquel j'ai pensé en lisant ton commentaire. Ce livre me fait penser au sujet confronté à son libre-arbitre. Je m'explique en faisant un gros raccourci. Je ne fais pas partie des sociologues qui sont d'accord avec le concept de post-modernité, parce qu'il suppose un éclatement du sujet et du sens. Je fais partie du courant qui parle de seconde modernité (mais je ne poste pas pour parler de querelle de clochers xD). En gros, l'idée est la suivante : aux environs des années 60/70, on est passé à un modèle de société où l'individu n'était plus contraint par la société qui lui assignait une place dans la société et à laquelle il ne pouvait pas (ou difficilement échapper) à un modèle de société où l'on somme chacun d'inventer sa vie. Autrement dit, on demande à chacun de s'auto-définir. On se retrouve alors avec un schéma où l'individu est hyperresponsabilisé, car tout ce qui lui arrive est imputable et imputé à sa responsabilité personnelle, à l'usage qu'il a fait de son libre-arbitre.
Et d'après ce que tu es dit, ce livre me semble traiter de la difficulté de l'usage du libre-arbitre par lequel chacun tente d'inventer sa vie, pris entre la tentation du pain et les miettes.
Donc intéressant

Sinon en ce moment, je lis vos fics

J'avoue que mes connaissances en sociologie sont plus que rudimentaires et que les notions de post-modernité et de seconde modernité proposent des nuances qui m'échappent un peu. Mais c'est un des aspects du livre de Godin qui me semble intéressant : je pense qu'il autorise de multiples lectures et permet à chacun de se poser les questions qu'il a envie (besoin ?) de se poser.
C'est pour moi le rôle premier d'un philosophe dans une société : faire réfléchir.

Je pense aussi que c'est le rôle d'un philosophe et il y réussit très bien puisqu'on réfléchit même à partir du commentaire

WARNING : passages avec risques de somnolence

En fait, il y a une petite différence dans les concepts de post-modernité et de seconde modernité. La post-modernité considère qu'il n'y a aucun principe de restructuration de la société, on reste dans l'éclatement et la perte de sens général. C'est une vision assez pessimiste. La seconde modernité voit un principe de restructuration de la société et de reconstruction du sens : celui que le sujet personnel donne lui-même en articulant harmonieusement différents pans de son expérience. C'est une vision plus optimiste mais à double tranchant. Quand le sujet y parvient, c'est une facteur de liberté, lorsqu'il échoue, il se vit comme hyperresponsabilisé et souffrant.
Il y a un autre écueil à la conception du sujet personnel (made in Alain Touraine et les sociologues dans sa mouvance) : son auto-référence. En effet, il ne peut pas s'auto-définir ex nihilo, sinon il y a régression à l'infini.
C'est difficile à résumer en quelques lignes et j'espère être un minimum claire.

Risques de somnolence OFF

Non seulement je n'ai pas dormi mais j'ai compris !

Si je me souviens bien les quelques articles que j'ai lus sur le sujet, le fameux "éclatement" intervient à la seconde guerre mondiale ?
Aurais-tu les références de quelques livres (de base) en sociologie ? Un peu l'équivalent du fameux La philosophie pour les nuls qui me sert vraiment de socle.

Merci d'avance !

Yes !

Ouh là ! C'est presqu'une colle que tu me poses là : il y a tellement de courants différents....
En fait, tu me demandes un livre de socio qui ferait le point sur les différents courants de la sociologie par rapport à la modernité. Spontanément, je pense à "Sociologie de la modernité'' par Danilo Martuccelli. Il reprend les différentes visions phares de la modernité.

Je retiens le titre, Arlène, mais, plus largement que cela, j'aurais aimé un ouvrage vraiment basique sur la sociologie, du genre "L'abc de la sociologie", un ouvrage qui m'offre une base de connaissances dans le domaine pour ensuite approfondir tel ou tel aspect.

Mais cela n'existe peut-être pas car la matière est en soi complexe et dense.

Si ça doit exister, mais shame on me, je ne connais pas. En fait, ça vient de la façon dont mes profs s'y sont pris : ils nous ont fait lire les auteurs et ont toujours proscrit les manuels. Donc je suis assez embarrassée pour t'en conseiller un...
Le mieux est peut-être de prendre un livre de terminale de SES (sciences économiques et sociales) de la section ES. Généralement; ils font simple et clair.
Je suis désolée de ne pas pouvoir mieux te renseigner, et suis tout à fait consciente du paradoxe : je connais plein d'auteurs et plein d'ouvrages, mais pas un qui donne un panorama général de la sociologie.

C'est exactement ce dont j'ai besoin pour commencer. J'ai pas mal de notion mais éparpillées et un manuel scolaire me paraît un excellent début pour mettre de l'ordre dans tout cela. Je vais essayer de faire un saut chez Gibert prochainement.

Merci, Arlène.

Je t'en prie

Avant-gardes du XXe siècle : arts et littérature 1905-1930 de Serge Fauchereau, que j'ai emprunté à mon mari, grand amateur d'art moderne et contemporain.

Serge Fauchereau a été commissaire des grandes expositions au centre Pompidou pendant une dizaine d'années. Il a publié toute une série de monographies : Braque, Mondrian, Matisse...

Avant-gardes est une somme riche et complexe mais qui se lit comme une aventure. Expressionnisme, cubisme, futurisme, constructivisme, surréalisme... ces avant-gardes ont regroupé tous les courants fondateurs de l'histoire de l'art contemporain et certains de ses plus grands artistes.

Mêlant les genres (littérature, cinéma, musique et arts plastiques), Serge Fauchereau étudie les influences et les affinités qui alimentent les différents courants. Il en évoque certains que je ne connaissais absolument pas : le vorticisme, l'acméisme, le stridentisme...
Son livre n'est pourtant pas du tout un catalogue. Au contraire, il envisage la culture d'un point de vue panoramique et international et met en évidence la circulation des idées et des formes. Le tout est illustré par plusieurs centaines de reproductions en couleurs.

Une petite suggestion qui pourrait compléter ta lecture : Le Triple Jeu de l'Art Contemporain de Nathalie Heinich.
C'est un bouquin de socio (oui bon je sais... rhoo, je fais avec ce que j'ai en magasin, heu je veux dire dans ma tête xD). L'auteure montre comment les normes de l'art évoluent peu à peu, y compris en se servant de références les unes aux autres. Elle y montre comment la trangression des frontières par les artistes, les réactions négatives du public et l'intégrations par les psécialisent aboutissent à des propositions qui se veulent toujours plus provocantes, des rejets violents, et des institutionnalisations étonnantes. Il y a également des passages amusants, notamment sur les conflits sur ce qui doit être ou non qualifié d'art.
C'est un livre que j'ai trouvé très intéressant, et j'avoue c'est d'une sociologue dont j'apprécie particulièrement les recherches.

Merci pour la suggestion, Arlène.

Personnellement, je trouve que l'art contemporain n'est pas toujours évident à comprendre. J'ai l'impression qu'il y a parfois beaucoup d'intellectualisme et de snobisme dans les engouements pour telle oeuvre ou tel artiste. Un livre qui permet de décrypter quelque peu la part et le sens de l'art contemporain dans la société contemporaine, me paraît très intéressant pour tenter de prendre un peu de recul.

La princesse effacée d'alexandra de broglia

Le symbole retrouvé, Dan Brown et le mystère maçonnique de Giacometti Ravenne

Ben je ne sais pas; je l'ai commencé il y a au moins 3 semaines et j'accroche pas Et je me demande si c le livre ou moi . Moi qui lisait un bouquin par jour !! ben j'en suis loin. ouais ok je bosse, les enfants... mais je suis quand même (quand j'ai des crises ) une livrosaure AHAHAHAH Mais là, je bute.

Et dans mon sac quand je vais aux cours de danse de ma fille ou chez le doc : Qu'ai-je donc fait ? de Jean d'Ormesson. Là, ca va mieux. Les chapitres sont courts mais portent à réflexion. le seul hip est qu'il cite des phrases en VO sans ST Il y a des langues ok mais certaines et littéraires... euh... franchement je n'ai pas toujours un dico avec moi (d'ailleurs j'en ai pas chez moi ) !!!

Ce qui ménerve c'est que je bute sur le 1er bouquin. Je n'arrive à me mettre dedans et ca m'énerve....

Tu n'arrives pas à entrer dans le symbole retrouvé c'est ça ? C'est normal, il y a une longueur sur le début. Après, c'est mieux, même si (je sais je l'ai déjà dit), si Dan Brown continue comme ça, il va finir par se plagier lui-même

Maïlys a écrit:

Merci pour la suggestion, Arlène.

Personnellement, je trouve que l'art contemporain n'est pas toujours évident à comprendre. J'ai l'impression qu'il y a parfois beaucoup d'intellectualisme et de snobisme dans les engouements pour telle oeuvre ou tel artiste. Un livre qui permet de décrypter quelque peu la part et le sens de l'art contemporain dans la société contemporaine, me paraît très intéressant pour tenter de prendre un peu de recul.

et je plussoie là dessus, le musée d'art gothique ou je bosse va présenter une expo cet été en partenariat avec un artiste contemporain catalan, parait-il un crack, sauf que personne n'en avait jamais entendu parler. bon... la trouvaille de ce gars: mettre un masque de poisson en papier maché sur la tête d'un gisant du XIV° siècle. Et j'entends d'ici la foule des zozos amateurs d'art contemporain crier au génie, comment c'est trop transgressif, et tout et tout ( oui, jais aussi déjà bossé dans une expo d'art contemporain, les commentaires sont encore plus drôles que les oeuvres). Sauf que ça m'a rappellé quand je suis allée à Strasbourg, un plaisantin probablement éméché qui a mis une bouteille vide dans la capuche d'une statue de Gutenberg. Ca fait sourire 2 minutes quand c'est par un inconnu dans la rue, c'est marrant, mais quand c'est aux frais de la ville et que la plaisanterie coûte 1million d'euros qui sera répercuté en partie sur les taxes locales, la plaisanterie est beaucoup moins drôle. J'avoue que je ne vous pas du tout quoi que ce soit de Géniââââl dans tout ça. tellement attendu, tellement provocation à 2 balles, tellement pas original. Vu et revu.
Et ce qui me hérisse le plus c'est que, sans rire du tout, le journal local n'hésite pas à comparer le semi inconnu à Picasso, rien que ça. Il y a une quinzaine d'années, on avait fait un pont d'or de la même manière à Botero, (qui avait au moins le mérite d'avoir un style particulier), et qui est tombé dans l'indifférence générale.

J'ai cassé mes "lunettes à prendre des vessies pour des lanternes" que voulez vous, dès qu'on sort les grands adjectifs pour me vanter quelques chose, je me méfie, et je parie que dans 15 ans, on parlera encore de Picasso et que, ha , oui, Barcelo, sera totalement oublié, comme un produit marketing dépassé qu'on relègue au rayon des kitscheries démodées. En art comme en publicité, je vois les grosses ficelles en même temps que le produit ( et je choisis ce mot à dessein)

Ce n'est qu'un exemple pour mettre en avant le côté qui me gêne le plus dans l'art contemporain ( et l'art tout court), ce côté " il faut aimer pour être à la page, il faudra dénigrer l'an prochain, comment, tu comprends pas? mais t'es un abruti, toi";. Enfin, je m'égare, et ça risque de devenir long, donc autant en finir là.

Barcelo a eu les honneurs de Beaubourg et du Musée des Abattoirs, musée d'art moderne et contemporain de Toulouse. Ce n'est pas tout à fait un inconnu... même si je suis loin, moi aussi, d'adorer ce qu'il concocte.

Au Musée des Abattoirs, j'ai vu pendant mes dernières vacances une "oeuvre" composée de deux murs enduits de purée de carotte (je parle très sérieusement) en train de moisir doucement (l'odeur était en prime). J'avoue que j'ai en effet du mal à comprendre et à admettre ce genre d'art.
Ceci dit, il existe des recherches intéressantes dans l'art contemporain. Mais j'avoue préférer L'Homme au gant du Titien ou les ciels de Turner que j'ai admirés cet hiver. On ne se refait pas !

J'attends avec impatience de recevoir La Chatte de Colette. Bah vi, je me suis découvert une passion pour Colette

Maïlys a écrit:

Barcelo a eu les honneurs de Beaubourg et du Musée des Abattoirs, musée d'art moderne et contemporain de Toulouse. Ce n'est pas tout à fait un inconnu... même si je suis loin, moi aussi, d'adorer ce qu'il concocte.

Au Musée des Abattoirs, j'ai vu pendant mes dernières vacances une "oeuvre" composée de deux murs enduits de purée de carotte (je parle très sérieusement) en train de moisir doucement (l'odeur était en prime). J'avoue que j'ai en effet du mal à comprendre et à admettre ce genre d'art.

Dommage pour lui, hein, mais personne de mon entourage, que ce soit personnel ou professionnel n'en avait entendu parler. Personne par contre n'ignorait qui est Picasso, ce qui confirme ce que je disais du journal.

Mdr, en même temps exposer de la purée de carottes dans un endroit qui s'appelle Les abattoirs, ça me fait rire ( manque plus que quelques patates, et ça fera une vraie daube.. au sens culinaire du terme, encore que!). Ca doit probablement être le même qui avait exposé de la purée de brocolis à Marseille, sauf que vu le climat, ça n'a pas moisi comme ils espéraient, ça a séché vitesse grand V!

L'art contemporain en soi, pourquoi pas, mais j'avoue un gros faible dans ce cas là pour le land art, matériaux durables et décors naturels, là, je trouve le concept sympa (en même temps, ça rappelle le principe du jardin zen), sinon, pour la peinture en général, je suis plus peinture flamande, tiens faudra que j'en cause dans "qu'avez vous vu"...

et questions lectures euh...pas trop de temps, avec les concerts qui s'approchent, "la culture générale dans les concours administratifs", ça vous va?

Pour le côté détente, je me suis plongée dans la série des Barons d'Anthony Morton : ancien gentleman-cambrioleur, détective amateur et grand amateur de bijoux.

Léger et enlevé, cela fait pendant au pavé que je lis en parallèle : Alias Caracalla de Daniel Cordier. Je vous en reparlerai quand je l'aurai terminé.

On te fait confiance pour ça

En ce qui me concerne, je viens de commencer La Chatte de Colette. Je vous ferai part de mes impressions une fois que j'aurais fini^^

J'ai craué, malgré le peu de temps libre, j'ai commencé ( et presque fini) Le Guide du voyageur galactique de Douglas Adams. Et je me marre, c'est complètement décousu, burlesque, absurde, ça change de la SF très sérieuse ( après 1984, ça fait du bien).

MAIS, j'qi un peu l'impression de passer à côté de quelque chose. Je m'explique: la traduction me gêne. Traduire " Oh Dear" par " oh Bonne mère", alors que l'action se passe en Angleterre, je tique. Et il y a un recours systématique à l'argot, surtout un argot daté très début des années 80 ( "ça serait vachte chouette!" , plus personne ne dit ça, même ici!). Et renseignement pris, il semble que le niveau de langage soit totalement différent à l'origine, un anglais correct, traduit souvent par un argot même assez vulgaire en Français. Comme souvent à l'époque et encore, pour les romans policiers ou SF, on fait ça en vitesse, sans soin, c'est aps de la grande littérature, etc.. Et du coup, il faudra qu'à l'occasion je tente de le lire en VO.

Je ne connais pas du tout cet ouvrage mais il a l'air tentant malgré les problèmes de traduction.
Je suis bien d'accord avec toi. Hormis pour la "grande littérature", les traductions sont souvent bâclées. Le seul avantage de la chose étant que l'on y découvre parfois des perles tout à fait involontaires. Du genre :
- "S'en soucier comme d'une cerise", au lieu "d'une guigne" (qui est bien une cerise d'ailleurs !) :cherry:
- "Une inclination de tête", au lieu d'une "inclinaison"
- "Une matinée frigide", au lieu de "froide".

J'aime beaucoup ''matinée frigide''


Rien à voir : J'ai fini La Chatte de Colette hier.

Alors je vais vous surprendre : j'ai aimé ! Avouez, ça vous surprend parce que tout le monde sait que je déteste Colette habituellement

Qu'ais-je aimé ?

J'ai apprécié le style envoûtant et très imagé de Colette, comme toujours. Mais ce qui m'a le plus interpellé c'est ce dont elle parle et surtout la façon dont elle le traite. Si on résume bêtement (sans mauvais jeu de mots xD) l'intrigue, ça donne : Alain épouse Camille qu'il connaît depuis l'enfance. En attendant que l'appartement des jeunes mariés soit terminé, ils habitent le studio d'un ami. Il doit alors laisser sa chatte adorée, Saha, à ses parents. Mais elle lui manque telllement qu'il retourne la chercher. Camille devient jalouse de la chatte et tente de la tuer. La chatte en réchappe. Alain s'aperçoit de ce qu'a voulu faire Camille, il emporte Saha et retourne chez ses parents. Finalement, Alain et Camille se séparent.
Dit comme ça, on fait : ''mouais...''
Mais raconté par Colette, on fait : ''wouah !''

En fait, à mon sens, ce que Colette met en évidence c'est le profond désir d'indépendance d'Alain dont Saha devient le reflet animé. L'attachement d'Alain pour Saha indique en réalité un refus de former un couple fusionnel, autrement dit de faire de ''je'' et de ''tu'' un ''nous''. C'est donc un aspect très intéressant de la relation amoureuse qui est traitée.
Autre chose m'a frappée : Alain a en quelque sort peur d'être absorbé par Camille. Le thème de la femme qui dévore et castre est un des thèmes de l'antiféminisme. Et j'ai trouvé très fine la façon dont Colette le traite, par l'intermédiaire d'une traduction animale sous les traits de Saha.
Donc un texte que je recommande

Tu me donnes envie de le lire
Il va juste falloir que je trouve du temps pour le lire oh temps ! Denrée rare !!
merci de donner envie de lire des livres que l'on boude parfois un peu pour des raisons "de jugement infondé".

Je t'en prie

Pour le temps, je n'ai toujours pas trouvé de magasin où en acheter
Le texte est court (189p) ^^

Arlène a écrit:

Je t'en prie

Pour le temps, je n'ai toujours pas trouvé de magasin où en acheter
Le texte est court (189p) ^^

Ok. Mais si tu trouves un magasin qui vend du temps, n'oublies pas de me faire signe, j'ai besoin URGENTEMENT lol

Alias Caracalla de Daniel Cordier (Prix Renaudot de l’essai en 2009)

Il s’agit d’un livre sur la résistance que j’ai personnellement trouvé fort différent de tous ceux que j’avais lus jusqu’à présent.
Daniel Cordier, né en 1920, part de Bordeaux pour l’Angleterre dès le 21 juin 1940 et s’engage dans les premières Forces françaises libres de la « Légion de Gaulle » le 28 juin 1940. Après deux ans de formation, il est parachuté près de Montluçon en juillet 1942. Il gagne Lyon où il devient le secrétaire de Jean Moulin et le restera jusqu’à l’arrestation de celui-ci en juin 1943.

Ce livre n’est pas une autobiographie, encore moins un livre de souvenirs. « L'originalité de Daniel Cordier, en tant qu'historien-témoin, est de refuser radicalement le témoignage oral et de ne faire qu'un usage très restreint de ses propres souvenirs. Il insiste sur l'imprécision et les déformations de la mémoire humaine, qui rendent impossible l'établissement d'une chronologie précise, pourtant indispensable pour éviter les confusions et les anachronismes qui brouillent la reconstitution des processus de décision. »

La première partie explique qui il est, sa famille, son éducation. La période « anglaise » s’appuie sur son journal personnel mais aussi sur un travail de recherche (archives, journaux, émissions radio, rencontre avec les survivants).
La partie principale, consacrée à son travail auprès de Jean Moulin et à celui-ci, s’appuie aussi beaucoup sur des archives. Tous les télégrammes, rapports et autres envoyés à Londres par radio ou avion ont été conservés.

Deux aspects m’ont particulièrement intéressée.
Tout d’abord, sa vision de la résistance qui colle aux fastidieuses tâches quotidiennes, aux dangers permanents, aux conditions de vie de l’époque, loin des mythes romanesques et grandiloquents, loin des actions spectaculaires. On suit au jour le jour son travail et celui de l’équipe qu’il recrute. J’ai été estomaquée par le nombre de réunions, rapports, paperasses, discussions interminables…
Il ne cache rien des dissensions qui corrodaient la résistance, en particulier politiques, des ambitions personnelles, des peaux de banane et coups en vache que s’envoyaient allègrement les différents mouvements. J’ai lu dans les critiques de son livre que certains de ses anciens camarades résistants n’avaient pas apprécié ce qu’il révélait. Rien d’étonnant. Et tout est documenté. Daniel Cordier n’allègue aucune affirmation gratuite.

Il montre également que la résistance était quasiment réduite à rien, que pour trouver simplement un lit pour une nuit à quelqu’un, c’était la croix et la bannière. Plus de 99 % de la population française crevait de trouille et se cantonnait dans une neutralité prudente. Je parle de la résistance en 42-43. En mai-juin 44, il y eut soudain beaucoup plus de « résistants ».

Le second aspect intéressant est sa propre transformation. Daniel Cordier est d’une famille d’extrême droite, monarchiste et antisémite. A dix-huit, quand il part pour Londres, il adhérait lui-même à ces idées et il n’avait guère changé (un peu tout de même !) quand il a été parachuté et a rencontré Jean Moulin. C’est celui-ci qui fait son « éducation politique » à la république et à la démocratie.
Et c’est l’un des côtés passionnants du livre, d’autant que Daniel Cordier est d’une grand franchise. Il ne cache absolument pas ses idées fascisantes, ne cherche pas d’excuses, retrace ses certitudes, ses interrogations, son cheminement.

Son dévouement et son attachement à son « chef » sont poignants. Il écrit lui-même que son arrestation le laisse « orphelin ».
Le plus étonnant dans cette histoire, c’est qu’après la guerre, Daniel Cordier n’a pas parlé de son travail dans la résistance pendant plus de trente ans. Il est évoqué dans les livres sous ses deux pseudonymes (Alain à Lyon puis Michel à Paris) mais personne ne savait qui se cachait derrière. Même sa famille et son entourage n’étaient pas au courant.
Il a fallu les accusations d’Henri Frenay (L'Énigme Jean Moulin, 1977) pour qu’il sorte de son long silence et de son anonymat. Il a alors effectué un travail de recherche que saluent tous les historiens, et rédigé un premier livre en 1983 puis une biographie en quatre tomes de Jean Moulin entre 1989 et 1999.
Alias Caracalla, sorti l’année dernière, complète cette série en racontant sa vie de secrétaire de Jean Moulin.
« L'œuvre de Cordier est très largement saluée par les historiens, pour ses informations, son perfectionnisme et ses qualités d'écriture et d'analyse. Au-delà de la défense d'une figure héroïque et emblématique de la Résistance et de l'histoire de France, elle est un jalon incontournable pour l'historicisation du combat de l'armée des ombres. »

La Résistance est un aspect de l’Histoire de France qui me touche de près pour des raisons familiales. J’ai lu pas mal d’ouvrages sur elle. Mais cela faisait longtemps que je n’avais pas lu un ouvrage aussi différent, dépouillé et sévère dans sa vérité nue.

Ce livre me semble très intéressant par la vision différente et réaliste qu'il donne de la résistance, et par le récit de la ''conversion'' personnelle du faschiste au résistant.
Merci de nous en avoir parlé : je ne connaissais pas du tout.

C'est l'ami qui nous a fait visité le Musée des Abattoirs à Toulouse qui m'a prêté ce livre. Il se trouve que Jean Moulin a aussi initié Daniel Cordier à l'art. Celui-ci a légué sa collection (art moderne, art contemporain, arts premiers) à Beaubourg et, comme Beaubourg et le Musée des Abattoirs travaillent ensemble, une partie de ces collections est exposée à Toulouse.
C'est en l'entendant parler de sa rencontre avec Daniel Cordier que j'ai eu envie d'en savoir plus sur cet homme, visiblement une personnalité haute en couleurs. Nous en somme venus à parler de ses livres et voilà !

Et toi, tu nous en parles. Rien de mieux que le bouche-à-oreilles parfois