Dans les archives inédites des service secrets, sous la direction de Bruno Feligni



S’il se présente comme un "beau livre", ce qu’il est réellement avec sa myriade d’illustrations d’époque et sa mise en page originale, cet ouvrage qui raconte un siècle d’histoire et d’espionnage français de 1870 à 1989, est aussi un livre surprenant. Réalisé sous la direction de Bruno Feligni et avec la collaboration d’une quarantaine d’auteurs de renom, il est le résultat de deux années de recherches dans les archives du renseignement français, jusqu’alors fermées, et reproduit huit cents documents inédits.
On y trouve les grandes figures d’espions, des affaires d’espionnages économiques, des inventions technologiques sans égales, des séductrices de légende et la naissance des grands services de renseignements. Le tout compose une somme étonnante qui donne aux événements un nouvel éclairage historique.

Je ne connais pas assez bien l’histoire moderne, et encore moins les enjeux économiques, pour comprendre parfaitement ce qui s’est joué et les conséquences réelles des actions décrites, mais je n’ai pas lâché ce livre pour autant. Il m’a plutôt donné l'envie de me replonger dans la fin XIXème et le XXème afin de mieux en saisir toutes les subtilités et les informations qu’il apporte.

La princesse de Montpensier de Mme de Lafayette. Si ça vous tente, voici le lien : http://fr.wikisource.org/wiki/La_Princesse_de_Montpensier

j'ai commencé le début de "la mare au diable" de G.sand... je ne suis pas pressée de lire la suite

Sommeil d'Haruki Murakami

maria a écrit:

j'ai commencé le début de "la mare au diable" de G.sand... je ne suis pas pressée de lire la suite

Je sais pas pourquoi tu n'es pas pressée, mais je te comprends. J'ai lu ce bouquin et honnêtement..... bOw !

Y a rien d'intéressant, il se laisse lire et il est agréable, mais sinon, rien

Les diamants de l'Histoire de Jean-Pierre Guéno, mis en images par Jérôme Pecnard.



Les diamants de l'Histoire ce sont des documents exceptionnels, des trésors d'archives (gravure, manuscrit, pièce à conviction, objet, photographie...) qui donnent (redonnent ?) au moment historique la part de vie qui le rend unique et inoubliable. Une centaine des faits les plus connus recensés dans les manuels scolaires (vous savez, le genre : 1515, bataille de Marignan) sont présentés dans cet ouvrage superbement illustré sous leur jour le plus émouvant et y prennent un relief surprenant.

J'adore redécouvrir ainsi l'Histoire, surtout celle dont j'ai, de façon très présomptueuse, l'impression que je n'ai plus rien à en découvrir.

Le Potager du roi de Pierre David, architecte, et Martine Willemin, journaliste, pour le texte, Gilles Mermet pour les photographies, préface d'Antoine Jacobson, responsable du Potager du roi à Versailles. Un livre paru aux éditions de La Martinière.



C'est un livre qui se déguste comme on mangerait un beau fruit.

Le Potager du roi a été créé par le botaniste Jean-Baptiste de la Quintinie, à la demande de Louis XIV. Aujourd'hui encore, il reste l'un des exemples les plus parfaits des jardins français du XVIIème siècle, avec ses carrés plantés et ses murs couverts d'arbres fruitiers en espalier. Huit cents variétés de fruits et de légumes y sont toujours cultivées.
Le texte est passionnant, retraçant aussi bien des morceaux d'Histoire que des histoires et n'oubliant pas le travail quotidien des jardiniers (tout écologique et directement inspiré des méthodes anciennes). Il est superbement illustré, les photographies mêlant l'esthétique à la beauté gourmande.

Le Potager du roi se visite et il est régulièrement ouvert en automne pour la Semaine des saveurs. Nous la manquons rarement car elle est toujours l'occasion de régals tant pour les yeux que pour les papilles.

WAOUHH MAYLIS tu m'épate toujours autant par ton culturationnisme variés... comment fais-tu pour dénicher toutes ces choses qui ont l'air si intéressantes???

(j'aimerai bien être moins fainéante et réussir comme toi à lire des trucs un peu plus intelligent)

Outre la bibliothèque familiale, bien garnie, je suis abonnée à la bibliothèque de Versailles et au réseau des bibliothèques de la Ville de Paris (il y en a une tout à côté de l'immeuble où je travaille et j'y vais entre midi et deux). En plus, j'ai une voisine, très âgée et gravement handicapée physiquement, qui est une dévoreuse de livres. Elle m'en prête régulièrement.

Sinon, à quelques très rares exceptions près, tout m'intéresse. le problème est que je n'ai jamais assez de temps pour lire, et relire, tout ce que je désirerais.

Il est pour moi fondamental de lire car je considère que c'est l'un des meilleurs apprentissages de l'écriture.

j'ai rencontré un jour un chaman... un personnage assez mystique, un homme avec une belle énergie et une rencontre fortuite inoubliable.

Maïlys: j'ai vu un reportage sur France 5 "silence ça pousse"il y qq tps déjà sur ce potager, ci joint le lien si ça interresse qq 'un http://www.france5.fr/silence-ca-pousse/silence-ca-pousse-video.php?id_rubrique=144&id_article=1517

Il y a également le jardin des plantes a voir, appelé à l'époque le jardin royal des plantes médicinales créé sous Louis XIII ci joint le lien de silence ça pousse pr voir le reportage: http://www.france5.fr/silence-ca-pousse/silence-ca-pousse-video.php?id_rubrique=268&id_article=2708

Deux magnifiques jardin qui ont apporté bcp à la culture Française et à ses connaissances.

Merci les filles, c'est très intéressant; d'ailleurs si vous avez d'autres infos sur les remèdes (plantes médicinales)du XVIIIeme, sur la façon dont on se soignait à l'époque, je prend.

Je pense que ca t'intéresser liberta : Nouveau Dossier compress__.zip - 3.16MB


Il y a l'académie des sciences et et premiers éssais sur la santé. C'est un dossier à télécharger fait avec des extraits de "Versailles, Le pouvoir et la science"

Merci pour les liens, Amber Queen.
Il me semble aussi qu'à l'occasion de la réouverture au public des grandes serres, il y avait eu un "Des racines et des ailes" consacré au Jardin des Plantes.

Tout à fait, voici:

http://programmes.france3.fr/des-racines-et-des-ailes/index-fr.php?page=emission&id_article=821
et un autre lien en parlant.
http://paris-ile-de-france-centre.france3.fr/info/paris-ile-de-france/les-serres-du-jardin-des-plantes-a-redecouvrir--63354931.html?onglet=videos

bon surf..

Merci sympa

Un grand merci, Amber Queen.

Noël sanglant, de Kjetil Try



Un livre policier, très différent des derniers ouvrages dont je vous ai parlés. Il s'agit du premier roman traduit en français d'une Norvégienne, très connue dans son pays dans le domaine de la publicité.
Un comédien, qui interprétait le rôle de Joseph, disparaît. Disparaissent ensuite une religieuse, puis un âne. On ne retrouve que leurs entrailles à tous trois. On commence à redouter que la prochaine victime ne soit un nourrisson, né un vingt-cinq décembre, il va de soi.

Ames sensibles, s'abstenir. Je ne sais trop quoi dire de cette nativité revisitée entre psychose, délire, morbidité, horreur et, malgré tout, humour et drôlerie. Le genre de livre qui vous laisse un arrière-goût dans la bouche... mais que je n'ai pourtant pas lâché avant la fin.

J'attaque les Napoléon de Max Gallo et continue Cent Ans de Solitude de Gabriel Garcia-Marquez.

Le premier est un ouvrage très célèbre en quatre volumes qui parle de l'Empereur (le premier s'intitule "Le Chant du Départ" et va de la naissance en 1769 au coup d'Etat du 18 brumaire en 1799; le deuxième _"Le Soleil d'Austerlitz"_ commence au début du Consulat et se termine le 2 décembre 1805 à la fin de la plus grande victoire de l'Aigle; le troisième _"L'Empereur des Rois"_ va de cette victoire et se termine en 1811, à la veille de l'invasion de la Russie; le dernier enfin _"L'Immortel de Sainte-Hélène"_ va de la campagne de Russie à sa mort (?) le 5 mai 1821), la particularité de ces ouvrages est qu'ils sont construits comme des romans avec un style vivant et beaucoup de rythme (juré, moi qui ne m'intéressais guère à l'enfance de Napoléon, la premire moitié du premier opus est passée comme une lettre à la poste).
Le deuxième, écrit dans un style frénétique par l'un des plus grands écrivains du XXème siècle, est typique de son auteur: de l'humour, des morts, des histoires d'amour mais surtoût le poids implaccable du destin (j'avais déja lu "Chronique d'une Mort Annoncée" et "Le Général dans son Labyrinthe" [qui traite des derniers mois de Simon Bolivar] et avais déja pu remarquer que le destin était le fil conducteur de cet auteur de génie (l'Amérique du Sud se révèle à nous)).

La ferme africaine de Karen Blixen.

En ce moment je lis "Killer on the road" (Un tueur sur la route) par James Ellroy.
Ce roman relate l'histoire d'un serial killer, le tout vu de l'intérieur, çàd que l'histoire est contée par le serial killer lui même.
C'est un livre époustoufflant car il vous transpose dans la peau du personnage que vous suivez pas à pas dans sa descente criminelle... il faut donc avoir l'estomac bien accroché.

Carotz.

Fugue d’Anne Delaflotte Mehvedi, aux éditions Gaïa



Il s’agit du second roman de l’auteur qui s’inspire, pour l’instant, de son expérience personnelle. Le premier, La Relieuse du gué, est imaginé autour de son métier de relieur, qu’elle exerce à Prague. Fugue s’appuie sur sa passion pour le piano et le chant lyrique.

Clothilde a quatre enfants, Antoine, Madeleine et des jumeaux dont c’est la première rentrée des classes. Elle s’inquiète un peu pour eux quand elle reçoit un coup de téléphone de la directrice de l’école : Madeleine s’est enfuie. Affolée, Clothilde part à sa recherche le long de la rivière et hurle son nom à tous les horizons. La petite fille finit par être retrouvée, saine et sauve, mais sa mère a perdu la voix. Elle refuse tout traitement, ce que son entourage ne comprends pas, voire vilipende. Paradoxalement, elle retrouvera sa voix, et trouvera son accomplissement, à travers le chant.

L’héroïne s’appuie sur son handicap "involontaire" pour se transformer en une femme enfin accomplie, complète, qui assume son amour de la musique et de l’art lyrique, qu’elle mettait jusque-là au second plan. Sans abandonner ses multiples rôles d’épouse, de mère, de fille, d’amie, sans pouvoir s’exprimer autrement que par écrit alors que sa voix chantée monte en puissance et en beauté, elle ira jusqu’au bout de sa passion, qu’elles qu’en soient les conséquences.

L’auteur met en scène une belle figure de femme, écartelée entre différentes facettes, où se reconnaîtront, au moins en partie, beaucoup d’entre nous. Ce sacrifice, pourtant consenti, fait d’une vraie passion, trouve le moyen de s’exprimer soudain à travers cette aphasie très sélective qui permet à Clothilde de redéfinir ses choix de vie, sa façon d’être au monde et sa relation aux autres.

J’ai beaucoup aimé ce livre au titre à double sens. Un (petit) bémol : le style est parfois surchargé avec des phrases un peu longues et, pour parfaitement saisir certaines subtilités, je pense qu’il faut être mélomane, voire musicien.

Une lecture d'actualité on va dire : Indignez-vous de Stéphane Hessel. Mon avis est le suivant : moui, pas inintéressant... mais ça me semble aussi assez convenu comme propos.

Je ne l'ai pas encore lu, mais je compte le faire dès que possible. Je ne saurais donc pas dire ce que j'en pense puisque pour l'instant je n'en pense rien ^^.

Mais sur le plateau du grand journal, le personnage m'avait paru intéressant, alors je pars avec un bon à priori

ça se lit vite : 22 pages et c'est très clair, tu verras.

Et t'en as pensé quoi ?

Sur le moment, j'ai trouvé que son appel à l'indignation relevait d'une sorte de bien-pensance politiquement correct, et que donc d'une part ce n'était pas le pavé dans la marre que le titre promettait ; et d'autre part, ça m'a agacé parce que c'est vraiment trop facile. C'est un peu comme dire "je n'aime pas les sectes" : tu trouveras très peu de gens (même pas les gourous ) pour dire le contraire. Donc j'ai été déçue et agacée.
Et après il m'est arrivé une petite mésaventure. Pour la comprendre, il faut que je te raconte comment j'ai fini par lire ce livre (enfin cette brochure). Lors des voeux, deux personnes m'ont souhaité une année pleine d'indignation en faisant référence à "Indignez-vous !". ça m'a amusé parce que je me suis dit que si je passais l'année à m'indigner contre tout j'allais passer pour une véritable hystérique. Et, il y a peu, on m' a demandé de prendre position sur une émission qui touche à la maternité. Et j'y suis allée de mon couplet féministe en m'indignant (plus ou moins, ou à l'insu de mon plein gré ) contre la représentation que l'on donne actuellement de la maternité qui revient plus ou moins à renvoyer les femmes dans leurs casseroles et dans leurs couches (je pense notamment à l'allaitement).
Donc quid d' "Indignez-vous !" ? Bah.... finalement, sur le principe l'auteur n'a pas franchement tort. A une chose près : s'indignez c'est bien, mais il faut que ça soit suivi d'une action réelle, sinon c'est inutile.
Voili, voilou

Moi, je me suis plongée la dedans :


(cliquez pour agrandir)

C'est fort intérressant, ma Grand-Mère en a pas mal de cette collection et série, notamment sur les rois de France, mais malheureusement elle s'est arrêtée à Louis XV

Ah oui, pardon, j'ai oublié de dire ce que je suis en train de lire en ce moment.

Le Hussard d’Arturo Pérèz-Reverte Ça traite de la découverte de la guerre par des jeunes soldats pendant la période napoléonienne. Je viens juste de le commencer, mais comme ça, j’ai un peu peur que ça sous un sous Voyage au bout de la nuit. On verra…

Et Les Yeux d'Elsa d'Aragon. Je n'y ai jamais compris grand chose du temps du lycée, je me dis que peut-être qu'aujourd'hui ça fera un peu tilt, qui sait ? Je n'aime pas ne pas comprendre, passer à côté de qqc comme ça.

Edit
Sur les yeux d'Elsa, je ne vois pas ce qui je ne comprenais pas ... je devais chercher midi à quatorze heures

Arlène a écrit:

Sur le moment, j'ai trouvé que son appel à l'indignation relevait d'une sorte de bien-pensance politiquement correct, et que donc d'une part ce n'était pas le pavé dans la marre que le titre promettait ; et d'autre part, ça m'a agacé parce que c'est vraiment trop facile.

J'avoue que je n'ai pas du tout envie de lire cette brochure, un peu pour les raisons que tu avances, Arlène, un peu, car je me méfie beaucoup des effets de mode dans ce domaine.

Arlène a écrit:

Donc quid d' "Indignez-vous !" ? Bah.... finalement, sur le principe l'auteur n'a pas franchement tort. A une chose près : s'indignez c'est bien, mais il faut que ça soit suivi d'une action réelle, sinon c'est inutile.

C'est bien pour cela que je trouve ce genre d'écrit trop facile. J'attend d'un homme politique que son indignation soit l'occasion d'action pas de discours. Il y avait dans le Quotidien du médecin de la semaine dernière, une critique de cet opuscule, signé de Richard Liscia (si je me souviens bien), que j'ai trouvée très intéressante.

Maïlys a écrit:

un peu, car je me méfie beaucoup des effets de mode dans ce domaine.

Je suis d'accord : je n'avais pas du tout l'intention de lire cette brochure mais à force d'en entendre parler, pour pouvoir répondre, j'ai été plus ou moins "obligée" de le lire ("obligée" est un peu fort, on ne me l'a pas fait lire avec un pistolet sur la tempe disons qu'il était préférable pour moi de le lire). C'est l'effet "pervers" des effets de mode : qqc qui n'est pas formidable peut faire bcp de ventes parce que ne pas connaître devient parfois compliqué. Enfin quand je dis "effet pervers", c'est un "effet vertueux" en terme de marketing
En même temps parler de qqc en disant que c'est un coup marketing, c'est aussi un grooos poncif, comme quoi, on ne sort pas des poncifs avec cette brochure

La Maison du mort de Dominique Lecomte, chez Fayard



Dans le témoignage qu’elle publie sur ses vingt-deux ans passés à la direction de l’Institut médico-légal de Paris (IML), le Pr Dominique Lecomte dévoile une pratique qui n’est pas celle que l’on croit : plutôt qu’enfermée sur le plateau technique de la « morgue », elle prend principalement en charge les vivants brutalement confrontés à la disparition d’un proche.
« La maison du mort », telle que la fait visiter le Pr Dominique Lecomte, au fil des pages de son livre-mémoires, n’a que peu à voir avec les clichés dont sont tellement friands films et séries télé, avec leurs séquences obligées d’autopsie, dans le grésillement blafard des scialytiques.

En fait, à l’intérieur de l’énorme et sinistre bâtiment de pierres et de briques du quai de la Rapée, nous découvrons un monde grouillant de vie. Un lieu où se cristallisent les haines, la révolte, la colère, emmagasinées au cours des différentes étapes de l’existence et qui se focalisent sur cet événement unique : la mort. Aux commandes, le professeur de médecine légale coordonne les interventions de ses équipes « pour faire prévaloir quand même la raison, la sagesse et surtout l’esprit de paix ».

C’est principalement dans la salle de présentation des corps qu’elle opère. Une vaste pièce climatisée au sol et aux murs recouverts de panneaux de bois clair, couleur miel, une fresque de plexiglas laissant filtrer la lumière du jour. C’est là que la directrice de l’IML prend en charge les proches et supervise le moment clé pour ceux qui restent de la séparation d’avec le mort. « Un moment court, intense, de prise de conscience et de communion ultime avec le défunt », témoigne-t-elle. Une vitre se dresse entre mort et vivants, ceux-ci s’accoudent à une fine console en bois, nez collé contre la vitre. Avec cette protection contre l’horreur et l’odeur, qui prévient les crises d’agressivité désespérée, les morts sont protégés de réactions violentes et les vivants affrontent le temps de la séparation.

« Le médecin que je suis compare la disparition brutale d’un être cher à une plaie anfractueuse de l’âme et du corps chez celui qui reste, confie l‘auteur; elle est si douloureuse que le simple fait de l’effleurer peut faire extrêmement mal. On doit tranquilliser le malade et, dans une relation de confiance, nettoyer ce cratère meurtri avec une grande douceur, le parer comme le ferait un chirurgien pour éliminer les impuretés, permettre une cicatrisation. Il faut éviter toute complication inflammatoire pouvant déboucher sur une infection généralisée, ou du moins sur une cicatrice chéloïde du fait d’une reconstruction hâtive, forcément disgracieuse. »

Et, reconnaissant qu’à elle aussi il est arrivé de toucher le fond de la souffrance, elle « ne fait pas la maligne ». D’autant moins, souligne-t-elle, que, « si tout médecin, dans l’exercice de son métier, est confronté à la mort et aux familles des morts, il n’est pas du tout formé au cours de ses études à cette confrontation. Au fil de son parcours professionnel, la mort d’un de ses malades l’interpellera toujours, car il peut en venir à la considérer comme l’échec de son pouvoir, le résultat d’une erreur de raisonnement, d’une lacune dans ses connaissances, ou d’une faute technique ». Le Pr Lecomte va même jusqu’à affirmer que « souvent le médecin fuit la mort, qu’il se dérobe et ne veut pas rechercher ses causes par crainte d’avouer son propre échec ».

Quelques pages du livre évoquent les gestes techniques de la spécialité : la reconstruction, quand on décabosse et efface au maximum les lésions d’un mort massacré pour le rendre littéralement présentable aux proches. Et bien sûr l’autopsie, quand le médecin légiste, comme à la télé, s’emploie à « faire parler le mort » : « Quand j’effectue l’incision initiale, décrit-elle, c’est avec une grande légèreté de geste pour écarter de moi l’impression de découper, de trancher. Le fil de la lame glisse sur la peau et aux points d’attache des organes. Plus j’avance en âge, plus j’éprouve le besoin d’effleurer le corps, comme mue par un respect accru vis-à-vis de l’être humain étendu devant moi, de cet édifice anatomique qui a évolué au fil du temps. »

Des chapitres évoquent la mort criminelle, les suicides, où la mort triche avec l’ordre naturel, le suicidé tuant souvent sa souffrance, constate-t-elle, causant une dévorante culpabilité chez ceux qui restent, malgré des écrits ultimes pour tenter de les apaiser ; elle aborde la mort des indigents et celle des abandonnés.

Au final, l’auteur livre un sévère diagnostic sur le vécu actuel de la mort. En deux décennies, elle a constaté sa dégradation, avec « un plus grand désarroi des familles, sans doute lié au déni de la mort, à la dénégation de l’état de deuil ». Il lui apparaît que le mal-être grandit chez les individus, avec une augmentation du nombre des suicides, des règlements de comptes intrafamiliaux, des morts dans l’alcool, la drogue, les médicaments, dans la violence envers soi et les autres. La perte des repères, estime-t-elle, dans une société où tout va très vite, entraîne certains dans un mouvement brownien, celui de l’argent, du pouvoir, du toujours plus de tout, tout de suite. Selon elle, la mort n’y trouve plus sa place.

Un livre étonnant, à la fois facile et difficile à lire. Un livre qui nous renvoie à nos propres deuils, à nos propres représentations de la mort, à nos propres dénis. Un livre qui nous pose obligatoirement la question du sens de notre vie.
Non, pas facile… mais vital !

Oh un livre que je recommande à tout le monde sur ce forum:

"Les Fables de Sang" d'Arnaud Delalande

Je le recommande à tout le monde car la période est contemporaine à LO: il commence à la toute fin du règne de Louis XV et va jusqu'au jour du couronnement de Louis XVI.
Un mystérieux assassin rôde à Versailles. Il se fait appeler le "Fabuliste" et ses meutres sont conçus de façon à illustrer une fable de La Fontaine. Mais ce qui inquiète le plus Pietro Viravolta, gentilhomme vénitien devenu depuis vingt ans membre de la cour de Versailles rattaché au duc d'Aiguillon pour diverses missions diplomatiques, c'est que le Fabuliste le cite nomément dans ses menaces et qu'il a percé le secret pourtant bien gardé du Secret du Roi dont Viravolta est un membre important caché sous son vieux pseudonyme de l'Orchidée Noire... Pour lui et le duc de Broglie l'urgence est de percer le mystère de l'identité de ce criminel, d'autant plus que l'un comme l'autre sentent la présence d'une importante force politique derrière cet assassins si particulier. Pour résoudre cette énigme, Viravolta devra mettre ses pas dans ceux de son ennemi, raisonner comme lui, se tenir prêt à faire appel à tous ses talents de bretteur et à sa force de déduction... sans oublier de garder un oeil vigilant sur sa femme et son fils, d'autant que lui-même est en danger...

Nous voyons dans ce roman tout un pan de la vie au château de Versailles qu'on préfère oublier aujourd'hui: les luttes de pouvoir bien-sûr mais aussi la puanteur intrinsèque de ce lieu, sans parler de la symbolique des jardins et de ses végétaux... L'intrigue est plus que bien ficelée et implique certains membres reconnus du Secret _outre le duc de Broglie_ comme nos amis Beaumarchais ou le chevalier d'Eon... Remarquablement informé (pour moi qui me suis intéressé à Versailles avec le jeu PC "Versailles, complot à la cour du Roi Soleil" voir ce jeu cité dans les sources de l'auteur m'a étrangement ému...), ce roman remarquable et magnifiquement écrit monte en puissance jusqu'au dernier chapitre _hors épilogue_ et nous fait passer un moment absolument palpitant et très instructif (et non: ce n'est pas antinomique!): vraiment à lire!..

La vie a de ses coïncidences : quelqu'un m'a pris ce livre sous le nez à la bibliothèque samedi !
J'avais déjà lu d'Arnaud Delalande Le Piège de Dante que j'avais beaucoup aimé et quand j'ai appris qu'il avait sur la Cour de Versailles au début du règne de Louis XVI...
Ce n'est que parti remise et ton commentaire, Sudena, me rend encore plus impatiente d'y plonger.